Direction de l’éthique et de la qualité du ministère de la Santé
et des Services Sociaux souhaite proposer des orientations
ministérielles pour améliorer la qualité et la sécurité des soins
et des services portant sur le
partenariat patient
.
Pour y parvenir, il importe que les directions générales et
les conseils d’administration comprennent l’apport que peut
représenter l’engagement des patients pour amener les inter-
venants à travailler autour d’un projet commun, qui donne du
sens aux activités à la fois cliniques, managériales et de gou-
vernance. En effet, revenir aux raisons d’être des établisse-
ments, soit d’offrir des soins et des services répondant aux
besoins des personnes, non seulement au plan technique
mais aussi sur le plan humain, permet de mobiliser les per-
sonnes qui travaillent dans les CISSS/CIUSSS vers un objectif
humaniste partagé. Cela s’accompagne d’une vision struc-
turée comprenant d’une part des activités cliniques (micro),
tactiques (méso) et stratégiques (macro), et d’autre part, de
nature informationnelle, de consultation, de collaboration et
de partenariat. Cette vision est alors portée non seulement
par la direction générale et le conseil d’administration mais
aussi par l’ensemble des intervenants ainsi que par les pa-
tients et les patients ressources dans les différents sites cons-
titutifs des CISSS/CIUSSS.
Le déploiement d’une telle démarche requiert d’abord la dé-
signation d’un membre du comité de direction, si possible en
charge aussi de la qualité et de la sécurité des soins ou en-
core des soins/services multidisciplinaires, comme coordon-
nateur des structures et activités. Cela demande aussi que la
démarche soit portée par des
patients coachs
qui mettent à
profit leur leadership transformationnel pour le déploiement
des activités. On peut aussi envisager, comme cela est fait
au Centre universitaire de santé McGill, la création de co-
mités consultatifs de
patients ressources
pour l’ensemble
de l’établissement ou pour des programmes spécifiques afin
qu’ils puissent être impliqués dans les prises de décisions
d’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins et des
services. Ces comités sont complémentaires des comités des
usagers reconduits par la loi 10, ces derniers ayant comme
principal objectif la défense des droits et intérêts des usagers,
le bon fonctionnement des comités de résidents et l’évaluation
du degré de satisfaction des usagers (LSSSS, art. 209).
Pour ce qui est des activités à mettre en place, on peut citer
quelques exemples. Au niveau clinique, cela peut consister
en la réalisation de plans d’intervention interdisciplinaires
avec les patients afin que les objectifs soient axés sur le
projet de vie des personnes concernées. Au plan tactique,
cela peut se traduire pour les intervenants et patients par
la réalisation de formation sur le
partenariat de soins et de
services
par des tandems intervenants/
patients formateurs,
la création de comités d’amélioration continue de la qualité
où siègent des
patients ressources
, ou la création d’un réper-
toire de
patients ressources
formés. D’un point de vue straté-
gique, par la présence de
patients coachs
dans les comités
des usagers ou encore dans les différents comités du conseil
d’administration.
Un tel dispositif repose sur une implication des gestionnai-
res de trois ordres. Le premier consiste à reconnaitre la
compétence professionnelle des intervenants, la maitrise et
la complémentarité des savoirs disciplinaires. Le deuxième
porte sur l’approche d’intervention qui privilégie en toute
occasion le partenariat avec l’usager, où les intervenants
mettent leur expertise professionnelle au service du patient
avec une attitude où ils le considèrent dans une relation égali-
taire. Et finalement, les gestionnaires ont un rôle essentiel
pour favoriser les conditions nécessaires à la coordination du
travail interdisciplinaire en étant à l’écoute des besoins des
intervenants et des patients et en apportant les ressources
nécessaires à son déploiement.
CONCLUSION
Redonner du sens à ses actions, en particulier pour les ges-
tionnaires, et aussi pour ceux qui interviennent directement
avec la personne, permet de pouvoir donner le meilleur de
soi-même. Une des voies prometteuse et humaniste est celle
du
partenariat de soins et de services
qui permet aux patients
d’être reconnus comme des partenaires à part entière de
l’équipe. Le
partenariat de soins et de services
peut être vu
comme un levier pour la gestion du changement de cette ré-
forme structurelle et une manière d’inspirer et de mobiliser
tous les partenaires, malgré les difficultés inhérentes à ce
type de transformation. Ainsi, cela pourrait permettre au sys-
tème de santé et de services sociaux de ne pas être inspiré
uniquement par les impératifs budgétaires et politiques; mais
plutôt de se construire autour de la valeur créée pour et par
les personnes qui y travaillent et qui y sont accueillies, afin
d’être plus efficace, plus performant et répondre davantage
aux attentes des citoyens. ///
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/// 42 Le Point en santé et services sociaux • Vol. 11, no 1
ANALYSE