TRAITS DE LUMIÈRE Forum Med Suisse No1/2 9 janvier 2002 14
sance déjà. En l’absence d’une telle preuve, il
est indiqué de passer à un diagnostic plus
poussé dans un centre d’audiologie pédia-
trique.
Dépistage auditif en Suisse
Les moyens techniques de dépistage auditif
généralisé existent donc. Il s’est agi d’établir
l’organisation et l’information nécessaires en
Suisse, de collecter les expériences et d’en dé-
montrer la faisabilité de principe. Sous la su-
pervision d’un «Groupe de travail suisse dépis-
tage auditif chez le nouveau-né», un dépistage
auditif généralisé chez le nouveau-né a été in-
troduit en 1999. Ce groupe de travail, composé
de représentants des sociétés suisses d’ORL, de
Pédiatrie et de Néonatologie et dirigé par le Dr
M. Vischer, Service universitaire d’ORL de l’Hô-
pital de l’Ile, Berne, a établi les bases néces-
saires à un dépistage auditif généralisé chez le
nouveau-né en Suisse. A partir de l’été 1999,
plusieurs grands services d’obstétrique ont dé-
marré le dépistage auditif. Le groupe de travail
a continué à suivre le dépistage auditif.
En Suisse, c’est surtout la mesure hyperauto-
matisée des émissions otoacoustiques qui est
effectuée. Ce test est totalement inoffensif pour
le nouveau-né, et il s’effectue entre les 2eet 4e
jour de vie. Il prend quelques minutes et per-
met de dire si la fonction acoustique du nou-
veau-né est normale. Ce test peut être effectué
en toute sécurité par une personne dûment for-
mée mais n’ayant aucune connaissance spéci-
fique, p.ex. par une infirmière en néonatologie.
A la fin 2000, plus de 16 600 nouveau-nés ont
été examinés, soit 90% des enfants nés dans les
services effectuant ce dépistage. 2% des nou-
veau-nés n’ont pas passé ce test, c.-à-d. qu’au-
cune émission n’a été enregistrée au niveau des
deux oreilles. Les expériences étrangères se
sont ainsi vues confirmées: le dépistage et les
examens complémentaires sont adéquats pour
dépister les troubles de l’audition chez le nou-
veau-né.
Le prochain objectif est de pouvoir effectuer un
dépistage auditif sur l’ensemble du territoire et
dans toutes les unités d’obstétrique de Suisse.
Suivi
Chez ces 2% de nouveau-nés n’ayant pas passé
le test de dépistage, il n’y a qu’une suspicion de
trouble auditif, et pas une certitude. En fait,
avec les chiffres que nous connaissons de l’in-
cidence, 1 seulement sur 10 tels nouveau-nés
présente un trouble auditif majeur et perma-
nent. Il est donc important de bien faire la dif-
férence entre trouble auditif et échec au test
de dépistage. Un examen audiologique pédia-
trique des nouveau-nés n’ayant pas passé le dé-
pistage doit se faire dans les 4 semaines qui le
suivent. Dans le collectif ci-dessus, 14 nouveau-
nés ont présenté un trouble auditif significatif
confirmé par un tel examen.
Traitement
Un diagnostic précoce des troubles auditifs n’a
de sens que si après les démarches diagnos-
tiques ultérieures, il est possible de prendre des
mesures efficaces. Dans les troubles auditifs du
nouveau-né, cette condition est remplie par la
possibilité d’avoir des appareils, prothèses
acoustiques ou implants cochléaires, avec une
stimulation spécifique, multidisciplinaire, bien
établie en Suisse. Avec une stimulation adé-
quate, de nombreux enfants malentendants
développeront des fonctions auditives leur
permettant d’avoir une bonne communication
verbale, et facilitant considérablement leurs
possibilités de formation.
Troubles auditifs ultérieurs
Le dépistage auditif généralisé chez le nouveau-
né ne permet pas de diagnostiquer tous les
troubles auditifs. Même les meilleures mé-
thodes passent à côté de quelques troubles au-
ditifs, et une proportion non négligeable ne se
manifestera que plusieurs mois ou années plus
tard [10]. Un contrôle régulier de l’audition des
nourrissons et petits enfants par le pédiatre
est donc toujours important et indispensable,
même après un dépistage auditif chez le nou-
veau-né. S’il y a par la suite suspicion de trouble
auditif, il faut absolument demander un exa-
men d’audiologie pédiatrique, même si le test
de dépistage du nouveau-né a été normal.