COURS ÉCRIT 1 Vitesse de groupe d’un paquet d’ondes 1D . . . . . . . . . . . . 2 2 Réponse impulsionnelle 1D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 3 Tracé de rayons dans l’espace-temps . . . . . . . . . . . . . . . 19 Introduction Les ondes, par exemple dans les fluides, sont ici décrites par des équations aux dérivées partielles linéaires. Ces équations résultent de la linéarisation de modèles plus complexes autour d’un état de base stationnaire. On suppose ici que le milieu est unidimensionnel (1D) et que les équations sont invariantes par translations en espace et en temps. Cette hypothèse fait donc jouer un rôle privilégié aux fonctions sinusoı̈dales de la forme u(x, t) = u m cos(k1 x − ω t + ϕ∗ ). Nous appelons “ondes monochromatiques” les fonctions sinusoı̈dales telles que la pulsation ω et le “vecteur d’onde” k 1 (le nombre d’onde étant noté k = |k 1 |) vérifient une relation ω = Ω(k1 ) appelée “relation de dispersion”. Grâce à la linéarité des équations, ces ondes forment alors une base permettant de décrire toute solution u(x, t), par exemple issue d’une condition initiale u 0 (x). C’est le cas de la réponse impulsionnelle du milieu obtenue en prenant une condition initiale en forme d’une distribution de Dirac, qui peut, par exemple, modéliser le jet d’un caillou dans l’eau. Nous introduisons la notion de paquets d’ondes, obtenue en superposant des ondes monochromatiques de nombres d’onde voisins de k 0 , et montrons que ces paquets se propagent à la “vitesse de groupe” c g (k0 ) = Ω0 (k0 ). Nous examinons ensuite la notion de “trains d’ondes dispersés” pour lesquels chaque point (x, t) de l’espace-temps est caractérisé par un vecteur d’onde k 1 (x, t). La propagation de ces paquets d’ondes le long de rayons à la vitesse de groupe permet de décrire simplement et géométriquement la dispersion d’un train 1 2 APM-INPT thu-dispaq (2004), O. Thual (June 8, 2004) d’ondes. 1 Vitesse de groupe d’un paquet d’ondes 1D On introduit la notion de relation de dispersion 1D (unidimensionnelle) ω = Ω(k1 ) qui associe la pulsation d’une onde monochromatique e i k1 x−i ω t à son “vecteur d’onde” k1 ∈ IR (le mot “nombre d’onde” est réservé pour désigner le module k = |k1 |). Plusieurs exemples simples d’équations aux dérivées partielles 1D sont donnés pour illustrer cette notion. On s’intéresse ensuite à des conditions initiales u 0 (x) localisées en espace et donnant naissance à des paquets d’ondes monochromatiques qui se dispersent dans le milieu 1D caractérisé par la relation de dispersion ω = Ω(k 1 ). La notion de transformée de Fourier permet de décomposer le signal en une superposition d’ondes monochromatiques et plusieurs exemples simples de profils u0 (x) sont examinés. On montre alors qu’un paquet d’ondes, composé d’ondes de nombres d’onde k = |k1 | voisins de k0 , peut être vu comme une “onde porteuse” de nombre d’onde k0 multipliée par une enveloppe localisée dans l’espace et se propageant 0 à la “vitesse de groupe” cg (k0 ) = dΩ dk (k0 ) = Ω (k0 ). 1.1 Relations de dispersion 1D Considérons l’équation linéaire d’advection du champ scalaire u qui s’écrit ∂u ∂u +α =0. ∂t ∂x (1) Comme α est constant, le système est invariant par translations d’espace et de temps. On cherche donc des solutions complexes (C I) sous la forme u(x, t) = um eik1 x−iωt . Les solutions réelles en découlent en prenant la partie ik x−iωt 1 réelle u(x, t) = Re um e de ces solutions complexes. Lorsque l’on choisit um réel (il suffit d’ajuster l’origine de l’espace ou du temps), on obtient alors u(x, t) = um cos(k1 x − ωt). Pour donner des conditions d’existence de ces ondes propagatives, on doit résoudre −i ω um + i α k1 um = −i(ω − α k1 ) um = 0 . (2) Cette équation n’admet de solution non triviale que si ω = Ω(k1 ) = α k1 . (3) 1. VITESSE DE GROUPE D’UN PAQUET D’ONDES 1D 3 2 1.5 1 ω 0.5 0 -0.5 -1 -1.5 -2 -1.5 -1 -0.5 0 0.5 1 1.5 k 1 Figure 1: Relation de dispersion de l’équation de Korteweg de Vries linéaire, avec la convention ω ≥ 0 La vitesse de phase de ces ondes propagatives est c ϕ = ω/k1 = α. Comme elle est constante, on dit que ces ondes ne sont pas dispersives. Si on considère maintenant l’équation de Korteweg deVries linéaire ∂u ∂3u ∂u +α +β =0, ∂t ∂x ∂x3 (4) les ondes progressives u(x, t) = um eik1 x−iωt solutions doivent vérifier ω = Ω(k1 ) = α k1 − β k13 . (5) La vitesse de phase de ces ondes propagatives s’écrit c ϕ (k1 ) = ω/k1 = α−β k12 . Elle dépend ici de k1 . On dit que l’équation est dispersive et que ω = Ω(k 1 ) = α k1 − β k13 est la relation de dispersion des ondes. Dans la mesure où l’on s’intéresse à des solutions u(x, t) réelles, une onde caractérisée par les paramètres (u m , ω, k1 ) est identique à l’onde (u∗m , −ω, −k1 ) où u∗m est le complexe conjugé de um . Cette propriété est valable pour toutes les relations de dispersions ω = Ω(k 1 ) issues d’un modèle linéaire à coefficients réels dans la mesure où la réalité des solutions entraı̂ne la symétrie Ω(−k 1 ) = −Ω(k1 ). Par conséquent, on peut envisager de se limiter à l’étude des ω ≥ 0 et ne considérer que la partie positive de la relation de dispersion ω = Ω(k 1 ). Lorsque nous adopterons cette “convention ω ≥ 0”, le domaine de définition des “vecteurs d’onde” k1 sera restreint par la condition Ω(k 1 ) ≥ 0. Dans certains cas, par exemple pour la transformée de Fourier d’un profil, nous préférerons ne pas adopter cette convention afin de pouvoir écrire des intégrales dont le domaine d’intégration en k1 est la droite IR tout entière. 4 APM-INPT thu-dispaq (2004), O. Thual (June 8, 2004) Si l’on considère maintenant l’équation des ondes 2 ∂2u 2 ∂ u − α =0, ∂t2 ∂x2 (6) les ondes progressives u(x, t) = um eik1 x−iωt solutions doivent vérifier ω 2 = α k12 . En supposant α > 0, la convention ω ≥ 0 permet d’écrire les deux relations de dispersion ω = α k1 pour k1 ≥ 0 et et ω = −α k1 pour k1 ≤ 0 dont découle la forme unique ω = Ω(k1 ) = α |k1 | = α k (7) avec k = |k1 |. La vitesse de phase de ces ondes propagatives s’écrit c ϕ (k1 ) = ω/k1 ∈ {−α, α}. Les trains d’ondes “à droite” et les trains d’ondes “à gauche” ne sont donc pas dispersifs. 