MÉTHODOLOGIE L’HUMOUR DANS LA RELATION INFIRMIÈRE – PATIENT : UNE REVUE DE LA LITTÉRATURE Hélène PATENAUDE, Inf. Ph.D. en sciences de l’éducation, Professeur agrégé à la faculté des sciences infirmières de l’Université Laval, Québec, Canada. Louise HAMELIN BRABANT, Inf. Ph. D en sociologie, Professeur adjoint à la faculté des sciences infirmières de l’université Laval, Québec 36 RESUMÉ A B S T R AC T L’humour détient une place importante et quasi omniprésente dans la communication humaine. La recherche et la réflexion sur l’humour ont tenté d’en circonscrire ses causes, ses effets, ses mécanismes d’action et de production, ses buts et ses utilités. Cet article vise à dresser un portrait général des études scientifiques portant sur l’humour réalisées dans le contexte de la communication infirmière-patient et à en faire une analyse à partir de la théorie ancrée de Strauss et Corbin (2001) pour en dégager les caractéristiques, les conditions d’utilisation et les conséquences tant chez le patient que chez l’infirmière. Les résultats obtenus démontrent que l’humour dans les soins est contextuel, situationnel et spontané. Il y a des conditions d’utilisation de l’humour qui sont reliées à l’infirmière, au patient, à leur relation et à la situation. Pour le patient et dans la relation infirmière-patient, l’humour a des conséquences psychologiques. Il peut être ou devenir un mécanisme de coping pour faire face au stress et améliorer la qualité de la communication. Humour in the Nurse-Patient relation: a literary review Humour holds an important and almost omnipresent place in human communication. Research and reflection on humour have tried to define the scope of its causes, its effects, its mechanisms of action and production, its purposes and its uses. This article aims at drawing up a general description of scientific studies dealing with humour carried out in the context of the nurse-patient communication and at making an analysis of it from the fixed theory of Strauss and Corbin (2001) to derive the characteristics, conditions of use and consequences as much in the patient’s as in the nurse’s. The results obtained prove that humour in care is contextual, situational and spontaneous. There are conditions of use of humour which are connected with the nurse, with the patient, with their relation and with the situation. For the patient and in the nurse-patient relation, humour has psychological consequences. It can be or become a coping mechanism to face stress and improve the quality of communication. Mots clés : humour, soins, communication, relation, infirmière, patient, conditions, conséquences. Key words : humour, care, communication, relation, nurse, patient, conditions, consequences. RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 85 - JUIN 2006 MÉTHODOLOGIE L’HUMOUR DANS LA RELATION INFIRMIÈRE – PATIENT : UNE REVUE DE LA LITTÉRATURE L’HUMOUR DANS LA RELATION INFIRMIÈRE-PATIENT : UNE REVUE DE LITTÉRATURE L’humour détient une place importante et quasi omniprésente dans la communication humaine. Que ce soit pour détendre, soulager les tensions, passer un message, l’humour peut se manifester tant lors de moments joyeux que tragiques. La recherche et la réflexion sur l’humour ont tenté d’en circonscrire les causes, ses effets, ses mécanismes d’action et de production, ses buts et ses utilités. Des théories provenant de diverses époques et de divers horizons ont cherché à l’expliquer. L’humour a été discuté par les philosophes, les écrivains, les poètes, les anthropologues, les psychologues, les sociologues… Aucun consensus n’a été possible face à ce comportement humain complexe. L’humour a fait l’objet de recherches dans le domaine de la santé en général ainsi qu’auprès de personnes en situation de maladie et auprès des infirmières. Il semble qu’il pourrait être bénéfique tant pour l’une que pour l’autre. L’humour peut avoir un impact physiologique et psychologique, être considéré comme un mécanisme de coping tant pour les personnes soignées que pour les soignants ou encore comme un moyen de communication thérapeutique. La psycho-neuro-immunologie s’intéresse depuis quelques années aux effets d’émotions positives sur le système nerveux et sur l’ensemble du corps. Des résultats de recherches indiquent que le rire, l’humour ou, plus globalement, les émotions positives ont des répercussions sur les dimensions physiologiques de la personne (Cousins, 1991 ; Fry, 1992 ; St-Arnaud, 2002 ;). Snowden (2003) et Fry (1992) concluent, à la lumière de leur revue des écrits, qu’il existe encore peu d’évidence formelle des effets positifs de l’humour et que d’autres études sont nécessaires. Snowden (2003) ajoute tout de même que la tendance va dans le sens d’effets bénéfiques. Dans le domaine de la santé, l’humour a été étudié en tant que mécanisme de coping chez les patients atteints de cancer (Johnson, 2002), les patients âgés (Townsend, 1994), les personnes en fin de vie (Langley-Evans & Payne, 1997), ou chez les professionnels de la santé vivant des situations de stress dans des milieux de soins intensifs ou d’urgence (Rosenberg, 1991 ; Thornton & White, 1999). Plusieurs études ou réflexions portent sur l’humour dans un contexte psychiatrique ou thérapeutique comme moyen de communiquer entre le thérapeute et le patient (Buxman, 1991) ou dans les thérapies de groupe (Minden, 2002). La possibilité de montrer la réalité sous un autre jour, de modifier les perceptions restrictives des patients, serait une des forces de l’humour en psychiatrie (Struthers, 1999). Mais l’humour fait aussi partie de la communication dans des contextes de soins plus généraux et c’est dans cette optique que se situe cette recension des écrits. L’article vise à dresser un portrait général des études portant sur l’humour