Napoléon a-t-il lu Sun Tzu

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Napoléon a‐t‐il lu Sun Tzu ? « Napoléon avait lu Sun Tzu. » L’affirmation revient régulièrement, presque comme un poncif. Le sinologue François Kircher raconte cette anecdote : « Il mʹest déjà arrivé en Chine, au cours d’un voyage en train, de tomber sur des compagnons de compartiments diserts dont lʹun ou lʹautre finit par demander : ‐ Mais au fait puisque vous êtes Français et que vous étudiez Lʹart de la guerre de Sun Tzu, est‐il vrai que Napoléon l’avait lu ? ‐ Mais bien sûr, ne manquais‐je pas de répondre alors. ‐ Hélas, la traduction nʹétait pas bonne. Voilà la raison pour laquelle il a perdu... Ce qui contribue à la bonne humeur générale. » Pourtant, cette affirmation selon laquelle Napoléon aurait lu Sun Tzu est très certainement fausse. Nous allons voir pourquoi. Une croyance largement répandue La question de la connaissance de L'art de la guerre par Napoléon revient régulièrement, et ce même sous la plume d’éminents spécialistes de Sun Tzu. Dans son introduction à sa traduction de L’art de la guerre, la sinologue Valérie Niquet affirme ainsi : « Pour les exégètes chinois contemporains de L’art de la guerre, Sun Zi1 aurait constitué le livre de chevet de Napoléon. » 2 Aux Etats‐Unis, le fait semble souvent tenir de l’évidence. Ainsi trouve‐t‐
on dans la version anglaise de Wikipédia : « Les historiens racontent généralement comment l’empereur français Napoléon a étudié les écrits militaires de Sun Tzu et les a utilisés avec succès pour mener ses guerres contre le reste de l’Europe. » 3 Certains chercheurs américains ont d’ailleurs produit des articles assez fouillés pour prouver le lien entre Napoléon et Sun Tzu4. Le site américain de référence sur L’art de la guerre, sonshi.com, affirme quant à lui : L’art de la guerre, version de 1772
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Sun Tzu, Sun Zi, Sun Tse, ou autre Souen Tseu ? La transcription des noms chinois se fait de nos jours selon le système « pinyin », qui donne pour l’auteur de L’art de la guerre : Sun Zi, ou plus exactement Sūn Zǐ. Malheureusement ce système ne retranscrit pas la phonétique du nom, mieux rendue par le système de l’Ecole Française d’Extrême‐Orient (EFEO) : Souen Tse(u). L’orthographe Sun Tzu était quant à elle la transcription selon l’ancien système anglo‐saxon dit « Wade‐Giles », largement répandue en France grâce au succès de la traduction du général américain Samuel Griffith en 1972. C’est néanmoins cette dernière que nous avons retenue pour cet article car étant aujourd’hui la plus courante en France. 2
SUN ZI, L'art de la guerre, traduction de Valérie Niquet, éditions Economica, 1999, p. 96. 3
Article « Sun Tzu » de Wikipédia anglais consulté le 22 mars 2011. Napoléon a‐t‐il lu Sun Tzu ? Page 1/7 Edition du 03/04/13 ‐ 14:49 « D’après les registres, Napoléon était un lecteur avide. En tant que tel, il ne fait guère de doute qu’il ait lu L’art de la guerre, d’autant plus qu’il s’agissait là d’un ouvrage militaire. La traduction de J. J. M. Amiot en 1772 […] fut un succès immédiat et fut rééditée dix ans plus tard. Aussi nous paraît‐il difficile de croire que Napoléon pouvait être ignorant de cet ouvrage. » Et le fondateur du site de conclure : « En d’autres termes, un Napoléon qui n’aurait pas lu L’art de la guerre serait équivalent de nos jours à une jeune personne qui n’aurait pas lu Harry Potter. » D’un point de vue purement chronologique, Napoléon aurait effectivement pu lire Sun Tzu La première version française du traité est bien contemporaine de Napoléon : en 1772, un jésuite français missionnaire en Chine, le père Amiot, publie à Paris un recueil de traductions intitulé Art militaire des Chinois, parmi lesquelles figurent Les treize articles de Sun‐Tse. Cette toute première traduction