La mobilisation de ressources au profit des activités

Organisation des Nations Unies pour léducation, la science et la culture
CLT-98Konf.21 O/Ref. 7
Paris, décembre 1997
Original : anglais
CONFERENCE INTERGOUVERNEMENTALE SUR LES POLITIQUES
CULTURELLES POUR LE DEVELOPPEMENT
(Stockholm, Suède, 30 mars - 2 avril 1998)
LA MOBLISATlON DE RESSOURCES AU PROFIT
DES ACTIVITES CULTURELLES
Michihiro Watanabe
CLT-98/Conf.21O/CLD.8
NOTE EXPLICATIVE
Pour approfondir sur le plan intellectuel la préparation de la Conférence de
Stockholm, lUNESCO a demandé à déminents spécialistes de rédiger de brèves
communications faisant le point de la situation en ce qui concerne les thèmes
secondaires inscrits à son ordre du jour préliminaire. Chacun de ces spécialistes
a été prié de prendre pour point de départ les idées exposées dans le rapport de
la Commission mondiale de la culture et du développement, Notre diversité
créatrice. Chaque auteur a également été invité à soumettre librement les
nouvelles idées, les analyses et les recommandations qui lui paraissent de nature
à améliorer ou renforcer la définition et la mise en oeuvre des politiques relatives
au thème dont lexamen lui est confié. Ces contributions, commandées grâce au
soutien financier du Ministère suédois de léducation, seront diffusées aux
participants, et le Secrétariat de lUNESCO sen inspirera pour rédiger le
document de base de la Conférence. Chaque auteur est responsable du choix et
de la présentation des faits mentionnés dans sa communication ainsi que des
opinions qui y sont exprimées, lesquelles ne sont pas nécessairement celles de
lUNESCO et nengagent pas lOrganisation.
N.B. Ces communications pourront également être consultées sur Ilnternet au
site suivant: http://www.unesco-sweden.org/conference/papers.htm
Résumé
1. Les ressources publiques
La plupart des budgets gouvernementaux consacrés à la culture sont aujourdhui en
stagnation. La situation est particulièrement critique dans les anciens pays socialistes
dEurope orientale et dAsie centrale et dans les pays les moins avancés dAsie,
dAfrique et dAmérique latine, le secteur culturel souffre toujours dun grave
manque de fonds chronique. Les responsables de la planification et de lexécution
des politiques culturels se montrent pessimistes sur la possibilité de réunir assez de
ressources publiques.
Partout, les politiques culturelles semblent frappées dambiguïté et dillogisme.
Lexamen et la comparaison à léchelle internationale de lefficacité de ces politiques
permettrait aux gouvernements de renforcer leur propre position en mobilisant un
soutien aux dépenses culturelles. II est urgent de trouver des façons plus cohérentes
et coordonnées de collecter et danalyser linformation disponible dans ce domaine.
Les pratiques administratives existantes encouragent fréquemment lautosatisfaction
et linefficacité. Une solution pour les améliorer consiste à donner aux artistes et aux
organisations artistiques bénéficiaires une autonomie accrue qui leur permettra
dutiliser librement leur budget de la façon la plus efficace.
Ii. La mise en commun de fonds publics
Lassociation de fonds de différents ministères et organismes publics apparaît comme
une tendance mondiale. la coopération interministérielle prend ainsi de plus en plus
dimportance. Dès lors quune telle coordination est mise en place, il est probable que
les gouvernements trouvent beaucoup plus de ressources disponibles pour le
développement culturel quils ne lenvisageaient. Depuis quelques années, les
dépenses culturelles des pouvoirs publics régionaux et locaux ont nettement
augmenté, mais la décentralisation du financement de la culture nest
malheureusement pas une panacée, car la plupart des collectivité locales affrontent
elles-mêmes des difficultés financières.
Ill. Les fonds privés
Le financement privé des dépenses culturelles est en augmentation régulière partout
dans le monde. Dans certains cas, cette augmentation a cependant suscité de faux
espoirs en débouchant sur une réduction de lapport de lEtat. Les fondations peuvent
être utiles, sous réserve dune législation soigneusement conçue au niveau national
et local. Les dons des particuliers sont importants non seulement par le volume de
financement potentiel considérable quils représentent, mais parce quils impliquent
une participation et un engagement des personnes vis-à-vis de la cause des arts et
de la culture. Le retard de nombreux pays dans la mobilisation des dons individuels
doit être rattrapé dès que possible.
Les clubs, les associations professionnelles, les associations danciens élèves, les
syndicats et les groupes damateurs peuvent également fournir une contribution. Le
rôle des établissements denseignement supérieur dans la promotion des activités
créatives a été excessivement négligé par les responsables politiques. Les
patronages traditionnels tels que ceux des institutions religieuses, des familles
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dirigeantes, des communautés villageoises, des confréries, des corporations et des
associations, peuvent encore jouer un rôle significatif et constructif dans le soutien
des activités culturelles.
La privatisation des équipements et des institutions et le passage de leur gestion
entre des mains privées peuvent être le meilleur moyen dattirer largent privé dans
le secteur culturel. II est irréaliste de croire que dans léconomie privatisée
daujourdhui, les arts et la culture peuvent rester exclusivement planifiés et gérés par
lEtat. Néanmoins, des initiatives non commerciales telles que celles visant à
démocratiser les arts, à maintenir un niveau minimal daccès à la culture, à
encourager lexpérimentation et à préserver le patrimoine culturel continuent à
requérir lappui de lEtat. Ce quil faut, cest identifier le rôle respectif des secteurs
public et privé dans le développement culturel et arriver à concevoir clairement il
peuvent se partager les responsabilités.
