Devialet 200/400 Amplificateur intégré avec DAC et Streamer Le

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Devialet 200/400 Amplificateur intégré avec
DAC et Streamer
Le futur est là
Robert Harley
Photo par Dennis Burnett
Dire du Devialet 200 qu'il s'agit de matériel
audio technologiquement avancé, serait
comme dire que Miles Davis était
trompettiste. Il n'y a en réalité aucune
catégorie de produit qui puisse décrire
l'ensemble des innombrables fonctionnalités
du 200, tout comme il n'existe aucun autre
appareil qui dispose d'une telle gamme de
fonctionnalités. Plutôt que d'envisager le
Devialet comme appartenant à telle ou telle
catégorie de matériel, il est plus utile de le
décrire comme une plate-forme matérielle
multifonction et multi-usage, contrôlée par un
logiciel.
Cette plate-forme matérielle repose sur un ampli intégré de 200 W par canal avec
DAC, entrée phono, streamer sans-fil, convertisseur analogique/numérique (capable
de ripper des vinyles) et filtre-répartiteur pour caisson de basse. Les entrées du 200
sont configurables et peuvent s'adapter à plus ou moins n'importe quel système.
Vous n'avez pas de platine vinyle, mais deux sources analogiques de niveau ligne ?
Aucun problème. Les entrées analogiques peuvent êtres configurées pour devenir
des entrées de niveau ligne. De la même façon, ces entrées jack peuvent devenir
des entrées phono, incluant gain ajustable et choix de cellule (impédance et
capacité). Grâce à la nouvelle technologie d'Adaptation Active aux Enceintes (SAM,
pour Speaker Active Matching), le signal de sortie du 200 peut être optimisé en
fonction de vos enceintes personnelles.
Pour vous donner une idée de la flexibilité du produit, mon exemplaire de test du
Devialet 200 m'a été expédié en tant que modèle 170, à 170 Watts par canal. Une
mise à jour logicielle l'a transformé en modèle 200, avec 200 Watts par canal.
Vous pouvez même convertir le modèle 200Wpc en modèle 400W monobloc en y
ajoutant un deuxième modèle 200 — doublant au passage le nombre d'entrées
disponibles. Devialet propose cette configuration à la vente en tant que modèle 400.
Comme nous allons le voir, celui-ci fait bien plus qu'augmenter la puissance de
sortie.
Le 200 est aussi radical dans son apparence que dans la technologie présente à
l'intérieur. D'une taille et forme comparable à celle d'un ordinateur portable, son
châssis en aluminium chromé peut
être fixé à plat contre un mur. Un
unique bouton d'allumage orne le
panneau frontal (si tant est qu'on
puisse encore appeler ça comme
ça).
L'interaction avec le 200 s'effectue à
l'aide d'une télécommande de forme
carrée présentant quatre petits
boutons et un gros bouton de
volume. Vous pouvez également
contrôler le 200 à l'aide d'une
application sur votre tablette ou
Smartphone. L'interface de ladite
application imite le grand bouton de
volume de la télécommande, que
l'on fait tourner en faisant glisser son
doigt.
Compte tenu des capacités uniques
du 200, on pourrait facilement
passer à côté de la technologie
centrale sur laquelle sont basés non
seulement le 200, mais aussi
l'ensemble de l'entreprise qui en est
à l'origine.
Le 200 est assez simple à configurer. Une page sur le site internet de Devialet
présente l'arrière du 200 tout en faisant ressortir les éléments configurables. Il suffit
par exemple de cliquer sur les entrées RCA pour faire apparaître un écran
permettant de choisir entre ligne et phono ; si vous choisissez phono, le gain et le
chargement par cellule deviennent accessibles. Parmi les autres paramètres du
mode phono, on trouve le choix entre mono et stéréo, les courbes d'égalisation et la
balance entre les deux canaux.
Une sortie jack numérique peut être transformée en sortie jack analogique, avec ou
sans filtre passe-bas, avec réglage de la fréquence de coupure et de la pente du
filtre. Le signal arrivant aux bornes est filtrable par passe-haut ou passe-bas, là
encore avec sélection de la fréquence de coupure et de la pente. Ces fonctions de
filtrage sont parfaites pour une installation avec caisson de basse ; ainsi, le signal
réservé aux enceintes est filtré passe-haut, et le signal de sortie ligne pour le caisson
est filtré passe-bas.