de L’art de la guerre en français ‐et dans le monde occidental5‐ aurait, selon le sinologue Laurent Long6, « rencontré quelque écho dans les milieux savants et militaires de l’époque et aurait suscité articles et controverses » . La traduction du père Amiot fut ensuite rééditée en 1782. Cette réédition comme le souligne Samuel Griffith7, « fit l’objet de critiques élogieuses dans les journaux littéraires de l’époque [tels L’année littéraire, L’Esprit des journaux ou Le journal encyclopédique]. » Napoléon Bonaparte est quant à lui né en 1769. En 1779, à neuf ans, après une transition de trois mois par le collège d’Autun, il est admis à l'école militaire de Brienne où il demeurera cinq ans. En 1784, il étudie une année à l’Ecole militaire de Paris puis, en 1785, à l'âge de seize ans, est reçu en qualité de lieutenant en second dans l'artillerie et est affecté en régiment à Valence puis Auxonne de 1788 à 1791. L’ouvrage contenant le traité de Sun Tzu 1772 Si une lecture de la traduction du père Amiot dans l’actualité de la sortie de 1772 ou 1782 paraît peu probable (Bonaparte avait trois ans en 1772 et ce n’est que six ans après la réédition de 1782 qu’il commencera réellement ses lectures), il est néanmoins techniquement possible que le futur empereur ait vu dans une bibliothèque une des éditions du traité de Sun Tzu. 4
Par exemple l’article de Gary Gagliardi, du Science of Strategy Institute : Napoleon and Sun Tzu. Le texte est disponible sur Internet à cette adresse : http://www.lesc.net/blog/napoleon‐and‐sun‐tzu‐gary‐gagliardi‐
science‐strategy‐institute. 5
Sun Tzu ne sera traduit en russe qu’en 1860, en anglais en 1905 et en allemand en 1910. 6
LONG Laurent, Les sept classiques militaires dans la pensée stratégique chinoise contemporaine, diffusion ANRT, 1998, p. 289. 7
SUN TZU, L’art de la guerre, traduction de Samuel Griffith, éditions Flammarion, 1972, appendice III, p. 237. Napoléon a‐t‐il lu Sun Tzu ? Page 2/7 Edition du 03/04/13 ‐ 14:49 Rien cependant n’indique que Napoléon ait eu entre les mains Les treize articles Concernant l’enseignement militaire de Bonaparte de Brienne à Auxonne, il est établi qu’il a étudié les grands théoriciens européens de son époque : Guibert, Bourcet, du Teil… ou plus ancien comme Feuquière. Tout comme on sait également qu’il a lu très tôt une histoire de Frédéric II ou qu’il lira plus tard les histoires de Turenne et Catinat. N’oublions pas que les références militaires de la fin du XVIIIe sont Guibert et les batailles de Frédéric II. Mais c’est surtout à Valence que de 1788 à 1791 le futur empereur s’est forgé les bases de sa formation intellectuelle. Ses nombreuses lectures, qu’il accompagne de notes, témoignent du sens dans lequel il a dirigé ses études et des sujets qui l’ont particulièrement attiré. Doué pour les mathématiques, il n'en dévore pas moins des traités d'art militaire, lit les philosophes (particulièrement Montesquieu, Rousseau et Voltaire) et les grands penseurs politiques tels que Mirabeau ou Necker. Nous connaissons un certain nombre de notes de lectures de Bonaparte à Auxonne et Valence8. Toutefois, ces notes sont, on le sait, incomplètes car un certain nombre ont été dispersées ou perdues au fil du temps. Ainsi, étonnamment, ne figurent au nombre de celles‐ci que peu de théoriciens et d’historiens militaires. Jean Colin, grand spécialiste de la stratégie napoléonienne du début du XXe siècle, ne mentionne à aucun moment Sun Tzu dans son ouvrage de Napoléon en 1785
