Oppositions entre l'infinitif complément du verbe de perception et la proposition subordonnée complétive régie par les verbes de perception dans l’optique de leur traduction en serbocroate (BCMS) Rapport complétive /infinitive • Objet de nombreuses études grammaticales • Débat de la proposition infinitive • Nombreuses similarités (Dubois & Lagane: Proposition subordonnée complétive infinitive ) Structure Grammaire traditionnelle • Précis des différentes positions théoriques • Analyse des différences basée sur la valeur sémantique du verbe introducteur dans les deux langues Les deux structures sont équivalentes: elles occupent la même position syntaxique par rapport au verbe régisseur: celle du complément de verbe. Je vois qu'il vient • Analyse des exemples de traduction français/sc et vice-versa Je le vois venir. Corpus: œuvres littéraires contemporaines, articles de presse (MD) et TLF informatisé Grammaire générative ou transformationnelle • • Position majoritaire: dans la structure profonde, il n’y a que des propositions complétives. Les infinitifs compléments du verbe régisseur ne sont que des dérivations de surface. Je le vois venir. dérive de: Je vois qu'il vient. Syntaxe non transformationnelle • Une relation de complémentarité plutôt qu’une relation d’équivalence Je vois qu'il vient / Je le vois venir. NB: les verbes regarder et écouter seront exclus de la présente analyse. Ils introduisent des constructions infinitives mais non des propositions subordonnées complétives. 1 Différences Je vois qu'il vient / Je le vois venir • La construction complétive est dotée d'un trait + cognitif, absent des propriétés sémantiques de la structure infinitive • Résultat – restrictions spatio-temporelles pour la construction infinitive que la subordonnée complétive ne connaît pas Verbe Sentir Je la sentis serrer mon bras. Je sentis qu’elle serrait mon bras. vs Je sentis qu’elle avait serré mon bras. Je sentis qu’elle allait serrer mon bras. Restriction spatio-temporelle des infinitives • Simultanéité et unité spatiale obligatoires des processus désignés par le verbe régisseur et le verbe à l’infinitif. Verbe Voir Je vois qu’il part. = Je le vois partir. Je vois qu’il est parti./Je le vois partir. Je vois qu’il partira. / Je le vois partir. Verbe Entendre J’ai déjà entendu Paul jouer ce morceau. J’ai déjà entendu que Paul jouait… VS J’ai déjà entendu que Paul avait joué… J’ai déjà entendu que Paul jouerait… Restriction spatio-temporelle des infinitives Restriction confirmée: les infinitifs du passé ne peuvent pas compléter les verbes de perception, c.àd. *Je le vois être parti. * Je l’ai senti avoir serré mon bras. *Je l’ai entendu avoir joué ce morceau. Complétives: disjonction des deux procès Caractère épistémique de la perception dans ces structures les rend plus libres: • les deux procès peuvent même se dérouler dans les intervalles séparés. • L’unité de lieu n’est plus de règle pour le sujet du verbe régisseur et l’objet de « perception » infinitifs: perception directe PSC: perception indirecte, mediée par une activité cognitive 2 Exemples de la non équivalence Voir Exemples de la non équivalence Sentir Je vois (comprends, réalise,constate, etc) qu'il est venu. Je sens (pressens, prévois) qu’elle serrera mon bras. Je vois (comprends, réalise,constate, etc) qu'il viendra. J’ai senti (pressenti, prévu) qu’elle avait serré mon bras. J'ai vu (compris/réalisé/constaté, etc) qu'il viendrait. Je sentis (pressentis, prévis) qu’elle allait serrer mon bras. Exemples de la non équivalence Entendre J’ai déjà entendu (appris) que Paul jouait ce morceau. J’ai déjà entendu (appris) que Paul avait joué ce morceau. Analyse: conclusions Le caractère épistémique de la perception nous amène à conclure que la proposition subordonnée complétive appartient à la catégorie des propositions finies, alors que la construction infinitive appartient à celle des propositions non finies. J’ai déjà entendu (appris) que Paul jouerait ce morceau. Traduction en SC (BCMS) • catégorie syntaxique des propositions infinitives non existante en SC/BCMS • la langue serbo-croate (BCMS) n'a plus de possibilités d'utiliser l'infinitif après un verbe de perception et la distinction d'une structure de départ dans ce type de traduction devient très difficile, voire impossible. Traduction Verbes équivalents de regarder et écouter (gledati et slušati) ne régissent pas les verbes à la forme accomplie ce qui évite toute confusion: Gledao je kako Žili silazi. renvoie à Il regarda Julie descendre. 3 Traduction exemples Traduction exemples A force de s’intéresser au reflux, on ne voit pas que la mer monte. Dok priprema meso za taj dan, čuje kako (…) stižu ostali radnici. Obuzeti osekom, ne vidimo kako more narasta. En préparant la viande pour cette journée, il entend arriver les autres ouvriers (…) ou En préparant la viande pour cette journée, il entend que les autres ouvriers arrivent (…) . A force de s’intéresser au reflux, on ne voit pas monter la mer. Obuzeti osekom, ne vidimo kako narasta more. Valeur épistemique en SC (BCMS) Valeur épistemique en SC (BCMS) BCMS: Vidjeti – konstatovati, shvatati… (svršeni vid) Français: Voir – constater, comprendre …(accompli) BCMS: Čuti - Saznati Vidim da je otišao. = Je vois qu’il est parti. Valeur épistemique en SC (BCMS) BCMS: Osjećati –predosjećati, predviđati Osjećam da će me stegnuti za mišicu. Français: Sentir –pressentir; prévoir Je sens (pressens, prévois) qu’elle serrera mon bras. Već sam čula (saznala sam) da je Pol svirao... Français: entendre-apprendre J’ai déjà entendu (appris) que Paul avait joué... Traduction - conclusion Équivalence de valeur sémantique des verbes de perception régissant les deux constructions facilite la traduction d’une langue à l’autre. Au moment où le perceptif devient cognitif, le non-accompli devient accompli. Unité de temps et de lieu sont rompues. 4 Merci de votre attention ! Jasmina Tatar Anđelić Université du Monténégro [email protected] 5