Une fois votre 200 configuré virtuellement sur le site officiel, vous téléchargez le
fichier de configuration sur une carte SD. Vous insérez ensuite la carte SD dans le
panneau arrière du 200 et, en quelques secondes, le 200 se transforme en l'appareil
audio tel que vous aviez configuré en ligne. Comme le 200 est avant tout numérique,
ses entrées analogiques, y compris le signal phono, sont numérisées. Vous pouvez
choisir entre un taux d'échantillonnage à 96 et 192KHz dans le convertisseur
analogique/numérique. Le signal numérisé,
d'où qu'il provienne, ressort en sortie jack numérique (RCA). Vous pouvez par
exemple utiliser cette fonctionnalité pour numériser et archiver une collection de
vinyles.
J'ai créé deux cartes SD, l'une parfaitement adaptée aux Magico Q7 et l'autre
configurée avec filtre passe-haut et passe-bas activés pour des Raidho X-1 et deux
caissons de basse e-112 de JL Audio (critique à paraître prochainement).
Vous pourriez de la même façon créer plusieurs cartes SD avec plusieurs
chargements de cellules, par exemple, et passer d'une carte à l'autre plutôt que
devoir réitérer toute la configuration pour chaque ajustement. Cette approche n'a
qu'un seul inconvénient : il est bien plus facile de tester différentes fréquences de
coupure pour le caisson en tournant un bouton sur le caisson JL Audio que de
modifier le paramètre sur le site web de Devialet, sauvegarder le fichier de
configuration, et insérer la carte dans le 200.
Du côté des entrées numériques, on trouve de l'USB, de l'AES/EBU, du TosLink et
du SPDIF coaxial. Vous pouvez également streamer de l'audio sans-fil jusqu'à 24bits/192KHz à l'aide de l'application AIR Universal Streamer de Devialet, et ce,
depuis votre tablette, votre ordinateur ou votre Smartphone. La connexion sans fil
entre l'ordinateur faisant office de serveur musical et le 200 possède un avantage
théorique, en ce qu'elle isole le 200 du bruit potentiellement généré par l'ordinateur.
L'application AIR propose une connexion asynchrone entre l'ordinateur et le 200 ; le
signal est mis en mémoire tampon puis traité pour réduire le jitter. Vous pouvez
également streamer des fichiers musicaux vers le 200 par le biais de sa connexion
Ethernet.
Compte tenu des capacités uniques du 200, on pourrait facilement passer à côté de
la technologie centrale sur laquelle sont basés non seulement le 200, mais aussi
l'ensemble de l'entreprise qui en est à l'origine. Comme décrit dans l'encadré,
Devialet est né d'un projet visant à créer un étage de sortie d'amplificateur qui
associerait un amplificateur de tension de Classe A à un amplificateur de courant de
Classe D. Cette topologie, appelée ADH (pour Analog Digital Hybrid, c'est à dire
Hybride Analogique-Numérique) est ce qui rend possible de créer un amplificateur
intégré à 200 W par canal dans un châssis à peine plus gros qu'un ordinateur
portable. Par ailleurs, il fonctionne à l'aide d'une alimentation à découpage avec
correction de puissance, ce qui la rend plus légère et plus petite. En fonctionnement,
le 200 dégage plus de chaleur qu'un ampli intégralement de Classe D.
Le trajet du signal, des DAC (Burr-Brown PCM1792) aux sorties ne fait que 10 cm.
Dans la plupart des DAC multibits, le courant de sortie du DAC est converti en
tension par un ampli opérationnel (op-amp) ou, plus rarement, par un circuit
indépendant. Le Devialet opte pour une approche différente : il utilise un
convertisseur courant-tension passif basé sur une unique résistance très haut de
gamme, placée dans un environnement à température stable. Cette technique
permet de supprimer un étage de gain actif dans le trajet du signal.
Le circuit situé dans le châssis est modulaire, favorisant ainsi les mises à jour
matérielles et logicielles. Étonnamment, l'étage de sortie de Classe D n'a pas besoin
d'un grand filtre (inducteur + condensateur) pour lisser l'onde en forme de marches
d'escalier et le bruit de commutation de l'étage de sortie.