référence L’éducation militaire de Napoléon9. En outre, selon l’historien Jacques Jourquin, grand expert des bibliothèques impériales, les écrits du père Amiot n'ont jamais fait partie d’une bibliothèque de Napoléon, que ce soit sous l’Empire ou à Sainte‐Hélène. S'il est donc techniquement possible que Napoléon ait pu avoir entre les mains un exemplaire des Treize articles de Sun‐Tse, rien dans son historiographie ne permet cependant de l’attester. Pour autant, cette absence de preuve de lecture ne peut équivaloir à une preuve d’absence de lecture. Napoléon n’avait que peu connaissance des affaires de la Chine Napoléon aurait déclaré « Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera ». Comment l’auteur d’une phrase aussi prophétique aurait‐il pu être ignorant du traité de Sun Tzu ? L’authenticité de cette citation peut légitiment être mise en doute. En effet, cette phrase ne figure dans aucun des écrits de l’Empereur. Elle provient à l’origine d’Alain Peyrefitte qui en avait fait le titre d’un de ses plus célèbres ouvrages10. A l’intérieur de celui‐ci, il était précisé que Lénine aurait 8
On pourra notamment se référer à : MASSON Frédéric et BIAGI Guido, Napoléon manuscrits inédits 1786‐
1791, 1907, réédition en 1927 aux éditions Albin Michel. 9
COLIN Jean, L’éducation militaire de Napoléon, 1901, réédition en 2001 aux éditions Historiques Teissèdre. 10
PEYREFITTE Alain, Quand la Chine s'éveillera… le monde tremblera, éditions Fayard, 1973. Napoléon a‐t‐il lu Sun Tzu ? Page 3/7 Edition du 03/04/13 ‐ 14:49 « repris ce pronostic à son compte dans son dernier texte, dicté le 2 mars 1923 : Moins nombreux mais meilleurs ». En réalité, cette phrase ne figure pas dans cet article11, ni de toute façon dans aucun autre écrit de Lénine12. Pour autant, quelle connaissance l’Empereur avait‐il de la Chine ? Si l’attrait pour le Proche‐Orient de Napoléon est manifeste13, celle pour l’Orient n’est en revanche aucunement prouvée. Selon l’historien Joël Eymeret14, « la présence française fut bien modeste en Chine sous le Consulat et l’Empire. Joseph de Guignes, dernier agent du roi à Canton, quitta le pays […] et publia en 1808 trois volumes sur son Voyage à Péking, Manille et l’île de France fait dans l’intervalle des années 1784 à 1801. […] Un autre témoin intéressant est l’officier de marine Félix Renouard de Sainte‐Croix, qui publia en 1810 son Voyage aux Indes orientales, aux îles Philippes et à la Chine avec des notions sur la Cochinchine et le Tonkin pendant les années 1803 à 1807 et qui, le 21 décembre 1811, présenta à Napoléon le projet d’une ambassade en Chine pour renverser le système de commerce que les Anglais [faisaient] en ce pays ». Ces derniers connurent plusieurs échecs d’installation en Chine, dont Napoléon eu connaissance puisque George Macartney lui en fit personnellement le commentaire en 1816 lors de son passage à Sainte‐Hélène après son échec d’établissement d’ambassade l’année précédente. George Macartney, ambassadeur britannique en Chine, 1792
Napoléon n’était donc pas totalement ignorant des affaires de la Chine, et les conversations avec des personnes y ayant séjourné auraient pu aisément mener à l’évocation de cette référence stratégique qu’était là‐bas Sun Tzu. Pourtant, dans les notes et les textes que Napoléon a rédigés à Sainte‐Hélène sur l’art de la guerre, toutes les références sont européennes. Là encore, aucune trace d’une quelconque connaissance de Sun Tzu n’a jamais été relevée. 11
Cf. LENINE, Mieux vaut moins, mais mieux, in Lénine : Œuvres, tome 33 : Août 1921 ‐ Mars 1923, Editions sociales, 1963, pp. 501 à 517. 12
Recherche effectuée sur le site www.marxists.org/archive/lenin/works qui contient qui l’intégralité des écrits de Lénine. 13
Il existe plusieurs notes de lecture sur l’histoire du Proche‐Orient et le jeune Bonaparte écrivit même un petit conte fantastique : Le masque prophète. En 1795 il chercha à obtenir une mission militaire en Turquie, poste qu’il obtint juste au moment du 13 vendémiaire qui changea finalement la destinée du jeune officier. Vint alors l’extraordinaire expédition d'Egypte où l’envoya le Directoire, expédition qui marqua un nouveau point de départ de la volonté des puissances européennes de s'installer au Moyen‐Orient et au‐delà. 14
