Données épidémiologiques
présence de symptômes et sur une diminution de l’adaptation et un retentis-
sement sur le fonctionnement psychologique et social. Une étude épidémio-
logique similaire à l’enquête de l’île de Wight a été menée en France dans la
région de Chartres chez des enfants d’âge scolaire (Fombonne, 1989 ; Fom-
bonne, 1992 ; Fombonne, 1994a). Le tableau 1.I résume les résultats de quel-
ques grandes enquêtes récentes de ce type, fournissant le taux de prévalence
pour l’ensemble des troubles psychiatriques et, parfois, une estimation séparée
pour la morbidité attribuable aux troubles de nature émotionnelle (troubles
anxieux et affectifs) et aux troubles comportementaux (comprenant les trou-
bles oppositionnels et des conduites, et les troubles hyperkinétiques).
Ces taux reflètent donc la morbidité psychiatrique globale attribuable aux
troubles psychiatriques communs, mais ils n’incluent généralement pas celle
liée à des troubles plus rares (par exemple, l’autisme) qui ne peuvent être
étudiésqu’avec d’autres méthodes d’enquête. Des revues détaillées des enquê-
tes générales de santé mentale de l’enfant apparaissent régulièrement dans la
littérature (Gould et coll., 1981 ; Verhulst et Koot, 1995 ; Bird 1996 ; Roberts
et coll., 1998). Dans son analyse détailléede49 études épidémiologiques
menées de 1965 à 1993, Verhulst a conclu qu’un taux de prévalence moyen de
12,3 % pouvait être retenu pour tous les troubles psychiatriques communs
confondus. Le taux obtenu dans la seule étude française (12,4 %) de ce type
(Fombonne, 1994a) est concordant avec cette estimation. Les taux globaux
varient assez peu avec l’âge, avec une tendance à une légère augmentation à
l’adolescence dans certains travaux. Cependant, l’analyse des taux spécifiques
à certains troubles psychiatriques montre des effets plus marquésdel’âge. Par
exemple, la dépression et l’anorexie mentale sont rares chez l’enfant et leur
incidence augmente massivement au cours de l’adolescence. Les troubles
hyperkinétiques ou l’autisme infantile ont, au contraire, un âge précoce d’ap-
parition. Dans l’ensemble, les troubles psychiatriques impliquant des pertur-
bations du développement de fonctions psychologiques de base sont plus
fréquents chez les garçons de même que les troubles extériorisés du comporte-
ment. À l’inverse, les perturbations affectives et émotionnelles sont plus
fréquentes chez les filles. Ces différences sont robustes et ont été mises en
évidence dans plusieurs pays à un niveau symptomatique (Achenbach et coll.,
1990 ; Fombonne, 1992) et diagnostique. Les études mettent généralement en
évidence une association positive avec les classes sociales les plus basses. Des
comparaisons régionales et entre zones rurales et urbaines ont aussi montré
que les taux de symptômes et troubles psychiatriques sont plus élevés dans les
villes que dans les campagnes, reflétant la concentration dans les zones urbai-
nes de facteurs ou situations à risque pour le développement de la psychopa-
thologie. Des études transculturelles comparant des enfants/adolescents de
pays différents et évalués au moyen d’instruments rigoureusement identiques
ont montré un certain nombre d’invariants dans l’expression des troubles
psychopathologiques ainsi que certaines différences culturelles dans leur ap-
préciation par les adultes (Stanger et coll., 1993 ; Weisz et Eastman, 1995 ;
Crijnen et coll., 1999). Par exemple, dans une comparaison de deux grandes 5
ANALYSE