lumière pour se développer, les coraux prolifèrent donc à de faibles profondeurs. Ce sont les
zooxanthelles qui donnent aux coraux leur couleur particulière. En état de stress, les coraux peuvent
expulser leur zooxanthelle, ce qui leur donne une apparence claire ou complètement blanche, d’où le
terme de « blanchissement ». Ce phénomène de blanchissement est provoqué par toute perturbation
du milieu marin, mais en particulier, par un réchauffement notable de l’eau de mer. Suite au
blanchissement, si les coraux survivent, ils sont recolonisés par une autre zooxanthelle de la même
espèce, ou d’une espèce différente. Le rétablissement de l’association symbiotique peut prendre
plusieurs semaines, ou même plusieurs mois. Si le stress est prolongé, il arrive que les coraux ne
soient jamais recolonisés par la micro-algue et qu’ils périssent.
Depuis les 15 dernières années, un phénomène de blanchissement des coraux, provoqué par le
changement climatique, est rapidement devenu la menace la plus grave pour ces écosystèmes (cf.
encadré 1.4). Au cours du phénomène El Niño de 1998, une augmentation anormale des
températures des eaux pendant plusieurs mois a causé le blanchissement des coraux dans plus de
50 pays. Les pays et îles de l’ouest de l’océan Indien ont été les plus affectés, avec une mortalité
moyenne de 30 % pour l’ensemble de la région (Obura, 2005). Aux Chagos, le blanchissement a
atteint 95 % dans certaines zones (cf. encadré 3.6). De même, un épisode de blanchissement majeur
a touché la région Caraïbe en 2005. Jusqu’à 95 % des coraux ont blanchi dans certaines zones aux
îles Caïmans, en Jamaïque, à Cuba et aux Antilles françaises. En Guadeloupe, cet épisode a causé
une mortalité importante des coraux déjà très affaiblis par d’autres pressions anthropiques (cf.
encadré 2.2). En effet, la résilience des coraux face au blanchissement dépend de la santé générale
du récif et des pressions anthropiques annexes qu’il subit (cf. encadré 1.5).
L’augmentation des températures des eaux tropicales de 3°C d’ici 2100, annoncée par le GIEC,
pourrait rendre les épisodes de blanchissement de 1998 et 2005 plus fréquents : tous les ans ou tous
les deux ans d’ici 2030-2050 (ONU 2006). De nombreux scientifiques annoncent que le changement
climatique pourrait détruire la majeure partie des coraux du monde d’ici 2050 (Hoegh-Guldberg 2005).
Encadré 1.5 : La résilience des coraux dépend de l’état de santé du récif
La résilience des coraux est leur capacité de rétablissement suite à une période de stress. Face au
blanchissement, elle dépend directement des pressions anthropiques annexes auxquelles les coraux
sont exposés, principalement la pollution ou la surpêche. Des études réalisées aux Seychelles lors du
blanchissement de 1998 ont montré une corrélation importante entre le rétablissement des coraux et
la quantité de polluants dans les eaux côtières. Le taux de rétablissement a varié entre 5 et 70 %
suivant le niveau de pollution. Les récifs coralliens qui se sont rétablis le plus rapidement étaient
généralement ceux situés dans des aires marines protégées et dans des eaux côtières où les niveaux
de pollution étaient moins importants (Wilkinson 2002, PNUE 2006). L’équilibre écologique et la
diversité biologique des récifs sont également des facteurs majeurs de résilience des coraux. En
particulier, les poissons herbivores et les oursins jouent un rôle important pour le rétablissement des
coraux après une perturbation (Nyström 2001) : ils évitent la colonisation des coraux dégradés par les
algues marines en les éliminant, et favorisent l’établissement de jeunes coraux après une mortalité
importante des récifs. La surpêche des poissons de récif herbivores provoque donc une diminution de
la résilience des coraux face au blanchissement.
Une variabilité très marquée de la résilience des coraux a été observée dans les collectivités
européennes d’outre-mer. Dans l’océan Indien, suite à l’épisode de blanchissement de 1998, la
mortalité des coraux a été très importante pour les récifs pollués et dégradés de Mayotte. Au
contraire, le rétablissement a été beaucoup plus important aux Chagos où les pressions anthropiques
étaient moindres (cf. encadré 3.6). Ainsi, s’il est difficile d’empêcher l’augmentation de la température
de l’eau à court terme, il est possible d’améliorer la résilience des coraux face au blanchissement à
travers une réduction des pressions anthropiques annexes.
L’augmentation des températures n’est pas la seule conséquence du changement climatique qui met
en péril les coraux. Les récifs sont aussi directement menacés par l’élévation du niveau marin,
l’intensification des cyclones et l’acidification des océans. Des coraux sains pourraient s’adapter à une
élévation progressive du niveau marin, mais des récifs dégradés ne pourront pas suivre le niveau de
l’eau. Les cyclones ont un impact très fort sur les récifs, particulièrement dans les zones non adaptées
à ce type d’événement climatique extrême. Le cyclone Erica par exemple, qui a touché la Nouvelle-
Calédonie en 2003, a détruit, de manière durable, une grande partie des récifs du parc marin du sud
de ce territoire (cf. encadré 4.7). Enfin, l’acidification progressive des océans pourrait avoir des
conséquences néfastes sur les organismes marins à coquille comme les coraux d’eau froide de