Les brûlures dont la gravité motive un traitement type
lambeau ne seront pas abordées ici.
De par la faible épaisseur cutanée en face dorsale, la
brûlure peut générer une atteinte tendineuse étendue des
extenseurs, voire une effraction articulaire qui peut justifier
un embrochage digital transosseux dont la durée est variable
selon les équipes, le bénéfice cutané en termes de rapidité
cicatricielle étant à mettre en balance avec le risque infec-
tieux et l’enraidissement capsulo-ligamentaire.
Atteinte neurologique périphérique
Elle est recherchée dans certaines circonstances :
•intoxication au monoxyde d’azote (CO) ;
•brûlure chimique (phénol) ;
•signes d’ischémie et brûlure circulaire en troisième degré ;
•suspicion de neuropathie de réanimation.
Patient
Comme dans toute brûlure, sont décrits :
•l’âge (facteur de gravité si inférieur à trois ans et supérieur
à 60 ans) ;
•l’agent causal ;
•la surface et la profondeur ;
•les pathologies associées soit préexistantes à la brûlure (dia-
bète, cardiopathie, pathologie neuropsychiatrique…), soit
concomitantes (brûlure respiratoire, polytraumatisme…);
•l’habitus : côté dominant, profession, loisirs.
Principes de rééducation [2–4]
Lutte contre l’œdème
Conséquences de modifications hydroélectrolytiques maxi-
males les premiers jours suivant la brûlure, l’œdème consti-
tue une véritable « colle » physiologique. Précocement,
voire durablement, la mobilité est limitée par cet infiltrat
péri-articulaire.
Contrôle de la douleur
Grâce aux antalgiques, ce contrôle participe à la prévention
des attitudes vicieuses antalgiques, de la cinésiophobie et
facilite l’observance de l’appareillage précoce.
Aide à la cicatrisation
Une fois les indications chirurgicales posées, nature des pan-
sements et bandages, autorisation de mobilisation, choix des
appareillages et des techniques de rééducation sont discutés
lors de la réfection du pansement. Le choix du pansement est
discuté en staff pluridisciplinaire.
Prévention des déformations, raideur, amyotrophie
Positionnement et appareillage sont spécifiques de la topo-
graphie de l’atteinte. En fonction du niveau de sédation
nécessaire à la réanimation et aux soins locaux, on sollicite
la participation active du sujet.
Moyens de rééducation [2–4]
Installation posturale
Les avant-bras et les mains sont installés en proclive sur des
coussins mousse triangulaires pour aider au drainage de
l’œdème et diminuer la douleur. Toutefois, les supports
de traitement et prévention des escarres de type lit fluidisé
n’autorisent pas de matériel de posture.
Les pansements ont aussi une fonction posturante et per-
mettent l’appareillage dès lors qu’ils sont réalisés à doigts
séparés.
Appareillage rigide
La topographie de la brûlure détermine le potentiel rétractile
cicatriciel. Les orthèses doivent donc induire une expansion
cutanée maximale.
Pour cette raison, les pseudopostures sur balle de tennis
ou équivalent sont à proscrire, car elles favorisent classique-
ment l’extension des métacarpophalangiennes et la flexion
des interphalangiennes, position non fonctionnelle.
La brûlure de la face dorsale de la main et des doigts
impose une posture continue hors soins infirmiers et kinési-
thérapiques sur une orthèse dite intrinsèque+ : poignet nor-
moaxé dans le plan frontal, en extension de 15 à 20°/flexion
des métacarpophalangiennes/extension des interphalan-
giennes afin de mettre les bandelettes latérales digitales en
tension/antéposition et opposition du pouce à 45°.
En cas d’atteinte de la face palmaire, une orthèse d’exten-
sion de poignet et de doigts est nécessaire.
Si la brûlure est mixte, l’enjeu fonctionnel donne la prio-
rité à la flexion digitale.
L’appareillage est réalisé par un ergothérapeute ou un
kinésithérapeute formé, dans un matériau thermoformable à
basse température perforé, fixé au moyen de bandes ou
Velcros
®
. Le plâtre peut être aussi utilisé sur quelques
jours, notamment après un acte chirurgical, pour être assuré
de la parfaite immobilisation de la zone traitée.
Si la cicatrisation le permet, on positionne un bandage
élastocompressif perméable aux exsudats, type Haftelast
®
,
Lett. Méd. Phys. Réadapt. (2011) 27:64-67 65