réalisées dans le contexte de la communication infirmière-patient et à en faire une analyse plus fine pour en dégager les caractéristiques, les conditions d’utilisation et les conséquences tant chez le patient que chez l’infirmière. Mais d’abord, quelques définitions tenteront d’en dégager la nature. DÉFINITIONS ET IMPACT DE L’HUMOUR Quelques définitions de l’humour issues de recherche en soins infirmiers ont été proposées et les impacts physiologiques, psychologiques de même que sa fonction comme mécanisme de coping ont été explorés. Pour Robinson (1991), une référence dans le domaine de l’humour et la santé, le concept n’a pas été défini précisément, toutefois, il mérite qu’on en fournisse les paramètres. Humour et rire sont liés quoique différents, l’humour est une expérience cognitive, une forme de communication alors que le rire est un comportement, une expérience physique et physiologique. L’humour est donc un phénomène physiologique, psychologique et cognitif complexe. Robinson (1991) réfère à l’humour comme étant une communication de type cognitif menant à une réponse émotionnelle d’amusement, de plaisir et qui résulte en une réponse de comportement physique sous forme, par exemple, de rire. Astedt-Kurki & Liukkonen (1994) présentent une définition suite à une étude qualitative visant à décrire la signification de l’humour dans la démarche de soin d’infirmières. L’humour peut être décrit comme une joie de vivre manifestée dans les interactions humaines dans une forme d’amusement, de plaisanterie, de jovialité et de rire. Sumners (1990) propose une définition de l’humour à partir d’une recension des écrits tout en y ajoutant des éléments de soins : l’humour est une forme de jeu intellectuel caractérisé par un comportement spontané qui démontre de la gentillesse et qui apporte un message d’affection, d’humanisme et de «caring». Mais qu’en est-il des recherches portant sur l’humour entre soignant et soigné ? LIMITES DE LA RECENSION ET MÉTHODES D’ANALYSE La recherche des écrits s’est faite dans les banques de données cinhal, pubmed, psylit, pour les années 1985 à 2005, à l’aide des mots clés suivants : humor, wit et nursing. RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 85 - JUIN 2006 37 Bien qu’en consultant des banques de données en santé, il y ait une littérature importante sur l’humour en soins infirmiers, elle est le plus souvent le fruit d’une réflexion pratique et clinique. D’innombrables exemples cliniques, études de cas et plaidoyers relatifs à l’humour dans le milieu infirmier y sont répertoriés. Ont été retenues les études empiriques, publiées en anglais et en français, portant sur l’humour dans la relation entre l’infirmière et le patient dans le contexte des soins quotidiens, selon la perspective de l’infirmière ou du patient. Les recherches citées dans les références de ces articles ont aussi été explorées. Ont été exclues : a) les recherches portant sur l’humour dans une relation qualifiée de thérapeutique de même que l’humour dans le contexte psychiatrique ; b) les études portant sur l’humour comme mécanisme de coping individuel chez les personnes saines, les patients ou les infirmières ; c) l’humour entre les patients eux-mêmes et l’humour entre les infirmières. Au fil des recherches sur les banques de données, nous avons repéré quelques études portant de façon générale sur la communication entre infirmière et patient mais dans lesquelles l’humour était ressorti comme un résultat d’analyse digne d’être mentionné. Nous les avons joints dans l’analyse. L’analyse s’est déroulée en deux temps. Tout d’abord, les recherches sélectionnées ont été répertoriées dans un tableau (annexe 1) en fonction du but, de l’échantillon et des participants, du type de recherche et des méthodes d’analyse, des principaux résultats. Ce tableau permet d’en faire un tour d’horizon, de les comparer et d’en tracer un portrait global. On constate que la majorité des études répondant aux critères utilisent une méthodologie qualitative avec un nombre restreint de sujets. Des études partent de la perspective des patients alors que d’autres sont issues de celle des infirmières. Finalement quelques unes ont étudié simultanément les deux perspectives. Il n’y a pas de théorie qui émerge de ces recherches, les résultats étant plutôt de nature descriptive. Dans un deuxième temps, nous avons examiné en détail les sections des articles présentant les résultats de recherche ainsi que les constats plus généraux et nous les avons réorganisés en s’inspirant du schéma organisationnel proposé par Strauss et Corbin (2001). Pour comprendre la dynamique et la nature évolutive d’un phénomène, Strauss et Corbin suggère d’en analyser la structure et le processus. Les conditions et les conséquences constituent la struc- 38 RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 85 - JUIN 2006 ture alors que les actions/interactions forment le processus. Les conditions réfèrent au pourquoi l’événement survient et permet de situer les circonstances dans lesquelles il se produit. Les conséquences portent sur ce qui arrive suite à des actions/interactions. Quant aux actions/interactions, elles indiquent comment l’événement se produit entre les personnes selon les conditions. Les résultats des recherches retenues ont donc été analysés de façon à dégager la structure de l’humour, à répertorier certaines caractéristiques de cet humour entre l’infirmière et le patient, les conditions d’utilisation et les obstacles ainsi que les conséquences. Les actions et les interactions liées à l’humour n’ont pas été analysées. De plus, la dynamique de l’humour ne peut être décrite car d’autres types de recherches seraient nécessaires. RÉSULTATS DE L’ANALYSE ET DE LA SYNTHÈSE DES ÉCRITS Cette section décrit les résultats de l’analyse