Les spécifications du 200 sont pour le moins impressionnantes : les distorsions
d'harmoniques (THD+N) sont d'un tout petit 0,001 % à pleine puissance, le ratio
signal/bruit est de 130 dB et l'impédance en sortie est ultra-faible à 0,001 ohm.
En utilisation quotidienne, le Devialet 200 est un vrai plaisir. Le matériel est très
simple d'utilisation et l'on apprécie le bouton de volume pour sa robustesse et sa
grande taille qui le rendent bien plus agréable que d'appuyer sur de minuscules
boutons en plastique. Le dessus de l'appareil (ou l'avant, si vous fixez le 200 contre
un mur) possède un petit hublot éclairé montrant l'entrée sélectionnée, le volume
choisi, et d'autres paramètres. Cet écran peut également afficher une large gamme
de détails techniques, qu'il s'agisse des détails réseau ou de la température du
radiateur. Un contrôle des basses et des aigus est également proposé à partir de la
télécommande. Trois des boutons de la télécommande peuvent être configurés pour
réaliser n'importe quelle opération, par exemple le choix de la source,
l'activation/désactivation de l'Adaptation Active aux Enceintes, l'inversion de la
polarité, le contrôle de la tonalité, etc. La technologie dernier cri du 200, sa gamme
de fonctionnalités inégalée et ses capacités hors norme sont enveloppées dans un
package extrêmement élégant et agréable.
Quelques autres notes. Devialet propose un modèle "Compagnon" du 200 sans
télécommande ni streamer Ethernet/Wi-Fi pour les systèmes à base de deux
modèles 200 opérant en mono. Le compagnon coûte 7995 $. Le Compagnon est
aussi proposé en lot avec le modèle 200 : ce lot est vendu sous le nom de
modèle 400. Vous pouvez également mettre à jour un 200 en y adjoignant un
Compagnon pour en faire un modèle 400. Devialet propose également le
modèle 120, une version moins puissante (120W par canal) pour 6495 $, basée sur
la même architecture. Le 120 ne peut toutefois pas fonctionner en mode mono, et ne
possède qu'une entrée à bobine mobile dépourvue des fonctions de chargement de
cellule du 200. En haut de la gamme, on trouve le modèle 800 à 29 995 $, qui
comme son nom l'indique, monter à 800W par canal.
ÉCOUTE
J'ai testé le Devialet 200/400 couplé aux Q7 de Magico, aux minuscules enceintes de
monitoring X-1 de Raidho, et à des X-1 associés à deux caissons de basse e-112 de
JL Audio. J'ai, dans cette dernière configuration, programmé les sorties enceintes du
200 avec un filtre passe-haut à 80 Hz, des pentes de quatrième ordre et l'une des
sorties ligne avec filtre passe-bas, également à 80 Hz quatrième ordre. Cette
dernière était utilisée avec le caisson de basse JL Audio.
Avant d'en venir au son, un petit commentaire sur mon expérience de la
fonctionnalité de streaming sans fil. Après installation de l'application Devialet AIR
sur mon MacBook Pro, j'ai pu comparer le son du 200 lors du décodage d'un flux
transmis sans fil, par rapport à celui provenant d'un port USB de MacBook Pro. La
technologie sans-fil dispose théoriquement d'avantages sur l'USB, essentiellement
parce qu'elle déconnecte physiquement le bruit généré par l'ordinateur du DAC et
des circuits audio du 200. À la comparaison, j'ai été surpris de constater combien le
son était meilleur lors d'un streaming sans-fil qu'en USB (même avec un câble USB
haut de gamme). Le son en ressort avec plus d'aisance et de finesse, avec des
textures plus douces dans les médiums et les aigus. Malheureusement, le 200
perdait alors parfois la synchronisation avec le MacBook Pro, ce qui avait pour
conséquence quelque peu déconcertante d'interrompre soudainement la musique au
beau milieu d'un morceau — musicus interruptus. De plus, lorsque j'ai tenté de
diffuser des fichiers au format 176.4kHz/24 bits, le son présentait d'importantes
distorsions. Ces problèmes ne proviennent pas d'insuffisances du côté du 200, mais
bien du côté de mon réseau Wi-Fi. Vous devez donc avoir à l'esprit qu'il vous faut un
réseau Wi-Fi rapide et robuste pour profiter pleinement des capacités de streaming
sans fil du 200. Cela implique de remplacer le routeur fourni par votre fournisseur
d'accès internet ; ces routeurs standards sont conçus pour les emails et le surf sur
internet et ne sont pas adaptés aux exigences, en terme de transfert, du streaming
audio.
