Trombinoscope "Chercheurs d’humanité" Chercheurs de sens ou spirituels de 1876 à 1900 Étienne Godinot .07.01.2017 Hermann Hesse (1877-1962), romancier, poète, peintre et essayiste allemand. En novembre 1914, appelle les intellectuels allemands à ne pas tomber dans les polémiques nationalistes. Obtient la nationalité suisse en 1924. En 1932, s'exprime pour les auteurs - juifs ou non - pourchassés par les nazis. Écrivain des déchirements de l’existence humaine, aspire à une civilisation où il y ait équilibre entre spiritualité et animalité. Prix Nobel de littérature en 1946. « Tout comme la jouissance d’amour, à l’instant le plus délicieux de son épanouissement suprême, est sûre de décroître l’instant d’après et de disparaître dans la mort, de même la solitude de l’âme et l’abandon à la mélancolie sont sûrs de faire place soudain au désir, à une nouvelle adhésion à la vie et à sa face lumineuse. » « Qui dit chercher, dit avoir un but. Mais trouver, c’est être libre, c’est être ouvert à tout, c’est n’avoir aucun but déterminé » Muhammad Iqbal (1877-1939) poète et philosophe musulman, indien puis pakistanais. Séjour de 3 ans en Europe. Élu à l’assemblée législative du Pendjab, contribue par son influence à la naissance de l’État du Pakistan. Reconstruit la pensée religieuse dans une optique dynamique créatrice et heureuse, défendant la nécessité de l'ijtihad (effort d'interprétation) et d'adapter l’islam aux contextes présents. Met en parallèle la pensée de différents penseurs musulmans et occidentaux, fait découvrir la grandeur de la philosophie musulmane active. Sa vie, combat contre la pauvreté, le défaitisme, la fatalité détournée de son vrai sens, l’esclavage des peuples et le racisme, est jalonnée de discours et de déclarations dans lesquels transparaît un soufisme actif et dynamique, orienté vers le progrès et la science. Le but principal du Coran est « d’éveiller en l’homme une conscience plus haute de ses multiples relations avec Dieu et l’univers. » Martin Buber (1878-1965) philosophe, conteur et pédagogue autrichien d’origine juive, puis israélien. Études à Vienne. Avec Franz Rosenzweig (1885-1929), traduit la bible hébraïque en allemand. De 1924 à 1933, enseigne la philosophie religieuse juive à l'Université J.- W. Goethe de Frankfurt. Fuit le nazisme en 1938. Professeur d'anthropologie et de sociologie à l'Université hébraïque de Jérusalem. Membre du parti Yi'hud (L’Union), travaille à une meilleure entente entre Israéliens et Arabes, se fait l'apôtre d'un État bi-national et démocratique en Palestine. Après la 2ème Guerre mondiale, tournée de conférences en Europe et aux États-Unis, esquisse un rapprochement avec les intellectuels allemands. Crée à Jérusalem, en 1949, l'École de formation d'éducateurs d'adultes. ../.. Martin Buber « Toute vie réelle est rencontre » : le dialogue repose sur la réciprocité et la responsabilité, laquelle existe uniquement là où il y a réponse réelle à la voix humaine. Dialoguer avec l'autre, c'est affronter sa réalité et l'assumer dans la vie vécue. « Au commencement est la relation ». L'être humain est par essence un homo dialogus, la personne est incapable de se réaliser sans communier avec l'humanité, avec la création et avec le Créateur. Qui se soucie de sa propre image est absolument incapable d'écouter ses frères humains. «Ce que la Bible nous enseigne avec tant de simplicité et de force, et qui ne peut s'apprendre dans aucun autre livre, c'est qu'il y a la vérité et le mensonge, et que l'existence humaine se tient inexorablement du côté de la vérité; c'est qu'il y a la justice et l'injustice, et que le salut de l'humanité réside dans le choix de la justice et le rejet de l'injustice». ../.. Martin Buber « Il incombe à chacun de bien savoir vers quelle voie le pousse son cœur et d’embrasser alors celle-ci en y mettant toutes ses forces. Avec chaque homme vient au monde quelque chose de nouveau qui n’a pas encore existé, quelque chose d’initial et d’unique. C’est avant tout cette qualité unique et exceptionnelle que chacun est commis à développer et à mettre en œuvre. » « Certes nous devons apprendre et respecter, mais jamais imiter. Ce qui a été fait de saint et de grand est pour nous exemplaire car il nous montre ce que sont la sainteté et la grandeur, mais il n’y a pas de modèle à suivre. Si petites que soient nos performances en comparaison de ce que firent nos ancêtres, elles n’en sont pas moins importantes car elles reflètent ce que nous avons fait par nos propres moyens. » Ramana Maharsi (1879-1950), Indien du Tamil Nadu, un des grands maîtres de l’école philosophique du Védanta. À 16 ans, saisi par une terreur de mourir, connaît une expérience mystique, distingue le corps mortel et la conscience immortelle. Vit en ermite, devient maître de milliers de disciples. Exhorte tous ceux qui l’écoutent à se poser inlassablement la question "Qui suis-je ?" « Mon corps est-il « moi » ? Il est silencieux et inerte, mais je sens la pleine force de ma personnalité, et j'entends même la voix du « moi » au fond de mon être. Je