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Cahier de Recherche 21
INTRODUCTION
Les transferts de fonds représentent un phénomène complexe. Ce qui a suscité un foisonnement
d’études et de recherches ces dernières années. De plus, les transferts de fonds effectués par les
migrants vers leur pays d’origine constituent une source de financement importante pour un bon
nombre de pays en développement, le Maroc en fait partie (Makhlouf, 2013). Cette manne financière
peut être utilisée dans les pays en développement comme un substitut à d’autres flux financiers afin
de promouvoir leurs institutions économiques et financières. A cet égard, beaucoup de pays en
développement utilisent cette source pour financer leur développement local (Grabel, 2008).
Cependant, les effets des transferts de fonds sur les économies des pays d’origine restent ambigus.
Pour certains économistes, ces transferts ont un impact positif sur la balance des paiements (Chami
et al., 2005). Pour d’autres, ils peuvent avoir des effets inflationnistes et apprécient le taux de change
en causant ce que l’on appelle le « syndrome hollandais
» (Bourdet et Falck, 2006). Les effets macro-
économiques des transferts de fonds des migrants sont donc complexes (Grabel ,2008) et diffèrent
d’un pays à l’autre. Ceci est dû principalement aux politiques économiques mises en place dans les
pays d’origine des migrants, mais aussi à la manière selon laquelle ces transferts sont utilisés. De
plus, la plupart des gouvernements des pays en développement interviennent de manière fréquente
sur le marché des changes
(Krugman et Obstfeld, 2011, p.492).
La littérature économique souligne les risques d’appréciation du taux de change suite aux transferts
de fonds, puisque cela peut provoquer des pertes de compétitivité prix pour les pays bénéficiaires. Par
exemple, Amuedo-Dorantes et Pozo (2004) montrent en utilisant les données de panel pour 13 pays
d’Amérique Latine et des Caraïbes, qu’une augmentation de 100% des envois de fonds engendre une
appréciation de 22% du taux de change réel. Ce risque peut être plus important dans les petits pays
(Kapur, 2004).
Dans ce papier, nous allons étudier, nous vérifierons l’hypothèse selon laquelle les transferts de fonds
provoquent le syndrome hollandais, en étudiant leur impact sur le taux de change effectif et sur la
réallocation des ressources.
La suite de travail sera organisée comme suit : la deuxième section traite la revue de la littérature
selon deux approches; dans la troisième section, nous testerons l’hypothèse selon laquelle les
transferts de fonds engendrent le syndrome hollandais dans le cas du Maroc en utilisant deux types
d’estimations (fréquentiste et baysésienne) ; enfin dans la dernière section nous conclurons ce travail.
Le syndrome hollandais se réfère à l’appréciation de la monnaie suite à une entrée massive de capitaux.
Il est à signaler que dans un système de change flexible, le taux de change corrige le déséquilibre de la balance courante.
Dans un régime de taux de change fixe, la variation de la balance courante engendre une variation de la masse monétaire.