Speaker Active Matching
Une fonctionnalité unique en son genre a récemment fait son apparition dans les
produits Devialet. Il s'agit de l'Adaptation Active aux Enceintes (SAM, pour Speaker
Active Matching). Cette technologie adapte l'ampli au comportement
électroacoustique spécifique d'une enceinte donnée. SAM fonctionne dans la
dimension temporelle, en calculant l'amplitude de chaque échantillon audio pour
garantir que la pression acoustique sortant du haut-parleur soit une copie conforme
du signal audio en entrée, et ce, notamment par correction de l'effet de rotation de
phase au seuil de coupure de la basse fréquence du haut-parleur, sans égalisation.
SAM inclut également deux mécanismes de protection : le premier évite toute
excursion excessive — et potentiellement dommageable — de la membrane, tandis
que le second limite la puissance RMS cumulée à un niveau supportable pour la
bobine acoustique.
Devialet doit mesurer le haut-parleur pour modéliser le comportement de ce dernier
dans le DSP à l'aide d'une soixantaine de paramètres. Lorsque la modélisation d'un
haut-parleur donné est chargée dans un ampli Devialet, l'un des trois DSP SHARC
d'Analog Devices contenu dans l'ampli modifie le signal qui traverse l'amplificateur.
Ce traitement de son n'a lieu que sur les fréquences inférieures à 150 Hz.
Veuillez noter que SAM n'essaie pas de corriger les variations de réponse en
fréquence dues aux enceintes ou à la salle d'écoute, comme le ferait un DSP
complet de traitement des variations spatiales. Comme pour le reste des options de
configuration, SAM implique de sélectionner le modèle de haut-parleur sur le site de
Devialet, de télécharger le fichier de configuration adapté sur la carte SD, et de
mettre à jour le logiciel du 200. À l'heure où nous écrivons ces lignes, le site de
Devialet propose des adaptations pour 150 modèles d'enceintes, mais rajoute de
nouveaux modèles chaque mois.
J'espérais pouvoir entendre SAM avec les Q7 de Magico, mais Devialet ne propose
pas, à ce jour, de fichier DSP adapté aux Q7. Audio Plus Services, le distributeur
officiel de Devialet aux États-Unis, m'a donc fourni deux Devialet Atohm, des
enceintes sur support à deux haut-parleurs vendus au sein du système Devialet
Ensemble. J'ai configuré un des boutons de la télécommande de manière à pouvoir
éteindre et allumer SAM, et un deuxième bouton de manière à pouvoir ajuster le
degré d'adaptation à l'aide du bouton tournant de la télécommande.
La perceptibilité de SAM s'est avérée très variable selon le type de programme. Une
fois enclenché, SAM avait tendance à resserrer les octaves inférieures en
supprimant une partie de l'excédent, du "surplus" et des "lenteurs", tout en étendant
les infrabasses. La grosse caisse s'en trouvait renforcée et les lignes de basses
paraissaient plus claires et plus nettes. Le degré d'amélioration n'était certes pas
aussi énorme que ce qu'on peut voir sur certains DSP de correction des effets de
salle, mais, sur une bonne part de la musique écoutée, l'amélioration offerte par SAM
était appréciable. Le son présentait des basses moins grossières, avec une meilleure
définition de la tonalité et plus d'agilité dans la dynamique. Une fois de plus, le niveau
de différence fut très variable selon les morceaux : sur certains titres, la différence
était difficilement perceptible, alors que sur d'autres, SAM favorisait un bien meilleur
sens de la rythmique. Je soupçonne que le niveau d'audition de SAM varie non
seulement en fonction du morceau, mais aussi en fonction des enceintes.
Dans l'ensemble, SAM apporte une amélioration réelle, et la bonne nouvelle, c'est
que la récente mise à jour SAM est gratuite pour tous les clients Devialet — voilà un
parfait exemple du potentiel d'un système audio conçu pour être une plate-forme
pouvant être mise à jour de manière logicielle.