suis donc un esprit qui transcende le corps. Le corps meurt, mais l'esprit, transcendant le corps, ne peut être touché par la mort. Ce qui veut dire que je suis un esprit immortel ». Albert Einstein (1879-1955), physicien théoricien. Publie en 1915 une théorie de la gravitation dite relativité générale, contribue au développement de la mécanique quantique et de la cosmologie. Émerveillé par la nature, se définit comme "un non-croyant profondément religieux". « Définissez-moi d’abord ce que vous entendez par Dieu, et je vous dirai si j’y crois ! » « La religion du futur sera une religion cosmique. Elle devra transcender l’idée d’un Dieu existant en personne et éviter le dogme et la théologie. Couvrant aussi bien le naturel que le spirituel, elle devra se baser sur un sens religieux né de l’expérience de toutes les choses, naturelles et spirituelles, considérées comme un ensemble sensé.(…) Le bouddhisme répond à cette description.(…) S’il existe une religion qui pourrait être en accord avec les impératifs de la science moderne, c’est le bouddhisme. » Voir aussi A. Einstein dans "Chercheurs et acteurs de changement sociétal." Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955), théologien jésuite, philosophe, géologue et paléontologue français, longtemps mis à l’index par le Vatican. Dans l’histoire de l’univers, ajoute aux deux axes de l'infiniment petit et l'infiniment grand celui de la complexité en organisation croissante, constatant l'émergence de la spiritualité humaine à son plus haut degré d'organisation, celle du système nerveux verticalisé. Matière et esprit ne sont que les deux facettes d’une même réalité. Emprunte à Vernadsky la notion de "noosphère" pour conceptualiser une harmonisation des consciences, une « pellicule de pensée enveloppant la Terre, formée des communications humaines ». « Un jour, quand nous aurons maîtrisé les vents, les vagues, les marées et la pesanteur, nous exploiterons l’énergie de l’amour ! Alors, pour la seconde fois, l’homme aura découvert le feu. » ../.. Pierre Teilhard de Chardin « Un goût passionné de grandir, d’être, voilà ce qu'il nous faut. Arrière donc les pusillanimes et les sceptiques, les pessimistes et les tristes, les fatigués et les immobilistes. La vie est perpétuelle découverte. La vie est mouvement .» « Tout ce qui monte converge. » « Ma foi la plus chère est que quelque chose d'aimant constitue la nature la plus profonde de l'univers en expansion. » « Plus nous perdrons pied dans l’avenir mouvant et obscur, plus nous pénètrerons en Dieu. » Jean XXIII Angelo Guiseppe Roncalli (1881-1963), Italien, prêtre de l’Église catholique romaine, délégué apostolique en Bulgarie, Turquie, nonce en France, patriarche de Venise, élu pape “de transition“ après 10 tours de scrutin infructueux en octobre 1958. Convoque en janvier 1959 le concile Vatican II qui ouvre l’Église au monde. « Je suis un homme capable de peu. J’écris très lentement. Paresseux de nature, je me laisse facilement distraire dans mon travail ». « Quand on ne peut utiliser un cheval, un âne peut être utile". À un interlocuteur qui le félicite pour sa plume dans une de ses encycliques, il répond : “Cher Monsieur, ce texte dont vous me parlez, je l’ai lu !” Jacques Maritain (1882-1973), philosophe français, auteur de 50 ouvrages. Converti au catholicisme. La religion a profondément imprégné sa philosophie. Après une phase antimoderniste, où il est proche de l'Action française, s'en détache et finit par accepter la démocratie et la laïcité (Humanisme intégral, 1936). Sa femme Raïssa Oumançoff, immigrée juive d'origine ukrainienne, fut toujours associée à sa recherche passionnée de vérité. « L’exemple de Gandhi est propre à nous faire honte » Se demande si « la technique de Gandhi", une fois réadaptée, "ne pourrait pas, comme lui-même l'a souvent déclaré, être appliquée en Occident comme en Orient, et y renouveler les combats temporels pour la personne humaine et la liberté". Karl Jaspers (1883-1969), psychiatre allemand puis, après 40 ans, philosophe représentatif de l'existentialisme chrétien. Après avoir épousé une Juive, est destitué de sa chaire par les nazis. Ses travaux ont eu une grande influence sur la théologie, la psychologie, la psychiatrie et la philosophie. Après 1945, prononce à l'Université de Heidelberg une série célèbre de conférences sur la "culpabilité allemande" face aux crimes du 3ème Reich : - La culpabilité criminelle désigne des actes objectivement établis réprouvés par la morale et punis par la loi. - La culpabilité politique : un crime reste un crime, même s’il a été ordonné par l’autorité. Chaque citoyen se trouve responsable des actes de l’État auquel il appartient. - La culpabilité morale : chaque individu est coupable chaque fois qu’il n’a pas agi pour protéger ceux qui étaient menacés, pour diminuer l’injustice. ../.. Karl Jaspers - la culpabilité métaphysique : chacun est coresponsable de toute l’injustice et de tout le mal commis dans le monde : faute d’agir pour l’éviter, on s’en fait le complice. S’intéresse dans l’histoire