Texte dAlice Caravani, Smita Nakhooda et Neil
Bird, de lOverseas Development Institute, et Liane
Schalatek, de la Heinrich Böll Stiftung North America
Note régionale : Amérique latine
L’Amérique latine est à la fois une source et
un puits d’émissions de carbone. Du fait de la
demande croissante en énergie, le nombre des
pays de cette région devenus contributeurs
majeurs aux émissions mondiales augmente. Le
niveau élevé de sa production pétrolière et sa
recherche constante de nouvelles ressources
pétrolières contrastent avec les intentions
exprimées de nombreux États de s’engager sur la
voie du développement à faible intensité. Il existe
néanmoins un potentiel considérable de mise en
œuvre d’activités d’atténuation et d’adaptation
compatibles avec les objectifs de veloppement
durable. D’une manière générale, le nombre
des initiatives sur le changement climatique
augmente à travers la région. De nombreux pays
sont précurseurs dans le lancement de nouvelles
procédures d’allocation pour le financement
climatique : le Brésil a par exemple établi le
Fonds pour l’Amazone qui contribue à réduire le
déboisement. Le financement se concentre sur un
nombre restreint de pays et, en général, celui qui
concerne l’adaptation reste limité.
Le dé du changement climatique en
Amérique latine
Des études récentes montrent que le changement
climatique pourrait coûter à l’Amérique latine
environ 1 % de son PIB annuel (CEPALC 2010).
Parmi les problèmes les plus urgents qui se posent à
la région figurent la régression des glaciers andins,
qui est susceptible de causer un stress hydrique
touchant quelque 77 millions de personnes avant
2020, et le déboisement continu des forêts tropicales.
Les petits États insulaires en développement des
Caraïbes sont particulièrement affectés par le
changement climatique qui risque de briser leur
base de ressources naturelles et leurs activités
économiques essentielles telles que le tourisme et
l’agriculture. La résolution de ces problématiques
exige des ressources considérables et rend crucial
l’accès de la région au financement climatique.
Il est prévu que l’Amérique latine connaisse
l’une des plus fortes augmentations des taux
de consommation d’énergie au monde du fait
de ses perspectives de croissance économique.
Les récentes estimations de l’AIE révèlent que
la consommation totale d’énergie de la région
augmentera de plus de 60 % entre 2008 et
2035. L’Amérique latine est la deuxième région
après l’ancienne Union soviétique en matière de
production pétrolière (IEA 2011 : 57), laquelle
se caractérise par d’importantes réserves et
l’intervention de l’État au Venezuela, au Brésil,
au Mexique et en Équateur. La production
pétrolière fournit une large part des recettes de la
région : Petrobras, au Brésil, est, par exemple, la
première compagnie pétrolière de la région et en
2010, elle a réalisé un bénéfice historique (24,1
milliards $). Ce record crée une tension avec
les objectifs visant un développement « à faible
intensité de carbone ». Les mesures d’adaptation
se réaliser. Plusieurs pays européens, notamment
l’Italie, ont promis des fonds en faveur de Yasuni
mais ces derniers sont peu susceptibles de se
concrétiser. De nombreux pays développés sont
sceptiques quant aux engagements politiques pris
en faveur du développement durable en Équateur.
Le financement climatique qui s’oriente de plus
en plus vers l’Amérique latine utilise également
les voies bilatérales. Les rapports de la CCNUCC
indiquent que les pays de l’Amérique latine et
des Caraïbes ont reçu, en 2010, 421,92 millions
$ de pays tels que l’Allemagne, la France et
le Japon. L’Initiative internationale pour le
climat (IIC) de l’Allemagne joue un rôle d’une
importance croissante puisqu’en octobre 2011,
elle avait versé 79 millions $. Comme indiqué
précédemment, le soutien bilatéral fourni
par le gouvernement norvégien aux activités
REDD+, en particulier au Brésil et au Guyana, a
également été un fait marquant.
