LB DEVOIR INTÉCBAL DE LA PHILOSOPHIE 885
Qu'il me 80Ít permis, malgré ou a cause de ma 88 eme amiée, de
presentar quelques réflexions que j'aurais aimé definir avec vous,
afín de rapporter de votre hospitalité un surcroit de lumiére pour
l'achévement des demiéres legons que je voudrais publier comme
une conclusión d'ensemble de mon témoignage spirituel.
Quel est le role normal du philosophe et quel est celui de l'his-
torien en face des faits et des dogmes chrétiens? La difficulté nail
de ce que ees faits semblent rentrer dans la serie des événements
temporels, relatifs et contingents, tandis que la foi les présente com-
me ayant une valeur étemelle, absolue, universelle et indispensable
au salut de tous. D'autre part, ees réalités historiques supportent
ou incament, d'aprés la révélation surnaturelle, des vérites qui pa-
raissent inaccessibles, déconcertantes méme pour la raison, en sorte
que l'on voit surgir, parmi les esprits critiques et métaphysiques, une
opposition, pour ainsi diré a priori, contre l'intelligibilité et la possi-
bilité méme de tout cet ordre, prétendu surnaturel, et cependant
imposé á la conscience.
Pour résoudre cette question préalable qui arréte tant d'ámes de
bonne volonté et qui entretient chez un nombre croissant Tidée que
le christianisme, apres avoir rendu de précieux services, en des temps
oii la pensée n'avait encoré que des exigences limitées, ne peut plus
méme étre sérieusement discute, exige un examen méthodique, une
reprise en sous-ceuvre de notre conception philosophique elle-méme.
Soit au point de vue historique, soit sous l'aspect métapbysique, nous
avons á montrer que le témoignage de la foi est non seulement receva-
ble,
maís que I'historien et le philosophe, sans empiéter sur un domainc
qui n'est pas le leur, ont, chacun pour leur part, á jouer un double
role dont ils ne peuvent se dispenser sans étre inconséquents avec
eux-mémes et sans manquer á une part, essentielle, de leur tache, sur
le terrain de leur compétence et de leurs obligations.
Dans Tordre des faits d'abord, Fhistorien n'a pas á se prononcer
sur le caractére transcendant des faits chrétiens; mais il n'a pas non
plus á les contredire, car jamáis, dans l'ordre empirique ou méme
selon l'interprétation des faits contingents qui sont á sa portee, le
critique le plus érudit et le plus averti ne saurait ni definir ni
discemer en fait ce qui est simplement naturel et transitoire ou ce
qui est supérieur aux contingences et aux relations communes des
états successifs dans la nature ou rhumanité. Qu'a-t-il done á faire
Actas del Primer Congreso Nacional de Filosofía, Mendoza, Argentina, marzo-abril 1949, tomo 2