de l’humanité au tournant axial des religions du salut (judaïsme, christianisme, islam), qui apporte l’universalisme, l’idée de transcendance et le sens d’un destin au-delà du monde. « Faire de la philosophie, c’est être en route ; les questions en philosophie sont plus essentielles que les réponses. » « Quand elle est vraiment personnelle et jaillie des origines, la prière se trouve à la limite de la pensée philosophique, elle devient philosophie dans l'instant où s'abolit toute relation intéressée avec la divinité. » Kahlil Gibran (1883-1931), écrivain et poète libanais, a séjourné en Europe et aux États-Unis. Sa mystique est au confluent du christianisme, de l’islam, du soufisme, des grandes religions de l’Inde, de la théosophie. “En vérité, la soif du confort assassine la passion de l’âme et va en ricanant à son enterrement” “Vous ne donnez que peu lorsque vous donnez vos biens. C’est lorsque vous donnez de vous que vous donnez réellement” “Un sourire, c’est du repos pour l’être fatigué, du courage pour l’âme abattue, de la consolation pour l’âme endeuillée” Rudolf Bultmann (1884-1976), théologien et exégète allemand de tradition luthérienne, opposé au nazisme. Professeur d'études néotestamentaires à Marburg. Démontre que les caractéristiques des sources chrétiennes ne sont pas des comptes-rendus journalistiques, ni des documents historiques, mais des témoignages de foi situés dans le contexte vivant des communautés chrétiennes primitives. Développe la démythologisation de l’Évangile, réinterprétation pour le rendre recevable et compréhensible aux contemporains, clarifie la véritable intention du mythe, et donc, la véritable intention du texte. Construit une nouvelle anthropologie pour un homme mieux à même de comprendre le sens des Évangiles. « Un événement historique - la venue et le départ de Jésus, sa croix - est l'événement eschatologique. Mais pas sa résurrection, non ! Seule la foi des premiers disciples en sa résurrection peut être qualifiée d'événement historique. » Niels Bohr (1885-1962), physicien danois, professeur à l’université de Copenhague, père de la mécanique quantique. Prix Nobel de physique en 1922 "pour ses études de la structure des atomes et des radiations qui en proviennent". Pendant la 2ème guerre mondiale, travaille à Los Alamos au projet de bombe atomique. Milite ensuite pour une utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. « Deux sortes de vérités. De l’une sont les propositions si simples et si claires que la proposition contraire est évidemment insoutenable. De l’autre, de celle des "vérités profondes", sont les propositions dont le contraire contient aussi une vérité profonde. » « Quand un enfant jette sa poupée hors du berceau, Sirius est ébranlé dans sa trajectoire. » « Quiconque n'est pas choqué par la théorie quantique ne la comprend pas. » Ernst Bloch (1885-1977), philosophe allemand issu d’une famille juive. Étudie la physique, la philosophie, la musique. Penseur de la religion, athée, intègre le marxisme dans sa philosophie. Un des critiques les plus corrosifs de la civilisation occidentale. Manifeste très tôt son intérêt pour les œuvres hétérodoxes. Refuse le militarisme prussien et la guerre 1914-18 avec ses amis dadaïstes, passe cette période en Suisse où il publie le journal Die freie Zeitung. Dénonce le nazisme, déchu de sa nationalité en 1935, émigre à Philadelphie, aux États-Unis. En 1961, refuse le marxisme sclérosé des démocraties populaires, quitte l’université de Leipzig (Allemagne de l’Est) pour celle de Tübingen (Allemagne de l’Ouest). Met l’accent sur le potentiel révolutionnaire de la religion, qui témoigne du refus du désespoir et anticipe une autre société. Plaide pour le caractère révolutionnaire du judéo-christianisme. ../.. Ernst Bloch Pour lui, tout processus de changement sociétal s’accompagne d’une alliance permanente entre l’imaginaire et le scientifique, l’utopie et la technique, le rêve et le réel. Si l’engagement pour la transformation de la société est fondé d’abord sur des objectifs concrets, il a besoin également du rêve éveillé d’un monde meilleur, sous peine de se couper des lieux d’apparition du désir même de changement. Invite au rêve, "ancrage de la conscience anticipatrice". Le rêve nous révèle l’insoupçonné en nous, exhume notre face d’ombre; mais il nous fait peur, car nous n’avons pas la maîtrise des multiples forces qui travaillent en nous. « Nous n’avons pas d’assurance, nous n’avons que l’espoir. » « L’homme est quelque chose qui reste encore à découvrir » « Joyeux Noël ! Mais pensez-y : l’Avent dure toujours… » René Guénon (1886-1951), philosophe et métaphysicien français, faisant autorité dans les des domaines de l’ésotérisme, du symbolisme et de l’étude comparée des religions. Naturalisé Égyptien en 1949, auteur de 27 titres dont 10 posthumes. Son œuvre se divise en 4 axes : - exposé de principes métaphysiques; - études sur le symbolisme; - études sur l’initiation; - critique du monde moderne. "Modifier la mentalité d'un milieu est le seul moyen d'y produire, même