LES ÉCHINODERMES
L'embranchement des Échinodermes est riche de plus de 7000
espèces différentes et son nom provient de la particularité de certains d'entre eux à
porter des piquants : ''échinos'' signifiant épine et ''derma'' peau, en grec ancien.
Présents dans toutes les mers du monde, à toutes profondeurs, ils vivent uniquement
en milieu salé, jamais en eau douce, et ce, depuis les temps lointains de leur origine
géologique, le Cambrien, il y a plus de 500 millions d'années, comme a permis de
l'affirmer l'étude des nombreux fossiles datant de cette époque.
Ils possèdent en outre quelques particularités anatomiques communes :
- une morphologie à symétrie radiaire pentamérique (de type 5 ou multiple de 5),
- un squelette formé de calcite (carbonate de calcium),
- un système aquifère, assurant la circulation de l'eau dans l'animal, lui permettant
de se déplacer, de respirer et d'assurer sa défense.
Le phylum des échinodermes comprend cinq classes distinctes :
les échinides ou oursins, les astérides ou étoiles de mer, les concombres de mer ou
holothurides, les crinoïdes ou comatules et les ophiurides ou ophiures.
Comatule Ophiure
Les deux dernières classes, à savoir les comatules et les ophiures
ne présentent aucun risque particulier. Ce n'est que dans les trois premières que l'on a
identifié des espèces venimeuses potentiellement dangereuses.
A- Les OURSINS ou ECHINIDES
1- Caractéristiques générales
Il y a près de 900 espèces d'oursins identifiées, dont environ une
quarantaine fréquentent les mers d'Europe. Leur forme est globalement sphérique et
légèrement aplatie. Ils possèdent un squelette interne rigide : le test. Il est composé de
plaques calcaires soudées entre elles et présente à sa surface des petits tubercules sur
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lesquels s'articulent de grands piquants mobiles appelés piquants primaires ou parfois
radioles. Entre les grands piquants sont implantés trois autres types d'éléments : les
piquants secondaires, plus petits, les pédicellaires, sortes de petites pinces venimeuses
à griffes, servant à la défense et au nettoyage, et les pieds ambulacraires ou podias,
dont la fonction, avec les longs piquants, est d'assurer la locomotion.
Test d'oursin pourpre Piquants, podias et pédicellaires à venin
L'appareil digestif de l'oursin est assez complexe et comporte une
bouche et un anus, situés le plus souvent aux pôles opposés de l'animal, avec entre les
deux, un œsophage, un estomac, prolongé par un long intestin en double boucle et un
rectum. L'oursin est herbivore et se nourrit d'algues, qu'il broute grâce à un appareil
masticatoire original et puissant, appelé lanterne d'Aristote. Celui-ci est constitué de
cinq longues dents, actionnées par cinq mâchoires, qu'il peut à son gré extérioriser et
projeter hors de son orifice buccal.
Les oursins sont dotés de branchies disposées en étoile autour de
la bouche. Elles lui permettent de respirer par extraction l'oxygène dissous dans l'eau.
Les oursins ont un sexe différencié, sans signe extérieur distinct. Il est reconnaissable
uniquement à l'ouverture de l'animal, par la couleur différente des glandes génitales,
situées autour de l'anus : jaune chez le mâle et orangée chez la femelle. C'est la partie
comestible de l'animal, délice des pêcheurs et des amateurs d'oursins.
Gonades d'oursin femelle Bouche d'oursin entre podia et piquants
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La reproduction de l'oursin débute toujours à un instant précis,
déterminé par l'émission d'un signal chimique de nature hormonale. Au même
moment, toute la colonie libère en pleine eau ses gamètes mâles et femelles et la
fécondation va débuter en pleine eau au gré du hasard. Les œufs fécondés vont se
regrouper et nidifier ensuite entre et sous les piquants des oursins, recourbés pour la
circonstance en abris de fortune. Par la suite les œufs se transforment en larves
planctoniques ; elles vont se développer puis se disperser et coloniser d'autres sites.
Les organes sensoriels sont constitués de capteurs mécaniques,
chimiques et lumineux répartis dans tout l'épiderme, particulièrement au niveau des
épines, des pédicellaires et des podias. L'oursin est capable de détecter une variation
soudaine de luminosité, comme l'ombre d'un agresseur en approche. Pour sa défense,
il va alors diriger tous ses piquants dans la direction repérée et en contractant des
petits muscles situés à leur base, assurer leur rigidité pour une pénétration optimale.
Le système nerveux de l'oursin est double. Il est composé surtout
d'éléments sensitifs à la surface de l'animal et d'éléments moteurs en profondeur, avec
un anneau nerveux péri-buccal et cinq nerfs à distribution radiaire, destinés à la base
des épines et des podias.
