La précision des mesures à cette époque, faites au moyen de l'ingénieux micromètre
d'Adrien Auzout, (astronome et physicien français, 1622-1691) restait limitée à des
valeurs situées entre 0,5 et 1,0 seconde de degré. Philippe de la Hire (1640- 1718), élève
de Picard, devait poursuivre le programme d'observations du diamètre par la méthode
des transits au quart de cercle méridien, méthode rendue possible par le gain en
précision dans la mesure du temps.
Aujourd'hui, toutes les observations en astronomie ont vu leur précision croître
considérablement; c'est en particulier le cas des éléments qui décrivent la géométrie
globale du Soleil, son diamètre, sa non-sphéricité, son rayonnement. En ce qui concerne
la connaissance des mécanismes internes, de nouvelles méthodes, comme
l'héliosismologie ont vu le jour ces dernières années, elles permettent par exemple de
connaître les vitesses de rotation de la sphère solaire qui sont fonction de la latitude et
de la profondeur. C'est bien par les progrès accomplis dans le domaine de
l'instrumentation et dans celui du traitement des données que la qualité des résultats a
progressé de manière aussi spectaculaire.
Pourtant, les mesures faites au sol souffrent de graves inconvénients: d'une part, pour
notre bien être sur Terre, il est vrai, le Soleil demeure «
astre du jour
»,
mais il en résulte
que l'alternance des jours et des nuits interdit aux astronomes son observation en continu. D'autre part, les résultats obtenus
dans nos observatoires sont toujours affectés par l'atmosphère qui constitue un masque turbulent, hétérogène, plus ou moins
opaque qui dégrade les images. Par conséquent, seules des mesures depuis l'espace permettent de s'affranchir de ces défauts
majeurs et de confirmer ou d'infirmer les résultats obtenus au sol. C'est déjà le cas pour la mesure de nombreux témoins de la
structure interne du Soleil et de ses variations. Ainsi, dans le domaine de la physique solaire par exemple, l'expérience
embarquée sur le satellite européen Soho a largement confirmé les modes d'oscillations observés, notamment au pôle Sud par
des équipes de l'observatoire de Nice.
LE SOLEIL, ÉTOILE VARIABLE
On peut effectivement considérer le Soleil comme appartenant à la classe des étoiles variables quand on observe les variations
d'énergie, périodiques ou non, qu'il émet dans le temps.
Il y a d'abord le cycle solaire, cycle dont la durée moyenne est de 11
ans au cours duquel le nombre de taches apparentes varie
de manière importante. Schwabe (1789-1875), astronome amateur Allemand, pharmacien de son état, découvrit cette périodicité
dans l'apparition des taches sur une série d'observations faites par lui-même entre 1826 et 1843. Rudolf Wolf (1816-1893),
astronome Suisse, entreprit ensuite une étude de l'activité passée à partir d'archives de différents observatoires européens et
définit un nombre, le nombre de Wolf, qui rend compte de l'activité mensuelle du Soleil. Il put ainsi remonter jusqu'en 1700 et il
se limita à mentionner les périodes de maximum pour la période comprise entre 1610 et 1700.
La phase et l'amplitude de ce cycle sont variables comme on peut le constater sur la figure et de façon quasi systématique, la
phase décroissante est de durée plus longue que la phase ascendante.
On remarque surtout des discontinuités sur cette série: un grand minimum entre 1645 et 1715, dit minimum de Maunder
(1851-1928), qui caractérisa le «
petit âge glaciaire »
sous le règne de Louis XIV et d'autres périodes de faible amplitude comme le
minimum de Dalton entre 1795 et 1830 et plus près de nous, une activité relativement basse à la fin du XIX
e
siècle. L'analyse
plus fine de cette série révèle également l'existence d'autres signaux périodiques tels que le cycle de Gleissberg, de période
voisine de 85 ans, et le cycle de Suess indiquant une période de 200 ans présente notamment dans la concentration du carbone
14.
Très récemment, il convient de citer une anomalie de taille! Le dernier minimum s'étale sur plus de 250 jours pendant
lesquels aucune tache n'a été vue sur le Soleil, et le flux radio ou le vent solaire n'ont été aussi faibles depuis 50 ans.
Associés à la présence des taches, les champs
magnétiques engendrent un cycle de 22 ans (cycle de
Hale). Les flots de particules électrisées arrivant du
soleil et attirées par les pôles terrestres vont alors se
manifester sous la forme d'aurores polaires. De
manière aléatoire apparaissent également les
spectaculaires éruptions et autres protubérances
visibles à l'aide de coronographes et mieux encore
depuis l'espace. Leur durée de vie est variable selon
leur type, de l'ordre de quelques heures à plusieurs
dizaines de jours avant d'éclater et de se répandre
dans la couronne solaire.
Au nombre des indices concourant à qualifier le
caractère variable de notre étoile citons la constante
solaire, appelée plus souvent aujourd'hui
« ir
radiance
»,
Il s'agit de l'énergie émise par le Soleil et reçue par la Terre hors
atmosphère, sa valeur moyenne est de 1368 W/m
2
• L'atmosphère terrestre rend les mesures depuis le sol très incertaines, et il a
fallu attendre les années 1930 pour que le physicien Américain Ch. Abott (1872-1973) évalue la constante solaire à 1355 W/m
2
; le
terme de constante solaire pour ce paramètre devenait impropre à partir des années 1970 avec le développement des
radiomètres et leur utilisation sur les satellites qui conduisirent à observer de manière plus précise la variabilité de cet indice.
Il
va sans dire que ces variations de l'énergie reçue par la Terre et leur corrélation avec l'activité contribuent largement à
alimenter les débats que nous connaissons aujourd'hui, sur l'éventuelle influence du Soleil sur le climat.
La variation totale de la constante solaire durant un cycle est d'environ 1,3 W/m
2.
Les mesures de l'irradiance sont acquises
par les radiomètres embarqués sur les missions spatiales Acrim et Virgo.
Et encore, devrions-nous citer de nombreux autres indices témoignant de la variabilité de notre étoile mais il en est un qui
constitue un objectif majeur de la mission Picard, et qui depuis une trentaine d'années suscite de nombreux débats. Il s'agit de la
mesure du diamètre solaire, de ses variations et de la forme du Soleil.
LE DIAMÈTRE DU SOLEIL EST-IL VARIABLE ?
Vouloir mesurer avec précision le diamètre d'une sphère gazeuse située à près de 150 millions de kilomètres, dont l'enveloppe
est en perpétuel changement relève bien de la gageure, et ceci d'autant plus, que l'atmosphère terrestre, à travers laquelle les
’activité solaire de 1610 à 2010
L’académicien Jean Picard (1620-1682)