
Nabil Maghrebi and Abbas Mirakhor, Partage des Risques… 5
1. Introduction
« L’inclusion économique, qui s’entend de la facilitation de l’accès à une
éducation de qualité, à la nutrition, aux soins de santé et aux marchés pour
l’ensemble de nos citoyens, est par conséquent une nécessité pour la croissance
durable. C’est également, bien évidemment, un impératif moral ».Raghuram
Rajan, 2015.
De nombreuses réflexions ont été consacrées aux concepts économiques du
développement, se fondant sur des institutions œuvrant pour la stabilité
économique et politique, ainsi que l’application des droits de propriété, entre
autres. Le développement humain et économique peut se mesurer à l’amélioration
de la qualité de l’éducation, de la santé, des infrastructures de base, ainsi que de
l’inclusion financière. Iqbal and Mirakhor (2013) soutiennent qu’il existe quatre
dimensions de l’inclusion financière, à savoir la facilité d’accès aux services
financiers pour tous les ménages, la concurrence entre les fournisseurs de
services, l’existence d’institutions financières viables, et une règlementation
prudentielle efficace. Compte tenu de l’état de précarité des ménages les plus
pauvres, moins favorisés en termes de mobilité ascendante, il existe clairement
une forte demande de services publics et de ressources physiques et financières.
Toutefois, la question essentielle demeure de savoir si, en plus de l’accès aux
services financiers, l’accent ne doit pas être mis également sur les modes de
financement dont l’accès est facilité. Il est possible d’affirmer que l’essentiel de
l’emprunt informel en faveur des pauvres est destiné à des fins qui auraient pu
être prises en charge par la santé et l’éducation. Outre l’élargissement des
programmes publics à ces domaines importants, il convient de reconnaitre que
l’octroi de crédits formels aux pauvres ne peut favoriser que l’endettement
excessif. D’où la nécessité de solutions de rechange afin de promouvoir un accès
prudentiel aux opportunités de financement et de partage du risque. L’accès au
financement est important en lui-même, mais une réflexion constructive et des
stratégies novatrices sont également nécessaires afin de canaliser les ressources
financières, de manière efficace et responsable, vers une plus grande participation
dans les activités économiques et le partage de la prospérité.
Le présent article s’intéresse à la question de savoir lequel, entre le mécanisme
du partage du risque et celui du transfert du risque, est le plus susceptible
d’assurer le partage des avantages de la prospérité économique. Le principal
enjeu est de démontrer que le double défi de la croissance économique équitable