2 Prix interne du carbone Une pratique montante en entreprise Prix interne du carbone Une pratique montante en entreprise 3
L’Accord de Paris obtenu en décembre 2015 est un puissant appel à agir contre le changement
climatique. Il invite l’ensemble des acteurs, étatiques et non-étatiques, à agir de concert avec l’objectif
ambitieux d’atteindre un fonctionnement « neutre en carbone », c’est-à-dire avec zéro émission nette
de gaz à effet de serre, avant la fin du siècle. C’est un engagement considérable et inédit pour la communauté
internationale, qui appelle à repenser globalement nos modes de vie, nos industries, nos systèmes financiers
et nos modes de gouvernance, avec l’objectif d’une transition accélérée vers des économies à la fois sobres
en carbone et porteuses de développement.
À la suite de la communauté des économistes et du rapport du GIECA, un grand nombre d’entreprises, avant,
pendant et après la COP21, se sont mobilisées pour que la tarification des émissions de gaz à effet de serre
soit reconnue comme un mécanisme indispensable à cette transition. C’est en effet un moyen d’obtenir une
réduction du risque attaché aux investissements de décarbonation, une meilleure rentabilité de ces projets,
avec une réduction du recours aux fossiles et une atténuation des effets rebond dans les comportements
des consommateurs. Le monde économique et financier a réitéré lors du Business & Climate Summit de
2016 le souhait de voir émerger, partout dans le monde, des prix du carbone cohérents avec d’une part une
trajectoire d’émissions de gaz à effet de serre permettant de respecter un réchauffement maximal moyen
de +2°C et d’autre part le maintien d’un contexte concurrentiel équitable.
Ces prix ne peuvent exister que sur la base de décisions politiques des gouvernements. Leurs implications
sur le coût de l’énergie, et donc sur de nombreux acteurs économiques liés aux énergies fossiles, rendent
ces décisions souvent délicates: 13% des émissions mondiales sont actuellement soumises à des régimes
de prix. Mais une dynamique d’extension est lancée et il convient d’en anticiper rapidement les effets sur la
vie économique.
Sans attendre l’intégration de prix du carbone dans tous les pays, et dans tous les secteurs, certaines
entreprises ont donc choisi de s’appliquer à elles-mêmes un système de valorisation du carbone. Les raisons et
les modalités de cette décision sont variées, et dépendent de l’entreprise, de son activité, de ses implantations,
de sa culture, de son ambition stratégique face aux exigences de la décarbonation. Ces programmes de prix
internes du carbone témoignent toujours de la volonté d’anticiper un avenir où les solutions bas-carbone se
développeront avec succès et de s’assurer que les choix opérés aujourd’hui se révéleront pertinents demain.
Plus cette pratique se répandra, plus sera aisée l’adoption par les pouvoirs publics de politiques de prix
bien anticipées. C’est pourquoi sa diffusion la plus large possible, en France et dans le monde, nous paraît
souhaitable.
Cette publication est fondée sur l’expérience d’entreprises membres d’EpE qui ont déjà intégré de tels
signaux-prix dans leur gestion et leurs décisions stratégiques. Elle répond à beaucoup de questions et nous
espérons qu’elle sera utile à de nombreuses autres sociétés désireuses de définir leur propre stratégie vers
un avenir décarboné, dans un chemin collectif cohérent.
Jean-Dominique Senard, Président d’EpE
Président du Groupe Michelin
Anticiper un avenir sobre en carbone
Le mot du Président d’EpE
A - Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat