Les fonctions exécutives chez l`enfant : Des

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Les fonctions exécutives chez l’enfant : Des considérations
développementales et cliniques à la réalité scolaire
Arnaud Roy
Laboratoire de Psychologie des Pays de la Loire, EA4638, LUNAM, Faculté des Lettres, Langues, et Sciences
Humaines, Université d’Angers, France
Centre Référent des Troubles d’Apprentissage et Centre de Compétence Nantais de Neurofibromatose, Hôpital
Femme-Enfant-Adolescent, CHU de Nantes, France
[email protected]
Résumé
Les fonctions exécutives occupent une place centrale et déterminante dans le développement
psychologique de l’enfant, que ce soit pour la mise en place des apprentissages, la régulation du
comportement ou l’intégration des connaissances sociales. Elles renvoient à des processus de
contrôle de haut niveau permettant à l’enfant de s’adapter à son environnement et d’organiser son
comportement dans la vie quotidienne, en particulier à l’école. Les données empiriques et les
modélisations théoriques récentes favorisent l’idée selon laquelle les habiletés exécutives sont
caractérisées par une émergence précoce et une maturité tardive, les exposant à une vulnérabilité
particulière chez l’enfant en cas de troubles neurodéveloppementaux ou de lésion acquise affectant
les réseaux fronto-sous-corticaux du cerveau. S’il n’existe pas de critères diagnostiques établis et
consensuels, les symptômes caractéristiques du syndrome dysexécutif susceptibles d’être observés
au sein de la population pédiatrique sont désormais mieux décrits et peuvent s’exprimer à travers
diverses formes de tableaux cliniques. L’évaluation des fonctions exécutives doit, dans ce contexte,
s’ajuster au plus près des particularités développementales et cliniques qui caractérisent ces
processus, tout en intégrant leur retentissement dans la vie quotidienne. Les travaux internationaux
réalisés dans ce domaine ces dernières années alimentent la nécessité d’une démarche
d’investigation intégrative, combinant tests psychométriques classiques basés sur la performance et
approche du comportement de l’enfant au plus près de ses contextes de vie, en particulier à l’école.
Mots clés
Fonctions exécutives, lobe frontal, régulation comportementale, vulnérabilité précoce,
neuropsychologie et école.
Adresse
Université d’Angers,
Faculté des Lettres, Langues et Sciences Humaines,
Laboratoire de Psychologie des Pays de la Loire,
11, boulevard Lavoisier,
49045 Angers cedex 01, France
1
Abstract
The executive functions (EF) occupy a central and determining place in the psychological
development of the child. They are essential for setting up apprenticeships, behavior control, and
social knowledge integration. EF refer to high-level control processes allowing the adaptation of the
child to his environment and the organization of his behavior in the everyday life, in particular at the
school. Empirical data and recent theoretical modeling support the idea that executive skills are
characterized by an early emergence and a late maturity, which make them vulnerable in the child
due to the dysfunction of the frontal-subcortical circuits of the brain in various acquired and
neurodevelopmental contexts. Despite lacking established and consensual diagnostic criteria for the
dysexecutive syndrome, its characteristic symptoms that are likely to be observed in the pediatric
population are now better described, and can be expressed through various clinical pictures. EF
assessment should, in this context, be adjusted as close as possible to the developmental and clinical
specificities that characterize these processes, while integrating their impact on everyday life. Recent
international works in this field point out the need for an integrative research process, including
traditional performance-based psychometric tests, and adapted approaches to child behavior in his
life contexts, in particular at the school.
Keywords
Executive functions, frontal lobe, behavior regulation, early vulnerability, neuropsychology and
school.
2
Introduction
« Mon enfant a des difficultés pour s’organiser, il est brouillon, dépassé s’il a plusieurs choses à faire,
estime mal le temps nécessaire pour réaliser une activité et la commence au dernier moment, il ne sait
pas s’arrêter, coupe la parole, fait des fautes d’étourderie, et s’énerve facilement,… ». Comment
interpréter ces difficultés - si tant est qu’il faille les considérer comme telles -, dont les manifestations
sont fréquemment rapportées lors de l’entretien clinique avec les parents et/ou signalées par les
enseignants ? Doivent-elles être analysées comme le reflet de l’immaturité légitime qui caractérise les
enfants en général ? Ou au contraire signent-elles l’expression d’une déviance en regard du
comportement attendu pour l’âge, susceptible d’impacter le développement ultérieur ?
D’un point de vue phénoménologique, ces « difficultés » renvoient à la problématique de contrôle
et de régulation de son comportement par l’enfant, dont la conceptualisation en neuropsychologie a
été formalisée autour des fonctions exécutives (FE). La métaphore du chef d’orchestre est
communément utilisée pour définir le rôle central de ces processus de haut-niveau et des structures
cérébrales qui les sous-tendent, à savoir le cortex préfrontal et ses multiples interconnexions avec
l’ensemble du cerveau. Considérées dans ce contexte théorique, les FE sont essentielles au sens où
elles contribuent à ajuster en permanence le comportement de l’enfant en fonction des contingences
internes et environnementales. Elles contribuent à déterminer la manière de s’adresser à quelqu’un,
le fait de parler au moment approprié, de récupérer les informations utiles en mémoire, ou encore
d’organiser les étapes nécessaires pour choisir ses vêtements ou prendre son repas (par quoi
commencer, etc.). Sans chef d’orchestre, le comportement s’expose à une désorganisation
importante, un manque de cohérence apparent dans les choix réalisés et l’incapacité d’atteindre les
objectifs d’une action.
Malgré l’émergence tardive des travaux dans ce domaine chez l’enfant, leur amplification ces 30
dernières années a ouvert de nouvelles perspectives de lecture clinique des possibles difficultés
comportementales évoquées plus haut. Les arguments empiriques témoignent désormais du rôle
déterminant des FE pour la réussite scolaire et professionnelle, la qualité de vie, la santé mentale et
physique, et plus globalement le développement psychologique, cognitif et social (voir Diamond,
2013). Leur proximité avec d’autres concepts fondamentaux tels que l’attention, la mémoire,
l’intelligence, la théorie de l’esprit et la cognition sociale, ou encore les praxies, contribuent aussi à
conférer de facto aux FE un rôle essentiel pour approcher le comportement de l’enfant et ses
perturbations en cas d’anomalie cérébrale.
