Docteur L. VILLETTE – Neurochirurgien - Polyclinique de La Louvière – Téléphone : 03 20 12 94 98 / 03 20 15 70 00
aussi aggraver la situation en provoquant l’expulsion d’une hernie débutante et des complications
neurologiques.
Ce n’est que lorsque les traitements médicaux sont inefficaces qu’il faut avoir recours à la
chirurgie. Un délai de 5 à 6 semaines de traitement bien conduit est le plus souvent observé avant
d’envisager la chirurgie si le scanner confirme la présence d’une hernie discale. En effet la majorité
des sciatiques guérissent dans ce délai par le traitement médical.
Les indications de la chirurgie sont les suivantes :
• Hernie discale responsable d’une sciatique résistante au traitement médical suffisamment
prolongé et complet. La hernie doit être objectivée au scanner ou à l’IRM et concordante avec
la douleur.
• Sciatique « traînante » ou récidivante incompatible avec un mode de vie normal.
• Sciatique « hyperalgique » c’est à dire résistante à la morphine et empêchant toute activité.
• Sciatique « déficitaire » c’est à dire responsable d’une atteinte neurologique (déficit) dans le
territoire du ou des nerfs comprimés. Il peut s’agir de la commande motrice d’un pied ou d’un
syndrome de la queue de cheval.
4. L’OPERATION CHIRURGICALE (dissectomie micro chirurgicale)
L’utilisation du microscope opératoire comporte plusieurs avantages. La cicatrice est plus petite
(environ 3 cm), la voie d’abord est limitée à l’espace compris entre deux vertèbres sans devoir
s’élargir sur l’os ou les articulations. Le geste est plus fin et le chirurgien distingue mieux le nerf et
ce qui l’entoure. Souvent l’intervention est plus rapide (environ ½ heure), moins hémorragique et
les suites plus simples. Le saignement durant l’intervention est minime. Le malade est sous
anesthésie générale. Il est installé en « décubitus génu-pectoral » c’est à dire sur le ventre mais avec
les genoux et les hanches fléchis. Cela diminue le saignement opératoire et ouvre les espaces entre
les vertèbres. Le niveau à opérer est marqué sur la peau après repérage en s’aidant de la radio.
Après une désinfection soigneuse de la peau et la pose des champs opératoires stériles une incision
est faite au niveau d’un espace intervertébral. Des écarteurs permettent d’exposer le ligament
interlamaire qui ferme le canal rachidien en arrière. Ce ligament est ouvert pour accéder aux racines
nerveuses dans la graisse épidurale. Le microscope opératoire permet une dissection précise de la
racine du nerf sciatique et de retrouver la hernie discale qui comprime ce nerf. Si la hernie est
exclue du disque et que le ligament vertébral commun postérieur est déchiré il est souvent facile
d’extirper la hernie après l’avoir dissociée du nerf. Dans le cas contraire le ligament est incisé et la
hernie est enlevée. Il faut rechercher un éventuel fragment de disque qui aurait migré. Le disque est
ensuite soigneusement cureté et la quasi-totalité du nucléus est enlevée.
Parfois il faut également décomprimer le nerf qui peut-être à l’étroit dans le canal rachidien ou dans
le trou de conjugaison. L’os ou les ligaments à l’origine de la compression sont « grignotés » à
l’aide d’un instrument appelé rongeur.
Le disque ayant été vidé il perdra un peu de hauteur, on pourrait le constater sur des radios de
contrôle. Cela n’a aucune conséquence particulière et il est inutile de remplacer le nucléus. Un tissu
de cicatrisation va occuper l’espace discal en quelques semaines.
5. COMPLICATIONS et RISQUES EVENTUELS
Comme toute intervention chirurgicale, celle-ci comporte des risques (y compris un risque vital)
qu’il est impossible de tous décrire ici, la liste serait longue et fastidieuse, vous ferait probablement
peur et redouter une intervention chirurgicale efficace et en pratique parfaitement bien tolérée.
Votre chirurgien et votre anesthésiste, lors de la consultation préopératoire vous auront donné
toutes les informations nécessaires et auront répondu sans détour à toutes les questions que vous
leur poserez. La consultation d’anesthésie, obligatoire, a pour but de déterminer les éventuels
facteurs de risque à l’intervention et de les prévenir.
Les éventuelles complications de l’intervention sont de trois ordres :
• Liés à la technique anesthésique en général et expliqués par l’anesthésiste.
• Liés à toutes les interventions en général, par exemple : Infection postopératoire, Hématome
du foyer opératoire, retard de cicatrisation, défaillance d’un organe vital (cœur, poumon, foie,
rein), Phlébite des membres inférieurs pouvant se compliquer d’une embolie pulmonaire, etc.
• Spécifiquement liés à la nature de l’intervention que vous allez subir. Sans être exhaustif,
d’autant plus que peut se produire une complication qui n’a encore jamais été décrite, en voici
quelques exemples :
Risques Neurologiques : Lésion d’un nerf ou d’une racine au contact desquels travaille votre
chirurgien. Cette complication se traduit par un déficit sensitif et/ou moteur dans le territoire
correspondant. Le déficit peut intéresser les membres inférieurs, la commande vésicale ou anale, les
fonctions génitales et sexuelles. Ce type de risque est aggravé par l’importance de la compression
nerveuse avant l’intervention et sa durée, ainsi que par des circonstances anatomiques particulières
et dans les cas de reprise chirurgicale. Il est diminué par l’utilisation du microscope opératoire.
Risques vasculaires : Une lésion d’une artère ou d’une veine du petit bassin et de l’abdomen peut se
produire, elle impose le plus souvent une réparation immédiate dès qu’elle est constatée.
« Fibrose » postopératoire : Il s’agit de la cicatrice au contact du nerf, là où se situait la hernie
discale et que l’on retrouve toujours sur un scanner ou une IRM de contrôle. Cette cicatrice est plus
ou moins abondante et peut parfois être responsable de la persistance de douleurs après
l’intervention.
Récidive : Bien que le disque soit soigneusement vidé il est possible qu’un fragment restant soit
responsable d’une nouvelle hernie. Le risque est estimé entre 2 et 5 %. La reprise trop précoce
d’activités lourdes durant la cicatrisation du disque augmente ce risque.
6. RESULTATS de la CHIRURGIE
Les suites d’une intervention pour hernie discale sont régulièrement excellentes. Les complications
sont très rares, moins de 1% et ne surviennent le plus souvent que chez les patients présentant des
facteurs de risque associés.
Les différentes études sur de grandes séries de patients opérés montrent les résultats suivants :
• Bons (disparition des douleurs, reprise d’une vie normale) : 85 %
• Moyens (amélioration mais persistance de lombalgies et/ou sciatalgies) : 10 %
• Mauvais (persistance de la douleur, récidive) : 5 %
Il faut souligner que la qualité des résultats est fonction de divers facteurs comme la durée
d’évolution et l’intensité de la sciatique avant l’intervention, le type d’activité, le contexte
psychologique.
7. L'HOSPITALISATION
La durée habituelle de l’hospitalisation pour une intervention de hernie discale non compliquée est
de 3 à 4 jours.
Votre arrivée à la clinique est prévue le matin de l’intervention. Vous devrez être à jeun à partir de
8h le matin. Il faut vous munir de l’ensemble de vos documents médicaux, notamment votre
scanner et ou IRM et vos radiographies de la colonne vertébrale, même si elles sont anciennes.
Munissez vous de vos traitements habituels et des dernières ordonnances.
Si vous êtes fumeur il vous est fortement recommandé de diminuer ou d’arrêter votre
consommation les jours précédents l’intervention.