IV. Autres ressources
La création de fonds ou fondations dotés dun budget permanent est un autre choix
qui mérite considération. Peu de gouvernements, toutefois, sont dans les conditions
budgétaires actuelles en mesure dinvestir assez de fonds. Les artistes et les activités
artistiques aux abois demanderont plutôt une aide immédiate quune promesse de
revenu à long terme. Une façon de trouver des fonds est daugmenter le prix dentrée
des institutions et des équipements culturels. Cependant, ce prix ne
peut
suffire à
couvrir les coûts de production, sauf à fixer des niveaux astronomiques qui mettraient
de nombreux spectacles hors de portée du plus grand nombre. Beaucoup
dinstitutions culturelles prennent des mesures pour créer leurs propres recettes, en
louant des locaux à des commerces, des bureaux, des cafés ou des galeries, en
mettant en place des activités économiques ou en créant des fondations qui sen
chargent pour elles. Les pourcentages prélevés sur les coûts de construction, les
films, les nouvelles chaînes de télévision payantes, les ventes doeuvres dart et de
billets de théâtres, entre autres, sont quelques exemples de taxes spéciales perçues
à des fins culturelles. Néanmoins, ces taxes peuvent se heurter à lopposition des
législateurs et des financiers, car elles leur retirent la maîtrise des budgets culturels.
Lutilisation des recettes des loteries et jeux dargent soulève une question politique
délicate. Loteries et jeux sont surtout pratiqués par les catégories à faible revenu
alors que beaucoup damateurs darts appartiennent aux couches fortunées de la
société. Le risque est réel de financer le plaisir des riches avec largent de pauvres.
On constate depuis quelques années une tendance à verser les recettes des droits
dauteur sur des fonds spéciaux destinés aux prestations sociales des membres des
sociétés de recouvrement ainsi quà dautres fins sociales ou culturelles. Une autre
possibilité réside dans des sommes versées par les consommateurs aux sociétés de
recouvrement des droits dauteur en compensation de lutilisation de bandes audio
et vidéo vierges.
Des mécanismes de prêts adaptés peuvent aider les artistes et les organisations
artistiques à mieux exercer leur activité dans le système déconomie de marché
aujourdhui prédominant.
-3-
V. Le tourisme, source de financement
Les arts, les installations artistiques et le patrimoine culturel attirent davantage de
touristes et les incitent à prolonger leur séjour. Les arts, artisanats et produits locaux
les amènent à dépenser plus. II est dans lintérêt de lindustrie du tourisme dinvestir
dans les arts et la culture. Largent du tourisme peut être mis à profit sous forme
dune taxe demandée soit aux touristes, soit aux hôtels et aux restaurants.
VI. Les fonds internationaux
Dans les pays en développement dont léconomie ne peut faire face aux dépenses
culturelles, il peut être opportun de consacrer des efforts spécifiques à la
mobilisation de ressources étrangères sous forme dassistance internationale et
dinvestissements internationaux afin dassurer un niveau minimal de financement
culturel, même si une dépendance trop grande à légard de cette source risque de
compromettre lintégrité culturelle du pays bénéficiaire.
VII. La diversification des sources de financement
Aujourdhui, le financement de la culture tient surtout à une combinaison dynamique
de revenus et de contributions du secteur public et privé. Ce système mixte de
financement constitue la meilleure garantie pour la liberté de création, en laissant le
choix aux créateurs et à la population plutôt quaux bailleurs de fonds.
VIII. De laide à linvestissement
Ce sont les investissements et les revenus commerciaux qui peuvent fournir assez
de capitaux pour financer les arts et la culture. Les possibilités dattirer des
investissements importants dans les activités créatives sont de beaucoup supérieures
à ce quon pensait auparavant, car les arts et la culture sont en train de devenir lune
des plus grosses industries de nombreuses sociétés. Les formes darts qui sont à ce
jour lapanage dactions non lucratives peuvent souvrir à des initiatives
commerciales. Les organisations à but non lucratif peuvent apprendre des entreprises
comment mieux réussir sur le plan commercial et, en retour, les secondes peuvent
apprendre des premières à devenir plus raffinées et moins superficielles.
IX. Largent des médias
La seule quantité dargent nécessaire aujourdhui à la production de programmes
pour les médias va ouvrir de nouvelles voies à toutes formes dexpression. La
créativité et lindustrie des médias sont liées par des intérêts communs.
X. Une meilleure gestion de lindustrie créative
II est urgent de former des gestionnaires culturels capables, comme dans dautres
domaines dactivité, de définir plus précisément leurs buts et leurs objectifs, de
commercialiser plus efficacement leurs produits et de mieux satisfaire au principe de
responsabilité en adoptant des méthodes de mesure des résultats et dévaluation du
rendement.
XI. La mobilisation de la population
Partout, les politiques culturelles se préoccupent essentiellement du travail des
artistes professionnels, en écartant lapport créatif de la population elle-même. La
création nest aucunement le monopole des professionnels. Chacun porte en soi un
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