en profondeur des études retenues en fonction des composantes de la structure du schéma organisationnel proposé par Strauss et Corbin (2001), soit les conditions et les conséquences de l’humour. Toutefois certaines caractéristiques du phénomène se dégagent. Caractéristiques de l’humour entre l’infirmière et le patient Les caractéristiques de l’humour entre l’infirmière et le patient semblent faire consensus. La majorité des études recensées concluent que l’humour dans les soins est contextuel, situationnel et spontané (Askert-Kurki, 94 ; Askert-Kurki, 2001 ; Beck, 1997 ; Isola, 1997 ; Mallet, 1996 ; Robinson, 1991 ; Savage, 1995 ; Sheldon, 96 ; Sumners, 1990 ; Thorton, 1999). Il surgit de situations ordinaires, inspiré par les circonstances du moment, des interactions. Robinson (1991) rapporte, suite à l’analyse de 1060 anecdotes, observées ou racontées, que dans 87.4 % des cas l’humour était non planifié, spontané et lié au contexte. Cet humour peut être léger et pétillant ou plus éclatant mais s’accorde avec la situation des soins (Isola & Astedt-Kurki, 1997). Bien qu’imprévu et spontané, il peut être intentionnel, c’est-à-dire avec l’intention d’amuser (Robinson, 1991). Il peut aussi être routinier et planifié (Beck, 1997). Toutefois les infirmières de l’étude de Thornton & White (1999) et celles de Sheldon (1996) rapportent utiliser l’humour intuitivement et non comme un acte conscient. L’HUMOUR DANS LA RELATION INFIRMIÈRE – PATIENT : UNE REVUE DE LA LITTÉRATURE Conditions d’utilisation Certains résultats des recherches retenues ont été catégorisés comme conditions d’utilisation de l’humour. Ces conditions sont reliées à l’infirmière et au patient, appartiennent à la situation elle-même ou sont présentes dans la relation infirmière – patient. Conditions reliées à l’infirmière Certaines conditions appartenant à l’infirmière sont susceptibles d’influencer l’utilisation de l’humour et ses effets. Ce sont l’intuition et la sensibilité, le jugement, l’expérience, la personnalité et l’attitude envers l’utilisation de l’humour dans la pratique professionnelle. L’humour repose sur l’intuition, la sensibilité et le jugement de l’infirmière (Astedt-Kurki & Liukkonen, 94 ; Astedt-Kurki & Isola, 2001 ; Thornton & White, 1999). L’empathie est un pré requis pour utiliser l’humour dans le contexte des soins. Ressentir comment les gens se sentent, être instinctivement sur la même longueur d’onde et introduire l’humour avec soin ont été relevés par les 8 infirmières travaillant aux soins intensifs, de l’étude phénoménologique de Thornton & White (1999). On s’accorde à dire qu’il y a un temps et une place pour l’humour. Chaque situation requiert du jugement de la part de l’infirmière. Introduire l’humour est fonction de saisir le bon moment et de relever des indices, d’évaluer la situation. La notion de timing est jugée essentielle (Thornton & White, 1999). Toutefois, l’expérience de l’infirmière vient moduler sa perception quant à ce qui est jugé approprié et inapproprié (Thornton & White, 1999 ; Savage, 1995). Pour Robinson (1991), personnalité et sens de l’humour sont intimement liés. La capacité de rire est reliée à la capacité de jouer, d’imaginer, de tolérer l’ambiguïté, l’incongruité et l’absurdité et à celle de voir le côté drôle de certaines situations (AstedtKurki & Isola, 2001). L’étude de Sumners (1990) révèle que l’attitude des infirmières envers l’humour est positif tant dans la vie professionnelle que dans la vie personnelle avec toutefois des résultats systématiquement plus élevés dans cette dernière sphère. L’âge intervient dans l’attitude ; les sujets les plus jeunes ont exprimé l’attitude la plus négative envers l’humour dans la pratique professionnelle alors que les plus vieux ont exprimé l’attitude la plus positive. Conditions reliées au patient Certaines caractéristiques appartiennent au patient et peuvent être catégorisées comme des conditions qui encouragent ou restreignent l’utilisation de l’humour. Lorsque le patient a le sens de l’humour, qu’il l’utilise dans sa vie quotidienne et qu’il initie lui-même l’humour, alors on a des indices que l’humour peut être bénéfique (Astedt-Kurki & al., 2001 ; Isola & AstedtKurki, 1997). Si l’humour est important pour les gens dans leur vie en général, alors il conservera son importance dans les situations de changement, au moins une fois la phase critique passée (Askert & Isola, 2001 ; Greenberg, 2003). Toutefois, si les patients sont difficiles, timides ou effrayés, l’humour peut être un moyen de communication efficace, selon l’étude de Beck (1997). De plus, plusieurs infirmières dans l’étude d’Isola & Astedt-Kurki (1997) considèrent que l’humour est plus important pour les patients masculins que féminins. Les croyances des patients, quant à l’humour, semblent plaider en faveur de son utilisation. L’étude descriptive de Schmitt (1990) porte sur la perception de 35 patients d’un centre de réadaptation quant aux effets du rire sur l’humeur du patient, sur l’infirmière et sur leur réhabilitation. La majorité des patients ayant répondu au questionnaire, de type Lickert et composé de 20 items, trouve que l’expérience du rire est bénéfique et appropriée pour eux-mêmes et leurs soignants, dans un hôpital de réhabilitation. Bien que les qualités métrologiques de l’outil ne soient pas présentées, il ressort, en ce qui concerne plus spécifiquement l’infirmière, qu’une majorité de patients sont en accord avec les énoncés suivants : une infirmière qui rit avec ses patients aide ceux-ci à se sentir mieux et une infirmière devrait rire plus avec ses patients. Plusieurs patients verbalisent aussi leur appréciation de l’utilisation de l’humour et de blagues dans leurs interactions avec l’infirmière (Fosbinder, 1994 ; McCabe, 2004). L’étude de Jarrett & Payne (2000) souligne qu’une atmosphère joyeuse, positive et constructive d’une salle d’hôpital est appréciée par les patients au sein d’un département d’oncologie. Certaines conditions reliées à la personne soignée indiquent que l’humour est inapproprié. Ces conditions sont reliées à l’état de la personne ou à la situation de crise dans laquelle elle se trouve et à certaines caractéristiques personnelles. Ces conditions sont relevées majoritairement à partir de recherches impliquant la perspective d’infirmières. Lors d’une phase critique sur le plan physique, lors d’anxiété ou de stress élevé, (Greenberg, 2003 ; Robinson, 1991 ; Sheldon, 1996), lors de douleur intense ou abdominale (Lawler, 2002), chez une personne psychotique (Astedt-Kurki & Liukkonen, 1994), l’humour peut être inapproprié à moins que ce ne soit le patient lui-même qui l’initie. Lorsque la phase critique est sous contrôle, on peut se permettre l’humour après coup (Robinson, 1991). Sheldon (1996) ajoute que l’humour peut être inapproprié lors de différences culturelles entre l’infirmière et le patient. RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 85 - JUIN 2006 39 Dean (2003) propose une réflexion intéressante sur l’humour dans les soins aux autochtones et illustre comment il peut être ou non bénéfique, selon la culture de chacun. on essaie d’atteindre un consensus de valeurs en refusant aux personnes âgées la liberté de leur expression sexuelle. C’est l’unique étude recensée dans laquelle les résultats indiquent que l’humour est utilisé comme moyen de contrôle social. Conditions reliées à la situation L’utilisation de l’humour auprès des patients nécessite du discernement et est conditionnée par des expressions comme «cela dépend du patient» ou «cela dépend de la situation» (Lawler, 1991). Certaines situations présentent des caractéristiques qui peuvent inciter à utiliser l’humour pour diminuer la gêne des deux parties et dans certains cas, à maintenir un contrôle social. Le contexte des unités de soins et certains obstacles peuvent faire varier la fréquence d’utilisation et les partenaires. Si la situation est difficile, embarrassante, gênante, l’humour aide l’infirmière, le patient ou les deux à y faire face, et devient une forme de soutien au patient (Astedt-Kurki, Isola, Tammentie & Kervinen, 2001 ; Beck, 1997 ; Lawler, 2002 ; Mallett & A’Hern, 1996 ; Walsh & Kowanko, 2002). L’étude de Lawler (2002) porte principalement sur l’intimité et la pratique soignante auprès d’une clientèle adulte hospitalisée. Le but de l’étude est d’explorer ce que les infirmières savent et considèrent comme allant de soi dans les relations avec les patients. Parmi l’ensemble des résultats, on retrouve une section portant sur l’utilisation de l’humour. Pour arriver à gérer un événement inhabituel et embarrassant, Lawler (2002) observe que les infirmières prennent un air détaché et utilisent souvent l’humour, conjointement avec d’autres méthodes, pour minimiser la gêne potentielle, diminuer l’embarras et dédramatiser la situation particulièrement dans des contextes où le patient est incapable de contrôler ce qui se passe en raison d’un processus pathologique. Ceci permet de gérer des situations par rapport à leurs propres sentiments et visent parfois à protéger ceux du patient. C’est une façon de retrouver son sang-froid qui peut être utilisée comme alternative à la gêne. Parfois, c’est le patient qui fait comprendre que l’humour est une façon de gérer certaines situations ; dans ce cas, il est relativement facile pour l’infirmière de le partager avec lui (Lawler, 2002). L’embarras peut être présent chez le professionnel et l’humour peut parfois servir d’écran évitant ainsi de reconnaître, à la personne soignée, ses besoins. C’est l’analyse soumise par Bauer (1999) dans son étude phénoménologique auprès de 5 infirmières qui utilisent l’humour en regard de la sexualité de personnes âgées en résidence. L’humour est alors utilisé pour exprimer la désapprobation de comportements et sert de contrôle social à ces comportements. L’humour vise ainsi à atteindre la conformité en sanctionnant le comportement d’une personne. Dans ce contexte, l’humour servirait de mécanisme par lequel 40 RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 85 - JUIN 2006 Le contexte de l’unité de soins peut influencer la fréquence de l’utilisation de l’humour. Robinson (1991) souligne que si le stress est peu élevé dans une unité de soins comme dans une unité d’obstétrique ou de médecine alors l’humour intervient plus fréquemment entre le patient et l’infirmière. Par contre, si le stress est élevé comme dans une unité de soins intensifs, à l’urgence ou en salle d’opération, alors l’humour survient plus entre les professionnels. Thornton & White (1999) indique dans son analyse que les parents et enfants aux soins intensifs semblent plus stressés que les autres. Les émotions sont plus près de la surface. Parents et enfants peuvent bénéficier de l’humour mais les infirmières participantes de l’étude sentent qu’une plus grande sensibilité à leur égard est requise. Selon Robinson (1991), les situations de soins en milieu hospitalier peuvent souvent posséder des caractéristiques qui sont des obstacles potentiels à l’utilisation de l’humour tels que le fait que patients et professionnels soient des étrangers ; qu’il y ait peu de temps d’interactions sans savoir s’il y aura continuité, un environnement avec des règles sociales différentes, des soins critiques et la présence de tension. D’autres barrières sont relevées par Isola & AstedtKurki (1997) : lorsque le travail des infirmières est orienté vers les tâches, le manque de temps, la difficulté d’entendre et de parler. Astedt-Kurki & Liukkonen (1994) ajoutent comme obstacles majeurs : l’absence d’humour chez