Cibler les secteurs et les populations
prioritaires
Plusieurs grands pays de l’Amérique latine,
notamment le Brésil et le Mexique, ont investi dans
l’élaboration de stratégies nationales d’intervention
contre le changement climatique et bénéficié, dans
cet effort, de l’appui de hautes autorités politiques.
Les grands projets de réduction des émissions, tels
que les projets du MDP dotés de méthodologies
avérées, tendent à bénéficier d’un traitement
privilégié et à attirer la majeure partie des
financements destinés aux activités axées sur
le changement climatique en Amérique latine.
Il s’est avéré difficile de cibler efficacement
les projets technologiques dont le profil de
risque était plus élevé ou plus variable, et de se
concentrer sur les communautés les plus pauvres,
qui sont souvent rurales, et les groupes de
personnes les plus vulnérables et démunis comme
les femmes et les populations autochtones vivant
dans ces pays.
Des efforts ont été récemment déployés pour
expérimenter l’idée de partenariats public-privé
lors de la mise en œuvre de projets et programmes
respectueux du climat, et le secteur public a
pris les mesures de réduction des risques que le
secteur privé rechigne à assumer, notamment
par le biais de garanties. Les investissements
publics ciblés seront incontournables de tout
projet ou programme traitant de problématiques
cruciales liées au changement climatique dont les
perspectives de bénéfices privés seraient toutefois
peu brillantes.
Plusieurs défis se posent à la sécurisation du
financement climatique destiné aux secteurs
prioritaires, tant parmi les pays bénéficiaires qu’à
l’intérieur de ces pays. De nombreux décideurs
politiques régionaux n’ont pas pleinement
conscience de l’urgence que revêt le traitement
des incidences du changement climatique sur
leurs populations, leurs modes de subsistance et
leurs perspectives de développement économique.
Leur méconnaissance pourrait les conduire à sous-
estimer l’étendue du phénomène.
Les opportunités d’investissement doivent en
outre se conformer aux priorités nationales
et, dans l’idéal, se concrétiser par le biais de
processus entièrement participatifs. L’engagement
de l’ensemble des parties prenantes pertinentes,
qui incluent les populations autochtones et les
femmes, revêt une importance particulière dans
cette région.
1
Novembre 2011
4
FINANCE
NORTH AMERICA
Note 6
Fondamentaux du
Financement Climatique
www.climatefundsupdate.org
Les fondamentaux du financement climatique sont révisés annuellement, selon les données de
climatefundsupdate.org, et paraissent en anglais, en français et en espagnol
Références et liens utiles:
CEPAL (2010). Economics of Climate Change in Latin America and the Caribbean. http://www.eclac.org/
cgi-bin/getProd.asp?xml=/prensa/noticias/comunicados/7/41947/P41947.xml&xsl=/prensa/tpl-i/p6f.
xsl&base=/tpl/top-bottom.xslt
Agence internationale de l’énergie (AIE) (2011) Oil Market report.
Banque mondiale (2010) « Produire une énergie propre et sûre en Amérique latine et dans les Caraïbes »
devront également occuper une place centrale
dans les stratégies nationales de développement
durable au vu de la vulnérabilité des pays de
l’Amérique latine au changement climatique, de
la persistance des inégalités de revenus et de la
pauvreté - prégnantes jusque dans les économies
les plus développées.
L’Amérique latine reçoit actuellement une part
relativement faible des financements internationaux
provenant d’initiatives bilatérales et multilatérales
sur le financement climatique. Au total, ce sont
930 millions $ qui ont été approuvés pour la région
entre 2004 et octobre 2011, par le biais des fonds
climatiques suivis par Climate Funds Update. Le
passage du concept à l’exécution a cependant
subi un engorgement puisque seuls 333 millions $
ont été versés. En octobre 2011, 16 % du total
des projets approuvés au titre du Mécanisme de
développement propre (MDP) du Protocole de
Kyoto se trouvaient en Amérique latine, plaçant
ainsi cette région au deuxième rang des régions
destinataires, après l’Asie-Pacifique. Les projets se
concentrent cependant sur deux pays - le Brésil et
le Mexique - lesquels représentent à eux deux 59 %
des projets du MDP dans la région.