socialement, un changement profond et durable, et vouloir commencer par les conséquences est une méthode éminemment illogique, qui n'est digne que de l'agitation impatiente et stérile des Occidentaux actuels ». Karl Barth (1886-1968), théologien et pasteur protestant suisse, une des personnalités majeures de la théologie chrétienne du 20ème siècle. Toute son œuvre est une protestation contre les tentatives humaines (politiques, morales, religieuses et même théologiques) pour instrumentaliser Dieu en l'identifiant à une cause ou à une doctrine. Affirme l'altérité radicale de Dieu, qui est libre à l'égard de tout ce que l'on peut en dire ou en faire dans les Églises ou les doctrines. En 1934, principal auteur de la Déclaration théologique de Barmen, texte fondamental d'opposition chrétienne à l'idéologie nazie. À la fin de sa vie, participe à la lutte contre la prolifération des armements atomiques. « Nous devons savoir à la fois que nous devons parler de Dieu et que nous ne le pouvons pas. » « S'il y a bien un athéisme de l'homme, un homme sans Dieu, il n'y a pas de Dieu sans l'homme. » Paul Tillich (1886-1965), écrivain allemand, philosophe et théologien protestant. Chassé de l'Université en 1933 pour avoir pris la défense d'étudiants juifs molestés par les nazis, s'exile aux États-Unis. En 1961, cofondateur de la Society for the Arts, Religion and Contemporary Culture. Pour lui, la question centrale de toute quête philosophique revient toujours à la question de l'être : que signifie être, exister, être un être humain fini ? Énumère les 3 angoisses fondamentales de l’homme: la peur de mourir, la culpabilité et l‘inquiétude au sujet de l’orientation de sa propre vie. Affirme que l’amour de Dieu pour l’homme est le fondement premier ou ultime du courage d’être. « Tout le monde a la préoccupation de l’ultime, et cette préoccupation existe dans un acte de foi, même si l'acte de foi inclut le refus de Dieu. Là où il y a la préoccupation de l’ultime, Dieu ne peut être refusé que dans le nom de Dieu. » Paul Tillich « Le penchant naturel vers la sécurité, la perfection et la certitude (…) est biologiquement nécessaire, mais il devient un facteur de destruction biologique s’il nous fait éviter tout risque d’insécurité, d’imperfection et d’incertitude. » « Les dangers qui accompagnent le changement, le caractère inconnu des choses qui arrivent, l’obscurité de l’avenir, tout cela contribue à faire de l’homme moyen un défenseur fanatique de l’ordre établi. » « L’acte d’accepter l’absence de sens est en lui-même un acte plein de sens : il est un acte de foi. Celui qui possède le courage d’affirmer son être en dépit des angoisses du destin (…) ne les a pas supprimées : il demeure sous leur menace et il subit leurs coups. (…) La foi qui crée le courage de les intégrer n’a pas de contenu spécifique : c’est la foi, tout simplement, sans direction précise, absolue. » Simon Kimbangu (1887-1951), leader religieux congolais. Né dans le futur Congo belge, catéchiste à la mission baptiste pour l’ethnie Ba-Kongo. Ouvrier dans les huileries de Kinshasa vers 1920, est en contact avec des militants américains anticolonialistes. Commence son ministère de guérison et de prédication en 1921 à N’kamba. Réclame et obtient la destruction des fétiches, la proscription de l’alcool, de la polygamie, des danses collectives éroto-extatiques, de la sorcellerie, africanise le culte. Préconise la non-violence. Sa carrière publique ne dure que 6 mois, car son succès dérange les colonialistes et les missionnaires. Inculpé de sédition, condamné à mort par un juge militaire belge, peine commuée par le roi Albert 1er en détention perpétuelle après 120 coups de fouet. Le village de N’kamba est rasé par les autorités belges. Meurt après 30 années de prison après avoir partagé ses maigres rations de nourriture avec d'autres prisonniers. Son enseignement donnera par la suite naissance à l’Église kimbanguiste, admise en 1969 au Conseil œcuménique des Églises. Après s'être organisée et avoir épuré son dogme et sa liturgie, elle perd sa force novatrice et contestataire et devient un partenaire du nouveau pouvoir zaïrois. Padre Pio Francesco Forgione (1887-1968), capucin et prêtre italien. Prend le nom de Pie (en italien Pio), en hommage au pape Pie V, quand il rejoint l'ordre des frères mineurs capucins. Infirmier pendant la Première Guerre mondiale. Expériences de nuit spirituelle et de tentations. En août 1918, tandis qu'il confesse les jeunes scolastiques de son couvent, ses mains, ses pieds, sa poitrine sont percés et ruissellent de sang. Les médecins concluent que « le fait constitue en soi un phénomène que n'est pas capable d'expliquer la seule science humaine ». Intuition, bon sens, modestie et humour. Des foules viennent à son monastère de San Giovanni Rotondo pour se confesser : il rappelle parfois luimême aux pénitents des fautes qu'ils ont oubliées. Ouvre en 1944 un hôpital appelé la Casa Sollievo della Sofferenza, puis des groupes de prière. Canonisé par Jean-Paul II en 2002. « Quand une prophétie vient de