Dans cet article de synthèse, nous revenons sur les grandes étapes du développement des FE,
avant d’aborder les particularités cliniques qui caractérisent leur perturbation précoce et les
contours sémiologiques du syndrome dysexécutif chez l’enfant. La question de l’évaluation sera
abordée dans un dernier temps, sur la base des considérations développementales et cliniques, et
dans une perspective globale intégrant le retentissement des symptômes dans la vie quotidienne. La
considération des FE dans le contexte scolaire, esquissée dans cette synthèse, sera reprise et
approfondie dans le chapitre de V. Lodenos et E. Alix. (voir cet ouvrage).
DEVELOPPEMENT DES FONCTIONS EXECUTIVES ET DU LOBE FRONTAL
Les fonctions exécutives et leur réalité chez l’enfant
Les FE renvoient habituellement à un terme « parapluie » englobant un ensemble d’habiletés
cognitives de haut niveau nécessaires à la réalisation d’un comportement dirigé vers un but (Luria,
1966). Elles permettent de faciliter l’adaptation à des situations nouvelles, notamment lorsque les
routines, les automatismes ou les habiletés cognitives sur-apprises deviennent insuffisantes pour
réaliser une action ou une activité de manière appropriée. Cette spécificité implique que les FE sont
requises dès lors que la mise en œuvre de processus contrôlés (« top-down ») est nécessaire,
3
illustrant ainsi leur rôle central de supervision du comportement au sens large (Seron, Van der Linden
& Andrès, 1999).
Plusieurs facettes des FE sont distinguées, en particulier en fonction du type de contexte dans
lequel elles sont engagées (Zelazo & Müller, 2002). Le versant cognitif ou la composante « cold »
(froide) du fonctionnement exécutif, habituellement associé aux régions préfrontales dorsolatérales
du cerveau, concernerait les situations qui n’impliquent pas au premier plan d’état émotionnel
particulier, sous-tendant plutôt une certaine logique, abstraite et décontextualisée. Les principaux
processus regroupés derrière ce concept –et retrouvés dans la plupart des modélisations théoriquessont la planification, l’inhibition, la flexibilité mentale, et les capacités de mémoire de travail (voir
Tableau 1, pour une description plus précise). L’initiation (aptitude à s’engager dans une tâche,
générer des idées), le contrôle ou « monitoring » (habitudes de vérification de son travail par
l’enfant) ou encore la vitesse de traitement, sont également associés aux FE (voir par exemple Gioia,
Isquith, Guy & Kenworthy, 2000).
Le versant affectif ou « hot » (chaud) des FE, davantage associé aux régions orbitaires et ventromédianes du cortex préfrontal, correspond aux contextes dans lesquels sont impliqués de manière
prépondérante des aspects affectifs, émotionnels et/ou motivationnels (Bechara, Damasio &
Damasio, 2000). On considère dans ce registre les aptitudes de prise de décision dans des situations à
l’issue incertaine et impliquant un enjeu affectif (gratification, punitions, danger,…), qui conduisent
l’enfant à analyser les risques et choisir entre plusieurs alternatives en compétition (voir Roy &
Lancelot, 2013). Les capacités d’autorégulation et de contrôle de ses émotions (aptitude à moduler
ses réponses émotionnelles de manière adéquate) sont également associées au versant « hot » des
FE, et renvoient à l’ajustement de son propre comportement à l’autre et à la cognition sociale (voir
Lancelot, Speranza & Roy, 2013). Le développement des aptitudes de contrôle exécutif doit ainsi
progressivement conduire l’enfant à adopter un comportement approprié en fonction du contexte,
grâce à une forme de synthèse –et de compromis- entre son état affectif interne (ses ressentis
émotionnels) et l’analyse cognitive de la situation.
Insérer Tableau 1 ici s’il vous plaît
L’émergence progressive des processus exécutifs
Le statut développemental particulier du lobe frontal et de ses réseaux, siège biologique principal
des FE, alimente de manière fondamentale les enjeux scientifiques inhérents à l’étude de ces
processus chez l’enfant. Il s’agit d’une problématique essentielle dans la mesure où elle contribue à
guider l’expertise clinique en cas de développement atypique.
Du fait de la maturation caudo-rostrale du cerveau, la maturation physiologique du cortex
préfrontal est plus longue que celle des autres régions corticales (Dennis, 2006). En particulier, le pic
de l’élimination synaptique et la fin de la myélinisation sont plus tardifs, et se prolongent jusqu’au
début de l’âge adulte, contribuant à expliquer que le développement des FE et du contrôle du
comportement est particulièrement long et progressif. La maturité ontogénétique tardive du cortex
préfrontal est à rapprocher des données phylogénétiques, montrant un développement
proportionnellement plus important du cortex préfrontal depuis les premiers hominidés, il y a six
millions d’années. Plus spécifiquement, la taille accrue de certaines zones d’association multimodale,
ainsi que l’augmentation de la substance blanche préfrontale, nous différencieraient des grands singes
africains (Risberg, 2006) et seraient à l’origine des progrès spectaculaires réalisés par notre espèce
dans le traitement de l’information et les apprentissages. Dans la perspective évolutionniste, ces
éléments témoignent d’une réorganisation fonctionnelle progressive du cerveau qui positionne le
cortex préfrontal et les FE au cœur de la spécificité de l’être humain.
4
Le développement long et prolongé du lobe frontal et des FE ne doit pas occulter leur émergence
précoce et leur rôle essentiel dès le début de la vie. La performance au paradigme A-non-B (Piaget,
1936) est souvent considérée comme un des premiers signes de l’émergence des FE chez le
nourrisson. L’erreur A non B est caractérisée par le fait que l’enfant retourne chercher un objet dans
une cachette antérieure alors qu’il n’y est plus. Pour ne plus commettre cette erreur, il lui faut
maintenir à l’esprit l’endroit où la récompense vient d’être cachée, et inhiber une réponse
précédemment renforcée. L’émergence de ces aptitudes et leur maîtrise, à travers la réussite à cette
tâche chez le tout-petit (entre 6 et 12 mois) a fait l’objet de corrélations anatomofonctionnelles avec
la maturation précoce du cortex préfrontal dorsolatéral, en particulier sur la base d’études
lésionnelles chez le macaque et d’études électrophysiologiques chez le nourrisson (Diamond, 2004).