Répartition du nancement climatique
Les données de Climate Funds Update signalent
que cinq pays de la région reçoivent la majeure
partie des financements climatiques : le Brésil (94
millions $), le Mexique (54 millions $), le Pérou (32
millions $), la Colombie (25 millions $) et le Chili
(18 millions $). Le soutien accordé actuellement
aux pays pauvres de la région est nettement moins
important. La Bolivie n’a par exemple reçu que 2
millions $ pour deux projets liés à l’adaptation. De
même, le Paraguay n’a bénéficié que de 5 millions $
pour un projet REDD. Des programmes d’adaptation
sont maintenant en cours de réalisation dans les
pays des Caraïbes mais, à ce jour, seuls 2,4 millions
$ ont, semble-t-il, été versés à des projets liés au
changement climatique menés dans les petits États
insulaires en développement.
Objectifs du nancement climatique en
Amérique latine
En Amérique latine, les possibilités de réduction
des émissions résultant du déboisement et de la
dégradation des forêts sont vastes car la région
accueille un quart des forêts mondiales et suscite
un intérêt croissant auprès des efforts menés sur le
financement climatique. Dans le même temps, une
forte activité a été menée en faveur d’initiatives
d’atténuation visant l’énergie et le transport, et
plusieurs efforts ont été déployés pour augmenter
la résistance au changement climatique par des
projets d’adaptation.
Atténuation - Dans la région de l’Amérique
latine, les banques multilatérales de développement
demeurent des acteurs centraux du financement
de l’atténuation puisqu’elles sont de plus en plus
engagées dans les problématiques du changement
climatique par le biais de leurs systèmes de prêts
traditionnels et de programmes spécialisés soutenus
par les Fonds d’investissement climatique (FIC).
Le Fonds pour les technologies propres (FTP), qui
relève des FIC, finance des programmes au Mexique
et en Colombie à hauteur de 380 millions $. Si le
Chili a, pendant un temps, sollicile soutien du FTP,
il a retiré sa demande après que la totalité des fonds
promis furent épuisés.
Depuis 2006, le FEM a versé aux pays de la région
des sommes relativement plus modestes, totalisant
136 millions $, pour le déploiement des énergies
renouvelables (éolienne, solaire et biogaz, y compris
pour l’électrification des zones rurales) et des
programmes de transport public. La plupart de
ces projets ont également été mis en œuvre par les
BMD. Le versement de ce financement a atteint 49
millions $ en 2011.
REDD+ - Les riches écosystèmes forestiers
de l’Amérique latine étant soumis à une pression
croissante, la région joue un rôle crucial dans les
efforts visant la réduction des émissions résultant
du déboisement et de la dégradation des forêts
(REDD+). En tant que membre du Rainforest
Coalition Grouping, présent au sein de la CCNUCC,
le Costa Rica a été l’un des premiers tenants du
concept de la mobilisation des marchés du carbone
pour la création des financements destinés aux
activités REDD+. Le Brésil, malgré ses mises en
garde contre les approches fondées sur le marché et
leurs implications sur les souverainetés nationales, a
également joué un rôle clé dans l’initiative REDD+.
Il a même assumé un leadership dans la mise en
œuvre de projets REDD+ incluant l’établissement du
Fonds pour l’Amazone en 2009, lequel est géré par
la Banque nationale brésilienne de développement
(BNDES). Ce Fonds pour l’Amazone finance
des projets et des programmes de prévention, de
surveillance et de lutte contre le déboisement, et
promeut la conservation et l’utilisation durable
des forêts amazoniennes. En octobre 2011, il avait
approuvé 20 projets d’une valeur de 127 millions
$ et versé près de 33 millions $, principalement
sous la forme de subventions. La Norvège est le
principal contributeur du Fonds, avec 1 milliard $
de promesses de dons pour la période 2009-2015.
