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LeFigaro.fr
21 octobre 2015
Est-il dangereux de radiographier les enfants ?
AVIS D'EXPERT - Même si les risques des rayonnement ne doivent pas être sous-estimés, il ne
faut pas oublier les bénéfices de l'imagerie, explique le Pr Hubert Ducou Le Pointe (Société
française de radiologie).
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L'enfant, com-me tout organisme en développement, a une sensibilité accrue aux rayonnements ionisants.
Les particularités de l'imagerie pédiatrique par rapport à l'imagerie des adultes résident tout d'abord
dans l'adaptation de la prise en charge et des techniques d'exploration à l'enfant et ensuite dans
l'interprétation des images par le decin radiologue. En effet, les pathologies pédiatriques sont plus
fréquemment malformatives ou infectieuses, celles des adultes étant plutôt liées à des processus
dégénératifs ou tumoraux.
Les méthodes d'exploration par imagerie sont nombreuses: radiographie simple, scanner, échographie
et IRM pour ne citer que les plus fréquentes. Rappelons d'abord que l'échographie utilise des ultrasons,
que l'IRM consiste à étudier la relaxation des protons des atomes d'hydrogène préalablement excités
par une onde radiofréquence et que les radiographies ou le scanner ont recours aux rayons X. Les
rayons X sont des rayonnements invisibles capables de traverser le corps humain qui les arrête
partiellement. C'est le caractère ionisant de ces rayonnements X qui est source de questionnement.
Une sensibilité accrue
Nous savons que les rayonnements X à fortes doses ont des effets secondaires comme les
«radiodermites». Ces doses ne sont pas atteintes dans le cadre de l'imagerie diagnostique. En revanche,
les effets secondaires des faibles doses sont beaucoup moins connus, en particulier l'apparition de
mutations génétiques et de cancer, car ils peuvent survenir bien après l'exposition et ne se distinguent
pas des affections naturelles. De plus, l'enfant, comme tout organisme en développement, a une
sensibilité accrue aux rayonnements ionisants. S'il n'existe pas de preuves que les examens d'imagerie
diagnostique sont à l'origine de cancers, des études épidémiologiques internationales récentes, mais
non dénuées de biais méthodologiques, suggèrent un excès de risque lié à l'usage du scanner en
pédiatrie. En raison de cette incertitude, les organismes internationaux et nationaux utilisent le «principe
de précaution» pour établir la réglementation, comme s'il existait, même à faibles doses, une relation
linéaire entre la dose et le risque.
Pour comprendre la complexi du problème, il faut savoir que l'imagerie médicale n'est pas la seule
source d'exposition aux rayonnements ionisants. Nous sommes exposés quotidiennement à de faibles
doses de rayonnements ionisants qui proviennent de nombreuses sources: de l'air que nous respirons,
des sols, des rayonnements cosmiques, des matériaux de construction, de l'eau, des aliments Cette
exposition aux rayonnements ionisants d'origine naturelle est estimée en moyenne en France à 2,5
mSv/an. En comparaison, une radiographie de thorax délivre entre 0,005 et 0,01 mSv, soit l'équivalent
d'un à deux jours d'exposition aux rayonnements ionisants naturels. Une radiographie de l'abdomen
délivre environ 0,4 mSv, soit près de deux mois d'exposition aux rayonnements naturels. Une
tomodensitométrie du crâne environ 2 mSv, soit dix mois d'exposition aux rayonnements naturels. Une
tomodensitométrie de l'abdomen de 5 à 10 mSv, soit deux à quatre ans d'exposition aux rayonnements
naturels.
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Évaluer le bénéfice
La radioprotection désigne l'ensemble des mesures prises pour assurer la protection de l'homme contre
les effets fastes des rayonnements ionisants. Tous les médecins radiologues et leurs collaborateurs
bénéficient d'une formation initiale et continue obligatoire en radioprotection. Les deux grandes règles de
radioprotection, justification et optimisation, sont mises en œuvre au quotidien par les professionnels.
La justification réside dans le fait que, comme dans tout acte médical, le bénéfice doit être supérieur au
risque. Il appartient au médecin radiologue de valider l'indication de l'examen demandé par votre
médecin, voire de proposer un autre examen permettant de répondre à la question qu'il se pose. Il est
ainsi parfois possible de remplacer un examen utilisant des rayons X par un examen n'en utilisant pas,
comme l'échographie ou l'IRM. Par exemple, la recherche d'une luxation congénitale de hanche ne
s'effectue plus par une radiographie du bassin mais par une échographie réalisée à la fin du premier
mois de vie. De même pour rechercher une appendicite, la radiographie de l'abdomen a été remplacée
par l'échographie. La Société française de radiologie a élaboré le guide du bon usage des
examens d'imagerie pour permettre à tous les médecins de connaître l'examen répondant le mieux à la
situation clinique de leur patient.
L'optimisation des doses utilisées est de la responsabilité des radiologues et des manipulateurs qui ont
l'habitude d'utiliser le minimum de rayons nécessaires à l'obtention d'un examen permettant de répondre
aux questions posées. Ces mesures sont prises pour tous les patients, mais sont encore renforcées
pour les examens pratiqués chez les enfants. Les progrès réalisés par les industriels permettent
d'effectuer des scanners avec des niveaux d'exposition bien moindres qu'il y a dix ans ou de suivre des
scolioses grâce à la technique EOS avec des doses divisées au moins par un facteur 7. Si le risque des
rayonnements ionisants ne doit pas être sous-estimé, il ne faudrait pas que la crainte d'effets
secondaires soit responsable d'une perte de chance pour les enfants et fasse oublier les importants
bénéfices apportés par l'imagerie aux malades.
Par Hubert Ducou le Pointe
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