Plusieurs études empiriques, conduites à la fin des années 1980 auprès de cohortes d’enfants
d’âge préscolaire et scolaire à partir de tâches « frontales » dérivées de l’adulte, ont confirmé le
caractère actif et prolongé des processus exécutifs tout au long de l’enfance et de l’adolescence (par
exemple, Levin et al., 1991 ; Welsh, Pennington & Groisser, 1991). La multiplication des travaux ces
15 dernières années a aussi permis l’émergence de modèles théoriques basés sur les analyses
factorielles, rejoignant la dynamique enclenchée chez l’adulte et la conception plurielle des FE. La
nature et le nombre de facteurs, à l’instar des calendriers développementaux, varient
considérablement (voir Lee, Bull & Ho, 2013). La conceptualisation des FE a néanmoins
progressivement pris forme autour de l’inhibition et de la mémoire de travail, recoupant les
propositions néo-piagétiennes ou le modèle interactif de Roberts et Pennington (1996), tout en les
élargissant à d’autres processus comme la flexibilité et la planification. Les données issues de ces
études suggèrent que les FE sont indifférenciées jusqu’à la fin de la période préscolaire (prévalence
des modèles unitaires jusqu’à 5 ans), après quoi émergent différents facteurs de plus en plus
spécialisés et indépendants. L’inhibition et la mémoire de travail seraient les premiers à se
différencier, à partir de 6-7 ans, avant que la flexibilité, longtemps tributaire de l’inhibition, ne se
dissocie à son tour (cette individualisation ne serait consolidée qu’en fin d’adolescence : Lee et al.,
2013). La place de la vitesse de traitement fait débat, certains auteurs l’identifiant comme un facteur
indépendant, alors que pour d’autres elle sous-tendrait la variance partagée entre les FE (par
exemple, Lee et al., 2013).
Deux modèles intégratifs et hiérarchisés spécifiques à la structure et au développement des FE
ont récemment été proposés (Dennis, 2006 ; Diamond, 2013). Dotés d’une vision plus large et
interactive des concepts liés aux FE, leur conceptualisation modulaire est imprégnée de l’approche
factorielle et découle des conceptions néo-piagétiennes. Le modèle de Diamond (2013) concrétise
plus particulièrement l’idée d’une ontogénèse hiérarchisée des diverses composantes exécutives,
assujetties à la fois à un développement différencié avec l’âge et à des interrelations
progressivement plus complexes. Le contrôle inhibiteur et la mémoire de travail (premières à se
différencier d’après les études factorielles) seraient les précurseurs du développement ultérieur de la
flexibilité, puis des FE de plus haut-niveau dont la planification et la résolution de problèmes, rendant
compte de calendriers développementaux différentiels.
Considérations sociodémographiques, environnement et culture
L’effet potentiel du genre et du statut socio-économique, mais aussi plus largement celui de la
culture sur le développement exécutif, constitue un questionnement central, interrogeant le
caractère universel des modélisations envisagées. L’étude de ces dimensions reste partielle et n’a pas
été formellement envisagée dans les propositions théoriques existantes.
Des différences structurelles évolutives importantes tout au long de l’enfance ont été identifiées
entre le cerveau des garçons et des filles, constituant une forme d’ancrage biologique aux différences
liées au genre mises à jour en psychologie (voir par exemple, Belfi, Conrad, Dawson & Nopoulos,
2014). Plusieurs données empiriques relatives à l’effet du genre sur les FE de l’enfant
transparaissent, qui favorisent l’idée d’un développement plus rapide chez les filles à partir de tests
5
classiques ou de questionnaires de vie quotidienne (par exemple, Klenberg, Jämsä, Häyrinen, LahtiNuuttila & Korkman, 2010). Cet effet est cependant loin d’être systématique ou alors très disparate
selon les épreuves (Ardila, Rosselli, Matute & Guajardo, 2005).
Le niveau d’éducation des parents, souvent utilisé pour refléter le statut socio-économique, s’est
révélé être associé -de manière positive- au développement des FE, effet qui pourrait être médiatisé
par les ressources verbales (Ardila et al., 2005 ; Catale, Willens, Lejeune & Meulemans, 2012). De
manière concordante, des travaux d’imagerie ont montré que le niveau d’éducation parental prédit
l’épaisseur de certaines zones préfrontales (Lawson, Duda, Avants, Wu & Farah, 2013). Le lien entre
développement exécutif et niveau d’étude doit cependant être relativisé, l’amplitude des relations
étant souvent faible à modérée, les résultats tâche-dépendants, et sans lien préférentiel
systématique avec les épreuves verbales. La question du rôle de certains facteurs environnementaux
susceptibles de médiatiser le lien entre le statut socio-économique et le développement des FE reste
posée, certains travaux ayant montré que la qualité des interactions parents-enfant et divers aspects
associés aux pratiques éducatives (autonomie de l’enfant, régulation du stress,…), jouaient un rôle
significatif (par exemple, Bernier, Carlson & Whipple, 2010 ; Blair et al., 2011).
S’agissant de l’exploration transculturelle du développement exécutif, les résultats des travaux
émergeants dans ce domaine sont en faveur d’une influence de la culture des peuples sur le
développement des FE. Il a ainsi été montré que les enfants Chinois présentaient des performances
supérieures dans certaines tâches exécutives en regard de leurs homologues Américains (Lan,
Legare, Ponitz, Li & Morrison, 2011). De manière similaire, des différences significatives ont été
relevées entre les difficultés exécutives évaluées à partir d’un questionnaire de vie quotidienne entre
des enfants Suédois, Iraniens, Espagnols et Chinois, avec cette fois des difficultés accrues chez les
enfants Chinois (Thorell, Veleiro, Siu & Mohammadi, 2013). Un biais culturel pourrait expliquer ces
résultats, fondé sur l’idée que les capacités d’autorégulation sont fortement encouragées (et plus
sévèrement jugées) dans la culture chinoise. Un effet transculturel du genre a également été observé
dans cette étude, puisque des difficultés accrues étaient sélectivement signalées chez les filles
Iraniennes (par rapport aux garçons), alors que le profil inverse était relevé pour les autres pays,
potentiellement du fait de la vision patriarcale dominante dans certaines régions de l’Iran. Les
données de Thorell et al. (2013) montrent en outre que l’amplitude des liens entre FE et réussite
scolaire varie selon les pays, suggérant que les capacités requises pour réussir à l’école sont
tributaires de la culture et des systèmes éducatifs.
Les implications liées à ces travaux sont considérables, en ce sens qu’ils peuvent aider à
comprendre la variabilité de l’expression développementale des FE, ainsi que l’impact des facteurs
sociodémographiques et culturels sur la symptomatologie en cas de développement perturbé.