Le Guyana a également contribué activement aux
efforts menés pour lancer de nouvelles approches
liées à REDD+. Le Brésil et le Pérou participent au
Programme d’investissement pour la forêt du FIC.
Adaptation - Les activis d’adaptation ne
représentent qu’une part modeste du financement
concernant l’Amérique latine. Cependant, l’Équateur,
le Nicaragua et le Honduras ont été les premiers à
ficier du Fonds d’adaptation. L’année pase, le
Programme pilote desistance aux chocs climatiques
(PPCR) des FIC a accru son activi en Amérique
latine. Le PPCR vise à fournir des financements
programmatiques axés sur le renforcement de la
silience ; cemment, 86 millions $ ont été approus
pour la Bolivie dont la programmation se fondait sur
un plan national de résistance climatique. Le PPCR
soutient également, aux Carbes, un programme
gional ba sur des projets-pilotes menés à la
Dominique, en Jamaïque, en Haïti, à Grenade, à
Sainte-Lucie, à Saint-Vincent et aux Grenadines, pour
un montant total approu de 33 millions $. Bien que
la majeure partie des projets PPCR s’appuient sur des
subventions, une large part de leurs financements sont
fournis sous la forme de prêts.
Principaux acteurs du nancement
climatique
La Banque interaméricaine de développement (BID)
est un acteur clé de la région puisqu’elle exerce la
double fonction d’organisme d’exécution des projets
FIC et de banque à part entière. Elle a lancé, en
2006, l’Initiative pour une énergie durable et la
lutte contre le changement climatique (SECCI),
laquelle vise à favoriser les énergies renouvelables,
le rendement énergétique, le développement durable
des biocarburants, l’accès aux marchés du carbone et
l’adaptation au changement climatique.
Le Fonds pour la réalisation des OMD (F-OMD)
est un autre acteur central dont l’appui a visé des
projets de services écosystémiques et d’atténuation
en Colombie, en Équateur, au Guatemala, au
Nicaragua, au Panama et au Pérou. Il a versé, à ce
jour, 24 millions $ à ces programmes. Si ce Fonds
a aujourd’hui cessé ses activités, ses versements
continuent de financer les projets agréés.
Les efforts déployés par l’Équateur pour obtenir
une compensation à l’exploitation pétrolière qui
est continûment menée dans le Parc national
Yasuni riche en biodiversité ont également attiré
l’attention, en tant qu’initiative novatrice de
recherche de fonds pour le développement à
faible intensité de carbone. En août 2010, le
gouvernement équatorien a créé, avec le soutien
du PNUD, le Fonds environnemental Yasuni
Ishpingo Tambococha Tiputini, lequel vise une
compensation de 3,6 milliards $ sur 13 ans de la
part d’États, de fondations, d’organismes publics
et d’entreprises privées. Ce montant correspond
seulement à la moitié des recettes estimées de
l’exploitation pétrolière. Si la capitalisation du
fonds n’atteint pas 100 millions $ avant décembre
2011, l’initiative pourrait prendre fin tandis que
la production pétrolière se poursuivra. Le niveau
actuel des contributions (inférieur à 2 millions)
laisse penser que cet objectif a peu de chances de
3
2
Financement des projets climatiques par
thème en Amérique latine
Adaptation
Atténuation-général
$167m
51%
$84m
26%
Atténuation-REDD
$73m
23%
Ventilation des activités et contributions
des Fonds en Amérique latine
(en US$ millions)
Adaptation Atnuation
-néral
ICI FCPF MDG
LDCF SPA
AF
SCCF GEF
UN-REDD
Amazon Fund
GCCA
15
9
8
33
32
4
39
124
18
Atténuation
-REDD
11
4
13 0.2
8
6
devront également occuper une place centrale
dans les stratégies nationales de développement
durable au vu de la vulnérabilité des pays de
l’Amérique latine au changement climatique, de
la persistance des inégalités de revenus et de la
pauvreté - prégnantes jusque dans les économies
les plus développées.
