devront également occuper une place centrale
dans les stratégies nationales de développement
durable au vu de la vulnérabilité des pays de
l’Amérique latine au changement climatique, de
la persistance des inégalités de revenus et de la
pauvreté - prégnantes jusque dans les économies
les plus développées.
L’Amérique latine reçoit actuellement une part
relativement faible des financements internationaux
provenant d’initiatives bilatérales et multilatérales
sur le financement climatique. Au total, ce sont
930 millions $ qui ont été approuvés pour la région
entre 2004 et octobre 2011, par le biais des fonds
climatiques suivis par Climate Funds Update. Le
passage du concept à l’exécution a cependant
subi un engorgement puisque seuls 333 millions $
ont été versés. En octobre 2011, 16 % du total
des projets approuvés au titre du Mécanisme de
développement propre (MDP) du Protocole de
Kyoto se trouvaient en Amérique latine, plaçant
ainsi cette région au deuxième rang des régions
destinataires, après l’Asie-Pacifique. Les projets se
concentrent cependant sur deux pays - le Brésil et
le Mexique - lesquels représentent à eux deux 59 %
des projets du MDP dans la région.
Répartition du nancement climatique
Les données de Climate Funds Update signalent
que cinq pays de la région reçoivent la majeure
partie des financements climatiques : le Brésil (94
millions $), le Mexique (54 millions $), le Pérou (32
millions $), la Colombie (25 millions $) et le Chili
(18 millions $). Le soutien accordé actuellement
aux pays pauvres de la région est nettement moins
important. La Bolivie n’a par exemple reçu que 2
millions $ pour deux projets liés à l’adaptation. De
même, le Paraguay n’a bénéficié que de 5 millions $
pour un projet REDD. Des programmes d’adaptation
sont maintenant en cours de réalisation dans les
pays des Caraïbes mais, à ce jour, seuls 2,4 millions
$ ont, semble-t-il, été versés à des projets liés au
changement climatique menés dans les petits États
insulaires en développement.
Objectifs du nancement climatique en
Amérique latine
En Amérique latine, les possibilités de réduction
des émissions résultant du déboisement et de la
dégradation des forêts sont vastes car la région
accueille un quart des forêts mondiales et suscite
un intérêt croissant auprès des efforts menés sur le
financement climatique. Dans le même temps, une
forte activité a été menée en faveur d’initiatives
d’atténuation visant l’énergie et le transport, et
plusieurs efforts ont été déployés pour augmenter
la résistance au changement climatique par des
projets d’adaptation.
Atténuation - Dans la région de l’Amérique
latine, les banques multilatérales de développement
demeurent des acteurs centraux du financement
de l’atténuation puisqu’elles sont de plus en plus
engagées dans les problématiques du changement
climatique par le biais de leurs systèmes de prêts
traditionnels et de programmes spécialisés soutenus
par les Fonds d’investissement climatique (FIC).
Le Fonds pour les technologies propres (FTP), qui
relève des FIC, finance des programmes au Mexique
et en Colombie à hauteur de 380 millions $. Si le
Chili a, pendant un temps, sollicité le soutien du FTP,
il a retiré sa demande après que la totalité des fonds
promis furent épuisés.
Depuis 2006, le FEM a versé aux pays de la région
des sommes relativement plus modestes, totalisant
136 millions $, pour le déploiement des énergies
renouvelables (éolienne, solaire et biogaz, y compris
pour l’électrification des zones rurales) et des
programmes de transport public. La plupart de
ces projets ont également été mis en œuvre par les
BMD. Le versement de ce financement a atteint 49
millions $ en 2011.
REDD+ - Les riches écosystèmes forestiers
de l’Amérique latine étant soumis à une pression
croissante, la région joue un rôle crucial dans les
efforts visant la réduction des émissions résultant
du déboisement et de la dégradation des forêts
(REDD+). En tant que membre du Rainforest
Coalition Grouping, présent au sein de la CCNUCC,
le Costa Rica a été l’un des premiers tenants du
concept de la mobilisation des marchés du carbone
pour la création des financements destinés aux
activités REDD+. Le Brésil, malgré ses mises en
garde contre les approches fondées sur le marché et
leurs implications sur les souverainetés nationales, a
également joué un rôle clé dans l’initiative REDD+.