SYNDROME DYSEXECUTIF ET VULNERABILITE PRECOCE
Particularités cliniques des troubles exécutifs chez l’enfant
Le statut particulier des réseaux frontaux et des FE, caractérisé par un développement à la fois
précoce et prolongé, représente un enjeu scientifique majeur au plan clinique, dans la mesure où il
les expose à un risque majeur de vulnérabilité précoce. Depuis les années 1990, des arguments
cliniques croissants ont en effet favorisé l’idée selon laquelle les lésions précoces impliquant les
structures préfrontales et leurs réseaux sont susceptibles d’entraîner de graves perturbations du
comportement adaptatif au décours du développement, renvoyant directement à la question des FE
(Anderson, Spencer-Smith & Wood, 2011 ; Tranel & Eslinger, 2000).
Cette vulnérabilité particulière s’explique par le fait que de nombreux contextes médicaux sont
susceptibles de fragiliser la dynamique développementale spécifique au lobe frontal et à ses
interconnexions multiples et étendues avec le reste du cerveau. Des troubles des FE sont ainsi
désormais reconnus dans diverses pathologies acquises, tels que le traumatisme crânien, l’épilepsie,
6
la paralysie cérébrale ou encore les tumeurs cérébrales (voir par exemple, Howarth et al., 2013 ;
Levin & Hanten, 2005 ; Patrikelis, Angelakis & Gatzonis, 2009 ; Roy, 2013). Plusieurs pathologies
neurodéveloppementales, caractérisées par un développement atypique plus ou moins précoce des
réseaux frontaux, présentent également un risque élevé de syndrome dysexécutif. C’est le cas du
trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité, du trouble du spectre autistique, des
maladies neurogénétiques comme la neurofibromatose de type 1 ou la phénylcétonurie, des troubles
spécifiques du langage et du trouble d’acquisition de la coordination, des anciens prématurés ou
encore du syndrome d’alcoolisation fœtale (par exemple, Brosnan, Demetre, Hamill, Robson,
Shepherd & Cody, 2002 ; Christ, Huijbregts, de Sonneville & White, 2010 ; Gomot, 2005 ; Mulder,
Pitchford, Hagger & Marlow, 2009 ; Pratt, Leonard, Adeyinka & Hill, 2014 ; Roy et al., 2010).
Pour autant, et alors que ce phénomène de vulnérabilité précoce s’impose progressivement
comme un cadre légitime de réflexion théorique et de prospective clinique, les particularités
sémiologiques caractéristiques du syndrome dysexécutif pédiatrique restent incomplètement
décrites d’un cadre étiologique à l’autre, avec une méconnaissance encore prononcée dans les
milieux médico-sociaux et éducatifs. Cette méconnaissance s’explique en partie par l’absence de
critères diagnostiques établis et consensuels. Plusieurs repères cliniques peuvent néanmoins être
envisagés, afin de favoriser une approche qui soit spécifique à l’enfant, mais également emprunte
des connaissances issues de la neuropsychologie adulte (voir Roy, Le Gall, Roulin & Fournet, 2012).
Les facteurs déterminants alimentant cette démarche incluent la dynamique développementale
particulière des FE, leur caractère multicomposite et leur lien inextricable avec les processus de « bas
niveau » (c’est-à-dire non exécutifs), la structuration de l’approche clinique à partir des modélisations
théoriques et des déterminants du développement exécutif, la question des stratégies et techniques
d’évaluation, et la lecture clinique délicate des troubles exécutifs chez l’enfant.
Sur la base des données empiriques accumulées ces 25 dernières années, il est possible de
considérer que les troubles des FE chez l’enfant sont à la fois 1) relativement fréquents en cas
d’anomalie cérébrale pendant l’enfance, et 2) variables, avec des dissociations potentielles (selon le
versant cognitif ou affectif considéré, et au sein même des processus cognitifs). Les troubles sont 3)
généralement durables et susceptibles de s’aggraver à mesure que les exigences d’autonomie
augmentent, ce qui peut contribuer à expliquer une possible apparition « différée » des symptômes.
Les désordres exécutifs présentent en outre 4) un retentissement sévère, associé à une efficacité
restreinte des prises en charge, contribuant à des répercussions potentiellement dramatiques pour
l’intégration et la réussite scolaire, sociale et professionnelle. Enfin 5), si la correspondance
anatomofonctionnelle doit être affinée, la sémiologie distinguant troubles cognitifs et affectifs
pourrait être tributaire de la localisation intra-frontale des anomalies, à l’instar de l’adulte.
Les troubles du versant socio-affectif
Dès 1948, soit très exactement 100 ans après l’observation désormais célèbre de Phineas Gage,
Ackerly et Benton ont décrit un cas de sociopathie acquise précocement après des lésions périnatales
des lobes frontaux, caractérisée par de graves troubles du comportement incluant une inadaptation
sociale et émotionnelle progressive (« primary social defect »). A l’instar de l’observation de John
Harlow au siècle précédent, il faudra attendre les années 1990 et plusieurs études de cas d’enfants
porteurs de pathologies neurologiques acquises pour compléter cette description initiale. La
symptomatologie prédominante associe défaut de contrôle des émotions et perturbation des
interactions/convenances sociales (Anderson, Wisnowski, Barrash, Damasio & Tranel, 2009 ; Eslinger,
Flaherty-Craig & Benton, 2004), rappelant la désinhibition du syndrome pseudopsychopathique
décrit chez l’adulte : irritabilité et agressivité, intolérance à la frustration, instabilité/impulsivité,
labilité émotionnelle, accès incontrôlables de violence verbale/physique. La sévérité des
manifestations risque de s’accentuer lorsque l’enfant grandit et qu’il est confronté à des règles de vie
en société progressivement plus complexes et exigeantes, engendrant des comportements
délictueux, une mise en danger de soi et des autres, et une incapacité d’intégration sociale. L’apathie
7
et l’apragmatisme caractéristiques du syndrome pseudodépressif apparaissent beaucoup plus rares
chez l’enfant (Eslinger et al., 2004).
En lien avec la composante affective des FE, des troubles de la prise de décision affective ont été
décrits dans plusieurs contextes cliniques chez l’enfant (pour une revue, voir Roy & Lancelot, 2013).
