AVANT-PROPOS
Roberto CIPRIANI
Ce Manuel de sociologie de la religion est le premier de ce
genre. Ce n'est point une raison pour son autocélébration mais
plutôt le constat d'une série de problèmes qui tiennent moins à
la sociologie de la religion qu'à la sociologie de la sociologie.
En effet, il est évident qu'une grande partie de ce livre n'aurait
guère été réalisable il y a quelques années, du moins pas sous
cette forme et non dans son ambition à l'exhaustivité. Ce n'est
qu'après avoir longuement fréquenté le contexte européen et
nord-américain qu'il a été possible d'évaluer les différents
apports des auteurs et les courants de la pensée socioreligieuse,
et de réaliser, en toute connaissance de cause, un choix parmi
les auteurs à inclure ou à exclure. Ce choix non plus n'a pas été
sans problèmes, ni pour les classiques, ni pour les
contemporains. Les quelques lignes consacrées à des
philosophes tels Schleiermacher et Vico sont allées sûrement au
détriment d'un Engels ou même d'un Kant, pour ne citer que les
premiers absents. Il peut s'agir ici d'une simple passion
personnelle, dont l'aveu révèle aussi le caractère encore
provisoire des sections du livre consacrées aux philosophes
s'étant intéressés à la religion. Par contre, dans la rédaction de
ce manuel, je me suis efforcé de ne pas traiter les collègues de
la dernière génération: différents les uns des autres par leur
originalité et la richesse de leur production, ils auraient mérité
de figurer dans la liste des auteurs mentionnés, mais leurs
contributions, bien que souvent très originales, représentent
encore un work in progress. La tâche d'en rendre compte dans
un manuel aurait impliqué un jugement à la fois nuancé et
incomplet. Ils méritent, par conséquent, d'être traités dans un