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Zones Humides Infos - n° 68 - 2ème trimestre 2010
ZH
Infos
Les zones humides et les villes
Les 25, 26 et 27 mars 2010, le
Groupe d’histoire des zones humi-
des a organisé en partenariat avec
la ville et l’université de Valencien-
nes, un colloque international sur
le thème « Zones humides et villes
d’hier et d’aujourd’hui ». Dix-huit
communicants venus de Hollande,
de Belgique, d’Algérie et d’Italie ont
apporté des contributions d’appro-
ches très diverses faisant appel à
l’histoire, la géographie, le droit et
l’écologie, démêlant quelque peu la
complexité existant entre l’eau et la
ville. Les travaux ont été structurés
autour de quatre thèmes.
Le premier proposait d’aborder les
origines de la ville. Avec des exem-
ples tirés de l’histoire égyptienne,
romaine ou gauloise, il a été constaté
que les hommes adoptaient des at-
titudes diérentes vis-à-vis de l’eau,
celle-ci étant parfois perçue comme
répulsive parfois comme attractive.
Mais quelle que soit l’attitude adop-
tée par les uns ou les autres, tous les
intervenants ont souligné l’adapta-
tion des hommes au milieu et leur
ingéniosité pour maîtriser l’eau et
l’humide.
Le second thème traitait des pro-
ductions. En d’autres termes, il s’agis-
sait d’aborder le rôle nourricier de
l’eau et des marais. Les intervenants
ont montré que les inconvénients à
vivre près d’un marais (èvres, inon-
dations) étaient largement compen-
sés par les avantages représentés
notamment par les contributions de
la chasse, de la pêche. L’économique
prime toujours sur le sanitaire : entre
un risque d’une éventuelle inonda-
tion et la certitude de pouvoir se
nourrir à partir d’un espace riche de
sa biodiversité, les hommes n’hési-
tent pas.
Dans le troisième thème, les inter-
venants devaient aborder la relation
existant entre la ville et le marais. Les
exemples de Bordeaux, Lille, Arles,
Toulouse ont mis en évidence les
diérentes attitudes des citadins, les
uns tournant le dos à leur marais, les
autres au contraire l’intégrant aux
aménagements.
Enn, le colloque a évoqué un
thème d’actualité, celui du risque lié
à l’eau. L’extraordinaire attractivité
des espaces humides a été relevée et
ceci malgré la connaissance des dan-
gers potentiels pour les biens et les
personnes qui s’y rapportent.
Tous les travaux très riches feront
l’objet d’une publication dans les
mois à venir.
J.-M. Derex
Les zones humides associées aux
corridors uviaux ont fait l’objet
d’aménagements anciens et impor-
tants du fait de l’implantation des
activités humaines et de leur déve-
loppement. Les écosystèmes et les
paysages ont donc évolué en lien
avec ces aménagements successifs
sous la contrainte des risques d’inon-
dation. Depuis le milieu du XXe siè-
cle, la pression urbaine s‘accentuant,
la multiplication des projets a induit
des transformations radicales des
zones humides. Plus récemment,
de nouvelles règlementations dont
la mise en place des Plans de pré-
vention des risques d’inondation
(PPRI) ont permis d’arrêter ou pour
le moins de maîtriser l’urbanisation
des zones inondables. Conjointe-
Contact :
Jean-Michel Derex
Historien
Président du
Groupe d’histoire
des zones humides
Site : http://
ghzh.free.fr/
Zones humides et villes d’hier et
d’aujourd’hui : des premières cités
aux fronts d’eau contemporains
Les zones humides urbaines et pé-
riurbaines tourangelles, de l’urbani-
sation à la valorisation des paysages
ment, l’émergence d’une demande
de « naturalité », de qualité de ca-
dre de vie des citadins et les actions
d’associations locales pour une prise
en compte de l’environnement et
du paysage ont œuvré, dans une
certaine mesure, pour la préserva-
tion des zones humides urbaines et
périurbaines.
Nous présenterons ici le cas de
l’agglomération de Tours, à partir des
résultats de travaux de recherche
réalisés à l’UMR CITERES (CNRS-
Université de Tours).
La vallée de la Loire moyenne
constitue un territoire d’étude ri-
che du fait de ses caractéristiques
géographiques et de l’absence de
crue importante depuis le milieu du
XIXe siècle.
L’île de la Métairie
(La-Ville-aux-
Dames), un parc
urbain ouvert sur
la Loire.
Photo : Sylvie Servain
Joseph Farington. Vue de l’inondation de Valenciennes au
cours du siège de 1793 ; aquarelle.
Crédit : Musée des Beaux-Arts de Valenciennes/ Photo : Régis Decottignies