Cafés Géographiques de Toulouse
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Par delà les discours laudatifs relatifs aux Européens qui tentent de promouvoir le Protocole
de Kyoto, on estime que les engagements quantitatifs préconisés dans ce protocole ne
correspondraient qu’à 3% de l’effort nécessaire pour résoudre le problème du réchauffement
climatique. Le chiffrage de ce protocole, qui, par ailleurs, apparaît comme extrêmement
contraignant, a résonné mondialement alors que les Américains refusant de l’appliquer
étaient soumis à l’opprobre général, on prenait conscience combien sa part dans la lutte
contre le réchauffement climatique était minime.
Cela dit, la position américaine, même si elle apparaît cynique voire même très risquée au
vu des conséquences à venir, n’en est pas moins cohérente : le Protocole de Kyoto n’étant
pas appelé à résoudre le problème, vu son coût, il apparaît inutile d’investir dans une
opération qui de toutes façons ne changera pas significativement le problème.
II – LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
C’est un sujet controversé. Quand on parle de changement climatique il faut distinguer 4
grands phénomènes :
1 Les variations de températures depuis plusieurs milliards d’années qui ont des
causes multiples (solaire, tectonique, volcanique, biologique…) ;
2 La succession d’époques glaciaires tous les 100 000 ans depuis environ deux
millions d’années, avec des interglaciaires chauds comme on en connaît sur Terre
depuis 12 000 ans, largement dus à des phénomènes astronomiques ;
3 La variabilité au sein d’un interglaciaire, surtout lié à des fluctuations de l’activité
solaire ou volcanique, pouvant amener des périodes chaudes (Optimum médiéval)
ou de petits âges glaciaires (cf. Le Roy-Ladurie) ;
4 L’impact du rejet des gaz à effet de serre (et notamment du CO2) sur
l’échauffement de la température planétaire.
Ces 4 phénomènes sont clairement identifiés et validés scientifiquement. Cependant, c’est de
leur amalgame que découlent des discours semant la confusion sur le rôle de l’homme. Un
argument souvent avancé remet en question le quatrième phénomène qui serait présenté
comme un discours « catastrophiste ». Or le rôle des gaz à effet de serre a été découvert au
18° siècle ! L’impact d’une augmentation du CO2 atmosphérique est calculé dès 1896 par le
Prix Nobel de chimie, le suédois Svante Arrhenius : il démontre que le doublement de la
concentration en CO2 provoquerait un réchauffement de la Terre de 4 à 6°C. Or à l’époque on
considérait que ce phénomène était une bonne chose pour la conquête de nouveaux espaces
agricoles, qui permettrait la colonisation des terres du Grand Nord canadien et de la Sibérie.
On pensait alors que cette expansion agricole faciliterait la lutte contre la famine et
favoriserait une meilleure productivité végétale.
Si ces raisonnements nous paraissent aujourd’hui très naïfs, les études ultérieures, avec des
moyens de plus en plus performants, ont confirmé l’ordre de grandeur du réchauffement
envisagé dès 1896. En 2007, le GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution
du Climat) avance des chiffres relativement précis : un doublement par rapport au niveau
préindustriel se traduirait par une hausse de 3,2 à 4° C. La concentration en CO2 atteint 385
ppm (parties par million) en 2007 et augmente en moyenne de 2,4 ppm/an. Or il y a un large
consensus scientifique pour reconnaître qu’au-delà d’un accroissement des températures
moyennes terrestres de 2° C les conséquences seraient graves. Pour être sûr de ne pas les
dépasser il faudrait rester en dessous de 400 ppm, un niveau que l’on devrait atteindre d’ici
2015, dans moins de 8 ans.
Pour limiter le réchauffement, il faudrait diviser par 2 la production de gaz à effet de serre à
l’échelle de la planète, ce qui veut dire une division par 4 ou 5 pour l’Europe ou le Japon et
par 8 ou 10 pour les Etats-Unis. On prend là la mesure de l’ampleur des efforts si on souhaite
renverser la tendance.