2 2 b) 1.5 1.5 1 0.5 0.5 w 1 w a) 0 0 -0.5 -0.5 -1 -1 -1.5 -1.5 -2 -1.5 -1 -0.5 0 k 0.5 1 1.5 -2 -1.5 -1 -0.5 0 0.5 1 1.5 k 1 1 Figure 2: Deux relations de dispersion 1D à ne pas confondre (a) ω = Ω(k 1 ) = α k1 (b) ω = Ω(k1 ) = α k = α |k1 |. Remarquons que la relation de dispersion ω = Ω(k 1 ) = α k1 (issue par exemple ∂u du modèle ∂u ∂t + α ∂x = 0) et la relation de dispersion ω = Ω(k 1 ) = α k = α|k1 | 2 2 (issue par exemple du modèle ∂∂t2u − α2 ∂∂xu2 = 0) ne sont pas équivalentes (figure 2). La première relation, qui n’est définie que pour k 1 ≥ 0 (avec la convention ω ≥ 0), ne permet que des ondes à droite. Le seconde relation, définie pour tous les k1 ∈ IR, rend compte d’ondes à droite et à gauche. Un dernier exemple de relation de dispersion 1D est celui des ondes de surface dans un canal 1D qui s’écrit ω = Ω(k1 ) = q g k tanh(k h) (8) avec k = |k1 | et où g est la gravité et h la profondeur du canal. On admettra ici le résultat en notant que la convention ω ≥ 0 a été adoptée. Il y a donc deux vitesses de phase cϕ ∈ {− ωk , ωk } pour un nombre d’onde k et donc des ondes à droite et des ondes à gauche. 1. VITESSE DE GROUPE D’UN PAQUET D’ONDES 1D 1.2 5 Transformées de Fourier de conditions initiales On s’intéresse maintenant à des profils u 0 (x) susceptibles d’être des conditions initiales des équations aux dérivées partielles linéaires 1D dont quelques exemples viennent d’être donnés. Ces conditions initiales vont générer des ondes qui vont se propager dans l’espace en se dispersant. Pour déterminer les amplitudes de ces ondes, il faut exprimer u 0 (x) sous la forme u0 (x) = Z ∞ −∞ b0 (k1 ) ei k1 x dk1 . u (9) b0 (k1 ) est la “transformée de Fourier” de la fonction La fonction complexe u réelle u0 (x). Elle est reliée à u0 (x) par la relation b0 (k1 ) = u 1 2π Z ∞ u0 (x) e−i k1 x dx . (10) −∞ b0 (k1 )|2 est appelé “spectre d’énergie” du profil u 0 (x). La fonction 21 |u L’exemple d’une condition initiale localisée en espace est intéressant lorsque l’on veut examiner comment se dispersent des ondes dont l’énergie est initialement concentrée dans l’espace. C’est le cas des profils gaussiens. La transformée de Fourier d’une gaussienne d’écart-type σ est une gaussienne d’écart-type 1/σ comme indiqué dans le tableau 1. Ainsi, plus le profil u 0 (x) est localisé en espace, plus son spectre est large, la limite étant la distribution de Dirac u0 (x) = um l δ(x) dont la transformée de Fourier est une constante (voir la figure 3). La constante um à la dimension de u0 tandis que la constante l est une longueur qui compense la dimension de la distribution de Dirac. Le tableau 2 et la figure 4 présentent le concept de paquet d’ondes en examinant d’abord le cas d’une onde monochromatique u 0 (x) = 2 um cos(k0 x) de nombre d’onde k0 . La transformée de Fourier d’un tel signal sinusoı̈dal ne fait intervenir que les vecteurs d’onde k 1 = ±k0 . Un second exemple est donné par la somme de deux sinusoı̈des de nombres d’onde voisins k0 − κ et k0 + κ et qui a l’allure d’une sinusoı̈de de nombre d’onde k0 modulée par une enveloppe de taille caractéristique 1/κ. Mais cette enveloppe est elle-même périodique et le paquet d’ondes ainsi obtenu se reproduit indéfiniment. Un paquet d’ondes vraiment localisé sur un domaine de taille 1/κ est obtenu en superposant un continuum de sinusoı̈des de nombres d’onde compris entre k0 − κ et k0 + κ. Si les amplitudes de ces ondes sont égales, l’enveloppe a la forme de la fonction E(x) = sin(κ x)/(κ x). Lorsque les amplitudes des ondes sinusoı̈dales suivent une distribution gaussienne centrée autour de k 0 6 APM-INPT thu-dispaq (2004), O. Thual (June 8, 2004) b0 (k1 )/um u u0 (x)/um 2 exp − 2xσ2 l δ(x) √σ 2π 2 exp − σ 2k 2 1 2π l b0 (k1 ) Table 1: Fonctions u0 (x) avec leurs transformées de Fourier u |u(k)| 1 a) 0.4 u 0.5 0.2 0 -2 b) 0 u |u(k)| 1 c) -2 0 0 x 10 |u(k)| u -2 0 -3-20 0 20 -5-20 0 20 0 20 1 0 2 x 10 6 |u(k)| 1 u 4 0.5 0 20 0.5 0.5 d) 0 0.1 2 1 0 -20 0.05 0.5 0 0 2 2 -2 0 x 0 2 -20 k 1 2 x Figure 3: Profils gaussiens u0 (x) = um exp − 2σ et module de leurs trans2 b0 (k1 )| : a) σ = 2 b) σ = .8 c) σ = .08 d) σ = .01. formées de Fourier |u 1. VITESSE DE GROUPE D’UN PAQUET D’ONDES 1D u0 (x)/um 7 b0 (k1 )/um u 2 cos(k0 x) δ(k1 + k0 ) + δ(k1 − k0 ) 2 cos[(k0 − κ)x] + 2 cos[(k0 + κ)x] δ(k1 + k0 + κ) + δ(k1 − k0 − κ) = 4 cos(k0 x) cos(κ x) +δ(k1 + k0 − κ) + δ(k1 − k0 + κ) 2 R k0 +κ κ k0 −κ cos(k1 = 4 cos(k0 x) 2 x) dk1 = sin(κ x) κx √ 2 2π cos(k0 x) exp − κ 2x 2 1 κ h 1 κ pour |k1 ± k0 | ≤ κ = 0 pour |k1 ± k0 | > κ 0) exp − (k12+k κ2 2 i + 1 κ h 0) exp − (k12−k κ2 2 i b0 (k1 ) Table 2: Exemple de profils u0 (x) avec leurs transformées de Fourier u 0.3 u |u(k)| 1 a) 0 −1 −2 0 0 |u(k)| u 0 −1 −2 0 0.1 2 1 b) 0.2 0 8 −2 0 u |u(k)| 1 d) 0 −1 −2 0 x 2 x 10 0 20 −20 0 20 0 20 6 4 2 0 2 −3−20 0.02 |u(k)| u −1 20 0.04 2 0 0 0.06 1 c) −20 0.04 0.02 0 −20 k1 b0 (k1 )| : Figure 4: Profils u(x) et module de leurs transformées de Fourier | u a) u0 (x) = cos (15 x) ; b) u0 (x) = 21 [cos (14 x) + cos (16 x)] ; c) u 0 (x) = 1 R 17 5 13 2 cos(k x) dk 1; d) u0 (x) = cos (15 x) exp − x2 . 8 APM-INPT thu-dispaq (2004), O. Thual (June 8, 2004) et d’écart-type κ, l’enveloppe E(x) du paquet d’ondes est une gaussienne d’écart-type 1/κ. Ces paquets d’ondes peuvent servir de briques élémentaires pour comprendre un champ d’ondes plus complexe. Il est utile d’étudier leur propagation en tenant compte de la dispersion des ondes qui les composent. 