RÉGLEMENTATION
Les processus
d’habilitation électrique
se révisent
Travailler sur, ou au voisinage, des installations électriques expose les personnels
à des dangers liés à l’électricité. En entreprise, seule une personne habilitée peut
effectuer une intervention dans ce domaine même si elle est élémentaire. De
nouvelles prescriptions de sécurité électrique devraient s’appliquer à partir de
2011 avec la révision du décret du 14 novembre 1988 et la parution d’un nouveau
recueil d’instructions UTE C 18-510.
Nul ne doit l’ignorer, le courant
électrique est dangereux à
partir de 10 mA et ce facteur
de risque en milieu de travail
reste toujours d’actualité. Encore aujourd’hui
près de mille accidents du travail d’origine
électrique sont recensés chaque année.
Certes, les statistiques démontrent une dimi-
nution au fil des ans du nombre d’événe-
ments de cet ordre, mais soulignent toujours
leur exceptionnelle
gravité. Face à ce dan-
ger, le législateur a dé-
fini en France des rè-
gles auxquelles les
employeurs doivent se
conformer pour pro-
téger les personnels et
prévenir les risques
liés à l’électricité. Ces
règles sont édictées
principalement au tra-
vers du décret n° 88-
1056 du 14 novembre
1988 sur la protection
des travailleurs dans les
établissements qui
mettent en œuvre des
courants électriques.
Elles s’appuient sur les
prescriptions d’un re-
cueil d’instructions
générales de sécurité d’ordre électrique.
L’UTE C 18-510 est en général considéré
comme le document technique appelé par
le décret. Ces deux documents, qui consti-
tuent ensemble la base réglementaire et
technique de la prévention vis-à-vis du ris-
que électrique généralement appliquée en
France, bénéficient d’une importante révi-
sion. En conséquence, les entreprises doivent
prévoir dès aujourd’hui une consolidation
des formations aux habilitations.
Pourquoi une révision ?
En vigueur depuis 1988, les prescriptions
applicables aujourd’hui ont plus de vingt ans
d’existence. Il était donc devenu nécessaire
de clarifier un certain nombre de situations
mal perçues dans les documents actuels, et
de tenir compte de l’évolution du compor-
tement et de la demande vis-à-vis de l’élec-
tricité. Il s’agissait aussi de mieux coller aux
besoins du terrain et de prendre en considé-
ration le développement de nouvelles mé-
thodes de travail (comme, par exemple, les
contrats de service assortis de pénalités, la
maintenance déléguée, etc.).
Le décret de 1988 va donc être remplacé par
trois nouveaux décrets traitant chacun d’un
domaine de responsabilité (voir encadré).
Au niveau du recueil UTE C 18-510, qui
devrait devenir le document technique de
référence support à l’habilitation électrique,
la révision intègre des évolutions dans la
structure du document afin d’en faciliter
l’accès grâce à la clarification du contenu des
chapitres et une séparation entre les prescrip-
tions et les définitions. La rédaction adopte
une nouvelle approche : « la nouvelle version est
construite sur l’analyse du risque à tous les échelons
et non plus sur le principe d’un recueil de solutions.
Elle apporte une meilleure définition du rôle de chacun
dans les différentes chaînes de responsabilités tant
entre les entreprises qu’entre les acteurs et interve-
nants », explique Bernard Pierron, ingénieur
à l’UTE et secrétaire du groupe de travail en
charge de la révision du recueil.
L’habilitation en pratique
Toute personne ayant à intervenir sur ou au
voisinage d’une installation électrique doit
être en possession d’une habilitation délivrée
par son employeur. Cette habilitation est la
reconnaissance de son aptitude à maîtriser
Tout employeur doit
s’assurer que les travailleurs
qui utilisent ou qui effec-
tuent des travaux, sur ou
au voisinage des installations
électriques, possèdent
une formation suffisante.
L’habilitation concrétise
la reconnaissance, par
l’employeur, de la capacité
à accomplir en sécurité
les tâches fixées.
La base réglementaire et
technique de la prévention
vis-à-vis du risque électrique,
fait l’objet d’une révision,
et de nouvelles règles
devraient s’appliquer à partir
du 1er janvier 2011.
L’essentiel
le risque électrique dans l’environnement de
travail dans lequel il se trouve. Elle légitime
la capacité d’une personne à effectuer en
toute sécurité des tâches dans un environne-
ment présentant un niveau de risque électri-
que fixé, et à connaître la conduite à tenir en
cas d’accident.