Ils se manifestent par une incapacité à choisir entre plusieurs alternatives en compétition, dans des
situations présentant des conséquences émotionnelles significatives et nécessitant une analyse des
risques et bénéfices respectifs alors que le résultat est incertain. Le lien entre l’ensemble de ces
perturbations comportementales ou socio-affectives et les différents paradigmes relevant de la
cognition sociale reste à déterminer, en particulier pour les capacités de traitement émotionnel,
l’empathie ou la théorie de l’esprit, encore peu investigués (voir par exemple Gomot, 2005, pour le
trouble du spectre autistique).
Dans le cadre scolaire, les troubles du versant affectif des FE sont susceptibles de se manifester de
manière variable. La perturbation du contrôle de ses émotions et plus globalement de son
comportement par l’enfant peut se traduire, en classe et/ou dans la cour, par une humeur
changeante et des états affectifs aussi intenses qu’éphémères, une irritabilité et/ou des accès de
colères (ou de pleurs) disproportionnés pour des raisons en apparence anodines (par exemple en
réaction à un commentaire sur son travail), des réactions agressives (verbalement, physiquement) et
plus ou moins violentes envers ses camarades ou l’adulte sans motif évident, une incapacité à ne pas
prendre des risques excessifs pour obtenir un bénéfice immédiat, ou encore par une impossibilité
d’ajuster/moduler ses attentes lors d’un jeu ou d’une activité et de contenir la frustration liée au fait
de ne pas être le gagnant.
Les perturbations du registre cognitif
En accord avec la déclinaison des différentes facettes des FE dans les modèles récents du
développement exécutif (Dennis, 2006 ; Diamond, 2013), les perturbations peuvent concerner la
planification, l’inhibition, la flexibilité ou encore la mémoire de travail.
S’agissant des troubles de la planification, ils se manifestent par des difficultés dès lors que
l’enfant doit anticiper et générer des plans d’action finalisés, élaborer des stratégies et organiser une
succession d’étapes, en fonction d’un but précis. Ces difficultés sont susceptibles de parasiter
plusieurs apprentissages et domaines du fonctionnement cognitif, comme le langage (difficultés pour
structurer un récit), les praxies visuo-constructives (organisation laborieuse des dessins ou des
activités de type puzzle), la mémoire épisodique (mauvaises stratégies d’encodage et/ou de
récupération) ou encore les gnosies et l’attention (manque d’efficacité des stratégies d’exploration
visuelle). A l’école, ces difficultés peuvent se traduire par des difficultés pour l’élève à anticiper,
commencer et structurer les choses/activités (devoirs, tâches quotidiennes, jeux) au bon moment et
à temps, estimer leur durée de réalisation et les mener à leur terme, à organiser des jeux avec ses
amis, à ranger ses affaires (vêtements, jeux, affaires personnelles, travail scolaire) et à les retrouver
(penser par exemple à ramener ses devoirs), à se préparer pour sortir/aller à l’école, à choisir les
priorités en cas de tâches multiples, et plus globalement à organiser ses apprentissages
(mémorisation d’une poésie, copie de dessins,…).
Les déficits d’inhibition chez l’enfant sont caractérisés par des difficultés pour « filtrer » les
différentes sources de distraction présentes dans l’environnement (représentant une source
d’interférence), « supprimer » des informations qui ne sont plus pertinentes pour la tâche en cours,
et/ou pour « bloquer » les réponses automatiques (ou réflexes) qui ne sont pas appropriées dans une
situation donnée. A nouveau, les différents secteurs cognitifs impliqués dans les apprentissages sont
potentiellement impactés, avec un retentissement possible au niveau du langage (diffluence et
trouble de la pragmatique du discours), du geste (gâchis des productions par impulsivité) ou de la
mémoire (irruption de séries automatiques, irrégularité de la courbe d’apprentissage,…). Au plan
scolaire, les difficultés peuvent prendre différentes formes : incapacité à stopper une activité, à
8
rester assis à sa place, à ne pas répondre aux questions ou résoudre les problèmes sous le mode
impulsif (réfléchir avant de s’engager ou de répondre, attendre la fin des consignes), à rester
concentré et mobilisé sur une tâche sans être « happé » par les distracteurs environnementaux, ou
encore à respecter les tours de parole et attendre son tour.
Une perturbation de la flexibilité se caractérise par une inaptitude à modifier un schéma mental,
un mode de réponse, ou un comportement, afin de s’adapter à une nouvelle activité, ou encore
d’alterner entre différentes tâches et de passer de l’une à l’autre de manière souple et appropriée en
fonction des exigences de l’environnement. Un défaut de flexibilité mentale se traduit par une
certaine rigidité cognitive et des persévérations, qui peuvent perturber le langage (persévérations
idéiques et/ou verbales par exemple), l’activité praxique (en particulier l’alternance des gestes et la
dextérité) ou la mémoire (sensibilité excessive à l’interférence rétro ou proactive). A l’école, l’enfant
aura des difficultés pour envisager des approches différentes pour résoudre un problème, ou pour
changer de routine et d’habitudes de vie, ou encore pour s’habituer à de nouvelles situations
(changement de classe, d’enseignant, de lieu, etc.).
Les troubles de la mémoire de travail limitent les capacités de l’enfant à garder temporairement
actives à l’esprit les informations utiles pendant la réalisation d’une activité cognitive complexe,
perturbant ainsi l’aptitude à coordonner plusieurs aspects d’une activité ou plusieurs tâches. Ces
difficultés sont susceptibles d’irradier l’ensemble du développement cognitif et des apprentissages :
langage oral (développement du lexique et compréhension), lecture et écriture (automatisation des
stratégies d’adressage et d’assemblage), calcul et résolution de problèmes (maintien des données
numériques et engagement des opérations mentales), mémoire à long-terme (bénéfice limité de
l’effet de récence),… A l’école, les troubles de mémoire de travail sont souvent apparentés à des
problèmes d’attention. L’enfant tend à « oublier » l’activité en cours ou la liste des choses à faire, ou
parvient difficilement à se maintenir sur les exercices et les terminer (d’autant plus s’ils sont
nombreux ou comportent plusieurs étapes). La compréhension des consignes est affectée au premier
plan, avec de surcroît une tendance à perdre le fil du raisonnement. Les apprentissages
fondamentaux sont généralement pénalisés de manière diffuse, compte tenu de la difficile
mobilisation « on line » des informations et savoirs nécessaires (lecture, écriture, calcul).