L’Amérique latine reçoit actuellement une part
relativement faible des financements internationaux
provenant d’initiatives bilatérales et multilatérales
sur le financement climatique. Au total, ce sont
930 millions $ qui ont été approuvés pour la région
entre 2004 et octobre 2011, par le biais des fonds
climatiques suivis par Climate Funds Update. Le
passage du concept à l’exécution a cependant
subi un engorgement puisque seuls 333 millions $
ont été versés. En octobre 2011, 16 % du total
des projets approuvés au titre du Mécanisme de
développement propre (MDP) du Protocole de
Kyoto se trouvaient en Amérique latine, plaçant
ainsi cette région au deuxième rang des régions
destinataires, après l’Asie-Pacifique. Les projets se
concentrent cependant sur deux pays - le Brésil et
le Mexique - lesquels représentent à eux deux 59 %
des projets du MDP dans la région.
Répartition du nancement climatique
Les données de Climate Funds Update signalent
que cinq pays de la région reçoivent la majeure
partie des financements climatiques : le Brésil (94
millions $), le Mexique (54 millions $), le Pérou (32
millions $), la Colombie (25 millions $) et le Chili
(18 millions $). Le soutien accordé actuellement
aux pays pauvres de la région est nettement moins
important. La Bolivie n’a par exemple reçu que 2
millions $ pour deux projets liés à l’adaptation. De
même, le Paraguay n’a bénéficié que de 5 millions $
pour un projet REDD. Des programmes d’adaptation
sont maintenant en cours de réalisation dans les
pays des Caraïbes mais, à ce jour, seuls 2,4 millions
$ ont, semble-t-il, été versés à des projets liés au
changement climatique menés dans les petits États
insulaires en développement.
Objectifs du nancement climatique en
Amérique latine
En Amérique latine, les possibilités de réduction
des émissions résultant du déboisement et de la
dégradation des forêts sont vastes car la région
accueille un quart des forêts mondiales et suscite
un intérêt croissant auprès des efforts menés sur le
financement climatique. Dans le même temps, une
forte activité a été menée en faveur d’initiatives
d’atténuation visant l’énergie et le transport, et
plusieurs efforts ont été déployés pour augmenter
la résistance au changement climatique par des
projets d’adaptation.
Atténuation - Dans la région de l’Amérique
latine, les banques multilatérales de développement
demeurent des acteurs centraux du financement
de l’atténuation puisqu’elles sont de plus en plus
engagées dans les problématiques du changement
climatique par le biais de leurs systèmes de prêts
traditionnels et de programmes spécialisés soutenus
par les Fonds d’investissement climatique (FIC).
Le Fonds pour les technologies propres (FTP), qui
relève des FIC, finance des programmes au Mexique
et en Colombie à hauteur de 380 millions $. Si le
Chili a, pendant un temps, sollicile soutien du FTP,
il a retiré sa demande après que la totalité des fonds
promis furent épuisés.
Depuis 2006, le FEM a versé aux pays de la région
des sommes relativement plus modestes, totalisant
136 millions $, pour le déploiement des énergies
renouvelables (éolienne, solaire et biogaz, y compris
pour l’électrification des zones rurales) et des
programmes de transport public. La plupart de
ces projets ont également été mis en œuvre par les
BMD. Le versement de ce financement a atteint 49
millions $ en 2011.
