IMMUNOLOGIE MOLÉCULAIRE
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La présentation de l’antigène débute donc par sa dégradation et les circuits de
présentation sont en quelque sorte des dérivations de voies cataboliques générales
qui en soustraient des produits de dégradation intermédiaires (les peptides) avant
qu’ils ne soient totalement réduits à l’état de composants. En ce sens, les molé-
cules de CMH-I et -II protègent les peptides qu’elles chargent de la dégradation
totale. Dans la voie de présentation endogène, la dégradation est principalement
assurée par les protéasomes. Dans la voie exogène, ce sont des enzymes du type
des cathepsines qui en sont les opérateurs principaux.
Les protéasomes ont des structures en tonnelet qui résultent de l’assemblage
ordonné d’un certain nombre de sous-unités protéiques. On les trouve chez les
archebactéries et c’est un protéasome d’archebactérie dont la structure tridimen-
sionnelle a été, pour la première fois, résolue par cristallographie aux rayons X.
Ils ont été conservés au cours de l’évolution, où l’on observe une certaine
diversification des sous-unités qui, de façon remarquable, respecte la structure
du barillet, à l’intérieur duquel la protéine ciblée vers la dégradation (souvent
par la greffe d’ubiquitine) et littéralement débobinée, se trouve clivée. Des ajouts
sont apparus au cours de l’évolution, notamment des sortes de couvercles qui
règlent l’activité des barillets. Très antérieurs à l’apparition du système immuni-
taire et du CMH, les protéasomes sont à l’évidence des constituants essentiels
du système catabolique général qui dégrade les protéines anormales ou mal
conformées. Après l’émergence du système immunitaire, est apparue une variante
du protéasome, parfois appelée immunoprotéasome, dans laquelle trois des plu-
sieurs dizaines de sous-unités sont remplacées par d’autres dont la synthèse est
réglée par l’interféron gamma. L’immunoprotéasome a des propriétés sensible-
ment différentes de celles du protéasome, sans que leur impact fonctionnel soit
pleinement compris. Alors que le protéasome est localisé dans le cytoplasme, les
cathepsines et d’autres enzymes protéolytiques sont situés dans le reticulum
endoplasmique, et/ou dans l’appareil de Golgi, et/ou dans les vésicules de trafic
intracellulaire. L’équipement en cathepsines varie selon les types cellulaires et
leur activité est réglée par divers systèmes, relativement bien compris aujourd’hui
dans les cellules dendritiques.
Conceptuellement, il est important d’intégrer ces dispositifs de dégradation des
protéines dans les contrôles de qualité qui opèrent à tous les niveaux de la vie
cellulaire : contrôle de la qualité de l’ADN soit résidant dans des cellules à
longue durée de vie comme les neurones, soit synthétisé lors de la réplication ;
contrôle de la qualité des protéines et de leur conformation (en conjonction avec
les chaperonnes qui assistent leur repliement après leur synthèse) ; contrôle de
la qualité du transport des protéines vers leur localisation cellulaire appropriée
et, notamment, vers la surface. Ce dernier point est important car il s’applique
aux molécules du CMH elles-mêmes. La cellule n’acquiert sa perfection relative
que grâce à ces contrôles et au prix d’importants déchets. On a mesuré que plus
d’un tiers des protéines néosynthétisées terminent dans le protéasome. On notera
au passage que plusieurs pathologies et, notamment, des pathologies dégénéra-