D'une particulière importance est le traitement par Thomson des échelles thermométriques.
Celles qui sont rattachées à des corps concrets, comme le mercure et les gaz à pression
constante ou à volume constant, sont disparates et tributaires du comportement « non idéal »
de la matière. Thomson montre qu'en se fondant sur le système de Carnot, il est possible de
définir une échelle opératoire de température, indépendante des propriétés du système mis en
œuvre (à l'instar de la machine thermique théorique de Carnot).
Ainsi fut construite l'échelle thermométrique « absolue » ou graduation Kelvin. En apportant
des corrections au comportement d'un gaz réel, pour tenir compte de l'énergie potentielle
interne, il devient possible de référer tel thermomètre à gaz particulier à l'échelle absolue.
C'est en vue de calculer ces corrections que Thomson collabore, de 1852 à 1862, avec Joule, à
l'étude de la diffusion des gaz au travers de diaphragmes poreux. Ils découvrent l'effet Joule-
Thomson (1852 - refroidissement provoqué par la détente des gaz, principe appliqué dans les
réfrigérateurs)
Enfin, on doit encore citer à l'actif des contributions de Thomson à la thermodynamique :
– la première interprétation des phénomènes thermoélectriques et notamment de l'effet
Seebeck ;
– la loi exprimant la modification des tensions de vapeur à l'état d'équilibre, en fonction de
la tension superficielle et du rayon des gouttelettes (brouillard, germination...) ;
– la conception de la pompe à chaleur et les méthodes d'économie d'énergie et de
climatisation.
Contributions diverses
Dans le domaine du magnétisme, on doit à Thomson des perfectionnements du compas de
marine, dont il réduit les dimensions, et auquel il adjoint des moyens de compensation relatifs
au magnétisme, tant permanent qu'induit, des coques de fer.
En mécanique, il se signale par sa théorie du gyroscope et, en hydrodynamique, il étudie le
mouvement des fluides en rotation, développant, en 1867 plus particulièrement, les recherches
de H. von Helmholtz sur les tourbillons. Des expériences lui suggèrent l'idée d'une théorie de
la matière qui ne se révèle pas aussi féconde qu'il l'avait espéré.
Parmi plusieurs contributions à l'art nautique, il y a lieu de noter l'invention d'une machine à
sonder les fonds marins, fondée sur l'étude théorique du comportement d'une longue ligne
dans l'eau (1872), et son perfectionnement des méthodes de calcul des positions en mer. Il se
consacre aussi à l'étude des courants et construit un analyseur pour la prédiction des marées.
En 1876, il invente le premier dispositif mécanique d'intégration des équations différentielles.
Sa publication la plus volumineuse est un traité de Sciences Naturelles, écrit en collaboration
avec P. G. Tait (1831-1901), dont seul parut le premier tome. Au cours d'une longue carrière,
féconde pour la physique, William Thomson écrivit surtout pour ses pairs, et ce sont eux qui
peuvent apprécier toute la valeur de son œuvre.
Toutefois son évaluation de l'âge de la Terre, compris entre vingt millions et deux cents
millions d'années, suscita de vives controverses car, bien inférieure à la durée supputée par les
géologues et les évolutionnistes. T. H. Huxley mena la contestation contre les thèses de
Thomson, jusqu'à ce que les découvertes modernes touchant à la radioactivité et à l'énergie
nucléaire missent un terme au débat.
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