Dieu, elle ne parle que d’amour et de miséricorde ». Swami Shivananda Saraswati (1887-1963), maître spirituel hindou enseignant du yoga et du vedānta. Médecin et directeur d’hôpital en Malaisie, renonce au monde et commence une vie monastique en 1923. Fonde en 1936 la Divine Life Society ("La Société de la vie divine"), qui œuvre à la paix et la formation de citoyens pratiquant un yoga intégral. Précurseur de l'ouverture de l'hindouisme aux occidentaux sur la base d'un principe : "Servir, aimer, purifier, donner, méditer et réaliser". Auteur de 296 livres, fondateur d’un ashram près de la ville de Rishikesh ("la demeure des sages") au bord du Gange et d’une pharmacie ayurvédique. "Le yoga est une aide à la pratique des vérités spirituelles de base dans toutes les religions. Le yoga peut être pratiqué par un chrétien ou un bouddhiste, un musulman, un soufi ou un athée. Le yoga est union avec Dieu, union avec tous." Marc Chagall (1887-1985) Moïche Zakharovitch Chagalov, peintre né d’une famille juive en en Biélorussie (alors intégrée à la Russie tsariste). Études à Saint Pétersbourg, travaille à Paris, Vitesbsk, Moscou, Berlin puis Paris, naturalisé français en 1937. Ivre d'images, de sentiments et d'idées, exprime l'irruption de l'imaginaire et des passions dans le monde quotidien des objets familiers. Son œuvre chromatiste onirique, (peintures, gravures, mosaïques, vitraux) inspirée par la tradition juive, la vie du shtetl (village juif en Europe de l'Est) et le folklore russe, présente des caractéristiques du surréalisme et du néo-primitivisme. « Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir. » Gabriel Marcel (1889-1973), agrégé de philosophie, dramaturge, critique littéraire et musicien français. Représentatif d’un "socratisme chrétien", hanté par le mystère du mal, méfiant envers les abstractions. Pour lui, c'est dans le dialogue entre deux toi que l'homme se découvre et s'affirme comme personne. Le chemin de soi à soi passe par autrui. « Le problème est quelque chose qui barre la route. Il est tout entier devant moi. Au contraire, le mystère est quelque chose où je me trouve engagé, dont l'essence est, par conséquent, de n'être pas tout entier devant moi. » « Le seul problème essentiel est posé par le conflit de l'amour et de la mort. S'il y a en moi une certitude inébranlable, c'est qu'un monde déserté par l'amour ne peut que s'engloutir dans la mort, mais c'est aussi que là où l'amour persiste, la mort ne peut pas ne pas être en définitive vaincue. » Edwin Hubble (1889-1953) astronome états-unien. Chercheur à l'observatoire du Mont Wilson, près de Pasadena en Californie où il utilise le télescope Hooker de 250 cm, le plus puissant à l'époque. Améliore la compréhension de la nature de l‘univers en démontrant l'existence d'autres galaxies en dehors de notre Voie lactée. En observant un décalage vers le rouge du spectre de plusieurs galaxies, montre en 1929 que celles-ci s'éloignent les unes des autres à une vitesse proportionnelle à leur distance (ce qu’avait affirmé Georges Lemaître en 1927). Classifie les galaxies en les regroupant sur des critères morphologiques. Le télescope spatial Hubble (photo du bas) est lancé en avril 1990 avec la navette Discovery par la NASA avec une participation de l'Agence spatiale européenne (sur une idée de Hermann Oberth en 1923 développée par Lyman Spitzer en 1946). Les données collectées par ce télescope ont contribué à des découvertes de grande portée dans le domaine de l'astrophysique telles que la mesure du taux d'expansion de l‘univers, la confirmation de la présence de trous noirs supermassifs au centre des galaxies ou l'existence de la matière noire et de l’énergie noire. Arnold Joseph Toynbee (1889-1975), historien britannique, professeur de recherche d'histoire internationale à l'Université de Londres. A produit une théorie générale de l'histoire et de la civilisation : son analyse en douze volumes de l'essor et de la chute des civilisations, Étude de l'histoire, parue entre 1934 et 1961, est une synthèse de l'histoire mondiale, une "métahistoire" basée sur les rythmes universels de la croissance, de l'épanouissement et du déclin. A participé aux pourparlers de paix après les deux guerres mondiales. « L’homme s’est créé des problèmes qui menacent de le détruire et qu’il ne pourra résoudre qu’en acceptant de rompre totalement avec tout un système d’habitudes profondément enracinées en lui. Contrairement aux instincts, les habitudes peuvent être changées.» « Le seul moyen d’obtenir l’établissement d’autorités mondiales est de gagner le consentement et la coopération des pouvoirs existants, les peuples et les gouvernements des États locaux. » ../.. Arnold Joseph Toynbee « Si l’on reconnait que la similitude de la quête spirituelle est plus importante que la diversité des chemins, les adhérents des différentes religions peuvent, sans aucun préjudice, coopérer les uns avec les autres pour aider les êtres humains à accomplir leur passage dans la vie. » « La diversité des voix avec lesquelles s’expriment les différentes