S’ils ne sont pas prévus par les modélisations théoriques actuelles, des troubles de l’initiation et
du contrôle (« monitoring ») sont également fréquemment décrits (voir par exemple, Gioia et al.,
2000). Les troubles d’initiation se manifestent par une grande difficulté pour l’enfant à débuter une
activité ou un exercice, et à générer de lui-même des idées, ce qui peut entraîner dans le contexte
scolaire un manque d’initiative, une forme de passivité et un défaut de créativité. Un déficit des
aptitudes de contrôle renvoie à des difficultés à évaluer et vérifier son travail par l’enfant, afin de
s’assurer qu’il correspond aux attentes. Dans la scolarité, un déficit à ce niveau aura pour
conséquences des erreurs d’inattention, un travail en apparence bâclé et plus généralement des
difficultés de prise de conscience des troubles.
Par définition, la multiplicité et la variabilité de la symptomatologie dysexécutive chez l’enfant
imposent des stratégies d’évaluation structurées, multiples et complémentaires.
L’EVALUATION DES FONCTIONS EXECUTIVES CHEZ L’ENFANT
Problèmes spécifiques à l’enfant et préconisations
La question de l’évaluation des FE chez l’enfant constitue un enjeu scientifique majeur, dans la
mesure où elle alimente de manière déterminante l’étude de leur développement normal et
perturbé. L’émergence des connaissances dans ce domaine coïncide avec celle plus générale de la
neuropsychologie de l’enfant dans les années 1990, comme en témoignent les premières synthèses
consacrées à cette question à l’époque, y compris en France (Anderson, 1998 ; Lussier & Flessas,
2001 ; Mazeau, 1997). Si cette démarche a initialement consisté à exporter les tests visant les
9
fonctions du lobe frontal chez l’adulte, une réflexion a progressivement été encouragée autour de
l’évaluation des FE chez l’enfant, incluant une analyse critique des outils disponibles (voir Anderson,
1998), en particulier des épreuves françaises (voir Roy, Gillet, Lenoir, Roulin & Le Gall, 2005). Les
difficultés multiples identifiées chez l’adulte (Seron et al., 1999 ; Van der Linden, Meulemans, Seron,
Coyette, Andrès & Prairial, 2000) ont constitué le point d’ancrage initial de cette démarche, visant à
transposer et adapter ces difficultés à la réalité de l’enfant, afin de favoriser une évaluation
spécifique considérant les particularités de cette population. Les problèmes identifiés ont trait aux
erreurs de mesure des tâches exécutives, à leur caractère par essence multifactoriel, à la subjectivité
du critère de nouveauté et la variabilité des stratégies engagées par les enfants, au manque de
valence dite « écologique » des outils classiques, ou encore aux carences relatives à la validation
psychométrique des tests disponibles.
Plusieurs pistes ont été préconisées pour limiter l’effet de ces problèmes sur l’évaluation
(Anderson, 1998 ; Chevignard, Soo, Galvin, Catroppa & Eren, 2012 ; Emslie, Wilson, Burden, NimmoSmith & Wilson, 2003 ; Lussier & Flessas, 2001 ; Roy et al., 2005), parmi lesquelles :
1) La mise au point d’outils ludiques adaptés à l’âge de l’enfant, standardisés et dont la fiabilité
psychométrique (fidélité, validité) est éprouvée par des études normatives et cliniques, incluant
le contrôle a minima des facteurs sociodémographiques,
2) Le développement de stratégies d’examen spécifiques à la population pédiatrique,
théoriquement guidées par les modélisations existantes et les processus habituellement
distingués,
3) La prise en compte de la dimension plurifactorielle des FE, à travers des conditions d’évaluation
variées et modulées (afin de considérer les processus de « bas niveau ») et une « microanalyse »
incluant plusieurs variables (pour garantir une analyse nuancée de la pluralité des processus
exécutifs engagés dans une tâche),
4) La promotion d’une approche comportementale, au plus près de la vie quotidienne de l’enfant,
sur la base de questionnaires et/ou des tâches se rapprochant des situations de vie « réelle »
(approche dite « écologique »), en complément des tests plus classiques (formels) basés sur la
performance, et des indices provenant de l’entretien et de l’observation clinique,
5) L’élargissement du spectre de l’évaluation au-delà du versant cognitif, via des situations
impliquant une composante affective/motivationnelle particulière, et les liens potentiels avec
les autres fonctions supérieures (intelligence, praxies, cognition sociale,…).
Malgré une progression non négligeable des travaux consacrés aux FE chez l’enfant, leur
évaluation sur le terrain clinique demeure loin d’être systématique et les stratégies d’examen restent
rarement théoriquement guidées. Au mieux, l’investigation s’appuie sur des tests sporadiques dont
la spécificité des perturbations et l’articulation avec les autres dimensions neuropsychologiques sont
plus ou moins envisagées. De surcroît, le manque de travaux normatifs et de validation des outils,
spécialement en France, limite considérablement la fiabilité de l’évaluation. Une synthèse des
progrès et des limites associés à ces questions est proposée dans les sections suivantes, sur la base
des deux grands types d’outils distingués dans la littérature internationale.
Les tests basés sur la performance
Les tâches basées sur la performance s’appuient sur un matériel et une procédure de passation
standardisée, avec un examinateur et une mesure de la réussite de l’enfant (habituellement en
termes de précision et/ou de temps de réponse). Plusieurs épreuves de ce type, généralement au
format « papier-crayon » et issues de l’adulte, ont été adaptées à l’enfant d’âge préscolaire ou
scolaire (pour une revue, voir Anderson, 1998 ; Carlson, 2005). Sans aller jusqu’à un inventaire
exhaustif, quelques outils disponibles en français sont présentés, permettant d’évaluer différentes
facettes du fonctionnement exécutif (voir Roy et al., 2005, pour plus de détails).
10
Plusieurs épreuves sont susceptibles de renseigner les capacités de planification. Les
performances à ces tests doivent être interprétées avec précaution, dans la mesure où elles sont
particulièrement multidéterminées. C’est le cas de la Figure de Rey (1959), qui peut orienter vers un
déficit des stratégies organisationnelles. Afin d’appréhender plus spécifiquement cette dimension,
une version alternative dotée d’un programme en étapes a été élaborée et cliniquement validée (Roy
et al., 2010), en montrant que l’échec fréquent de certains patients à la forme classique de l’épreuve
était davantage lié à un trouble exécutif qu’à un déficit visuospatial ou praxique (voir Figure 1).