l’infirmière, ne pas connaître suffisamment le patient, un patient très sérieux, lorsque l’infirmière a peu d’expérience et se concentre sur les tâches de base ou si elle est étudiante stagiaire. Conditions reliées à la relation infirmière-patient Une relation infirmière-patient doit être empreinte de respect de la personne et de ses valeurs. L’humour ne doit jamais insulter la personne ou violer sa dignité. Dans l’étude de Greenberg (2003), pour les 3 patients et les 3 infirmières de cette étude, sans la présence de sympathie, d’affection et de confiance, l’humour ne peut être défini comme étant émotionnellement supportant et aidant. Une relation de confiance devrait être théoriquement présente comme antécédent d’humour. L’HUMOUR DANS LA RELATION INFIRMIÈRE – PATIENT : UNE REVUE DE LA LITTÉRATURE Conséquences de l’humour Les résultats reflétant des conséquences de l’utilisation de l’humour sont regroupés en fonction du patient, puis en fonction de la relation patient-infirmière. Conséquences pour le patient Les conséquences de l’utilisation de l’humour pour le patient sont plutôt d’ordre psychologique dans les études recensées. L’humour peut être ou devenir un mécanisme de coping pour faire face au stress et être un moyen d’expression acceptable dans des situations conflictuelles. Conséquences psychologiques L’humour semble procurer un sentiment de contrôle, de dignité, d’intégrité et d’estime de soi. Il parait améliorer l’estime de soi des patients participants quand ils peuvent faire rire les autres et quand ils peuvent rire avec les infirmières (McCabe, 2004). Selon des patients âgés de l’étude de Astedt-Kurki & Isola (2001), certaines infirmières sont aptes à les aider à affronter des situations difficiles ou embarrassantes avec l’usage conscient de l’humour. Ceci leur permet de garder la face, de préserver leur dignité et d’exprimer ce dont ils ont besoin ou ce qu’ils désirent. L’humour est coping ou supporte le coping. Les patients se sentent supportés, encouragés par l’humour et ressentent une diminution de leur anxiété en se distanciant des émotions négatives et en s’élevant par des émotions positives (Greenberg, 2003 ; Isola & AstedtKurki, 1997 ; Savage, 1995 ; Schmitt, 1990). L’humour donne aussi le temps de se préparer pour une situation difficile et de renforcer la confiance dans la vie et dans la survie (Astedt-Kurki & Isola, 2001). De plus, selon des infirmières, l’humour aide à tolérer des traitements désagréables (Astedt-Kurki & Liukkonen, 1994). L’humour permet l’expression des émotions ou leur négation. Pour des infirmières de l’étude de AstedtKurki & Liukkonen (1994), le sens de l’humour aide au mieux-être du patient en permettant de ventiler des sentiments difficiles à exprimer autrement, d’oublier ses soucis, de soulager les tensions, d’aider à relaxer ce qui peut aider à diminuer la douleur. Astedt-Kurki & Isola (2001) indiquent dans leurs résultats que l’humour, particulièrement chez les hommes, sert de mécanisme de défense, permet de contourner la réalité et leur donne du temps pour se préparer aux situations difficiles. L’humour permettrait aussi l’expression acceptable de critiques, de colère, d’hostilité ou de conflit (Robinson, 1991). L’humour permettrait de s’évader de la réalité hospitalière et de créer un climat social. Il allège le poids associé à la maladie critique, les traumatismes et la mort. C’est une façon d’y faire face et de s’élever audessus (Robinson, 1991). Selon l’étude de McCabe (2004), les patients semblent accorder une grande valeur à l’humour informel qu’ils initient avec les infirmières. Ce type d’humour peut aider à se détourner de la routine banale de l’hôpital, à s’évader de la réalité. Pour tous les participants de cette étude, le fait que l’infirmière soit amicale et qu’elle utilise l’humour est important car cela a une fonction sociale. Cela détend les participants, fait passer le temps et aide les patients à oublier, pendant un instant, leurs problèmes. C’est une échappatoire tant pour le patient que pour l’infirmière. L’humour se situe à un niveau superficiel de communication, créant une atmosphère détendue et sociale lors des interactions infirmière-patient (Isola & Astedt-Kurki, 1997 ; Jarrett & Payne, 2000), aidant à se sentir comme chez soi (Savage, 1995). L’humour et le rire ont adouci l’atmosphère, allégé les tensions et les peurs, (Astedt-Kurki & Isola, 2001), ont aidé à mettre de côté les rôles sociaux établis et à s’engager dans une rencontre qui correspondent mieux aux besoins du patient (Warner, 1984). Selon l’étude de Greenberg (2003), l’humour peut aussi suggérer une nouvelle vision de la réalité et mener à l’espoir ainsi que développer de nouvelles croyances. Les infirmières de l’étude de Astedt-Kurki & Isola (2001) indiquent aussi que l’humour a aidé des clients à faire face aux situations difficiles en offrant un moment du repos et une nouvelle perspective sur une situation changée de la vie. Pour Savage (1995), l’humour permet de diminuer la perception de sévérité d’un problème, ou encore de minimiser ce qui se passe et ainsi de rendre plus à l’aise les deux parties. L’humour peut neutraliser la charge des émotions et soulager du poids et de la sévérité de la situation (Robinson, 1991 ; Savage, 1995). Pour Robinson (1991), l’humour ne change pas la situation mais procure une perspective et un équilibre. Durant ce moment, le fardeau de la réalité est oublié, les sentiments passent de sans issue à l’espoir. Ceci aide non seulement le patient mais sa famille, ses amis, les professionnels à faire face à la tragédie. Conséquences sur la relation infirmière-patient Ce qui se dégage concernant les effets de l’utilisation de l’humour sur la relation infirmière-personne soignée porte sur la qualité de la communication