REDD+ - Les riches écosystèmes forestiers
de l’Amérique latine étant soumis à une pression
croissante, la région joue un rôle crucial dans les
efforts visant la réduction des émissions résultant
du déboisement et de la dégradation des forêts
(REDD+). En tant que membre du Rainforest
Coalition Grouping, présent au sein de la CCNUCC,
le Costa Rica a été l’un des premiers tenants du
concept de la mobilisation des marchés du carbone
pour la création des financements destinés aux
activités REDD+. Le Brésil, malgré ses mises en
garde contre les approches fondées sur le marché et
leurs implications sur les souverainetés nationales, a
également joué un rôle clé dans l’initiative REDD+.
Il a même assumé un leadership dans la mise en
œuvre de projets REDD+ incluant l’établissement du
Fonds pour l’Amazone en 2009, lequel est géré par
la Banque nationale brésilienne de développement
(BNDES). Ce Fonds pour l’Amazone finance
des projets et des programmes de prévention, de
surveillance et de lutte contre le déboisement, et
promeut la conservation et l’utilisation durable
des forêts amazoniennes. En octobre 2011, il avait
approuvé 20 projets d’une valeur de 127 millions
$ et versé près de 33 millions $, principalement
sous la forme de subventions. La Norvège est le
principal contributeur du Fonds, avec 1 milliard $
de promesses de dons pour la période 2009-2015.
Le Guyana a également contribué activement aux
efforts menés pour lancer de nouvelles approches
liées à REDD+. Le Brésil et le Pérou participent au
Programme d’investissement pour la forêt du FIC.
Adaptation - Les activis d’adaptation ne
représentent qu’une part modeste du financement
concernant l’Amérique latine. Cependant, l’Équateur,
le Nicaragua et le Honduras ont été les premiers à
ficier du Fonds d’adaptation. L’année pase, le
Programme pilote desistance aux chocs climatiques
(PPCR) des FIC a accru son activi en Amérique
latine. Le PPCR vise à fournir des financements
programmatiques axés sur le renforcement de la
silience ; cemment, 86 millions $ ont été approus
pour la Bolivie dont la programmation se fondait sur
un plan national de résistance climatique. Le PPCR
soutient également, aux Carbes, un programme
gional ba sur des projets-pilotes menés à la
Dominique, en Jamaïque, en Haïti, à Grenade, à
Sainte-Lucie, à Saint-Vincent et aux Grenadines, pour
un montant total approu de 33 millions $. Bien que
la majeure partie des projets PPCR s’appuient sur des
subventions, une large part de leurs financements sont
fournis sous la forme de prêts.
Principaux acteurs du nancement
climatique
La Banque interaméricaine de développement (BID)
est un acteur clé de la région puisqu’elle exerce la
double fonction d’organisme d’exécution des projets
FIC et de banque à part entière. Elle a lancé, en
2006, l’Initiative pour une énergie durable et la
lutte contre le changement climatique (SECCI),
laquelle vise à favoriser les énergies renouvelables,
le rendement énergétique, le développement durable
des biocarburants, l’accès aux marchés du carbone et
l’adaptation au changement climatique.
Le Fonds pour la réalisation des OMD (F-OMD)
est un autre acteur central dont l’appui a visé des
projets de services écosystémiques et d’atténuation
en Colombie, en Équateur, au Guatemala, au
Nicaragua, au Panama et au Pérou. Il a versé, à ce
jour, 24 millions $ à ces programmes. Si ce Fonds
a aujourd’hui cessé ses activités, ses versements
continuent de financer les projets agréés.
