L’Enseignement supérieur dans la Région
du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord :
les défis du 21e siècle
Institut du monde arabe, Paris, 27-29 mai 2002
Présentation des objectifs du colloque :
les nouveaux défis de l’enseignement supérieur
Jean-Louis Sarbib, Vice-Président (Moyen-Orient et Afrique du Nord), Banque mondiale
Mesdames et Messieurs ;
Au nom de la Banque mondiale, j’ai l’honneur et le plaisir de vous souhaiter la bienvenue
à ce colloque qui a pour thème l’enseignement supérieur au Moyen-Orient et en Afrique
du Nord.
Je suis particulièrement heureux d’accueillir aujourd’hui non seulement des délégations
nationales de très haut niveau mais aussi de distingués représentants d’universités
publiques et privées, d’instituts de recherche, d’organismes internationaux et
d’organisations non gouvernementales. Je me réjouis de cette diversité qui promet des
débats riches et animés.
Le développement économique et social est de plus en plus lié à l’avancement et à la
mise en application du savoir. L’éducation de façon générale, et l’enseignement
supérieur en particulier, constituent les bases essentielles pour la construction d’une
économie et d’une société du savoir à l’échelle mondiale.
Les établissements d’enseignement supérieur contribuent aux stratégies de croissance
économique liées au savoir et à la lutte contre la pauvreté par :
la formation d’une main d’œuvre qualifiée et adaptable ;
l’élaboration de nouveaux savoirs ;
et la capacité d’accéder aux savoirs existants et de les adapter au milieu ambiant.
En effet, l’enseignement supérieur offre aux étudiants issus de milieux modestes et aux
groupes minoritaires de nouvelles perspectives économiques et sociales. aux étudiants
issus de milieux à faible revenu et aux groupes minoritaires : les diplômes acquis
augmentent leurs chances d’obtenir des emplois bien rémunérés. De plus, les normes,
les valeurs, les attitudes, les notions d’éthique et le savoir que les établissements
d’enseignement supérieur peuvent transmettre aux étudiants constituent le « capital
social » nécessaire à l’édification d’une société civile saine, à une cohésion sociale des
cultures, ainsi qu’à la bonne gouvernance et à des systèmes politiques démocratiques.
Ceci étant, les systèmes d’enseignement supérieur des pays en développement font face à
des problèmes en matière de financement, d’efficacité, d’inclusion, de qualité et de
gouvernance. Par ailleurs, de nouveaux défis liés à l’évolution rapide des technologies,
des communications et de la mondialisation des marchés du travail et du commerce ont
contribué à amplifier les problèmes de l’enseignement supérieur de ces pays.
L’État a la responsabilité d’instaurer un cadre de fonctionnement efficace et des moyens
appropriés pour guider et encourager les institutions à être plus innovatrices et sensibles
aux besoins d’une économie du savoir. Le succès des réformes de l’enseignement
supérieur exige non seulement des changements institutionnels et des ressources pour
promouvoir l’innovation, mais aussi l’élaboration d’une stratégie claire et la mise en
place de liens dynamiques avec l’économie.
L’expérience de la Banque mondiale dans les pays de l’Afrique du Nord et du Moyen-
Orient nous a convaincus que nos interlocuteurs sont très conscients du défi que
représente l’intégration dans une économie mondiale basée de plus en plus sur l’échange
du savoir. Les décideurs des pays, tout comme leurs partenaires de la Banque mondiale
reconnaissent à l’enseignement supérieur un rôle important dans les stratégies de
développement. En effet, cet enseignement est appelé à fournir les connaissances et
compétences avancées qui permettront de relever non seulement le défi de la
compétitivité économique mais aussi celui de la cohésion sociale.
Historiquement, les universités et autres établissements d’enseignement supérieur ont été
souvent créés pour contribuer à la formation d’une élite très orientée vers la fonction
publique, l’enseignement et les arts libéraux. De nos jours, le mandat de ces
établissements a considérablement changé. Ils accueillent des étudiantes et des étudiants
de plus en plus nombreux et issus de catégories socioprofessionnelles de plus en plus
variées. Pour beaucoup d’entre eux, leur parcours professionnel se fera dans le secteur
privé, parfois comme salariés parfois comme entrepreneurs et chef d’entreprise. Les
jeunes générations doivent donc acquérir un savoir et des connaissances avancés qui
répondent aux besoins d’une économie moderne et d’une société ouverte. Plus important
encore, ils doivent acquérir les compétences qui leur permettent non seulement de
s’adapter aux mutations rapides de nos sociétés mais aussi de contribuer à leur
façonnement.