et de la relation ainsi que sur l’ouverture engendrée. L’humour peut créer un sentiment de rapprochement entre les infirmières et les patients (Beck, 1997) et aplanir la hiérarchie (Astedt-Kurki & Isola 2001 ; Savage, 1995 ; Sheldon, 1996). Selon des infirmières, l’humour sert à briser les barrières entre l’infirmière et le patient, à briser la glace (Savage, 1995). Le patient perçoit de la chaleur, de l’attention à sa personne, de la compassion (Robinson, 1991). RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 85 - JUIN 2006 41 Pour des patients, l’humour améliore le contact car si l’infirmière a le sens de l’humour, elle est perçue comme étant plus facile d’approche. Pour des infirmières comme pour des patients de deux études, le dialogue est plus sincère si l’atmosphère est détendue et familière (Astedt-Kurki & Liukkonen, 1994 ; McCabe, 2004). L’étude de Fosbinder (1994) visait à identifier, selon la perception de 40 patients hospitalisés dans des unités de cardiologie, orthopédie et pneumologie, des éléments de compétences interpersonnelles des infirmières. Cette recherche a permis de constater que lorsqu’on demande aux patients de parler de ce qui se passe quand une infirmière prend soin d’eux, les patients décrivent alors le style d’interaction des infirmières. Parmi l’ensemble des résultats rapportés, l’attitude amicale et joyeuse des infirmières est appréciée par les patients et considérée comme importante. Plusieurs des 40 patients interviewés expriment que l’humour est un point central dans le développement d’une relation entre l’infirmière et le patient. L’humour peut aussi jouer un rôle dans le développement d’une relation thérapeutique (Fosbinder, 1994 ; Lotzkar & Bottorf, 2001 ; Savage, 1995). Lorsque l’humour est partagé, il peut être utilisé pour construire des rapports entre l’infirmière et le patient. Il consolide aussi les liens existant dans la relation, une considération importante pour les familles en situation critique (Schmidt, 1990) et peut créer des effets à long terme au-delà du moment immédiat pour les infirmières et les patients (Beck, 1997). L’humour peut aussi servir à passer un message sous forme de jeu, permettant de « sauver la face ». Sous forme de blague, un message peut passer sans jamais avoir à être discuté. Pour Robinson (1991), ce peut être un message de peur, d’embarras, de colère tout autant que le partage d’une préoccupation commune, d’amour ou de compréhension. L’humour engage une ouverture qui permet d’aborder des thèmes sensibles et d’aller plus loin. L’humour est utilisé par des infirmières pour initier une conversation sur un sujet qu’elles-mêmes ou le patient trouve difficile à aborder (Savage, 1995 ; Sheldon, 1996 ; Warner, 1984). L’humour peut servir de prélude et être suivi d’un autre essai pour introduire le même sujet, plus tard dans la conversation (Warner, 1984). Pour les patients de l’étude de Astedt-Kurki, & Isola (2001), si l’infirmière a le sens de l’humour, ils trouvent plus facile de discuter de choses sérieuses ou difficiles, sous le couvert de l’humour. Dans leur étude de cas, Lotzkar et Bottorf (2001) relèvent que l’humour est une façon de communiquer utilisée par l’infirmière pour aller plus loin dans les suggestions qui sont refusées de prime abord par un patient atteint de cancer. 42 RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 85 - JUIN 2006 CONCLUSION En résumé, l’analyse détaillée des résultats de ces recherches en fonction des conditions et des conséquences qui entourent le phénomène a permis d’en dessiner la structure. Certaines conditions appartiennent à l’infirmière, telles que l’intuition et la sensibilité, le jugement, l’expérience, la personnalité et l’attitude envers l’utilisation de l’humour. D’autres sont liées au patient ; lorsque celui-ci valorise l’humour dans sa vie quotidienne et l’initie, il est aisé pour l’infirmière d’entrer dans le jeu. Lorsque la situation est difficile, embarrassante, gênante, l’humour peut aider l’infirmière, le patient ou les deux à y faire face. Par contre, dans des situations de stress élevé, l’humour peut être inapproprié. Chaque situation de soins est complexe et nécessite le jugement de l’infirmière dans toutes ses facettes. Il ne peut donc y avoir de solution simple à l’utilisation de l’humour. L’humour procure au patient un sentiment de dignité et d’estime de soi. Il est un mécanisme de coping face au stress et permet au patient de se distancer des émotions négatives ou de ventiler des sentiments difficiles à exprimer autrement. L’humour permet de s’évader de la réalité hospitalière et de créer un climat social, apprécié des patients. L’humour apporte aussi une nouvelle perspective, un regard différent qui peut redonner de l’espoir. L’humour partagé améliore le contact infirmière patient, rapproche, aplanit la hiérarchie, rend l’infirmière plus accessible et consolide les liens existant dans la relation. Il engage une ouverture qui permet d’aborder des thèmes sensibles et d’aller plus loin, sous son couvert. Bien que les recherches soient peu nombreuses et regroupent souvent peu de sujets, l’approche qualitative majoritairement utilisée permet de mieux en comprendre la nature et met en lumière son apport dans la relation infirmière patient ainsiqu’au bien-être des uns et des autres. Comme le souligne Sheldon (1996) dans son analyse du concept, l’humour n’est pas une panacée à tous les problèmes et ne contrecarre pas toutes les anxiétés vécues, mais c’est une force positive et, en tant que complément à d’autres interventions, il ne peut être que thérapeutique. BIBLIOGRAPHIE Astedt-Kurki, P., & Isola, A. (2001). Humour between nurse and patient, and among staff : analysis of nurses’diaries. J Adv Nur,. 