Venons-en maintenant au son. Le Devialet 200 est bluffant sur certains points — sa
clarté, sa transparence, ses impacts dynamiques et l'autorité avec laquelle il assoit
ses basses sont tout simplement sensationnels pour un ampli, quel qu'il soit, et
encore plus pour un ampli de la taille et du prix du 200. La présentation globale est
grande (en dynamique comme sur le plan spatial), robuste, musclée et autoritaire. Il
tient les woofers des Magico Q7 d'une main de fer et reproduit à la perfection cette
sensation de "ronronnement" à la qualité presque physique typique d'une basse
Fender. Cette basse n'était pas seulement ample et généreuse, elle était aussi
richement texturée et délicatement nuancée.
La force tranquille du 200 et sa large dynamique permettent de belles
démonstrations d'interprétations par des virtuoses de la basse, tels que Ray Brown
lorsqu'il joue sur Soular Energy (téléchargé en 96/24) ou dans sa contribution à
Quintessence de Bill Evans (LP 45 tours par Analogue Productions). Les impacts sur
la grosse caisse dans The Firebird (en 176.4/24 chez Reference Recordings) étaient
d'une telle puissance qu'ils m'ont pratiquement fait décoller de mon siège.
Il est remarquable de bénéficier de basses d'une telle qualité et d'une dynamique
aussi agile dans un ampli intégré à moins de 10 000 $. Accessoirement, placer
quatre appareils d'isolation Stillpoints Ultra SS sous le 200 ont permis d'améliorer
encore la définition déjà splendide du 200 aux extrémités inférieures.
L'autre grande qualité du Devialet 200 est son rendu ouvert, transparent et
dimensionnel. Dans son aptitude à reproduire la sensation des instruments dans
l'espace, chacun entouré d'un halo d'air, le 200 se trouve dans la ligue d'appareils
bien plus chers. La piste "You're Driving me Crazy" de Dick Hyman sur le Sampler
HRx de Reference Recordings (176.4/24) est un bon étalon pour jauger de l'aptitude
d'un composant à présenter une scène sonore ouverte et naturelle ainsi que sa
capacité à respecter parfaitement les caractéristiques spatiales et tonales de chaque
instrument au sein de l'ensemble. Le 200 n'a pas homogénéisé la piste (alors que
beaucoup de composants le font à des degrés divers), pas plus qu'il n'a réduit la
gigantesque profondeur de la scène sonore propre au titre ou l'impression de pouvoir
pleinement ressentir "l'air" autour des musiciens.
La tonalité m'a paru assez prétentieuse et incisive dans les hauts médiums et les
aigus. Sur les instruments à cordes, que ce soit en solo ou en harmonie, le 200 a
tendance à faire ressortir les harmoniques supérieures des cordes aux dépens du
corps des instruments. Les cymbales ressortaient plus nettement ici que sur mes
amplis de référence, tandis que les voix se montraient légèrement sifflantes. Sur une
note plus positive, ce caractère favorise une certaine présence et une certaine
immédiateté, ainsi qu'une qualité presque palpable dans les aigus. Le 200 ne rate
pas les titres enregistrés avec beaucoup de clarté et de dureté dans les aigus — par
exemple sur le par ailleurs sublime Morph the Cat de Donald Fagan en 96/24.
Pourtant, sur un enregistrement plus doux tel que Duke's Big 4 de Duke Ellington, le
200 donne cette sensation bluffante que la guitare de Joe Pass est là, dans la salle
d'écoute. C'est là que le contrôle de tonalité du 200 se montre utile ; une réduction
de 1 ou 2 dB dans les aigus permet de calmer les excès au prix d'une très légère
perte d'ouverture et d'extension dans les fréquences supérieures.
Les attaques sont ultra-précises, avec pour résultat de rendre les percussions et
impulsions particulièrement vivantes et énergiques. "Énergique" est d'ailleurs un
adjectif qui convient particulièrement bien au 200 ; entre sa dynamique robuste, sa
tonalité incisive et ses attaques d'une précision chirurgicale, le 200 joue une musique
franchement vivante et optimiste. Le style du Devialet est à l'exact opposé, d'un point
de vue phonique, de celui d'un ampli à tubes classique.