EYMERET Joël, article « Chine » du Dictionnaire Napoléon sous la direction de Jean Tulard, éditions Fayard, 1989. Napoléon a‐t‐il lu Sun Tzu ? Page 4/7 Edition du 03/04/13 ‐ 14:49 Un traité passé probablement inaperçu L’ouvrage du père Amiot a‐t‐il fait tant de bruit que cela dans le milieu intellectuel français ? Tous les journaux cités par Samuel Griffith (L’année littéraire, L’Esprit des journaux ou Le journal encyclopédique) sont essentiellement littéraires, et en dépit de l'affirmation de Laurent Long, il n'a nulle part été trouvé trace d'un quelconque commentaire venant du milieu militaire. Si la réédition de Sun Tzu a fait débat, il est fort probable que les militaires de l’époque ne voyaient ces Treize articles que comme une curiosité exotique. Rappelons qu’en cette période, l’éclatante réussite de l’Essai de tactique générale du comte de Guibert focalisait toute l’attention sur le plan militaire. Il semble logique de penser que ceux qui ont lu le traité devaient plus chercher en quoi Sun Tzu pouvait être moderne en identifiant lesquels de ces préceptes pouvaient être applicables à l’art de la guerre occidental contemporain qu’avoir la démarche d’enrichir la doctrine en vigueur par la pensée chinoise. La Chine avait pourtant présenté un réel engouement dans un passé récent. Louis XIV avait tissé des liens avec son homologue chinois, et les ambassades jésuites avaient été financées par la couronne de France. Mais si la Chine fut très à la mode au début du XVIIIe siècle, la Querelle des Rites15 aboutit en 1773 à l’interdiction pure et simple de l’ordre religieux des jésuites en Chine par le pape Clément XIV. En outre, à partir de 1784, une terrible répression mandchoue acheva d’éliminer ce qui restait de jésuites (chinois et étrangers) dans le pays. En cette fin de XVIIIe siècle, lorsque le père Amiot publia sa traduction, l’attrait pour la Chine s’était alors éclipsé face à celui des Hurons et bientôt des Incas de Marmontel. Sun Tzu, s'il a été lu, n’a donc probablement été vu que comme une curiosité. La réédition de 1782 de l’ouvrage contenant le traité de Sun Tzu Précisons en outre que le traité de Sun Tzu n'était pas présenté en tant qu’ouvrage indépendant mais était noyé parmi beaucoup d'autres textes : outre le fait qu’il ne représentait qu’un quart de l’Art militaire des Chinois et n’était pas spécialement identifié comme plus important que le reste des textes présentés, la réédition de 1782 n’était que le septième tome (sur quinze !) des Mémoires concernant l’histoire, les sciences, les arts, les mœurs, les usages, etc. des Chinois par les missionnaires de Pékin ! Un texte sensiblement différent de celui que nous connaissons aujourd’hui Il est important d’avoir à l’esprit que la traduction offerte par le père Amiot était relativement différente des versions contemporaines, le jésuite ayant grandement dénaturé la pensée originale de Sun Tzu telle qu’elle nous apparaît aujourd’hui. Ainsi lorsque le père Amiot traduisait au chapitre 6 : 15
La Querelle des Rites opposa durant les XVIIe et XVIIIe siècles les missionnaires jésuites en Chine à l'autorité du pape, ce dernier leur reprochant de s’adapter aux coutumes et usages locaux et de ne pas rester dans l’orthodoxie vaticane. Napoléon a‐t‐il lu Sun Tzu ? Page 5/7 Edition du 03/04/13 ‐ 14:49 « Si, lorsque [les bataillons ennemis] prennent la fuite, ou quʹils retournent sur leurs pas, ils usent dʹune extrême diligence et marchent en bon ordre, ne tentez pas de les poursuivre ; ou, si vous les poursuivez, que ce ne soit jamais ni trop loin, ni dans les pays inconnus. » L’idée rendue par les traducteurs contemporains est tout autre : là où le père Amiot explique la conduite à tenir face à un ennemi qui fuit, les