35(3), 452-8. Astedt-Kurki, P., Isola, A., Tammentie, T., & Kervinen, U. (2001). Importance of humour to client — nurse relationships and clients’well- being. Int J Nurs Pract, 7 (2), 119-25. L’HUMOUR DANS LA RELATION INFIRMIÈRE – PATIENT : UNE REVUE DE LA LITTÉRATURE Astedt-Kurki, P., & Liukkonen, A. (1994). Humour in nursing care. J Adv Nurs, 20 (1), 183-188. Bauer, M. (1999). The use of humor in addressing the sexuality of elderly nursing home residents. Sexuality and Disability, 17 (2), 147-155. Beck, C. T. (1997). Humor in nursing practice : a phenomenological study. Int J Nurs Stud, 34 (5), 346-52. Buxman, K. (1991). Humor in therapy for the mentally ill. J Psychosoc Nurs Ment Health Serv, 29 (12), 15-8. Cousins, N. (1991). La biologie de l’espoir. Paris : Du Seuil. Dean, R. A. (2003). Native american humor : implications for transcultural care. Journal of Transcultural Nursing, Vol.14 (1), 62-65. Fosbinder, D. (1994). Patient perceptions of nursing care : an emerging theory of interpersonal competence, J Adv Nurs, 20 (6), 1085-93. Fry, W. F. Jr. (1992). The physiologic effects of humor, mirth, and laughter. JAMA, 267 (13), 1857-8. Greenberg, M. (2003). 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The serious import of humour in health visiting. J Adv Nurs,, 9(1), 83-7. RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 85 - JUIN 2006 43 Annexe Auteurs/Année But de l’étude Type d’étude Astedt-Kurki, P., & Décrire, à partir d'expériences de patients, l'importance de l'humour Isola, A. (2001). sur la relation infirmière-patient et sur le bien-être du patient. Recherche qualitative 13 patients (7 femmes, 6 hommes) âgés entre 19 et 76 ans, malades chroniques. Astedt-Kurki, P., Isola, A., Tammentie, T., & Kerviren, U. (2001) Astedt-Kurki, P., & Liukkonen, A. Étudier l'utilisation, la nature et le vécu de l'humour entre les infirmières et les patients et entre l’équipe d’infirmières Recherche qualitative 17 infirmières travaillant dans différents domaines des soins. Majorité d'infirmières soignantes, 2 infirmières praticiennes et une infirmière en santé mentale. Décrire l'événement et la signification de l'humour dans le processus de soin, tel que décrit et expérimenté par des infirmières professionnelles. Recherche qualitative 32 infirmières, âgées entre 22 et 57 ans, entre 0 et 34 années d'expérience. Bauer, M. (1999) Explorer l’expérience des soignants professionnels en lien avec la sexualité de personnes âgées en résidence. (L’humour est un sousproduit de l’étude). Etude qualitative, 5 infirmières âgées entre 19 et 65 ans Phénoménologique- ayant une expérience avec le phénomène herméneutique. à l’étude. A’Hern, R., Mallett, J. (1996) Décrire la fréquence, la distribution et l’utilisation des instants d’humour se produisant entre les infirmières et les patients durant des séances d’hémodialyse. Étude qualitative, approche ethnographique. 5 patients (3 hommes, 2 femmes) âgés entre 22 et 66 ans, en apprentissage de l’hémodialyse. Beck (1997) Décrire la signification de l’utilisation de l’humour dans la pratique des soins infirmiers. Étude qualitative, phénoménologique 21 infirmières inscrites dans un programme de 2e cycle universitaire. Greenberg, M. (2003) Explorer l’humour à l’intérieur du contexte d’une relation infirmièrepatient, et ce, à partir de la double perspective de l’infirmière et du patient. Étude qualitative, Approche naturalistique 3 dyades infirmière bachelière-patient hospitalisé sur une unité de chirurgie. Isola, A., & Astedt-Kurki, P. (1997) Décrire l’utilisation, la signification et le rôle de l’humour dans les soins aux personnes âgées tels que perçus par les infirmières. Étude qualitative - 31 personnes âgées entre 65 et 95 ans, vivant dans un foyer. - 32 infirmières travaillant dans un foyer. Jarrett, N.J., Examiner et investiguer la communication infirnière-patient, et ce, dans Étude qualitative, Payne, S.A. (2000) un contexte de soins en oncologie. Approche ethnographique. 44 Échantillon - 8 infirmières - 9 patients - 50 participants ayant accordé des entrevues sur leur expérience de communication. Non mentionné Lawler, J. (2002) Explorer ce que les infirmières savent et considèrent comme allant de soi dans les relations avec les patients. Étude qualitative McCabe, C. (2004) Explorer et produire des déclarations relatives à l’expérience des patients concernant la façon dont les infirmières communiquent. Savage, J. (1995). Découvrir si les infirmières reçoivent un soutien adéquat quand elles fournissent des soins continus et voir de quelle forme de soutien elles ont besoin. Étude qualitative 8 patients âgés entre 25 et 75 ans Approche phénoménologiqueherméneutique Étude qualitative • Unité de soins primaires en médecine et chirurgie, 17 lits, patients de sexe masculin, 12 infirmières. • Unité de médecine et chirurgie, 24 lits, patients de sexe féminin et masculin, 18 infirmières. Schmitt, N. (1990) Explorer la perception des patients concernant le rire et ses effets sur l’humeur, leur opinion des infirmières qui rient et la place de l’humour dans le milieu hospitalier. Sumners (1990) Décrire les attitudes des infirmières professionnelles envers l’utilisation Étude quantitative de l’humour au plan professionnel et personnel. Thornton, J., & White, A. (1999). Explorer et décrire l’expérience de l’humour telle que vécue par les infirmières dans une unité de soins intensifs. RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 85 - JUIN 2006 Étude quantitative Etude phénoménologique 35 patients d’un hôpital de réadaptation âgés entre 29 et 84 ans. 204 infirmières 8 infirmières avec un minimum d’un an d’expérience aux soins intensifs. Tableau 1 Méthodes de collecte 5 lettres décrivant des expériences d’humour à l'hôpital et 8 entrevues sur la communication entre l’infirmière et le patient et portant sur: