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Synthèse des connaissances
Une conséquence connue de l’augmentation de la concentration atmosphérique du dioxyde de
carbone sur les océans est leur acidification. Les océans participent effectivement au cycle du
carbone en absorbant une partie de ce gaz. Ainsi, depuis 200 ans, les océans ont absorbé une
quantité équivalente à plus du tiers des émissions anthropiques de carbone fossile. Cette absorption
se traduit par une augmentation de la concentration en ion hydrogène ou la diminution du pH de
l’eau de mer. Les conditions de pH ont des effets divers sur bon nombre d’espèces, entrainant une
modification de la composition et donc du fonctionnement dés écosystèmes. En particulier, les
espèces dont le squelette ou la coquille est calcaire, comme les coraux ou les coccolithophoridés,
sont généralement impactés par la diminution du pH dans les océans, mais des conséquences
physiologiques (métabolisme, communication chimique,…) pour des espèces non-calcifiantes sont
également à craindre. A ce jour, les effets observés sont un taux de survie moindre et des tailles
inférieures sans qu’on dispose d’un modèle général de lien entre diminution du pH et la physiologie
des organismes. Cependant, certaines espèces semblent mieux supporter les réductions de pH,
comme dans la zone benthique certaines macroalgues ou phanérogames marines, et dans la zone
pélagique certaines espèces de phytoplancton.
Au-delà d’un impact immédiat, une des grandes questions posées porte sur la capacité d’adaptation
des espèces en fonction du rythme d’évolution de l’acidité des océans. Plusieurs études ont d’ores et
déjà montré des capacités d’adaptation sans pour autant permettre d’arriver à définir des modèles
d’évolution des écosystèmes ou des scénarios développés.
L’évolution temporelle du pH n’est pas non plus uniforme sur l’ensemble de la planète. C’est en
particulier dans les eaux froides et dans certains courants marins, les up-wellings, que l’impact de
l’acidification devrait avoir les conséquences les plus précoces car ces eaux sont relativement
proches de la sous-saturation en carbonate de calcium.
Enfin, l’acidification reste un des paramètres parmi d’autres pressions qui s’exercent sur les
organismes marins dans un contexte de changement global : augmentation de la température,
augmentation de la stratification et diminution de l’injection de sels nutritifs depuis la sub-surface
dans la zone euphotique, modification des courants marins, modification des apports d’éléments
nutritifs et de carbone par les rivières et des dépôts atmosphériques…
L’appréhension des effets des multiples pressions anthropiques sur la biodiversité marine n’est pas
chose aisée. En particulier, le lien entre d’une part les projections climatiques et l’évolution des
teneurs en gaz à effet de serre et d’autre part la nature et la distribution de la biodiversité fait
actuellement défaut.
Or les bénéfices que les sociétés humaines tirent des services écosystémiques des océans sont
conséquents : pêche, aquaculture, conchyliculture, activité touristique, protection des littoraux… Des
changements profonds et rapides des écosystèmes exploités par l’homme auront des conséquences
économiques et sociales très importantes, d’autant plus si aucune stratégie d’adaptation de ces
activités ou de gestion des risques côtiers n’est mise en œuvre. Le cahier technique N°75 de la
Convention sur la diversité biologique consacré à l’acidification des océans chiffrait à plus d’un
milliard d’euros par an à partir de 2100 le coût de l’inaction dans ce domaine. Le troisième atelier
international sur les impacts socio-économiques de l’acidification des océans tenu à Monaco en 2015