L’épreuve de la Tour de Londres ou de Hanoï peut aussi être utilisée, des variantes francophones
ayant été adaptées aux enfants (Lussier, Guérin, Dufresne & Lassonde, 1998 ; Sevino, 1998).
L’étalonnage français d’une variante de cette épreuve est proposé dans la NEPSY (Tour ; Korkman,
Kirk & Kemp, 2003), étalonnage cependant partiel (les normes américaines sont utilisées sur la base
d’une proximité relative avec les données recueillies auprès d’enfants français). Ce subtest a été
abandonné dans la NEPSY II (Korkman, Kirk & Kemp, 2012), du fait de son manque de sensibilité. La
NEPSY II propose alternativement le test des Horloges, épreuve très composite et qui n’a pas fait
l’objet d’étalonnage français (comme la plupart des subtests de cette batterie). L’adaptation
française repose à nouveau sur l’étalonnage américain, en partant du constat –discutable- que 1) les
données américaines et néerlandaises sont statistiquement proches, et que 2) la culture des Pays-Bas
est proche de la culture française. De plus, le raisonnement devient hypothétique après 12 ans, les
données néerlandaises n’allant pas au-delà de cet âge. Un test de Labyrinthes (Laby 5-12) est
également disponible (Marquet-Doléac, Soppelsa & Albaret, 2010). Si l’étalonnage est conséquent, il
ne s’étend pas au-delà de 12 ans et ne contrôle pas l’effet du niveau d’éducation parental ; par
ailleurs, l’épreuve a été principalement conçue pour cibler le diagnostic du trouble déficitaire de
l’attention avec/sans hyperactivité.
Insérer Figure 1 ici s’il vous plaît
L’évaluation des processus inhibiteurs peut s’appuyer sur plusieurs épreuves de la NEPSY. Compte
tenu d’un manque de sensibilité, les tâches Cogner et Frapper et Attention visuelle ont été
abandonnées dans la seconde mouture de la batterie, qui propose en revanche une tâche
apparentée au Stroop (Inhibition), en plus des subtests Statue et Attention auditive/réponses
associées. Bien qu’à utiliser avec prudence (compte tenu des limites de l’étalonnage), les subtests
sont ludiques et pour certains destinés aux enfants d’âge préscolaire. Deux autres épreuves
classiques ont fait l’objet d’une adaptation française auprès d’une large cohorte, à savoir le test
d’Appariement d’images (Marquet-Doléac, Albaret & Bénesteau, 1999) et le Stroop (Albaret &
Migliore, 1999). L’exploitation des résultats à ce dernier test s’avère néanmoins problématique,
puisqu’une dégradation inattendue et inexpliquée des capacités d’inhibition est constatée entre 8 et
16 ans. En outre, l’étude de validité clinique indique de meilleures performances chez les enfants
TDA/H en regard des enfants sains, démontrant un risque élevé de faux négatif. Une autre version du
Stroop adaptée à l’enfant offre une alternative crédible, compte tenu d’un effet développemental
classique et d’une bonne sensibilité clinique préliminaire (Roy et al., 2007). Les épreuves de barrage
de cibles telles que le test des deux barrages (Zazzo, 1969) ou les Barrages de la WISC-IV (Wechsler,
2005), utiles pour apprécier l’inhibition de distracteurs, disposent de normes françaises. Elles posent
cependant des difficultés d’interprétation, du fait de l’absence de contrôle des stratégies
d’exploration potentiellement déterminantes dans l’échec.
Les outils validés pour examiner la flexibilité et la mémoire de travail sont moins nombreux. Si le
test classique de classement des cartes du Wisconsin est envisageable pour la flexibilité, l’étalonnage
français est restreint (Heaton, Chelune, Talley, Kay & Curtiss, 2002), en plus d’un problème récurrent
d’interprétation clinique (voir Van der Linden et al., 2000). Le subtest Catégorisation de la NEPSY II
offre une alternative intéressante mais le raisonnement conceptuel reste potentiellement
11
déterminant dans l’échec. Une adaptation du Trail Making Test a également été proposée auprès
d’enfants Suisses, avec contrôle de l’équivalence spatiale entre les différentes parties de l’épreuve
(Sevino, 1998). La flexibilité spontanée, qui recoupe les capacités d’initiation, peut être évaluée à
partir des tâches de fluence de la NEPSY II (Production de mots et Fluidité de dessins), bien que le
caractère particulièrement multidéterminé des performances entrave l’interprétation. Enfin, en
dehors des subtests classiques proposés dans les échelles d’intelligence comme le WISC-IV, il n’existe
pas à notre connaissance d’épreuve validée pour apprécier la mémoire de travail, notamment en
modalité visuospatiale.
Afin de disposer d’outils complémentaires disposant de normes appropriées auprès d’enfants
Français d’âge scolaire, un groupe de recherche multicentrique intitulé FEE (Fonctions exécutives de
l’enfant) a été constitué en 2009, coordonné par les laboratoires de Psychologie des universités
d’Angers et de Savoie (Roy, Fournet, Le Gall, & Roulin, en cours). Adossé aux propositions théoriques
récentes, le protocole comprend une dizaine d’épreuves classiques ou plus expérimentales,
s’inscrivant dans une conception plurielle et interdépendante des FE, et tenant compte des processus
non exécutifs. Dans un souci de regards croisés et complémentaires, le projet intègre différentes
filières de la psychologie et de la médecine, cliniciens et universitaires, spécialistes de l’enfant et de
l’adulte. Plus de 70 professionnels et une quinzaine de services de soins participent, répartis sur le
territoire national, prenant en charge diverses pathologies neurodéveloppementales et acquises.
Afin de disposer d’une expertise collective, plusieurs spécialistes assurent la coordination des
contextes cliniques étudiés. L’étalonnage et la validation de la batterie sont prévus à l’horizon 2016,
auprès d’un millier d’enfants sains et environ 500 patients âgés de 6 à 16 ans.
L’évaluation comportementale : une incursion dans la vie quotidienne
Une des principales critiques à l’égard des tests d’évaluation basés sur la performance a trait à
leur manque de valence dite « écologique », au sens où ils ne seraient pas représentatifs de
l’engagement des FE dans la vie quotidienne. Les limites de ces épreuves, initialement évoquées chez
l’adulte, concernent le fait qu’elles n’abordent qu’un problème à la fois, à partir d’un matériel
circonscrit, des essais courts, une initiation par l’examinateur, et des critères de réussite trop
explicites. Le caractère par définition formel et structuré (fermé) de ces tâches les éloignerait des
situations de vie quotidienne, générant un potentiel manque de sensibilité. L’importance d’une
évaluation au plus près des contextes de vie quotidienne a récemment été soulignée de manière
similaire chez l’enfant, afin de fournir une alternative complémentaire aux tests classiques
(Anderson, 1998 ; Chevignard et al., 2012 ; Roy et al., 2005).