le sens de l'humour, l’initiation de l’humour, la manifestation et la compréhension de l'humour et les interactions infirmière-patient. Description des situations où il y a eu utilisation de l'humour au travail. Questions ouvertes sur : une situation de soins avec humour, une situation où l'infirmière a ri de bon rire, l’utilisation de l'humour dans les soins et la signification de l'humour pour le patient, l'infirmière et la communauté soignante. Entrevue en profondeur Enregistrements vidéo d’instants naturels de communication entre une infirmière et un patient. Description de situations d’humour vécues dans la pratique dans un journal de bord. Observations participantes, entrevues avec patients et infirmières. Entrevues non structurées avec patients et infirmières séparément. Observations semi -participantes participantes, entrevues avec patients et infirmières séparément. observations participantes, entrevues avec les infirmières et les patients Entrevues non structurées • Observations participantes. • Entrevues informelles et semi structurées. Questionnaire avec échelle de Likert. 1 questionnaire pour humour professionnel et 1 questionnaire pour humour personnel Entrevue semi--structurées Principaux résultats en lien avec l’humour L'humour aide le client à faire face aux situations difficiles, à montrer leurs émotions et à préserver leur dignité. L’humour permet au patient de communiquer la critique ou de s'exprimer. Les infirmières peuvent alléger les inquiétudes des patients par l'humour, et l'humour peut aider des infirmières à ‘coper’. Les principaux types d'humour entre infirmières-patients sont : «nursebased humour»', «coopération-orientated humour» et «patient-orientated humour». L'humour parmi le personnel était principalement du type «ressource-orientated humour». L'humour est employé comme stratégie par les infirmières pour intensifier l'interaction. L'humour est significatif pour le bien-être et le coping du patient et pour l'interaction infirmière-patient. L'humour permet une meilleure satisfaction au travail. Il aide à apporter un sentiment de rapprochement et de familiarité entre les gens. L’humour est une caractéristique importante dans la vie d’une résidence. L’humour est utilisé pour exprimer la désapprobation d’une situation (sexualité des personnes âgées) et sert donc de contrôle social à des comportements désapprouvés. L’humour tend ainsi à atteindre la conformité en sanctionnant le comportement d’une personne qui a dévié de la norme sociale. L’humour produit par les infirmières et les patients est souvent bref, spontané et relié au sujet de conversation. Les résultats démontrent qu’il améliore la relation entre l’infirmière et le patient et permet de surmonter des situations difficiles. L’humour a plusieurs effets bénéfiques : - aide à faire face aux patients difficiles - rapproche les infirmières et les patients et les infirmières entre elles - diminue l’anxiété, la dépression et l’embarras du patient - crée des effets à long terme L’humour peut être planifié et routinier ou non prévu et spontané. Dans une relation infirmière-patient, l’humour est un processus complexe qui requiert une énergie créative et des habiletés cognitives. Les infirmières et les patients utilisent l’humour de façon thérapeutique. L’humour aide les patients à s’adapter à la maladie, à rehausser le bien-être et fournit un soutien émotionnel. L’humour est le plus souvent spontané. Lors des interactions infirmière-patient, l’humour amène une atmosphère favorable, favorise le bien-être et aide le coping face aux stress et difficultés de la vie. L’humour utilisé par les infirmières est lié au contexte. Les blagues doivent concorder avec la situation de soin. La communication dans le contexte des soins en oncologie a une voie positive et optimiste. L’humour et la conversation sont utilisés pour garder une atmosphère joyeuse lors des soins. Cette atmosphère joyeuse, positive et constructive, créée par les infirmières, est appréciée par les patients et leur famille. Il convient d’utiliser l’humour pour gérer un événement potentiellement embarrassant. L’humour est presque une stratégie d’adaptation standard, mais nécessite du discernement selon le patient et la situation. Les infirmières utilisent l’humour dans des situations qui impliquent la gestion de leurs propres sentiments et ceux du patient. Plusieurs participants ont exprimé de la satisfaction face à l’utilisation de l’humour dans les interactions infirmière-patient. Selon eux, l’humour est un niveau superficiel de communication qui crée une atmosphère relaxe et sociale lors des interactions infirmière-patient, améliore l’estime de soi et aide à oublier. Fonctions de l’humour • aplanir l’autorité • gérer le contexte d’ambiguïté et les sujets difficiles à aborder. • protéger émotions « négatives » • aider à établir une relation de proximité et thérapeutique Importance d’utiliser l’humour de façon appropriée tout en se basant sur la spontanéité et la pratique. Selon les patients, l’expérience du rire est bénéfique. Le rire est utilisé comme stratégie de coping, pour se distancer du stress. Une infirmière qui rit avec ses patients les aide à se sentir mieux et devrait rire plus avec ses patients. L’humour pourrait avoir un impact sur la maladie et la gestion de la douleur. L’humour peut diminuer l’anxiété et l’inconfort du patient, établir une relation avec l’infirmière et diminuer les conflits. Les infirmières utilisent l’humour intuitivement et spontanément. Les sujets avancent que l’humour doit être adapté à l’environnement, à la situation, aux personnes concernées et requiert donc du jugement. L’humour contribue à créer une normalité et à changer de perspective. RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS N° 85 - JUIN 2006 45