1.3 Vitesse de groupe d’un paquet d’ondes On s’intéresse à l’évolution d’un paquet d’ondes décrit par la fonction u(x, t) = Z ∞ −∞ b0 (k1 )ei k1 x−i Ω(k1 ) t dk1 u (11) où Ω(k1 ) est une fonction définie pour tout k 1 . On remarque que l’on a b0 (k1 ). On peut u(x, 0) = u0 (x) où u0 est la transformée de Fourier inverse de u donc voir u(x, t) comme la superposition d’un continuum d’ondes monochromatiques vérifiant ω = Ω(k1 ) et dont les amplitudes complexes sont les b0 (k1 ). C’est aussi la solution d’une équation linéaire de relation de dispersion u ω = Ω(k1 ) avec la condition initiale u(x, 0) = u 0 (x). On pourrait choisir d’appliquer la convention ω ≥ 0 en utilisant la propriété Ω(−k1 ) = −Ω(k1 ) des relations de dispersion associées à des modèles à coefficients réels. En restreignant le domaine d’intégration aux vecteurs d’onde k 1 tels que Ω(k1 ) ≥ 0, on obtiendrait alors une intégrale complexe dont la partie réelle vaudrait la moitié de l’expression réelle de départ. Par simplicité, on choisit de ne pas adopter cette convention lorsque l’on s’intéresse à des paquets d’ondes exprimés sous forme d’intégrales de Fourier. Le domaine d’intégration en k1 est donc la droite IR toute entière. Examinons maintenant l’évolution d’un tel paquet d’ondes lorsque u 0 (x) est l’une des conditions initiales localisées dans l’espace figurant dans le tableau 2. La condition initiale u0 (x) = 2 um cos(k0 x) donne naissance à une onde monochromatique u(x, t) = 2 um cos[k0 x − Ω(k0 ) t] qui se propage à la vitesse de phase cϕ = Ω(k0 )/k0 . On ne peut pas parler de paquet d’ondes ici dans la mesure où il n’y en a qu’une seule. On peut, en revanche, le faire pour le cas u0 (x) = 2 um {cos[(k0 + κ)x] + cos[(k0 − κ)x]} puisqu’il s’agit de la superposition de deux ondes monochromatiques u(x, t) = 2 um {cos[(k 0 + κ)x − Ω(k0 + κ)t] + cos[(k0 − κ)x − Ω(k0 − κ)t]} (12) = 4 cos k0 x − Ω t cos (κ x − ∆Ω t) avec Ω = 12 [Ω(k0 + κ) + Ω(k0 − κ)] et ∆Ω = 21 [Ω(k0 + κ) − Ω(k0 − κ)]. On peut interpréter ce signal comme une onde monochromatique 2u m cos(k0 x − Ω t), de longueur d’onde L = 2π/k0 , modulée par une enveloppe cos[κ(x − c κ t)], avec cκ = ∆Ω/κ, de taille caractéristique L = 2π/κ que l’on peut supposer 1. VITESSE DE GROUPE D’UN PAQUET D’ONDES 1D 9 plus grande que L. La vitesse de propagation de l’enveloppe, donc du paquet d’ondes, est alors cκ . Si κ est petit, on a Ω ∼ Ω(k0 ) et cκ ∼ cg (k0 ) = Ω0 (k0 ). La vitesse cg (k0 ), définie comme étant la dérivée de la relation de dispersion, est appelée “vitesse de groupe”. Nous allons voir que c’est aussi la vitesse de propagation d’un paquet d’ondes composé de plus de deux ondes monochromatiques de vecteurs d’onde voisins. Prenons en effet l’exemple de la condition initiale u0 (x) = = Z k0 +κ 2 cos(k1 x) dk1 um κ # "kZ0 −κ Z k0 +κ −k0 +κ 1 i k1 x i k1 x e dk1 um e dk1 + κ k0 −κ −k0 −κ qui donne naissance à la superposition d’un continuum d’ondes monochromatiques d’égales amplitudes u(x, t) = = "Z −k0 +κ 1 um ei[k1 x−Ω(k1 ) t] dk1 + κ −k0 −κ Z k0 +κ 2 um cos[k1 x − Ω(k1 ) t] dk1 κ k0 −κ Z k0 +κ e i[k1 x−Ω(k1 ) t] k0 −κ dk1 # en utilisant la propriété Ω(−k1 ) = Ω(k1 ). Si κ est petit, on peut approximer la courbe ω = Ω(k1 ) par sa tangente en −k0 ou en k0 , c’est-à-dire ω ∼ Ω(−k0 ) + cg (−k0 )(k1 + k0 ) et ω ∼ Ω(k0 ) + cg (k0 )(k1 − k0 ) . (13) En utilisant la symétrie Ω(−k1 ) = −Ω(k1 ), qui entraı̂ne Ω(−k0 ) = −Ω(k0 ) et cg (−k0 ) = cg (k0 ), cette approximation conduit à u(x, t) ∼ 4um cos[k0 x − Ω(k0 ) t] sin [κ (x − cg t)] . κ (x − cg t) (14) On voit donc que ce paquet d’ondes est constitué d’une “porteuse” de vecteur x) d’onde k0 et de pulsation Ω(k0 ) avec une enveloppe de profil E(x) = sin(κ κ x , de taille caractérisque L = 2π/κ et qui se déplace avec la vitesse de groupe c g (k0 ). Cette vitesse de groupe cg (k0 ) = Ω0 (k0 ) peut être très différente des vitesses de phase cϕ (k1 ) = Ω(k1 )/k1 des ondes qui composent le paquet d’ondes. On peut alors se représenter le mouvement des extrema de la “porteuse” qui sortent de la zone délimitée par l’enveloppe en devenant évanescents. La raison de cette perte d’amplitude au-delà des limites de l’enveloppe peut être vue comme le résultat d’interférences destructives entres les différentes ondes. En effet, les ondes sont en phase au centre de l’enveloppe et les maximas s’y additionnent. Au fur et à mesure que l’on s’éloigne du centre, les maxima sont décalés les uns par rapport aux autres jusqu’à ce que les ondes deviennent en opposition de 10 APM-INPT thu-dispaq (2004), O. Thual (June 8, 2004) phase. Il est remarquable de noter, pour cet exemple comme pour tout autre continuum d’ondes, qu’une fois sortis des limites de l’enveloppe les maxima n’arrivent jamais à se remettre en phase, même partiellement, pour redonner de la force au signal. La même description qualititative est obtenue avec la condition initiale u 0 (x) = 2 um cos(k0 x) e− κ2 2 x2 qui donne naissance au paquet d’ondes u(x, t) ∼ 2 um cos [k0 x − Ω(k0 ) t] e− κ2 2 [x−cg (k0 ) t]2 (15) en approximant Ω(k1 ) ∼ Ω(∓k0 )+cg (k0 )(k1 ±k0 ) puisque κ est supposé petit. L’enveloppe gaussienne E(x) = e− cg (k0 ). κ2 2 x2 se propage donc à la vitesse de groupe b ∗ (k1 + k0 ) + E(k b 1 − k0 ) où la transb0 (k)/um = E D’une manière générale, si u b formée de Fourier E(q) d’une enveloppe E(x) est négligeable pour |q| ≥ κ, on peut écrire u(x, t) = um Z ∞ −∞ h i b ∗ (k1 + k0 ) + E(k b 1 − k0 ) ei k1 x−i Ω(k1 ) t dk1 E = 2 Re um e i q x−i Ω(k0 +q) t b E(q)e dq −∞ Z ∞ i q x−i cg (k0 ) q t b ei k0 x−i Ω(k0 ) t E(q)e dq i k0 x ∼ 2 um Re um Z ∞ −∞ = 2 cos[k0 x − Ω(k0 ) t] E[x − cg (k0 ) t] R ∞ b pour κ petit avec E(x) = −∞ E(q)eiqx dq. L’extension de l’enveloppe E(x) est d’autant plus large que κ est petit, c’est-à-dire que les nombres d’onde |k1 | des ondes du paquet sont proches de k 0 . Notons que nous avons approximé la relation de dispersion ω = Ω(k 1 ) par les relations ω = Ω(±k0 ) + cg (k0 )(k1 − k0 ), et ω = Ω(−k0 ) + cg (−k0 )(k1 + k0 ), dans la mesure où seuls les vecteurs d’onde k 1 proches de ±k0 sont associés à des amplitudes non négligeables. Pour les relations de dispersion approchées, la vitesse de groupe cg (k0 ) = cg (−k0 ) est la même pour tous les vecteurs d’onde k1 (qui restent proches de ±k0 ). On peut dire que l’on a considéré un paquet d’ondes “non dispersif” dans la mesure où la vitesse de groupe de toutes ses ondes est considérée comme étant la même. Nous allons voir maintenant comment agit la “dispersion” des paquets d’ondes en prenant en compte le fait que les vitesses de groupes changent en fonction du nombre d’onde. 2. RÉPONSE IMPULSIONNELLE 1D 2 11 Réponse impulsionnelle 1D On considère un modèle linéaire 1D dont on connaı̂t la relation de dispersion ω = Ω(k1 ) et l’on s’intéresse à l’évolution d’une condition initiale donnée. Pour fixer les idées, on suppose que la condition initiale est localisée dans l’espace. On s’intéresse par exemple aux ondes générées par un caillou que l’on jette dans l’eau. Un cas limite est obtenu en supposant que la condition initiale est très localisée, ce que l’on modèlise par une distribution de Dirac δ(x). Le train d’ondes ainsi généré est la “réponse impulsionnelle” du milieu 1D modélisé. Lorsque le milieu n’est pas dispersif, cette condition initiale donne naissance à un ou plusieurs paquets d’ondes qui se propagent en conservant la même extension spatiale. Lorsque le milieu est dispersif, on montre que la solution aux temps longs est constituée d’un continuum de paquets d’ondes de vecteurs d’onde k a se propageant à leurs vitesses de groupe respectives c g (ka ). Chaque région de l’espace-temps est alors caractérisée par un paquet d’ondes de vecteur d’onde ka particulier provenant du point a de la région de localisation de la condition initiale et ayant voyagé à la vitesse c g (ka ). 2.1 Problème aux conditions initiales On considère tout d’abord l’exemple simple de l’équation aux dérivées partielles suivante (équation de Korteweg deVries linéaire) : ∂u ∂3u ∂u =0, +α +β ∂t ∂x ∂x3 (16) avec la condition initiale u(x, 0) = u 0 (x). Dans ce qui suit, la relation de dispersion de ce modèle ω = Ω(k1 ) = α k1 − β k13 est tantôt définie pour tout k1 ∈ IR, tantôt restreinte aux valeurs k 1 telles que Ω(k1 ) ≥ 0 lorsque l’on adopte la convention ω ≥ 0 (les deux approches sont équivalentes). Pour résoudre ce problème aux valeurs initiales on décompose u 0 (x) en une superposition de modes de Fourier u0 (x) = Z ∞ −∞ b0 (k1 ) ei k1 x dk1 . u (17) b(k1 , t) ei k1 x dk1 . u (18) La solution du problème u(x, t) admet elle aussi une transformée de Fourier b(k1 , t), ce qui s’écrit que l’on note u u(x, t) = Z ∞ −∞ 12 APM-INPT thu-dispaq (2004), O. Thual (June 8, 2004) En reportant cette expression dans le modèle, les amplitudes complexes des modes de Fourier vérifient alors ∂ b(k1 , t) = −i(α k1 − β k13 ) u b(k1 , t) = −i Ω(k1 ) u b(k1 , t) . u (19) ∂t b(k1 , t) évolue donc indépendamment des Chaque composante de Fourier u autres. On peut donc facilement intégrer par rapport au temps en tenant compte de la condition initiale, ce qui conduit à la solution u(x, t) = Z ∞ −∞ b0 (k1 ) ei k1 x−i Ω(k1 ) t dk1 . u (20) Lorsque β = 0, la relation de dispersion ω = α k 1 est telle que cϕ = cg = α : le milieu est non dispersif avec des vitesses de phase et de groupe constantes et égales. La solution s’écrit alors u(x, t) = u 0 (x − α t) et peut être vue comme un paquet d’ondes qui se propage à la vitesse c g sans se disperser. Dans le cas général β 6= 0, la condition initiale va générer un continuum de paquets d’ondes qui vont se propager à des vitesses (de groupe) toutes différentes. L’expression sous forme d’intégrale de la solution permet d’étudier cette dispersion de manière analytique dans certains cas précis, numérique dans tous les cas ou asymptotique dans la limite des temps longs, comme détaillé plus loin. Considérons maintenant l’exemple de l’équation des ondes 2 ∂2u 2 ∂ u − α =0, ∂t2 ∂x2 (21) avec α > 0 dont la relation de dispersion est ω = Ω(k 1 ) = α k avec k = |k1 | b(k1 , t) d’une si l’on adopte la convention ω ≥ 0. La transformée de Fourier u solution u(x, t) vérifie ∂2 b(k1 , t) = −α2 k12 u b(k1 , t) . u (22) ∂t2 On voit que pour résoudre cette équation différentielle ordinaire en t, il b(k1 , 0) = u b0 (k1 ) et faut spécifier deux conditions initiales, par exemple u ∂ b b ∂t u(k1 , 0) = v0 (k1 ). La solution de cette équation différentielle s’écrit alors bL0 (k1 ) = avec u 1 2 b(k1 , t) = u bL0 (k1 ) ei α k1 t + u bR0 (k1 ) e−i α k1 t u h b0 (k1 ) + u 1 b iαk1 v0 (k1 ) i bR0 (k1 ) = et u 1 2 h b0 (k1 ) − u (23) 1 b iαk1 v0 (k1 ) i . Dans l’espace physique, ceci revient à spécifier les conditions initiales u(x, 0) = ∂ u0 (x) et ∂t u(x, 0) = v0 (x), où u0 (x) et v0 (x) sont les transformées de Fourier b0 (k1 ) et vb0 (k1 ). La solution s’écrit alors inverses de u u(x, t) = Z ∞ −∞ bL0 (k1 )e u i k1 (x+α t) dk1 + Z ∞ −∞ bR0 (k1 )ei k1 (x−α t) dk1 u 2. RÉPONSE IMPULSIONNELLE 1D =: 13 uL0 (x + α t) + uR0 (x − α t) (24) On peut écrire cette solution sous la forme uL (x, t) = 2 Re uR (x, t) = 2 Re Z 0 Z−∞ ∞ 0 bL0 (k1 )e u i k1 x−i Ω(k1 ) t dk1 bR0 (k1 )ei k1 x−i Ω(k1 ) t dk1 u = uL0 (x + αt) = uR0 (x − αt) (25) pour faire apparaı̂tre la relation de dispersion ω = Ω(k 1 ) = α k avec la conven∂ u(x, 0) = v0 (x) = 0, on voit que les deux tion ω ≥ 0. Dans le cas particulier ∂t paquets d’ondes émis respectivement à droite et à gauche sont symétriques dans la mesure où uR0 (x) = uL0 (x) = 21 u0 (x). KdV Lineaire 15 Ondes de surface b) 15 10 5 5 w 10 w a) 0 0 -5 -5 -10 -10 -15 -600 -400 -200 0 k 200 400 -15 -600 600 -400 -200 0 200 400 600 k 1 Figure 5: Relations de dispersion pour (a) “KdV linéaire” et (b) les “ondes de surface”. Considérons p enfin la relation de dispersion des ondes de surface qui s’écrit ω = Ω(k1 ) = g k tanh(k h) avec la convention ω ≥ 0. Comme pour l’équation des ondes, cette relation regroupe la dispersion d’ondes se propageant vers la droite ou vers la gauche. La donnée d’une seule condition initiale u 0 (x), représentant par exemple l’élévation