L’habilitation électrique est délivrée par
l’employeur au personnel ayant suivi une
formation (interne ou externe) dans le do-
maine de la sécurité électrique. Elle est con-
crétisée par un titre d’habilitation nominatif
signé par l’employeur et son titulaire. Il de-
vient caduc dès que le lien de subordination
entre l’employeur et l’employé cesse ; par
exemple lorsque le salarié quitte cette en-
treprise.
Quand du personnel intérimaire est mis à la
disposition d’un employeur, ce dernier doit
s’assurer que ces salariés ont reçu la forma-
tion nécessaire, et le cas échéant la compléter,
en vue de leur délivrer une habilitation va-
lable uniquement pour la mission.
En pratique, comment le chef d’entreprise
doit-il aborder l’habilitation électrique ? Tout
commence par une analyse de risques qui
doit systématiquement être conduite avant
toute opération. Le cadre de travail étant dé-
fini, il faut se poser la question : « mon salarié
peut-il se trouver, même temporairement, dans une
situation de risque électrique ? » Cette analyse est
indispensable dans le cadre de travaux d’or-
dre électriques ou non, dans le voisinage
d’un risque électrique, ainsi que dans le cadre
de travaux d’ordre général n’ayant a priori
aucun rapport avec l’électricité (peinture,
déplacement d’objets encombrants, manœu-
vre d’engins, creusement de tranchée, etc.)
Travaux d’ordre général
L’exécution de travaux d’ordre général à plus
de 50 m d’un conducteur peut être consi-
dérée comme ne présentant pas de risque
électrique. En deçà de cette limite de 50 m,
mais sans qu’il soit nécessaire de s’approcher
à moins de 3 m (en basse tension) ou de
5 m (en haute tension) d’un conducteur nu,
l’analyse doit être plus poussée et toutes les
précautions doivent être prises pour ne pas
franchir ces limites de 3 ou 5 m. Dans cette
zone (dénommée zone 0 ou Z0), si le risque
de franchissement des 3 m ou 5 m existe,
des instructions particulières doivent être
fournies aux intervenants mais aucune ha-
bilitation n’est requise.
Si les travaux d’ordre général doivent être
conduits à moins de 3 ou 5 m d’un conduc-
teur nu, il convient alors de prendre des dis-
positions avec l’exploitant du site pour maî-
triser le risque électrique. Ce peut être, par
exemple, la consignation des installations
(voir encadré). Là encore, des instructions par-
ticulières doivent être fournies aux interve-
nants mais aucune habilitation n’est requise.
Par contre, les travaux ne sont pas réalisa-
➜
Trois décrets vont remplacer le décret du 14 novembre 1988 sur
la protection des travailleurs. Outre une mise à jour des principes
de sécurité des personnes, cette réécriture en trois textes distincts
permettra leur codification et leur introduction dans le code
du travail.
Décret relatif aux dispositions que doivent observer les maîtres
d’ouvrage entreprenant la construction ou l’aménagement
de bâtiments destinés à recevoir des travailleurs. Ce texte
renvoie aux normes de référence pour décrire les règles
techniques à respecter lors de la conception des installations
basse tension (NFC 15-100) et haute tension (NFC 13-100
ou NFC 13 200).
Décret relatif aux obligations de l’employeur pour l’utilisation des
installations électriques des lieux de travail. Ce texte fixera les
règles relatives à l’utilisation et à la modification des installations
électriques fixes et temporaires de l’établissement ainsi qu’à la
réalisation et à l’utilisation d’installations électriques
temporaires hors de l’établissement. L’employeur
a pour obligation de maintenir l’ensemble des installations
électriques en conformité avec les dispositions des articles
relatifs à la conception des installations électriques.
Décret relatif aux opérations sur les installations électriques
et dans leur voisinage. Ce texte vise à « assurer la sécurité des
travailleurs qui effectuent des opérations sur des installations
électriques ou dans leur voisinage ». Il pourrait renvoyer à la future
norme C 18-510 (norme expérimentale ou homologuée).
Parallèlement, un nouveau décret relatif aux travaux d’ordre
non électrique dans l’environnement de lignes, canalisations
et installations électriques devrait remplacer et élargir le titre XII
du décret du 8 janvier 1965 sur les mesures générales d’hygiène
et de sécurité du BTP. Il pourrait renvoyer lui aussi à la future
norme C 18-510.
Trois nouveaux décrets pour la protection des travailleurs
Un intervenant non formé à l’électricité ne pourra
plus être habilité à travailler à moins de 30 cm
d’une pièce nue sous tension.
Les opérations particulières de vérification ou de mesurage
donnent lieu à des habilitations spécifiques.
Chauvin Arnoux
ABB