Il a même assumé un leadership dans la mise en
œuvre de projets REDD+ incluant l’établissement du
Fonds pour l’Amazone en 2009, lequel est géré par
la Banque nationale brésilienne de développement
(BNDES). Ce Fonds pour l’Amazone finance
des projets et des programmes de prévention, de
surveillance et de lutte contre le déboisement, et
promeut la conservation et l’utilisation durable
des forêts amazoniennes. En octobre 2011, il avait
approuvé 20 projets d’une valeur de 127 millions
$ et versé près de 33 millions $, principalement
sous la forme de subventions. La Norvège est le
principal contributeur du Fonds, avec 1 milliard $
de promesses de dons pour la période 2009-2015.
Le Guyana a également contribué activement aux
efforts menés pour lancer de nouvelles approches
liées à REDD+. Le Brésil et le Pérou participent au
Programme d’investissement pour la forêt du FIC.
Adaptation - Les activités d’adaptation ne
représentent qu’une part modeste du financement
concernant l’Amérique latine. Cependant, l’Équateur,
le Nicaragua et le Honduras ont été les premiers à
bénéficier du Fonds d’adaptation. L’année passée, le
Programme pilote de résistance aux chocs climatiques
(PPCR) des FIC a accru son activité en Amérique
latine. Le PPCR vise à fournir des financements
programmatiques axés sur le renforcement de la
résilience ; récemment, 86 millions $ ont été approuvés
pour la Bolivie dont la programmation se fondait sur
un plan national de résistance climatique. Le PPCR
soutient également, aux Caraïbes, un programme
régional basé sur des projets-pilotes menés à la
Dominique, en Jamaïque, en Haïti, à Grenade, à
Sainte-Lucie, à Saint-Vincent et aux Grenadines, pour
un montant total approuvé de 33 millions $. Bien que
la majeure partie des projets PPCR s’appuient sur des
subventions, une large part de leurs financements sont
fournis sous la forme de prêts.
Principaux acteurs du nancement
climatique
La Banque interaméricaine de développement (BID)
est un acteur clé de la région puisqu’elle exerce la
double fonction d’organisme d’exécution des projets
FIC et de banque à part entière. Elle a lancé, en
2006, l’Initiative pour une énergie durable et la
lutte contre le changement climatique (SECCI),
laquelle vise à favoriser les énergies renouvelables,
le rendement énergétique, le développement durable
des biocarburants, l’accès aux marchés du carbone et
l’adaptation au changement climatique.
Le Fonds pour la réalisation des OMD (F-OMD)
est un autre acteur central dont l’appui a visé des
projets de services écosystémiques et d’atténuation
en Colombie, en Équateur, au Guatemala, au
Nicaragua, au Panama et au Pérou. Il a versé, à ce
jour, 24 millions $ à ces programmes. Si ce Fonds
a aujourd’hui cessé ses activités, ses versements
continuent de financer les projets agréés.
Les efforts déployés par l’Équateur pour obtenir
une compensation à l’exploitation pétrolière qui
est continûment menée dans le Parc national
Yasuni riche en biodiversité ont également attiré
l’attention, en tant qu’initiative novatrice de
recherche de fonds pour le développement à
faible intensité de carbone. En août 2010, le
gouvernement équatorien a créé, avec le soutien
du PNUD, le Fonds environnemental Yasuni
Ishpingo Tambococha Tiputini, lequel vise une
compensation de 3,6 milliards $ sur 13 ans de la
part d’États, de fondations, d’organismes publics
et d’entreprises privées. Ce montant correspond
seulement à la moitié des recettes estimées de
l’exploitation pétrolière. Si la capitalisation du
fonds n’atteint pas 100 millions $ avant décembre
2011, l’initiative pourrait prendre fin tandis que
la production pétrolière se poursuivra. Le niveau
actuel des contributions (inférieur à 2 millions)
laisse penser que cet objectif a peu de chances de
3
2
Financement des projets climatiques par
thème en Amérique latine
Adaptation
Atténuation-général
$167m
51%
$84m
26%
Atténuation-REDD
$73m
23%
Ventilation des activités et contributions
des Fonds en Amérique latine
(en US$ millions)
Adaptation Atténuation
-général
ICI FCPF MDG
LDCF SPA
AF
SCCF GEF
UN-REDD
Amazon Fund
GCCA
15
9
8
33
32
4
39
124
18
Atténuation
-REDD
11
4
13 0.2
8
6