Mary Wigman, chorégraphe allemande

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1 - MARY WYGMAN : Biographie
 Elle est le symbole de la danse moderne allemande des années 20. A 24 ans, elle
rompt avec sa famille et entre dans l’école de Emile Jaques Dalcroze. Elle en sort trois
ans plus tard, diplômée et prête à enseigner la rythmique dans une école Dalcroze, mais
elle est encouragée à rejoindre LABAN. Elle devient son assistante presque
immédiatement et le restera jusqu’en 1919, tout en produisant ses propres danses en
public dès 1917.
 Jusqu’à la fin de sa vie en 1973 et dans des conditions parfois très difficiles, elle danse,
chorégraphie et enseigne, dans des écoles qu’elle crée ou dans son propre appartement.
Elle va former une foule de danseurs (Kreutzberg, Kurt Joss, Suzanne Linke, Gerhard
Bohner…).
 Elle travaille parallèlement à LABAN, adoptant la valeur qu’il accorde à l’espace, mais
se séparant de lui sur d’autres aspects de sa théorie. Infiniment plus concentrée que son
maître sur la danse et sa triple voie – création, interprétation et enseignement – et
bénéficiant des recherches qu’il avait accomplies, WIGMAN se préoccupe surtout des
relations intimes entre la spiritualité et le mouvement. Ses nombreux et passionnants
écrits tentent de décrire le processus complexe de la création ; la forme privilégiée du solo
lui permet d’affiner au maximum le jeu avec l’espace, qu’elle considère comme essentiel :
« L’espace est le royaume de l’activité réelle du danseur qui lui appartient car lui même le
crée. »
 WIGMAN décrit sa propre expérience créatrice comme la mise en mouvement et en
espace des puissances invisibles qui l’animent ; le danseur est un médium et la danse vue
par WIGMAN est proche de la transe ; elle renoue d’une certaine façon avec la fonction
cathartique qu’elle occupait dans les sociétés archaïques. Dans ses solos d’avant-guerre,
de « Danse de la sorcière » (1926) à « Danse de mort » (1928) WIGMAN rend en effet
visible la peur grandissante des forces du mal qu’elle sent monter. Est-ce pour cela que le
public bourgeois la siffle ? Elle est mieux accueillie à l’étranger, en Suède et en Amérique,
notamment, où elle suscite des vocations.
 John MARTIN, critique américain, avait reconnu son talent : « Dans ses propres
danses, WIGMAN reflète la tendance philosophique générale de l’esprit allemand ; ce sont
des danses d’introspection plus que d’action, révélatrices d’états intérieurs. Mais vu
l’intensité de sa passion, les états qu’elle traduit ne sont nullement statiques ou distants,
mais vibrants, vitaux, excitants. Elle passe du lyrique le plus tendre au grotesque et à
l’obsession démoniaque pour retrouver la retenue et la noblesse de la tragédie…La vitalité
et l’éloquence magnifiques de son corps, la profondeur et la véracité de son émotion, sa
faculté de communiquer ses sensations dans le domaine de l’expérience non
intellectuelle, confèrent à sa danse un pouvoir d’évocation constant et la désignent comme
une des plus grandes figures de l’art moderne. »
 Si Martha GRAHAM et WIGMAN sont de la même trempe et de la même génération,
leurs destins divergent. Tandis de GRAHAM, américaine, devient une véritable prêtresse
de la modern dance, reconnue comme telle de son vivant, honorée comme un trésor
national, WIGMAN rencontre le nazisme.
 En 1936, elle participe comme LABAN et d’autres danseurs, aux fêtes liées aux jeux
olympiques ; après l’exil de LABAN, elle occupe une position officielle pour la danse
allemande. Si elle n’exprime pas d’opposition franche au régime d’Hitler, elle ne tardera
pourtant pas à être classée « artiste dégénérée » et à voir son école de Dresde fermée et
ses danses interdites à la scène. Elle continue à enseigner à Leipzig ; elle rouvrira une
école Berlin à la fin de la guerre, recommencera à créer des chorégraphies, à écrire et à
enseigner.
 L'héritage de Mary WIGMAN a été redécouvert dans les années 1970 avec
l'émergence du Tanztheater, un style étroitement associé à la chorégraphe Pina Bausch.
Tiré de « La danse au XXème siècle » chez BORDAS – MDF/EN
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2 - MARY WYGMAN : Oeuvres
Danse de mort (1928), de Mary WIGMAN, dansée par les élèves de son école. Les danses de
groupe, sous l’influence des recherches de Rudolf LABAN, constituent l’un des aspects
fondamentaux de l’art de la chorégraphe. Dans la tradition des danses macabres allemandes
du Moyen Age, le thème de la mort, omniprésent dans toute l’œuvre de WIGMAN, inspire
ces formes ramassées, où l’individu se fond dans le groupe, traité comme une masse à
sculpter, puissante et inquiétante.
Mary WIGMAN dansant dans le « Chant du destin » du cycle « Chants pour la danse ». L’art
du solo permet à la chorégraphe de jouer en intériorité. On observe ici le caractère dramatique
de cette danse, l’opposition entre l’ombre et la lumière, le mouvement qui tend refermer le
corps sur lui-même. Le costume renforce cette impression d’enferment, de resserrement de
l’espace autour du corps.
Tiré de « La danse au XXème siècle » chez BORDAS – MDF/EN
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Tiré de « La danse au XXème siècle » chez BORDAS – MDF/EN
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