Les efforts déployés par l’Équateur pour obtenir
une compensation à l’exploitation pétrolière qui
est continûment menée dans le Parc national
Yasuni riche en biodiversité ont également attiré
l’attention, en tant qu’initiative novatrice de
recherche de fonds pour le développement à
faible intensité de carbone. En août 2010, le
gouvernement équatorien a créé, avec le soutien
du PNUD, le Fonds environnemental Yasuni
Ishpingo Tambococha Tiputini, lequel vise une
compensation de 3,6 milliards $ sur 13 ans de la
part d’États, de fondations, d’organismes publics
et d’entreprises privées. Ce montant correspond
seulement à la moitié des recettes estimées de
l’exploitation pétrolière. Si la capitalisation du
fonds n’atteint pas 100 millions $ avant décembre
2011, l’initiative pourrait prendre fin tandis que
la production pétrolière se poursuivra. Le niveau
actuel des contributions (inférieur à 2 millions)
laisse penser que cet objectif a peu de chances de
3
2
Financement des projets climatiques par
thème en Amérique latine
Adaptation
Atténuation-général
$167m
51%
$84m
26%
Atténuation-REDD
$73m
23%
Ventilation des activités et contributions
des Fonds en Amérique latine
(en US$ millions)
Adaptation Atnuation
-néral
ICI FCPF MDG
LDCF SPA
AF
SCCF GEF
UN-REDD
Amazon Fund
GCCA
15
9
8
33
32
4
39
124
18
Atténuation
-REDD
11
4
13 0.2
8
6
Texte dAlice Caravani, Smita Nakhooda et Neil
Bird, de lOverseas Development Institute, et Liane
Schalatek, de la Heinrich Böll Stiftung North America
Note régionale : Amérique latine
L’Amérique latine est à la fois une source et
un puits d’émissions de carbone. Du fait de la
demande croissante en énergie, le nombre des
pays de cette région devenus contributeurs
majeurs aux émissions mondiales augmente. Le
niveau élevé de sa production pétrolière et sa
recherche constante de nouvelles ressources
pétrolières contrastent avec les intentions
exprimées de nombreux États de s’engager sur la
voie du développement à faible intensité. Il existe
néanmoins un potentiel considérable de mise en
œuvre d’activités d’atténuation et d’adaptation
compatibles avec les objectifs de veloppement
durable. D’une manière générale, le nombre
des initiatives sur le changement climatique
augmente à travers la région. De nombreux pays
sont précurseurs dans le lancement de nouvelles
procédures d’allocation pour le financement
climatique : le Brésil a par exemple établi le
Fonds pour l’Amazone qui contribue à réduire le
déboisement. Le financement se concentre sur un
nombre restreint de pays et, en général, celui qui
concerne l’adaptation reste limité.
Le dé du changement climatique en
Amérique latine
Des études récentes montrent que le changement
climatique pourrait coûter à l’Amérique latine
environ 1 % de son PIB annuel (CEPALC 2010).
Parmi les problèmes les plus urgents qui se posent à
la région figurent la régression des glaciers andins,
qui est susceptible de causer un stress hydrique
touchant quelque 77 millions de personnes avant
2020, et le déboisement continu des forêts tropicales.
Les petits États insulaires en développement des
Caraïbes sont particulièrement affectés par le
changement climatique qui risque de briser leur
base de ressources naturelles et leurs activités
économiques essentielles telles que le tourisme et
l’agriculture. La résolution de ces problématiques
exige des ressources considérables et rend crucial
l’accès de la région au financement climatique.
Il est prévu que l’Amérique latine connaisse
l’une des plus fortes augmentations des taux
de consommation d’énergie au monde du fait
de ses perspectives de croissance économique.
Les récentes estimations de l’AIE révèlent que
la consommation totale d’énergie de la région
augmentera de plus de 60 % entre 2008 et
2035. L’Amérique latine est la deuxième région
après l’ancienne Union soviétique en matière de
production pétrolière (IEA 2011 : 57), laquelle
se caractérise par d’importantes réserves et
l’intervention de l’État au Venezuela, au Brésil,
au Mexique et en Équateur. La production
pétrolière fournit une large part des recettes de la
région : Petrobras, au Brésil, est, par exemple, la
première compagnie pétrolière de la région et en
2010, elle a réalisé un bénéfice historique (24,1
milliards $). Ce record crée une tension avec
les objectifs visant un développement « à faible
intensité de carbone ». Les mesures d’adaptation
se réaliser. Plusieurs pays européens, notamment
l’Italie, ont promis des fonds en faveur de Yasuni
mais ces derniers sont peu susceptibles de se
concrétiser. De nombreux pays développés sont
sceptiques quant aux engagements politiques pris
en faveur du développement durable en Équateur.