traductions modernes n’évoquent que le fait de savoir se replier rapidement : « [Le parfait chef de guerre] se retire sans que [l’adversaire] puisse le poursuivre, tant ses mouvements sont rapides. » (traduction de Jean Lévi16) Une raison de la différence entre le texte moderne et celui du père Amiot vient de ce que la version mandchoue ‐et non chinoise‐ utilisée comme texte de référence par le jésuite n’était à la base guère satisfaisante. En outre, à travers tout le traité, commentaires de glossateurs chinois et idées propres du père Amiot étaient inextricablement mêlés au texte original. La volonté d’adapter les préceptes de Sun Tzu à la morale chrétienne était réellement omniprésente ; ainsi, au chapitre 11, là où les traducteurs contemporains traduisent : « On pourvoit aux besoins en nourriture des troupes en pillant les campagnes fertiles. » Le père Amiot écrivait : « Procurez‐vous pacifiquement tous les secours dont vous aurez besoin ; n’employez la force que lorsque les autres voies auront été inutiles ; faites en sorte que les habitants des villages et de la campagne puissent trouver leurs intérêts à venir d’eux‐mêmes vous offrir leurs denrées. » Le père Amiot (1718‐1793)
Notons enfin que si Napoléon avait effectivement lu le texte de Sun Tzu, il serait normal qu’il n’ait rien pu en retirer, tant la plupart des idées était traduite de manière absconse par le père Amiot. Par exemple, que comprendre de cette phrase du chapitre 1 : «Si nous connaissons bien le Ciel, nous nʹignorerons point ce que cʹest que ces deux grands principes Yn (sic) et Yang ; nous saurons le temps de leur union et de leur mutuel concours pour la production du froid, du chaud, de la sérénité ou de lʹintempérie de lʹair. » que les traductions modernes rendent de façon parfaitement claire par : « Le climat est déterminé par l’alternance de l’ombre et de la lumière, du chaud et du froid ainsi que par le cycle des saisons. » 16
Cette traduction et toutes les suivantes désignées comme « contemporaines » se basent sur : SUN TZU, L'art de la guerre, traduction de Jean Lévi, éditions Hachette, 2000. Napoléon a‐t‐il lu Sun Tzu ? Page 6/7 Edition du 03/04/13 ‐ 14:49 Ainsi, s’il est techniquement possible que Napoléon ait lu Sun Tzu, il ne semble pas l’avoir fait. Si cela devait pourtant être le cas, il aurait alors été très probable qu’il soit passé à côté du sens profond du texte tant celui‐ci était mal traduit et peu mis en valeur. Quand bien même Napoléon aurait pu franchir toutes ces étapes, force est de constater qu’il n’en a manifestement tenu aucun compte. L’Histoire montre en effet qu’il n’en a guère appliqué les principes. Certes certains préceptes de L'art de la guerre sont employés par l’Empereur : planification minutieuse, recherche du renseignement, manœuvre, concentration souple et rapide des forces, ... D’autres préceptes pourraient en outre être considérés comme transposés par Napoléon, telles les manœuvres de déception qui peuvent éventuellement être vues comme un recours à la ruse. Enfin, en 1805, la victoire est obtenue sans bataille à Ulm. Mais c'est là l'exception qui confirme la règle. Les principes qui paraissent coïncider sont en effet presque des constantes de la guerre. A contrario, innombrables sont les commandements de Sun Tzu dont fait fi l’Empereur, telles la recherche de la victoire sans combattre (ce leitmotiv fondamental de Sun Tzu est à l’opposé de la bataille décisive voulue par Napoléon et théorisée plus tard par Clausewitz) ou la décorrélation du politique et du militaire (aux antipodes des recommandations de Sun Tzu exigeant une stricte séparation de ces sphères, Napoléon faisait montre d’une totale interaction du militaire avec le politique). Napoléon a‐t‐il lu Sun Tzu ? Page 7/7 Edition du 03/04/13 ‐ 14:49 
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