L'aggravation des crises écologiques conduit à mettre en avant désormais l'irréversibilité de certains
dommages de la nature, réchauffement climatique, perte de la biodiversité et des ressources de l'océan,
désertification et ces indicateurs ne peuvent intégrer de tels seuils critiques.
L'empreinte écologique (EE) : Il est parmi les seuls à être purement environnemental. On cherche à refléter
d'une part le degré d'utilisation de la nature par l'homme à des fins de production et de consommation
matérielle. Car l'idée qui préside à sa construction est la suivante : les activités humaines de production et de
consommation utilisent des ressources naturelles dont certaines sont non renouvelables (gaz, pétrole, matériaux
fossiles) alors que d'autres renouvelables sans intervention humaine, pour autant que leur usage respecte
certaines limites (sols, forêts, eau, atmosphères). Ce sont ces dernières qui intéressent l'EE car elles fournissent
des matières premières et absorbent des déchets. Mais ces ressources renouvelables ne sont-elles pas en train de
s'épuiser compte tenu de l'épuisement par l'humanité du « capital naturel » ?
Dans la méthode, les ressources renouvelables utilisées pour satisfaire les besoins économiques d'une
collectivité humaine peuvent être converties en superficie de la planète marquée par l'empreinte de l'activité
humaine qui peut être calculée pour l'ensemble de l'humanité, d'un pays, une région, ville ou un ménage.
L'empreinte écologique par habitant de l'humanité a progressé de 1960 à 1970 et elle est stagnante depuis. Cette
comptabilité s'appuie sur les modes de consommation et sur les techniques de production en vigueur mais qu'il
existe bien selon les auteurs d'autres modes de vie qui peuvent réduire fortement l'empreinte écologique sans
compromettre des objectifs jugés fondamentaux de la civilisation en termes de qualité et de diversité de
l'alimentation, des logements, des soins médicaux.
On observe toutefois des inégalités quant à l'EE : l'EE moyenne d'un Etatsunien en 2008 est de 7,2 hectares
alors qu'il est de 1,45 pour un Africain. Il faudrait près de quatre planètes si chaque habitant du monde suivant
le mode de vie d'un Américain.
Le Happy Planet Index s'inspire de l'EE pour se construire en 2006 comme sans doute le plus provocateur.
Il s'agit du « bien-être subjectif durable » et laisse en effet une place prépondérante à la satisfaction subjective
globale des individus par rapport à la vie qu'ils mènent. Cet indicateur permet de poser les questions sur les
valeurs et les priorités des sociétés compte tenu de leur classements usuels selon la richesse économique et
selon cet indicateur de BE subjectif durable.
VII) 2007-2012 : au-delà du PIB, dans plusieurs voies
Cet ouvrage a été réactualisé par deux fois pour pallier les lignes qui ont considérablement bougé,
initiées par les réflexions sur les concepts et les méthodes qui contestent l'omniprésence du PIB et présentent de
nouveaux enjeux.
La commission européenne et l'OCDE innovent : La contribution de ces deux institutions à la construction
d'indicateurs a davantage été portée par des personnalités marquantes chez les statisticiens ou les économistes
(commission Stiglitz). En 2007 la conférence « Au-delà du PIB » affirme que pour « mesurer efficacement le
progrès, la richesse et le bien-être, il faut recourir à des indices aussi clairs qu'accessibles que le PIB, mais aussi
globaux. Ils doivent intégrer des aspects tant sociaux qu'environnementaux. Les enjeux mondiaux tels que le
changement climatique, la pauvreté, les fortes pressions sur les ressources rendent essentiel la prise en compte
de ces aspects. » 5 actions à réaliser à court terme :
⁃ajout d'indicateurs environnementaux et sociaux au PIB
⁃quasi-instantanéité des informations pour les décideurs
⁃précision accrue des rapports sur la distribution et les inégalités
⁃préparation d'un tableau de bord européen de développement durable
⁃extension des comptes nationaux aux thématiques environnementales et sociale
A partir de 2010 l'action de ces institutions s'est beaucoup essoufflée car elle passait à coté des enjeux
principaux de la société civile. En 2012, l'OCDE lance l'indicateur du vivre mieux faisant la synthèse de dix-
neuf variables et se détourne en partie du PIB. Mais la corrélation positive entre le classement des pays selon le
PIB et selon ce nouvel outil invitent certains observateurs comme Éric Le Boucher, directeur des Enjeux-Les
Échos à dire qu'au bout du compte « le bien-être est dans le PIB ». De plus les variables choisies sont pour la
plupart liées à la conception individualiste et anglo-américaine du BE personnel au détriment du BE collectif et
social, il n'y a rien sur les indicateurs d'inégalités, de pauvreté, de chômage.
La « commission Stiglitz » (2008-2009) : assisté d'Amartya Sen et J-P Fitoussi, cette commission a pour but
de « déterminer les limites du PIB en tant qu'indicateur des performances économiques et du progrès
social, réexaminer les problèmes relatifs à sa mesure, identifier les informations complémentaires qui pourraient