certaines de leurs consultances. Mais leur posture est différente, tout en étant bien entendu
légitime : ils ne sont pas tenus par le devoir de scientificité académique,
ni par une
inscription méthodologique ou théorique ; leur finalité peut être la connaissance et
l’explication, mais parfois aussi le militantisme : tel est le cas des fondations ou centres anglo-
saxons qui alimentent en idées des partis politiques pour faire triompher une ligne ou des
valeurs précises. Ajoutons que nous focaliserons notre propos sur la recherche, à partir du
stade doctoral, laissant de côté la question de l’enseignement, qui renverrait à trop de sous-
thèmes éloignés du cœur de cet ouvrage.
Quel est alors l'état de cette relation entre l’analyse et la pratique des relations internationales,
entre la discipline et son objet, entre chercheur et décideur ? Une première série de
questionnements préalables aura trait à la vocation même des relations internationales comme
discipline : doit-elle se rapprocher de la décision, un peu, beaucoup, passionnément ? En
restant sur l’Aventin hyperthéorique ou en descendant dans l’arène des current Affairs ? Une
seconde famille de questions porte sur les canaux qui lient l’analyse universitaire à ses
consommateurs ou soutiens politiques potentiels. Ce lien est-il d’abord fonction de la
sociologie des acteurs eux-mêmes ? De la nature des supports dans lesquels les premiers
produisent, et qui les rend plus ou moins accessibles aux seconds ? Enfin, on reviendra sur le
cas plus spécifique de la France, où cette question, davantage que dans le monde anglo-saxon,
est théorisée, intellectualisée… à partir d’une situation pourtant critique.
La question de la vocation : les relations internationales en quête de
posture
A quoi, à qui, doivent servir les relations internationales ? A personne sinon au bien commun
de la connaissance et à sa communauté épistémique, car la science (même sociale), pour être
pure, doit être libre des contraintes de pouvoir ? Aux autorités publiques qui financent les
recherches, car le payeur est le commandeur,
et l’aide à la recherche participe d’une politique
publique contribuant à la performance, au développement et à la protection d’une société ? Il
s’agit là, on le sait, d’une vieille question. Celle-ci prend néanmoins des traits spécifiques
lorsqu’il s’agit des relations internationales, pour au moins trois raisons : a) les relations
internationales constituent le cadre dans lequel évolue un Etat, dans lequel il défend ses
intérêts, en coopération ou en conflit avec différents acteurs, et où se joue son rayonnement,
sa prospérité, son intégrité voire sa survie. Leur connaissance prend donc, aux yeux des
décideurs, une dimension plus directement stratégique que d’autres secteurs, et qui se discute
souvent au plus haut niveau de l’exécutif, comme en témoignent les notions de « domaine
réservé » ou de « politique régalienne ». b) Les relations internationales traitent de l’actualité
politique immédiate, qui appelle de la part du décideur des réponses rapides. A ce titre,
Auquel les académiques eux-mêmes ne se conforment pas toujours, mais c’est là un autre débat.
Il faudrait en effet y aborder, entre autres, les questions des masters consacrés aux relations
internationales, la présence de cet objet ou de cette discipline au niveau licence, et sans doute plus en amont
encore, nous interroger sur la sensibilisation aux questions internationales, stratégiques et de défense dès le
collège et le lycée.
Auquel cas cette règle vaudrait également pour un financement privé.