Les questions de réforme de l’enseignement supérieur ne peuvent pas être traitées sans
référence au contexte économique et social du pays. En fin de matinée, Monsieur Nabli,
notre économiste principal, nous parlera plus en détail des perspectives économiques des
pays de la région. Mais je peux vous dire dès maintenant que, comme dans le reste du
monde, une des clés de la croissance et de la réduction de la pauvreté est la capacité du
secteur privé à créer de nouveaux emplois. Ceci nécessite non seulement un
environnement favorable à l’investissement mais également des ressources humaines
dont les compétences répondent aux besoins du marché.
L’enseignement supérieur ne peut pas non plus être traité sans référence aux autres cycles
du système éducatif national. La Banque mondiale a fait de l’éducation un axe prioritaire
de sa stratégie de développement économique et de réduction de la pauvreté dans la
région Moyen-Orient et Afrique du Nord. Les réformes de l’enseignement supérieur
s’appuient sur une approche visant à construire un système éducatif :
qui ait un cycle de base accessible à tous ;
qui produise des résultats scolaires de bon niveau ;
qui engage les citoyens dans une formation continue tout au long de la vie ;
et qui forme les citoyens à la participation dans la prise de décisions collective.
Dans plusieurs pays de la région, y compris quelques pays à revenu moyen, il faudra
consentir des efforts considérables pour assurer à toutes les filles et à tous les garçons une
scolarité primaire complète, au plus tard en 2015. L’éducation des jeunes filles et des
femmes est un facteur important pour leur participation ultérieure au marché du travail
rémunéré. Quelques pays de la région ont réussi à équilibrer les effectifs féminin et
masculin dans leurs systèmes scolaires et universitaires, mais de manière générale la
région a encore bien du chemin à parcourir dans ce domaine.
Au-delà de la question de l’accès, l’amélioration de la qualité de l’enseignement du
primaire et du secondaire est une priorité pour l’ensemble des pays. Des études
internationales, comme le Troisième Test International en mathématiques et sciences, ont
montré combien la région doit faire encore des progrès pour assurer à ses élèves les
acquis scolaires qui permettent aux pays d’être concurrentiels à l’échelle mondiale.
La Banque mondiale est prête à accompagner les pays de la région dans l’élaboration et
la mise en œuvre des réformes du système d’enseignement, tant général que supérieur.
Nous sommes actuellement engagés dans des opérations de soutien à l’enseignement
supérieur en Egypte, en Jordanie, en Palestine, en Tunisie et au Yémen. Typiquement,
ces opérations traitent les questions de capacité d’accueil, d’inclusion sociale, de qualité
de l’enseignement, et de rendement du système. Pour ceux qui seront parmi nous demain
et après-demain, vous aurez l’occasion de participer à plusieurs interventions portant sur
les réformes que ces projets appuient.
En résumé, ce colloque a pour ambition de présenter, dans une perspective internationale,
les défis auxquels fait face la région dans le domaine de l’enseignement supérieur. Plus
important encore, nous souhaitons faciliter des échanges de vue et des discussions sur :
les défis auxquels la région est actuellement confrontée ;
les stratégies mise en place pour répondre à ces défis;
et les succès et les difficultés rencontrés par ces stratégies.
Ce colloque n’est qu’une étape dans notre engagement en faveur d’un dialogue et d’une
action continus dans l’enseignement supérieur. Nous souhaitons vivement élargir et
approfondir nos liens de coopération avec vous, et renforcer notre collaboration avec la
communauté internationale, tout particulièrement l’UNESCO, la Commission
européenne, et les banques régionales de développement.
Pour conclure, j’espère que les interventions et discussions vous permettront d’identifier
des thèmes communs, de trouver des solutions pratiques à certaines de vos difficultés, et
de prendre des contacts régionaux qui vous seront utiles à l’avenir.
Je tiens à remercier l’Institut du monde arabe, non seulement de nous avoir offert ce beau
cadre, lieu symbolique, mais aussi d’avoir contribué de façon substantielle à la
conception et à l’organisation de ce colloque.
Il ne me reste qu’à vous souhaiter, une nouvelle fois, la bienvenue à ce colloque, qui je
l’espère sera pour vous enrichissant et agréable.
Merci
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