Le financement climatique qui s’oriente de plus
en plus vers l’Amérique latine utilise également
les voies bilatérales. Les rapports de la CCNUCC
indiquent que les pays de l’Amérique latine et
des Caraïbes ont reçu, en 2010, 421,92 millions
$ de pays tels que l’Allemagne, la France et
le Japon. L’Initiative internationale pour le
climat (IIC) de l’Allemagne joue un rôle d’une
importance croissante puisqu’en octobre 2011,
elle avait versé 79 millions $. Comme indiqué
précédemment, le soutien bilatéral fourni
par le gouvernement norvégien aux activités
REDD+, en particulier au Brésil et au Guyana, a
également été un fait marquant.
Cibler les secteurs et les populations
prioritaires
Plusieurs grands pays de l’Amérique latine,
notamment le Brésil et le Mexique, ont investi dans
l’élaboration de stratégies nationales d’intervention
contre le changement climatique et bénéficié, dans
cet effort, de l’appui de hautes autorités politiques.
Les grands projets de réduction des émissions, tels
que les projets du MDP dotés de méthodologies
avérées, tendent à bénéficier d’un traitement
privilégié et à attirer la majeure partie des
financements destinés aux activités axées sur
le changement climatique en Amérique latine.
Il s’est avéré difficile de cibler efficacement
les projets technologiques dont le profil de
risque était plus élevé ou plus variable, et de se
concentrer sur les communautés les plus pauvres,
qui sont souvent rurales, et les groupes de
personnes les plus vulnérables et démunis comme
les femmes et les populations autochtones vivant
dans ces pays.
Des efforts ont été récemment déployés pour
expérimenter l’idée de partenariats public-privé
lors de la mise en œuvre de projets et programmes
respectueux du climat, et le secteur public a
pris les mesures de réduction des risques que le
secteur privé rechigne à assumer, notamment
par le biais de garanties. Les investissements
publics ciblés seront incontournables de tout
projet ou programme traitant de problématiques
cruciales liées au changement climatique dont les
perspectives de bénéfices privés seraient toutefois
peu brillantes.
Plusieurs défis se posent à la sécurisation du
financement climatique destiné aux secteurs
prioritaires, tant parmi les pays bénéficiaires qu’à
l’intérieur de ces pays. De nombreux décideurs
politiques régionaux n’ont pas pleinement
conscience de l’urgence que revêt le traitement
des incidences du changement climatique sur
leurs populations, leurs modes de subsistance et
leurs perspectives de développement économique.
Leur méconnaissance pourrait les conduire à sous-
estimer l’étendue du phénomène.
Les opportunités d’investissement doivent en
outre se conformer aux priorités nationales
et, dans l’idéal, se concrétiser par le biais de
processus entièrement participatifs. L’engagement
de l’ensemble des parties prenantes pertinentes,
qui incluent les populations autochtones et les
femmes, revêt une importance particulière dans
cette région.
1
Novembre 2011
4
FINANCE
NORTH AMERICA
Note 6
Fondamentaux du
Financement Climatique
www.climatefundsupdate.org
Les fondamentaux du financement climatique sont révisés annuellement, selon les données de
climatefundsupdate.org, et paraissent en anglais, en français et en espagnol
Références et liens utiles:
CEPAL (2010). Economics of Climate Change in Latin America and the Caribbean. http://www.eclac.org/
cgi-bin/getProd.asp?xml=/prensa/noticias/comunicados/7/41947/P41947.xml&xsl=/prensa/tpl-i/p6f.
xsl&base=/tpl/top-bottom.xslt
Agence internationale de l’énergie (AIE) (2011) Oil Market report.
Banque mondiale (2010) « Produire une énergie propre et sûre en Amérique latine et dans les Caraïbes »
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