Corpus Médical – Faculté de Médecine de Grenoble
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D. W. Bates (Brighan and women’s hosp. Boston) observe que sur une cohorte de 995
patients se présentant à une consultation hospitalière de médecine générale, 271 soit 27 % se
plaignent d’une fatigue inhabituelle interférant avec leur mode de vie durant au moins 6 mois.
121 de ses patients signalent d’emblée une pathologie organique ou psychiatrique pouvant
expliquer la fatigue. L’examen du malade et des éléments de son dossier relève chez 65 autres
patients une pathologie coexistante expliquant la fatigue et finalement 85 soit 8,5 % ont une
fatigue apparemment inexpliquée.
3. Diagnostic étiologique
L’importance de la fatigue dans la description séméiologique de différentes maladies n’est
pas le reflet exact des probabilités diagnostiques lorsque la fatigue est isolée et la recherche
casuistique nous renseigne sur les affections à évoquer dans cette situation.
Les publications s’intéressant aux malades présentant une fatigue en tant que symptôme
prédominant voire unique ne représentent que moins de 15 % des asthéniques.
Morrisson dans une série de 176 patients présentant une fatigue dont l’étiologie n’apparaît pas
évidente au terme d’une première consultation, trouve au terme de la démarche diagnostique
39 % de causes organiques, 41 % de causes psychiques, 12 % de causes mixtes, 8 % de
causes indéterminées.
Kahendall retrouve 36 % de causes organiques, 37 % de causes psychiques, 12 % de causes
physiologiques et 16 % de causes indéterminées.
Si l’asthénie psychogène représente le pourcentage le plus élevé de diagnostics, les étiologies
organiques sont souvent les seules envisagées par le malade et doivent rester au premier plan
des préoccupations du médecin en raison des conséquences graves des erreurs diagnostiques.
Les caractères séméiologiques différenciateurs entre fatigue organique et psychique sont le
plus souvent fragiles, d’autant plus qu’une fatigue organique peut engendrer un sentiment de
lassitude.
On peut cependant schématiquement retenir qu’une fatigue à prédominance vespérale ne
s’accompagnant pas ou peu de modification de l’état mental, à prédominance de fatigabilité
musculaire, liée à l'effort, constante d’un jour à l’autre, améliorée par le repos est plus
probablement organique et qu’une fatigue à prédominance matinale d’une grande variabilité
d’un jour à l’autre, pour laquelle le repos est inefficace voire aggravant, qui est levée lors de
certaines activités est plus probablement psychique d’autant plus qu’elle est accompagnée de
signes fonctionnels riches et variés, contrastant avec l’absence d’altération de l’état général.
3.1. Une étiologie infectieuse
Une étiologie infectieuse est souvent évoquée compte tenu du caractère asthéniant des
maladies infectieuses, notamment lorsqu’elles sont dues à des agents intra-cellulaires ou
lorsqu’elles ont pour cibles certains organes tel que le foie ou le système nerveux central. Si
dans la majorité des cas des signes plus évocateurs que le sentiment de lassitude orientent le
diagnostic, une fatigue apparemment isolée peut conduire au diagnostic d’hépatites virales,
d’herpès virus (EBV, CMV), d’infection à VIH, d’infection à parvovirus B19, de tuberculose,
de brucellose, de maladie de Lyme, de fièvre Q, de rickettsiose.
Ces faits ont popularisé l’idée qu’une fatigue chronique pouvait avoir une origine infectieuse,
cependant dans une cohorte prospective en médecine générale Wessely n’a pas mis en
évidence de relation statistiquement significative entre le début d’une fatigue chronique et un
épisode infectieux.