Du banc d'essai à la grande marque internationale
Le développement du business-plan de Devialet est aussi innovant que ses produits.
Ce n'est pas un hasard si l'entreprise, en arrivant de nulle part, a pu devenir une
grande marque à l'international.
L'histoire de Devialet commence lorsqu'un ingénieur de chez Nortel Networks, un
certain Pierre-Emmanuel Calmel, se lance le défi intellectuel de fusionner un ampli
de classe A avec un ampli de classe D. Sa vision : créer un ampli dont la qualité
audio serait celle d'un ampli de classe A, mais dont l'efficacité serait celle d'un de
classe D. Calmel commença à travailler sur son circuit en 2003, sur son temps libre.
Il n'avait alors pas l'intention de créer une entreprise, ou même de fabriquer un
produit destiné à la vente, mais simplement de satisfaire sa curiosité. Encouragé par
la performance du circuit, il déposa et obtint en 2004 un brevet sur cette topologie.
Avec ce brevet, Calmel démissionna de son emploi régulier pour fabriquer un
prototype d'ampli basé sur un circuit hybride classe A/classe D (qu'il nomma ADH,
pour Analog Digital Hybrid).
Si Calmel avait suivi l'approche qui prévaut traditionnellement pour le lancement d'un
business basé sur le haut de gamme, il aurait fabriqué quelques exemplaires de son
produit, les aurait présentés dans une convention et aurait géré la fabrication et le
marketing lui-même, en espérant pouvoir embaucher quelques salariés plus tard. Au
lieu de ça, Calmel s'est associé à trois partenaires (Quentin Sannie, Emmanuel
Nardin et Manuel de la Fuente) respectivement experts en ingénierie, fabrication,
finance, affaires et marketing (chacun devenant actionnaire de l'entreprise). Avec 4
millions d'Euros de capital, Devialet a mis sur le marché le D-Premier, le premier
produit commercial basé sur la technologie ADH et sur une plate-forme supportant
des mises à jour logiciel. Les ventes de Devialet ont explosé et la compagnie a pu
grossir rapidement. En 2012, l'entreprise reçoit un investissement supplémentaire de
50 millions d'Euros de la part de l'holding propriétaire de Louis Vuitton. Devialet a
investi cet argent dans la R&D, dans l'extension de ses capacités de production (tous
les produits sont fabriqués en France) et dans l'ouverture d'un magasin physique à
Paris qui n'est pas sans rappeler les Apple store et qui rencontrera un énorme
succès. Devialet emploie désormais 90 personnes, dont 30 ingénieurs. La
compagnie fait un chiffre d'affaires annuel de plus de 25 millions de dollars et
distribue ses produits dans 60 pays.
Si vous cherchez une représentation audio posée, détendue et indulgente, le 200
n'est vraisemblablement pas pour vous. Comme toujours, l'adaptation aux enceintes
est un point crucial. Concernant les performances de l'entrée phono, j'ai configuré
l'une des entrées du Devialet en mode phono, paramétré le gain et chargé la cellule
Air Tight PC-1 Supreme. Le son était très proche de celui provenant des entrées
numériques, avec ce punch caractéristique dans les basses fréquences, cette large
dynamique et cette scène sonore étonnamment "tridimensionnelle". J'ai trouvé,
cependant, que le Devialet ajoutait un peu de lustre aux aigus. Le son des
instruments à cordes m'a paru un peu plus étriqué tandis que les cymbales
semblaient revenir davantage au premier plan et que les voix se montraient très
légèrement sifflantes.