de la surface libre, ne suffit pas à déterminer de manière unique la solution du modèle. Il faut ajouter une condition supplémentaire, par exemple le profil initial de vitesse verticale de cette surface libre ou bien le profil initial de pression au fond, etc. La solution est alors la somme de deux paquets d’ondes qui s’écrivent uL (x, t) = 2 Re uR (x, t) = 2 Re Z 0 Z−∞ ∞ 0 bL0 (k1 )e u i k1 x−i Ω(k1 ) t dk1 bR0 (k1 )ei k1 x−i Ω(k1 ) t dk1 u (26) Dans le cas particulier où uL0 = uR0 (symétrie par réflexion x → −x des conditions initiales), l’évolution de la surface libre s’écrit alors u(x, t) = Z ∞ −∞ b0 (k1 )ei k1 x−i Ω(k1 ) t dk1 . u (27) 14 APM-INPT thu-dispaq (2004), O. Thual (June 8, 2004) 2.2 Exemples numériques KdV lineaire KdV lineaire 0.2 0.15 0.15 0.1 0.1 0.05 0.05 0 u u 0.2 -0.05 0 -0.05 -0.1 -0.1 -0.15 -0.15 -0.2 -3 -2 -1 0 x 1 2 -0.2 3 -3 -2 -1 0 1 2 Figure 6: Réponse impulsionelle u(x, t) pour KdV linéaire pour tα {0.86, 1.72} Ondes de surface α β ∈ 0.2 0.15 0.15 0.1 0.1 0.05 0.05 0 u u q Ondes de surface 0.2 -0.05 0 -0.05 -0.1 -0.1 -0.15 -0.2 3 x -0.15 -3 -2 -1 0 1 2 x 3 -0.2 -3 -2 -1 0 1 2 3 x Figureq7: Réponse impulsionelle symétrique u(x, t) pour les ondes de surface pour t hg ∈ {1.6, 3.2} On a vu que la simple donnée d’une relation de dispersion ω = Ω(k 1 ) permettait d’écrire des solutions u(x, t) sous la forme d’une superposition d’ondes u(x, t) = Z ∞ −∞ b0 (k1 )ei k1 x−i Ω(k1 ) t dk1 . u (28) On présente ici les deux exemples de la relation de dispersion de l’équation 3 de Korteweg de Vries (KdV) linéaire Ω(kp 1 ) = α k1 − β k1 et de la relation de dispersion des ondes de surface Ω(k 1 ) = g k tanh(k h) avec k = |k1 |. 2. RÉPONSE IMPULSIONNELLE 1D 15 m b0 (k1 ) = u2π La condition initiale u0 (x) est choisie en prenant u constant, ce qui revient à approximer u0 (x) = um l δ(x) par une distribution de Dirac. Cette condition initiale est suffisante pour “KdV linéaire”. Pour les “ondes de surface”, on ajoute la condition de symétrie de réflexion x → −x qui entraı̂ne que le paquet d’ondes émis vers la droite est le symétrique de celui émis vers la gauche. La solution u(x, t) est alors appelée la “réponse impulsionnelle” du milieu, restreinte au cas symétrique pour le cas des ondes de surface. On parle aussi de “fonction de Green” de l’opérateur linéaire de l’équation aux dérivées partielles considérée. En définissant une grille spatiale discrète et en utilisant une transformée de Fourier discrète, on peut approximer les fonctions de x et représenter graphiquement les solutions u(x, t) pour tout temps t. L’approximation nuq mérique est ici réalisée avec 210 modes de Fourier avec kmax αβ = 1.45 pour “KdV linéaire” et kmax h = 10.24 pour les “ondes de surface” où k max est le nombre d’onde maximal de la troncature dans l’espace spectral. Les solutions u(x, t) ainsi obtenues sont représentées sur les figures 6 et 7 pour q α les temps adimensionnels t α β égaux à 0.86 puis à 1.72 pour “KdV linéaire” q et des temps adimensionnels t hg égaux à 1.6 puis à 3.2 pour les “ondes de surface”. Une dissipation très faible a été ajoutée dans le modèle, afin d’éviter les oscillations trop rapides des ondes les plus courtes. 2.3 Méthode de la phase stationnaire Le tracé graphique des réponses impulsionnelles des relations de dispersion de KdV linéaire ou des ondes de surface dans le cas symétrique (voir figure 8) montre que les paquets d’ondes se propagent en se dispersant. Lorsque le temps devient grand, on voit que l’on peut attribuer une longueur d’onde caractéristique pour chaque position dans l’espace temps. Pour détailler quantitativement cette observation empirique, on va étudier le comportement asymptotique de u(x, t) pour des temps t grands. On choisit le point de vue consistant à se placer dans un repère mobile se déplaçant à une vitesse donnée c. Étant donnée l’expression u(x, t) = Z ∞ −∞ b0 (k1 )ei k1 x−i Ω(k1 ) t dk1 u (29) on choisit donc de considérer la fonction uc (x̃, t) = u(ct + x̃, t) = Z ∞ −∞ b0 (k1 ) ei k1 x̃ ei[k1 c−Ω(k1 )] t dk1 u (30) 16 APM-INPT thu-dispaq (2004), O. Thual (June 8, 2004) a) b) KdV lineaire 2 Ondes de surface 2 1.6 1.4 1.4 1.2 1.2 u 1.8 1.6 u 1.8 1 1 0.8 0.8 0.6 0.6 0.4 0.4 0.2 0.2 0 -1 -0.5 0 0.5 1 x 1.5 2 2.5 3 0 -3 -2 -1 0 1 2 3 x Figure 8: Évolution spatio-temporelle de la réponse impulsionnelle pour les relations de dispersion suivantes : a) KdV linéaire b) Ondes de surface dans le cas d’une condition initiale symétrique. en supposant que x̃ reste petit pour ne pas trop s’écarter de la trajectoire x = ct issue de l’origine. On suppose que c est fixé et l’on s’intéresse au comportement de la solution b0 (k1 ) ei k1 x̃ et ψ(k1 ) = k1 c − Ω(k1 ), on pour t grand. En notant G(k1 ) = u R∞ s’intéresse donc au comportement de la fonction I(t) = −∞ G(k1 ) ei ψ(k1 ) t dk1 lorsque t tend vers l’infini. Les résultats de la méthode de la “phase stationnaire” (voir par exemple l’ouvrage intitulé “Advanced mathematical methods for scientists and engineers” de M. Bender et S. A. Orszag, McGraw-Hill 1978) indiquent que si G(k1 ) est une fonction quelconque et ψ(k 1 ) est une fonction monotone de k1 , la fonction I(t) tend vers zéro plus vite que toute puissance de t lorsque t tend vers l’infini (on peut le voir en effectuant des intégrations par partie). Comme ψ 0 (k1 ) = c − Ω0 (k1 ) = c − cg (k1 ) dans le cas présent, cette situation se rencontre lorsque la vitesse c du repère est plus grande que la plus grande vitesse de groupe ou plus petite que la plus petite vitesse de groupe. Dans le cas non dispersif Ω(k1 ) = c∗ k1 , seul le repère allant à la vitesse c = c ∗ permet d’observer un signal qui ne décroı̂t pas exponentiellement en temps, ce signal étant celui du paquet d’ondes se déplaçant sans déformation. Lorsque la fonction ψ(k1 ) admet un extremum en k1 = kc , la méthode de la “phase stationnaire” indique que le comportement asymptotique de l’intégrale I(t) pour t grand est entièrement gouverné par le voisinage proche de k c . Ceci est dû au fait que, pour t grand, les oscillations en k 1 de la fonction eiψ(k1 )t conduisent à une contribution nulle pour l’intégrale, sauf au voisinage de k c , 2. RÉPONSE IMPULSIONNELLE 1D 17 comme l’illustre la figure 9. 