Les questionnaires constituent un premier type d’outil à vocation écologique, dans la mesure où
ils appréhendent le comportement dans la vie de tous les jours, en confrontant le point de vue des
adultes dans l’entourage de l’enfant. L’inventaire comportemental d’évaluation des FE (BRIEF ; Gioia
et al., 2000) a été conçu dans cette perspective. A destination des parents et des enseignants, il cible
différentes manifestations comportementales en lien avec les FE, réparties en plusieurs échelles
cliniques et deux grands domaines (régulation comportementale et métacognition). Le questionnaire
a fait l’objet d’une adaptation et d’une validation en français auprès de 951 parents et 536
enseignants d’enfants âgés de 5 à 18 ans, ainsi que 117 enfants dans 6 contextes médicaux (Roy,
Fournet, Le Gall & Roulin, 2013). Outre l’étude de sa structure factorielle (Fournet et al., 2014),
plusieurs travaux ont confirmé la sensibilité clinique de la version parentale de l’outil chez les enfants
Français et sa complémentarité avec la version enseignante, en particulier dans l’épilepsie et la
neurofibromatose de type 1 (Campiglia, Seegmuller, Le Gall, Roulin, Fournet & Roy, 2014 ;
Charbonnier, Roy, Seegmuller, Gautier & Le Gall, 2011 ; Roy et al., 2015). La version préscolaire de
l’outil est par ailleurs en cours de normalisation auprès d’une cohorte française (Roy & Le Gall, en
préparation). Deux autres questionnaires ont été adaptés en français : le « Dysexecutive
Questionnaire for Children » (DEX-C, Emslie et al., 2003), pour lequel des données
développementales préliminaires ont été recueillies (Roy, Allain, Roulin, Fournet & Le Gall, à
12
paraître), et le « Childhood Executive Functioning Inventory » (CHEXI), ayant fait l’objet d’une étude
factorielle préliminaire auprès d’enfants Belges (Catale, Meulemans & Thorell, 2013).
L’utilisation d’épreuves basées sur la performance visant à simuler ou se rapprocher des
contextes de vie quotidienne constitue un second axe possible de l’approche comportementale des
FE chez l’enfant. La « Behavioural Assessment of the Dysexecutive Syndrome for Children » - BADS-C
(Emslie et al., 2003) s’inscrit dans cette dynamique, sur la base d’une série de tâches « plus
ouvertes », supposées simuler la mise en jeu des processus exécutifs dans des situations telles que la
visite d’un zoo ou la recherche de clés perdues dans un champ. Des courbes développementales
différentes d’un subtest à l’autre ont été identifiées à partir de l’adaptation française de l’outil (Roy
et al., à paraître), conformément aux rares données internationales publiées (Engel-Yeger, josman &
Rosenblum, 2009). Une sensibilité clinique de la version française de l’épreuve a par ailleurs été
démontrée chez les enfants traumatisés crâniens (Chevignard, Catroppa, Galvin & Anderson, 2010).
Le « Test of Everyday Attention for Children » (TEACh), censé s’approcher de la vie quotidienne de
l’enfant à travers plusieurs subtests appréhendant l’inhibition, la mémoire de travail et la flexibilité, a
également été étalonné auprès d’enfants français (Manly, Robertson, Anderson & Nimmo-Smith,
2006). Signalons un autre type d’outil développé récemment, privilégiant l’observation directe de
l’enfant en situation de vie quotidienne, à travers des contextes plus « ouverts ». C’est le cas de la
« Children’s Cooking Task » qui consiste à demander de préparer un gâteau au chocolat et un cocktail
de fruits, tâche élaborée pour des enfants traumatisés crâniens français et dont les perspectives
cliniques apparaissent intéressantes (Chevignard et al., 2010).
Il convient de souligner qu’il existe globalement une faible validité convergente entre les
questionnaires de vie quotidienne et les tests basés sur la performance, chez l’enfant comme chez
l’adulte (pour une revue, voir Toplak, West & Stanovich, 2013). Il apparaît que les tests visant à
simuler la vie quotidienne, tels que la BADS-C, ne sont pas d’ailleurs davantage reliés aux difficultés
recensées à travers les questionnaires (Roy et al., à paraître). Ces différents types d’outils reflètent
donc probablement une « réalité » différente des FE, attestant de leur complémentarité pour
l’évaluation clinique de l’enfant (Chevignard et al., 2012). Les enjeux inhérents à cette question sont
intimement liés à l’approche qualitative qui anime la démarche clinique au travers de l’entretien et
de l’analyse du comportement pendant l’examen des jeunes patients (Anderson, 1998 ; Lussier &
Flessas, 2001).
Conclusion
Les données scientifiques accumulées ces dernières décennies sont désormais suffisamment
consistantes pour faire de la problématique des dysfonctionnements exécutifs de l’enfant un enjeu
de santé publique considérable, en lien avec la vulnérabilité précoce et le développement
particulièrement prolongé des réseaux fronto-sous-corticaux du cerveau. Pour autant, le syndrome
dysexécutif reste largement méconnu, faisant ainsi écho à l’émergence tardive des travaux dans ce
domaine et son inscription encore limitée dans la formation des personnels de santé et de
l’éducation. Le caractère particulièrement multi-déterminé du développement exécutif, les carences
psychométriques des outils disponibles, et la lecture clinique délicate des diverses facettes des
symptômes dysexécutifs dans l’enfance, constituent autant de facteurs explicatifs de ce phénomène.
Dans ce contexte, l’exploration clinique des désordres exécutifs chez l’enfant se doit d’être plus
rigoureuse et argumentée, en s’appuyant sur une démarche pluridisciplinaire articulée autour de
l’examen neuropsychologique. L’enseignant est un acteur essentiel de ce dispositif qu’il convient
d’impliquer de manière systématique, au sens où son regard permet d’interroger de manière
déterminante l’ancrage des troubles exécutifs dans la réalité de la vie scolaire, tout en participant à
leur reconnaissance et in fine à leur prise en charge.
13
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