Par la suite, j'ai converti mes deux exemplaires de test stéréo en mode mono. Le
processus de conversion est assez simple : créer un nouveau fichier de configuration
pour chaque exemplaire du 200 sur le site de Devialet, charger le fichier dans
chaque 200, connecter les deux à l'aide d'un câble coaxial. Les deux amplis
travaillent désormais en tandem et obéissent à la télécommande. Même l'affichage
des deux appareils est mis à jour et passe de "Devialet 200" à "Devialet 400". Aussi
efficace que soit le 200 sur le contrôle, la dynamique des impacts, le poids et la
définition des basses fréquences, la qualité monte encore d'un cran lorsque deux
200 travaillent de concert en mode monobloc. Quiconque a déjà écouté le son
provenant d'un 200 sait qu'on ne peut pas espérer grand-chose de plus du côté des
basses (même pas moi, et j'ai pourtant écouté l'incomparable Soulution 701 à
155 000 $). Et pourtant, en ajoutant ce deuxième 200, j'ai constaté une augmentation
surprenante du punch dans les basses fréquences ainsi que l'apparition de basses
plus autoritaires. Mais le plus surprenant avec ce mode mono fut le gain global en
clarté, en résolution, en transparence et, en particulier, la nette amélioration des
aigus. Cette tendance aux aigus incisifs dont je parlais précédemment disparaît en
mode mono, et je ne m'y attendais pas. En mono, les hauts médiums prennent une
texture plus fluide, tandis que les aigus sont plus délicats, plus fins, nuancés, et plus
doux.
… le produit audio le plus avancé, flexible et sophistiqué qu'il m'ait été donné
de tester.
Juste histoire de vérifier que ça ne venait pas de moi, je suis revenu, à la fin de la
séance d'écoute, à un Berkeley Alpha USB avec frontend numérique Alpha DAC
Reference, un préampli Soulution 725 et des monoblocs 701. Cette combinaison
coûte approximativement 230 000 $ et je ne l'avais pas écoutée depuis environ deux
semaines. L'expérience n'a fait que confirmer la qualité remarquable du son issu
d'une paire de Devialet 200 et le rapport qualité/prix exceptionnel de cette solution.
Un tandem de 200 en mono apporte une qualité audio significativement supérieure
sur tous les plans à un seul appareil en stéréo.
CONCLUSION
Le Devialet 200 est un appareil remarquable ; son ampli hybride Classe A/D, son
architecture innovante contrôlée par logiciel, ses fonctionnalités poussées et sa
capacité à s'adapter à toutes les situations sont uniques en leur genre. Mais le 200
est plus qu'une merveille technologique — c'est d'abord une qualité sonore
exceptionnelle à plus d'un titre. L'autorité de ses basses, l'impact de sa dynamique,
la transparence et la précision spatiale de sa scène sonore et la rapidité de ses
attaques dépassent de loin tous les espoirs que l'on avait pour un ampli intégré +
DAC à streaming sans fil vendu à moins de 10 000 $.
Les hauts médiums et les aigus sont un peu violents, mais l'on peut calmer cette
tendance grâce au contrôle de tonalité du 200 ou en faisant le bon choix d'enceintes.
Cette performance est déjà grandiose, mais on entre carrément dans une autre
dimension avec deux 200 opérant en mono. Les 200 en monobloc ont non
seulement permis de renforcer les qualités déjà présentes en mode stéréo, mais en
plus — et c'est là le plus important — ils corrigent les quelques réserves que j'avais à
propos des aigus. Étonnamment, le fonctionnement en mono permet une
représentation plus fine grâce à des médiums plus fluides et à un haut du spectre
significativement plus doux et plus posé.
Le Devialet 200/400 est le produit audio le plus avancé, le plus flexible et le plus
sophistiqué qu'il m'ait été donné de tester, et de loin. Certes, esthétiquement il a un
petit air d'appareil grand public, mais sous le capot du 200/400 se trouve un matériel
résolument audiophile. C'est un bel objet qui se trouve avoir par ailleurs un son
magnifique.
SPECIFICATIONS & PRIX
Puissance de sortie : 170 Watts par canal sous 8 ohms, 200 Watts par canal sous 6
ohms (modèle 200) ; 340 W sous 6 ohms, 400 W sous 8 ohms (modèle 400)
Entrées numériques : AES/EBU, SPDIF coaxial (RCA), Toslink, USB, Ethernet, Wifi
Sorties numériques : SPDIF (RCA)
Entrées analogiques : Deux entrées niveau ligne phono (paramétrables par logiciel)
Sorties analogiques : Une stéréo ou double-mono, filtre paramétrable, volume fixe ou
variable
Dimensions : 383 x 383 x 40 mm
Poids : 5,65 kg
Prix : 9650 $
AUDIO PLUS SERVICES (Distributeur pour les Etats-Unis)
156 Laurence Paquette Industrial Drive
Champlain, NY 12929
(800) 663-9352
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