4 3 3 3 2 2 1 1 0 -1 -1 -2 -2 -3 -3 -4 -4 -5 g(k) cos[ y (k) t] 5 4 y 5 4 g 5 2 1 0 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 k 1.2 1.4 1.6 1.8 -5 2 0 -1 -2 -3 -4 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 k 1.4 1.6 1.8 2 -5 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 k 1.2 1.4 1.6 1.8 2 Figure 9: Exemple de fonctions G(k1 ) et ψ(k1 ) et évolution de G(k1 )eiψ(k1 ) pour t ∈ [0, 100]. Cette situation se rencontre lorsque la relation de dispersion Ω(k 1 ) est dispersive et pour des valeurs de c telles qu’il existe un nombre d’onde k c vérifiant cg (kc ) = c. Dans ce cas, la méthode de la “phase stationnaire” conduit au comportement asymptotique suivant : I(t) = ∼ Z ∞ G(k1 ) ei ψ(k1 ) t dk1 Z−∞ kc + kc − 1 G(kc ) ei ψ(kc ) t+ 2 i ψ ∼ G(kc ) ei ψ(kc ) t Z ∞ ei γ q 2 t 00 (k c ) (k1 −kc ) 2 t dk1 dq , (31) −∞ où est un paramètre arbitrairement petit et γ = 21 ψ 00 (kc ). Lorsque γ > 0, la déformation des contours dans le plan complexe à l’aide de quarts de cercle reliant la droite réelle à la droite q = s e iπ/4 permet d’écrire Z ∞ e i γ q2 t dq = 2e iπ/4 −∞ Z ∞ e 0 −γ s2 t ds = r π iπ/4 e . γt (32) Lorsque γ < 0, on procède de même avec la droite q = s e −iπ/4 . En remarquant que l’on a ici γ = 21 ψ 00 (kc ) = − 21 Ω00 (kc ), on obtient finalement b0 (kc ) uc (x̃, t) = u(ct + x̃, t) ∼ u s 2π |Ω00 (k π c )| t ei kc (c t+x̃)−i Ω(kc ) t+i µ 4 . (33) où µ = 1 lorsque Ω00 (kc ) < 0 et µ = −1 lorsque Ω00 (kc ) > 0. En posant x = c t + x̃, on obtient le comportement asymptotique b0 (kc ) u(x, t) ∼ u s 2π |Ω00 (k c )| π t ei kc x−i Ω(kc ) t+i µ 4 . (34) qui décrit la solution pour les temps longs, et au voisinage de la trajectoire d’équation x = c t issue de l’origine. Ce comportement est celui d’une onde 18 a) APM-INPT thu-dispaq (2004), O. Thual (June 8, 2004) 14 b) 2.5 12 w 10 2 w 8 1.5 c 6 4 f c 1 2 cg 0 0.5 c -2 -4 0 50 100 150 200 250 k 300 350 400 f 450 500 0 0 0.5 1 1.5 2 g 2.5 3 3.5 4 4.5 5 k Figure 10: Relation de dispersion (ω), vitesse de phase (c ϕ ) et vitesse de groupe (cg ) pour : a) KdV linéaire, b) ondes de surface. monochromatique de nombre d’onde k c . Son amplitude décroı̂t comme t−1/2 à cause de la dispersion. Une manière d’interpréter ce résultat consiste à dire qu’au voisinage du point (x, t), on trouve un paquet d’ondes de vitesse de groupe c g = c = x/t dont la “porteuse” est caractérisée par le nombre d’onde k c qui vérifie cg (kc ) = c = x/t. On observe ce nombre d’onde dans le voisinage de (x, t) dans la mesure où seul un paquet d’ondes de nombres d’onde voisins de k c produit des interférences constructives avec des maxima en phase. Au-delà d’une région correspondant à ce paquet d’ondes, ces ondes ont des interférences destructives et ne produisent plus de contribution au signal. Ce sont alors d’autres ondes, avec d’autres nombres d’onde qui seront observées. L’examen des vitesses de groupe de la figure 10 permet d’interpréter ainsi l’évolution des profils de la figure 8. Pour la relation de dispersion de KdV linéaire, on remarque en effet que l’existence de vitesses de groupe négatives pour les grand k1 (petites longueurs d’onde) se traduit par la propagation d’ondes courtes vers la gauche (rapidement dissipées par la dissipation artificielle introduite pour la simulation numérique). Les ondes les plus rapides sont les plus longues (petits k1 donc grandes longueurs d’onde), et se propagent vers la droite avec la vitesse de groupe maximale c g (0) = α. 0 Pour la relation de dispersion des ondes hde surface, on a c g (k) i = Ω (k) avec p 1 Ω(k) = g k tanh(k h) et donc cg = cϕ 2 + kh/ sinh(2 k h) . On remarque que le train d’ondes se propageant vers la droite effectue √ un tri entre les grandes ondes, rapides et de vitesse de groupe maximale gh, et les petites ondes, d’autant plus lentes que courtes, qui sont aussi les premières à être 3. TRACÉ DE RAYONS DANS L’ESPACE-TEMPS 19 dissipées par la dissipation artificielle introduite. Pour les deux relations de dispersion, la dissipation artificielle est négligeable pour les grandes longeurs d’ondes (amortissement proportionnel à −k 12 ). La décroissance de l’amplitude √ des paquets d’ondes est due à leur dispersion et se comporte comme 1/ t. 3 Tracé de rayons dans l’espace-temps L’examen de la réponse impulsionnelle d’un milieu dispersif a permis de mettre en évidence les droites x = c t le long desquelles se propagent des paquets d’ondes de nombre d’onde kc . Ce résultat est un cas particulier du cas très général où ces rayons ne sont pas forcément concourants en t = 0. On peut en effet considérer une condition initiale u 0 (x) déjà dispersée au point de pouvoir affecter un vecteur d’onde k0 (x), représentatif d’un paquet d’ondes, en chaque point x. Le tracé de rayons consiste à dire que ces paquets d’ondes voyagent à leur vitesse de groupe cg [k0 (x)] en conservant leur vecteur d’onde caractéristique. Pour montrer ce puissant résultat, il faut recourir à la méthode asymptotique WKB (Wentzel, Kramer, Brillouin) ou WKBJ (et Jeffreys) dont l’ordre dominant est appelé “approximation de l’optique géométrique” et conduit justement au tracé de rayons que l’on vient de décrire. Pour justifier cette méthode, il faut tout d’abord justifier la définition du champ de phase ϕ(x, t) d’un train d’ondes suffisamment dispersé. Pour introduire cette notion, nous revenons tout d’abord à la forme de la réponse impulsionnelle du milieu obtenue par la méthode de la phase stationnaire. 3.1 Champ de phase d’un train d’ondes dispersé La méthode de la phase stationnaire a permis d’écrire la réponse impulsionnelle d’un milieu dispersif sous la forme 1 u(x, t) ∼ √ A (x/t) ei ϕ(x,t) t (35) lorsque le paquet d’ondes est suffisamment dispersé, c’est-à-dire aux temps longs. La fonction ϕ(x, t) est définie par ϕ(x, t) = kc (x/t) x − Ω [kc (x/t)] t avec cg [kc (x/t)] = x . t (36) Une première interprétation de cette expression, déjà utilisée, consiste à poser x = c t + x̃. Lorsque t est grand, les fonctions A(x/t) et k c (x/t) varient lentement avec x et on peut les considérer constantes si x̃ reste petit devant 20 APM-INPT thu-dispaq (2004), O. Thual (June 8, 2004) leur (grande) échelle de variation spatiale. On peut alors écrire u(x, t) ∼ 1 √ A(c)eiϕ(x,t) avec ϕ = kc x − Ω(kc )t + ϕc , pourvu que x̃ = x − c t reste petit. t Une autre approche consiste à remarquer que la définition de ϕ(x, t) entraı̂ne ∂ϕ ∂ϕ ∂x (x, t) = kc (x/t) et ∂t (x, t) = −Ω [kc (x/t)]. On a en effet ∂ϕ x (x, t) = kc0 (x/t) − cg [kc (x/t)] + kc (x/t) ∂x t x ∂ϕ x 0 (x, t) = − kc (x/t) − cg [kc (x/t)] − Ω [kc (x/t)] , ∂t t t (37) ce qui conduit au résultat annoncé en remarquant que x/t = c g [kc (x/t)]. Cette dispersion aux temps longs de la réponse impulsionnelle, issue d’une condition initiale localisée, est un cas particulier de la famille des trains d’ondes “dispersés” qui s’écrivent sous la forme u(x, t) ∼ um (x, t)eiϕ(x,t) (38) où um (x, t) est une fonction lentement variable en espace et en temps. À partir du champ de phase ϕ(x, t), on définit les champs k1 (x, t) = ∂ϕ (x, t) ∂x et ω(x, t) = − ∂ϕ (x, t) ∂t (39) que l’on peut interpréter respectivement comme le nombre d’onde local et la pulsation locale en (x, t). On dit que le train d’ondes est “dispersé” si ces deux champs varient lentement en espace et en temps. C’est bien le cas de la réponse impulsionnelle aux temps longs. Dans ce dernier cas, nous avons aussi montré le résultat important ω(x, t) = Ω[k1 (x, t)] . (40) En chaque point, le vecteur d’onde local et la pulsation locale sont reliés par la relation de dispersion du milieu. Nous allons voir, grâce à la méthode WKB, que ce résultat est vrai pour tout train d’ondes dispersé approximant une solution du modèle linéaire étudié. 3.2 Méthode WKB (Wentzel, Kramer, Brillouin) On considère l’exemple du modèle de Korteweg de Vries linéaire ∂u ∂3u ∂u =0. +α +β ∂t ∂x ∂x3 (41) On cherche des solutions sous la forme i u(x, t) = um (x, t) ei ϕ(x,t) = un e Φ( x, t)+Σ( x, t) , (42) 3. TRACÉ DE RAYONS DANS L’ESPACE-TEMPS 21 où un est une constante dimensionnelle (même unité que u), et Φ(X, T ) et Σ(X, T ) des champs réels définis pas u m (x, t) = un eΣ( x, t) et ϕ(x, t) = 1 Φ( x, t). On suppose que est un petit paramètre afin de décrire une situation où les ondes sont localement monochromatiques. On dit que l’on est présence d’un paquet d’ondes “très dispersé”. En notant X = x et T = t et en reportant l’expression asymptotique de u dans cette équation, l’ordre dominant en est une équation pour la phase Φ(X, T ) qui s’écrit ∂Φ 3 ∂Φ ∂Φ +α −β =0. (43) ∂T ∂X ∂X En notant ϕ(x, t) = 1 Φ( x, t) on obtient donc la phase de la solution asymptotique u(x, t) = um (x, t) ei ϕ(x,t) en résolvant l’équation ∂ϕ ∂ϕ =α −β − ∂t ∂x ∂ϕ ∂x 3 ∂ϕ =Ω ∂x (44) où l’on reconnaı̂t la fonction Ω(k 1 ) = α k1 − β k13 intervenant dans la relation de dispersion ω = Ω(k1 ) du modèle linéaire de Korteweg de Vries. a) 2 1.5 0.15 1 0.1 0.05 0 u w 0.5 -0.5 0 -0.05 -1 -0.1 -1.5 -2 -1.5 KdV lineaire 0.2 b) -0.15 -1 -0.5 0 k 1 0.5 1 1.5 -0.2 -3 -2 -1 0 x 1 2 3 Figure 11: (a) Relation de dispersion de KdV linéaire (b) Solution u(x, t) après dispersion d’une impulsion initiale. L’ordre dominant du développement asymptotique WKB (parfois appelé ordre de l’optique géométrique) permet donc de déterminer la phase ϕ(x, t) comme solution d’une équation aux dérivées partielles (non-linéaire) appelée équation de l’Eikonale. L’amplitude u m (x, t) du paquet d’ondes est déterminée à l’ordre suivant (ordre de l’optique physique). Cet exemple simple se généralise à tous les systèmes d’ondes de relation de dispersion ω = Ω(k1 ). Lorsque les ondes sont suffisamment dispersées, on 22 APM-INPT thu-dispaq (2004), O. Thual (June 8, 2004) peut écrire les champs solutions sous la forme i u(x, t) = un e Φ( x, t)+Σ( x, t) . (45) L’ordre dominant de cette asymptotique WKB (ordre de l’optique géométrique) indique que la phase ϕ(x, t) = 1 Φ( x, t) du champ u(x, t) = um (x, t) ei ϕ(x,t) est solution de l’équation de l’Eikonale − ∂ϕ(x, t) ∂ϕ =Ω (x, t) . ∂t ∂x (46) Nous allons montrer que les solutions ϕ(x, t) de cette équation s’obtiennent à l’aide d’une méthode appelée “tracé de rayons”. On ne s’intéresse pas, ici, à l’amplitude um (x, t) du train d’ondes. 3.3 Tracé de rayons dans l’espace-temps Étant donné un modèle linéaire de relation de dispersion ω = Ω(k 1 ) on s’intéresse à la phase ϕ(x, t) d’un paquet d’ondes dispersé u m (x, t) eiϕ(x,t) solution de l’équation de l’Eikonale ∂ϕ ∂ϕ =Ω − ∂t ∂x . (47) On définit ω(x, t) = − ∂ϕ ∂t la pulsation locale du paquet d’ondes et k 1 (x, t) = le vecteur d’onde local. L’équation de l’Eikonale s’écrit donc ω(x, t) = Ω[k1 (x, t)] . ∂ϕ ∂x (48) On en déduit que le champ k1 (x, t) vérifie l’équation d’advection ∂k1 ∂k1 + cg (k1 ) =0 ∂t ∂x (49) où cg (k) = Ω0 (k1 ) est la vitesse de groupe. En effet, la définition k 1 = ∂ϕ ∂k1 ∂x du vecteur d’onde local et l’équation de l’Eikonale entraı̂nent que ∂t = ∂k1 ∂k1 ∂ ∂ ∂ 0 ∂x ∂t ϕ = − ∂x [Ω(k1 )] = −Ω (k1 ) ∂x = −cg (k1 ) ∂x . On souhaite résoudre cette équation à partir d’une condition initiale k 1 (x, 0) = k0 (x) qui découle de la phase initiale ϕ(x, 0) = ϕ0 (x) d’une condition initiale u0 (x) = um0 (x)eiϕ0 (x) 0 par la relation k0 (x) = ∂ϕ ∂x (x). On reconnait ici l’équation d’advection du champ scalaire k 1 (x, t) par la vitesse cg . La méthode de tracé de rayons, permet de résoudre cette équation aux dérivées partielles. Il s’agit en fait de la méthode des caractéristiques 3. TRACÉ DE RAYONS DANS L’ESPACE-TEMPS 23 que l’on nomme