L'oursin aime souvent s'abriter dans une anfractuosité de rocher
la journée et il ne la quitte que la nuit pour se nourrir. Il se déplace alors lentement sur
ses podias et ses piquants, la face orale toujours dirigée vers le sol. Pour franchir un
obstacle, il utilise ses mâchoires et ses cinq dents et mord la roche pour s'agripper ,
puis en poussant sur ses piquants, il parvient à se redresser et se laisse tomber vers
l'avant. C'est ainsi que, par chutes successives, l'oursin arrive à franchir des obstacles.
Coupe schématique d'un oursin avec son système aquifère
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Pour mieux coller au substrat, l'oursin dispose de petites glandes
situées à l'extrémité des podias, secrétant un mucus gluant, permettant une meilleure
adhérence, de la petite ventouse terminale dont chacun est équipé.
Et c'est grâce au système aquifère dont la nature a doté tous les
échinodermes et l'oursin en particulier que la locomotion de ces animaux est possible.
Voyons de plus près cette petite merveille de technologie hydraulique et tentons d'en
expliquer le fonctionnement, même si la lecture qui va suivre nécessite un petit effort
de concentration chez le lecteur.
Le système aquifère est un réseau liquidien assez complexe. Il est
constitué d'un canal circulaire principal péri-oral, duquel partent cinq canaux radiaires
alimentant les podias et les ampoules liquidiennes qui leur sont annexées. Il est en
communication avec le milieu marin extérieur, par un petit canal aquifère à paroi
calcaire, s'ouvrant en surface par un ou plusieurs pores, au niveau de la plaque
madréporique près du pôle anal (voir schéma). Tout ce réseau est rempli d'un liquide
dont la composition chimique est proche de celle de l'eau de mer, mais légèrement
plus concentrée en sels minéraux.
Et c'est par le jeu de l'ouverture ou de la fermeture d'une toute
petite valve musculaire, située entre l'ampoule, le podia et le canal radial, et par
contraction ou par relâchement de petits muscles entourant l'ampoule, que la pression
dans le système est modifiée, et que le liquide est injecté dans le podia, assurant alors
sa turgescence et sa rigidité, ou est refoulé vers l'ampoule et le réseau, provoquant
alors sa flaccidité.
Schéma anatomique de la surface d'un oursin
La coordination de l'ensemble du système et la mobilité des
piquants sont sous le contrôle du système nerveux autonome décrit précédemment, ce
qui donne à l'oursin l'autonomie pour se déplacer, se nourrir et se défendre.
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Notons aussi qu'à travers la paroi du réseau aquifère s'effectuent
les échanges gazeux, nutritifs et l'élimination des déchets métaboliques.
Avant de clore cette partie de généralités, il faut encore parler des
oursins dits'' irréguliers'' anus et bouche ne sont plus en position bipolaire comme
chez les oursins ''réguliers'' vus précédemment, mais du même côté ou près du bord, à
la symétrie non plus axiale mais bilatérale et à l'implantation des podias en forme de
pétales, bien visibles sur leur test. Ce sont leurs trois caractéristiques principales.
Ils sont ovoïdes, aplatis et généralement fouisseurs et comme la plupart des oursins,
inoffensifs. Le plus connu d'entre eux est le Spatangue ou Brissus unicolore, présent
sur toutes nos côtes et qui vit la plupart du temps enfoui le jour dans le sable.
Spatangue pourpre Test de Spatangue unicolore
2- Accidents dus aux oursins
Les accidents sont particulièrement fréquents et surviennent la
plupart du temps en été, en marchant dans l'eau par inadvertance sur un oursin, ou en
frôlant un rocher sur lequel il est fixé. Les piqûres par manipulation des oursins sont
plus rares. Aux manifestations purement mécaniques peuvent parfois s'associer des
phénomènes d'envenimation, notamment avec certaines espèces tropicales, que la
nature a armé de glandes à venin annexées aux piquants pour parfaire leur défense.
a) Piqûres par piquants
La douleur provoquée par la piqûre est immédiate et d'intensité
variable en fonction du nombre d'impacts, de sa localisation, de la profondeur et de la
nature des tissus perforés. Il peut y avoir secondairement, une réaction inflammatoire
si du matériel tégumentaire recouvrant les piquants reste dans la plaie, ou des
infections ultérieures si des bactéries ou des virus présents dans l'eau sont inoculés au
moment de la pénétration du piquant. Rappelons que les oursins pullulent souvent
dans les eaux polluées, en particulier près des effluents d'égouts et des ports.
Des infections générales systémiques, comme la pasteurellose, le
rouget du porc, les infections à mycobactéries, le tétanos, peuvent me en découler.
La présence d'une densité élevée d'oursins est souvent considérée comme un facteur
d'appréciation de la pollution dans une zone déterminée.
Des complications tardives comme des abcès ou des phlegmons
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