L'hydrogène atomique dans les enveloppes circumstellaires autour des étoiles AGB
Lorsque les étoiles telles que notre Soleil terminent leurs vies, elles traversent rapidement la
phase "AGB", où¹ elles éjectent leur matière dans des vents intenses. Le gaz ainsi ejecté peut
être atomique ou moléculaire, mais pendant longtemps l'hydrogène atomique (HI) n'avait pu
être détecté parce que son émission est faible et qu'elle se confond avec l'émission HI du
milieu interstellaire de notre Galaxie qui est omniprésent. Cependant, l'hydrogène atomique
dans les enveloppes circumstellaires autour des étoiles AGB peut maintenant être détecté
grâce au radiotelescope Nançay qui vient d'être rénové.
Les étoiles de la Branche Asymptotique des Géantes (Asymptotic Giant Branch, AGB) se trouvent dans un état
décisif de l'évolution stellaire : elles sont extrêmement lumineuses (plusieurs milliers de fois la luminosité du Soleil)
et perdent de la masse à un taux très élevé (de plusieurs milliers à plusieurs milliards de fois l'intensité du Vent
Solaire). Ces étoiles ne peuvent vivre longtemps dans un tel état, peut-être un million d'années, ce qui est court en
comparaison de leur durée de vie (de 1 à 10 milliards d'années). Après cette phase spectaculaire elles arrêtent de
perdre de la masse et de produire de l'énergie, et se refroidissent lentement sous la forme de naines blanches ;
cependant pendant un temps très court elles se trouvent encore assez lumineuses pour illuminer la matière
circumstellaire éjectée récemment, produisant ainsi les merveilles connues sous le nom de Nébuleuses Planétaires
:
Figure 1 NGC 7293 : la nébuleuse de l'Hélice vue avec le Télescope Spatial Hubble ; elle doit son nom à
son apparence hélicoïdale. Copyright : NASA/NOAO Cliquer sur la figure pour l'agrandir
C'est par le biais de ce phénomène de vent stellaire que les étoiles de petite masse ou de masse intermédiaire
(c'est-à-dire celles qui à leur naissance avaient une masse de une à quelques fois celle du Soleil) évitent de
terminer leur vie en Supernovae. Par contre les rares étoiles qui à leur naissance avaient une masse de plus de 6
ou 8 fois celle du Soleil suivent une évolution différente qui les conduit à ce type d'explosion catastrophique. C'est
aussi par le phénomène de perte de masse que ces étoiles remplissent le milieu interstellaire avec de la matière
enrichie en éléments produits dans les intérieurs stellaires. Elles participent ainsi à l'évolution chimique de l'Univers.
Comprendre la dynamique des vents circumstellaires et l'histoire de la perte de masse des étoiles AGB est ainsi
un des challenges de la Physique Stellaire. Dans son expansion, la matière circumstellaire se refroidit lentement.
De la poussière se forme par condensation de petites particules carbonées ou silicatées, ainsi que des molécules
telles que CO ou OH. La perte de masse des étoiles évoluées a ainsi été étudiée principalement à travers l'émission
des poussières (dans le domaine infrarouge) ou les émissions moléculaires (dans le domaine radio). Cette
approche reste cependant insatisfaisante car la poussière ou les molécules qui sont observées ne constituent
qu'une fraction mineure (< 1 %) de la matière éjectée par les géantes rouges. D'autant plus que cette proportion est
elle-même mal connue. On comprend que dans ces conditions il est difficile d'établir un bilan de la masse perdue
Copyright © Observatoire de Paris centre de recherche et enseignement en astronomie et astrophysique relevant du Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.Page 2/5