rayons dans le présent contexte de propagation de paquets d’ondes. Cette méthode s’interprète aussi à l’aide des représentations eulérienne et lagrangienne du mouvement induit par ce champ de vitesse. On peut en effet définir une famille de “trajectoires” solutions du système dynamique suivant : ẋ = cg (k1 ) et k˙1 = 0 (50) dk où ẋ = dx dt et k̇ = dt désignent les dérivées par rapport au temps. Ces trajectoires sont paramétrées par les conditions initiales x(0) = a et k 1 (0) = ka . Elle s’écrivent x(t) = a + cg (ka ) t. On décide d’appeler “rayons” ces droites dans IR. t ka ka 0 a x Figure 12: Tracé de rayons dans l’espace-temps On suppose ensuite que ces rayons ne se coupent pas dans un intervalle de temps fini, ce qui est le cas si k0 (x) est une fonction continue. Étant donné le couple (x, t), on peut donc remonter à la condition initiale a = A(x, t) solution de l’équation implicite x = a+c g [k0 (a)] t. On considère alors le champ k1 (x, t) = k0 [A(x, t)] en utilisant la même notation k 1 pour le champ k1 (x, t) et la trajectoire k1 (t) (un autre abus de notation permet à x de désigner à la fois une trajectoire x(t) et la variable d’espace des champs). En résolvant le simple système dynamique à deux degrés de liberté ẋ = c g (k1 ) et k˙1 = 0, on a bien construit une solution k 1 (x, t) de l’équation d’advection 1 + cg (k1 ) ∂k ∂x = 0. Ce système dynamique définit des “rayons” x(t) dans IR qui “transportent” les vecteurs d’onde k 1 (t) issus des conditions initiales k1 (0) = k0 (a). Pour tout couple (x, t), le vecteur d’onde k 1 (x, t) est obtenu en regardant le vecteur d’onde transporté par le rayon qui passe par x à l’instant t. ∂k1 ∂t Notons que cette détermination des solutions par la méthode des caractéristiques (tracé de rayons) n’est possible que dans les régions du plan (x, t) où les 24 APM-INPT thu-dispaq (2004), O. Thual (June 8, 2004) caractéristiques (rayons) ne se croisent pas. Lorsque c’est le cas, on appelle caustiques les enveloppes des courbes caractéristiques (rayons). Au voisinage des courbes caustiques, l’approche WKB n’est plus valable dans la mesure où le second ordre (ordre de l’optique physique) prédit une amplitude des ondes infinies (non démontré ici). On peut aussi dire qu’au voisinage des caustiques les ondes ne sont plus dispersées, comme nous l’avions supposé au départ, dans la mesure où plusieurs vecteurs d’onde sont définis en un même point. On doit alors faire intervenir les phénomènes de diffraction qui se traduisent par une diffusion de l’énergie à travers les tubes de rayons. Le phénomène de diffraction n’est pas abordé ici. Conclusion Nous avons introduit rapidement les notions de relations de dispersion ω = b(k1 , t) dans un milieu 1D. Le Ω(k1 ) et de transformée de Fourier u(x, t) ↔ u problème du train d’ondes généré par une condition initiale a été alors abordé. Nous avons tout d’abord étudié le cas d’un paquet d’ondes ayant des nombres d’onde voisins de k0 . Dans l’espace physique, le signal peut être vu comme une onde porteuse de nombre d’onde k 0 , modulée par une enveloppe localisée dont l’étendue est d’autant plus grande que le spectre dans l’espace spectral est étroit autour de k0 . Cette enveloppe se propage à la vitesse de groupe cg (k0 ) = Ω0 (k0 ) qui est en général différente de la vitesse de phase de l’onde porteuse cϕ (k0 ) = Ω(k0 )/k0 (le milieu est non-dispersif en cas d’égalité). Le centre de l’enveloppe est caractérisé par des interférences constructives entre le continuum d’ondes de nombres d’onde proches de k 0 . A l’extérieur de cette enveloppe, les interférences sont partout destructrices (sauf s’il n’y a qu’un nombre fini d’ondes dans le paquet). Nous avons ensuite étudié le cas d’un train d’ondes dont les nombres d’onde peuvent couvrir une grande partie du spectre k 1 . C’est le cas de la réponse impulsionnelle du milieu 1D lorsque la condition initiale u 0 (x) est une distribution de Dirac, mais aussi celui d’une condition initiale quelconque. Aux temps longs, le train d’onde est suffisamment dispersé pour que l’on puisse associer à chaque point (x, t) de l’espace-temps un paquet d’ondes de nombre d’onde k1 (x, t) et de pulsation ω(x, t) = Ω[k1 (x, t)]. En terme de superposition d’ondes monochromatiques, le point (x, t) est tel que les ondes de vecteur d’onde k1 (x, t) interfèrent de manière constructive. En un autre point, elles interfèrent de manière destructive et d’autres paquets d’ondes sont observés. Ces paquets d’ondes de vecteur d’onde k a voyagent avec leur vitesse de groupe le long de droites d’équation x = a + c g (ka ) t. On peut aussi voir l’ensemble 3. TRACÉ DE RAYONS DANS L’ESPACE-TEMPS 25 des rayons comme l’ensemble des trajectoires du système dynamique ẋ = cg (k1 ) et k˙1 = 0 avec les conditions initiales x(0) = a et k 1 (0) = ka . Si la condition initiale peut s’écrire sous la forme u 0 (x) = um0 (x) eiϕ0 (x) où um0 (x) 0 et k0 (x) =: ∂ϕ ∂x (x) sont lentement variables en espace, la solution issue de cette condition initiale s’écrit sous la forme u(x, t) = u m (x, t) eiϕ(x,t) où la ∂ϕ ∂ϕ phase ϕ(x, t) est solution de l’équation de l’Eikonale − ∂t = Ω ∂x , c’est- ∂ϕ à-dire ω(x, t) = Ω[k1 (x, t)] avec ω = − ∂ϕ ∂t et k1 = ∂x . La justification de ce résultat repose sur le développement asymptotique de WKB qu’il convient d’expliciter pour chacun des modèles linéaires considérés. Cette équation ∂k1 1 entraı̂ne ∂k ∂t + cg (k1 ) ∂x = 0 qui se résout par la méthode du tracé de rayons décrit précédemment. Cette méthode, qui est en fait la méthode des caractéristiques pour la résolution de l’équation de l’Eikonale, cesse d’être valide lorsque les rayons se coupent. La détermination de l’amplitude u m (x, t) n’a pas été abordée ici. Elle s’obtient au second ordre de l’approximation WKB, appelé “approximation de l’optique physique”, le premier ordre étant appelé “approximation de l’optique géométrique” (tracé de rayons).