religions nous avertit qu’aucune d’entre elles ne doit être suivie dogmatiquement. » « Le choix individuel remplacera l’héritage presque automatique de la religion de sa famille et de son pays natal. Et, au fur et à mesure que se produira ce changement, toutes les religions et spiritualités seront entremêlées en tous points de la planète ». Paul Diel (1893-1972), né en Autriche de mère allemande et de père inconnu. Acteur, romancier, philosophe et poète, se tourne définitivement vers la psychologie. Ami d’Einstein. Réfugié en France en 1938. Fonde la psychologie de la motivation, travaille sur l’éducation, sur le symbolisme dans la mythologie grecque et les textes bibliques. Selon lui, l’exégèse symbolique dévoile le sens caché du mystère de la mort et de la vie. Procède à l'analyse symbolique de trois parties essentielles de la Bible : la Genèse (mythe de la chute), prologue de l'évangile de Jean (mythe de la rédemption), épîtres de Paul (mythe de la résurrection), jette un éclairage nouveau sur ces textes. « La vie humaine est une aventure éthique. (…) Les mythes et les dogmes dramatisent ou conceptualisent les conflits intimes de l’homme et transfèrent à des réalités extérieures à lui-même une existence qui n’appartient qu’aux forces immanentes de son psychisme. Ils n’ont donc de sens que si on les interprète comme des symboles. » Maximilien Kolbe Rajmund Kolbe (1894-1941), frère franciscain conventuel polonais. Fonde en 1917, à Rome, la Mission de l’Immaculée, puis en 1927, près de Varsovie, la Cité de l’Immaculée. Arrêté en février 1941 par la Gestapo, transféré en mai au camp de concentration d’Auschwitz. En juillet, suite à la disparition d’un homme dans le bloc 14, les nazis sélectionnent 10 hommes qui seront exécutés. S'offre de mourir à la place d'un père de famille, Franciszek Gajowniczek. Après deux semaines de famine, seul le père Kolbe, qui a soutenu et vu mourir tous ses compagnons, est encore en vie. Il est exécuté le 14 août d'une injection de phénol dans le bras. Son corps est brûlé dans un four crématoire le lendemain. Canonisé comme martyr en 1982. « Seul l’amour est une force de création. » « Celui qui aime Dieu quand tout va bien ne peut pas affirmer avec certitude qu’il aime Dieu. » Aldous Huxley (1894-1963), écrivain britannique. DansThe Perennial Philosophy, publié en 1945, il rapproche les religions, les traditions d'Orient et d'Occident, à la recherche d'une pensée mondiale, à mi-chemin de la science et de la mystique. « Philosophie éternelle : l'expression a été trouvée par Leibniz. Mais la chose, cette métaphysique qui reconnaît qu'il y a une réalité qui est la substance même des choses matérielles, de la vie et de l'esprit, cette psychologie qui voit dans l'âme quelque chose de semblable ou même d'identique à la réalité divine, cette éthique qui place les buts de l'homme dans la connaissance d'un fondement transcendant et immanent à tous les êtres, cette chose est universelle et immémoriale. Les rudiments de la philosophie éternelle peuvent être trouvés dans les savoirs des peuples primitifs de toutes les régions du monde, et, sous sa forme la plus développée, elle a une place dans les plus grandes religions. » Georges Lemaître (1894-1966), prêtre catholique belge, astronome et physicien, professeur à Université catholique de Louvain. Passe une année au Harvard College Observatory de Cambridge (USA) puis s'inscrit au Massachusetts Institute of Technology. Rencontre Albert Einstein et Edwin Hubble. S'appuyant sur les travaux du savant russe Alexandre Friedmann, affirme dès 1927 que l’univers est en expansion, ce qui est confirmé en 1929 par Hubble. Émet ensuite la "théorie de l'atome primitif", début temporel de l'univers*. Soupçonne le rayonnement cosmique de porter la trace des événements initiaux, évoque l’ "écho disparu de la formation des mondes", confirmé en 1965 sous le nom de "fond diffus cosmologique" par Arno Penzias et Robert Wilson. Amené à utiliser des machines à calculer, en apprend la programmation. Se spécialise dans l'étude de la formation des nébuleuses. * Cette théorie est appelée ironiquement big bang par Fred Hoyle en 1949, au cours d'une émission de radio, nom qui restera. Jiddu Krishnamurti (1895-1986), philosophe indien. Adopté et éduqué par Annie Besant, présidente de la Société théosophique. Après avoir été propulsé par elle "world teacher" (guide spirituel mondial), prend distance avec les religions et les gurus (maîtres spirituels). Promoteur aux États-Unis d’une éducation alternative. Les mutations fondamentales de la société, affirme-t-il, ne peuvent aboutir qu’au prix d’une transformation de la conscience individuelle, de la connaissance de soi et du déconditionnement des appartenances sociales, nationales, religieuses. « La vérité est un pays sans chemins. » « Ce monde est chacun de nous ; le sentir, être véritablement imprégné de cette compréhension entraîne un sentiment de grande responsabilité et une action qui doit être non pas fragmentaire, mais globale. » William Griffith Wilson Robert Holbrook Smith (1895-1971, dit Bill W.) (1879-1950, dit Dr Bob) Fondateurs états-uniens des Alcooliques Anomymes (AA) et de la méthode de libération des dépendances en 12 étapes, efficace pour le rétablissement des drogués, joueurs, boulimiques, obsédés sexuels, etc. Ont l’intuition que les groupes d’entraide, de parole et de soutien doivent reposer sur l’identification à une problématique et une souffrance communes. Les AA sont présents dans 162 pays et plus de 100 000 groupes rassemblent environ 2 millions de membres. « 1 - Nous avons admis que nous étions impuissants devant l’alcool et que nous avions perdu la maîtrise de notre vie. 2 - Nous en sommes venus à croire qu’une Puissance supérieure à nous-mêmes pouvait nous rendre la raison. » Jules Monchanin (1895-1957), moine et ermite catholique français, promoteur du dialogue interreligieux entre Chrétiens et Hindous. S’installe en Inde en 1939, se met à vivre et à se vêtir à l’indienne. Après la fondation d’un ermitage avec Henri Le Saux, prend le nom sanskrit de Paramarubnayanda ("celui qui met sa joie dans l’Être sans forme"). Intervient à des conférences, des congrès, prêche des retraites. “Il faut être pour donner. Plus on est, plus on est capable de donner” (sur son lit de mort à l’hôpital St Antoine à Paris) Karlfried Graf Dürckheim (1896-1988), diplomate, psychothérapeute et philosophe allemand. Découvre le bouddhisme zen en 1935. Met au point les base spirituelles de sa « thérapie initiatique ». Conçoit et construit à Rütte, en Forêt Noire, un Centre de formation et de rencontres de psychologie existentielle. Appelle chacun à être attentif en permanence au sens de ce qu’il fait, de ce qu’il vit. « Il manque à nos contemporains le silence intérieur, une disposition qui les rende capables, même dans la vacarme et l’agitation extérieurs, d’éprouver, de garder et de rayonner le calme. Seule la sérénité, qui révèle la présence de l’Être au delà des contraires, apporte la force, la profondeur et le rayonnement. » ../.. Karlfried Graf Dürckheim « Sur le chemin spirituel , il ne faut rien chercher qui serait extraordinaire ; l'extraordinaire est dans la profondeur de l'ordinaire. » « L’homme est majeur dans la mesure où il retrouve toujours le courage de traverser les périodes sombres de la vie. (…) Il se défie de lui-même et se garde des idées arrêtées sur le monde, sur son prochain et sur Dieu. » « Si la feuille n’a de sa condition de feuille qu’une représentation où elle se distingue de l’arbre, elle sera effrayée quand viendra l’automne. Elle craindra de se dessécher, de tomber et de devenir poussière. Mais si elle saisit réellement qu’elle est ellemême l’arbre dans sa modalité de feuille, et que la vie et la mort annuelles de la feuille font partie de la nature de l’arbre, elle aura une autre vision de la vie ». Mâ Ananda Moyî Nirmalâ Sundari Devî (1896-1982) - nommée Mâ Ananda Moyî ("Mère pénétrée de béatitude") par Jyotish Chandra Ray - grande sainte de l'Inde du 20ème siècle, appelée familièrement Mataji. Pour toute formation scolaire, va à l'école primaire durant 2 ans. N'a jamais acquis aucune connaissance des écritures sacrées, aucune pratique spirituelle ne lui a jamais été enseignée. Malgré cela, semble connaître toutes les voies. Sillonne toute l'Inde pendant des dizaines d'années pour apporter aide et réconfort spirituel. De nombreux ashrams sont construits, à Dacca, Dehradun, Calcutta, Bénarès, etc. Ne mange presque pas : son entourage craint pour sa santé, ce qui l'amuse beaucoup. Pose à son interlocuteurs les questions, claires, précises, allant droit au cœur des choses, qui lui permettent d’avancer. ../.. Mâ Ananda Moyî « Je suis hindoue, musulmane, chrétienne... tout ce que vous voulez(…) Je n'ai aucun sens de l'ego ni de la séparation. En moi, chacun de vous a dans une égale mesure la hauteur et la profondeur de l'éternité ». « Ne voyez-vous pas que ce monde n'est qu'une auberge de passage ? Nous y rencontrons d'autre pèlerins. Le but de la réunion finale est le Soi (Atman). Mais cela, vous l'oubliez ; vous vous identifiez à votre corps et vous forgez ainsi le premier maillon de la chaîne de toutes les misères de la vie. » « Soyez véridique, en paroles et en actions. Soyez toujours de bonne humeur. Parlez avec calme, fermeté, sérénité et avec une considération égale pour tous. Ne chérissez que ce qui touche à la Quête suprême (Paramartha). Votre recherche de la vérité doit se poursuivre à chaque instant. » « C'est l'être le plus étonnant qu'il m'ait jamais été donné de rencontrer ! » Arnaud Desjardins Maurice Zundel (1897-1975), prêtre et théologien catholique suisse, conférencier visionnaire longtemps tenu à l’écart par la hiérarchie de son Église. Se situe au croisement des théologies protestante et catholique, de la philosophie existentielle et du personnalisme. Auteur d’une oeuvre mystique, éthique et politique. Fonde une morale de la libération qui consiste en un dépassement de soi par le don infini de soi, un acte joyeux de communion et non un renoncement triste. «Notre honneur suprême est d’avoir à nous créer nousmême. De ne pas subir notre vie, mais de la faire jaillir dans un pur élan d’amour.» Georges Bataille (1897-1962), écrivain français. Son œuvre multiforme s'aventure à la fois dans les champs de la littérature, l'anthropologie, la philosophie, l'économie, la sociologie et l'histoire de l'art. Érotisme et transgression sont communément attachés à son nom. Mystique athée. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, influencé par Heidegger, Hegel, et Nietzsche, écrit La Somme athéologique (le titre se réfère à la Somme théologique de Thomas d'Aquin) qui comporte ses travaux L'Expérience intérieure, Le Coupable et sur Nietzsche. « J’entends par expérience intérieure ce que d’habitude on nomme expérience mystique : les états d’extase, de ravissement, au moins d’émotion méditée. » « Qui pourrait supprimer la mort ? Je mets le feu au bois, les flammes du rire y pétillent ». « Je désignerai par le mot "mystère" ce que d'ordinaire on appelle Dieu. » Edmond Michelet (1899-1970), homme politique français. Représentant de commerce, militant de l’action catholique. Mène une action en faveur des Juifs allemands persécutés par le nazisme. Chef du mouvement de Résistance Combat en Limousin, déporté en septembre 1943 à Dachau. Pendant 20 mois terribles, a un comportement exemplaire de générosité et de courage dans le camp, réunit toutes les hommes de toutes tendances politiques au sein du camp afin d’organiser la solidarité. Député, ministre gaulliste des Armées, de la Justice *. Démissionne en 1961 du gouvernement de Michel Debré par opposition à sa politique algérienne. Se fait enterrer dans son costume de déporté et fait inscrire sur sa tombe cette citation Jean-Marie Vianney, le curé d’Ars : « Il nous demandera si nous avons employé nos forces à rendre service au prochain. » * Rétablit en 1960 la peine de mort pour raison politique, abolie depuis 1848, et la réclame pour les généraux Challe et Zeller, auteurs du putsch d’Alger. Ceci est-il évoqué par les partisans de sa béatification ? Jean Girette (1899-1976), Français, Ingénieur de Polytechnique et de l’École des Ponts et Chaussées, directeur de la région Sud-Ouest de la SNCF (1955-1958). Après le deuil de son épouse, décide de démissionner, de travailler comme ouvrier en usine et de rejoindre une équipe de frères ouvriers du Prado. Découvre le monde ouvrier et exprime l'angoisse qu'il éprouve devant les opposions fondamentales au sein des entreprises. Muté dans une paroisse populaire d’Aubervilliers. Dans les dernières années de sa vie, épuisé, se réfugie chez les Petites soeurs des pauvres à Paris, où il exerce l’humble fonction de portier. « Un monde où le travail manuel sera tenu en honneur; où les inégalités sociales iront en s’atténuant; où les chances à l’entrée dans la vie tendront à s’équilibrer en fonction des aptitudes; où l’on s’acheminera vers la réduction progressive des journées de travail; où les personnes âgées pourront avoir une retraite décente; où l’autorité nécessaire saura se dépouiller de tout ce qui blesse et humilie le subordonné sans nécessité. » Photo du bas : Antoine Chevrier, fondateur du Prado Howard Thurman (1899-1981), pasteur baptiste, philosophe, théologien, enseignant états-unien, auteur de 21 livres. Contribue en 1944 à fonder à San Francisco avec l’International Fellowship of Reconciliation (IFOR-MIR) la première communauté ecclésiale multiraciale et multiculturelle des États-Unis, la Church for the Fellowship of All Peoples . Doyen de l'Université de Boston pendant plus de deux décennies. Leader dans la lutte pour les droits civiques, conseiller et ami des pasteurs Martin Luther King senior et junior. «Ne vous demandez pas ce dont le monde a besoin. Demandez-vous ce qui vous éveille à la vie. Puis faites-le. Car ce dont le monde a besoin, c’est d’êtres qui s’éveillent à la vie. » Cette citation de Howard Thurman est souvent attribuée à tort à un certain Harold Whitman, nom fictif. Henri Michaux (1899-1984), écrivain, poète et peintre d'origine belge, naturalisé français en 1955. Fait de nombreux voyages pour découvrir les peuples du monde. Contemporain des surréalistes, cherche comme eux dans la poésie et dans l'art une aventure spirituelle comparable à certains égards à l'expérience mystique. Exprime ses sentiments d'angoisse et de révolte, raconte ses rêves, imagine des histoires fantastiques, rend compte d'expériences psychologiques. Affirme la force du libre arbitre chez l'individu, présente l'existence comme une suite de choix individuels et volontaires. Souvent considéré comme mystique athée cherchant son chemin selon un parcours taoïste. « Je ne peux me reposer, ma vie est une insomnie... car, cherchant et cherchant, c'est dans tout indifféremment que j'ai la chance de trouver ce que je cherche, puisque ce que je cherche, je ne le sais ». « Et c’est ma vie, ma vie par le vide. S’il disparaît, ce vide, je me cherche, je m’affole, et c’est encore pis. Je me suis bâti sur une colonne absente. » Édouard Froidure (1899-1971) prêtre catholique belge. Fondateur d'œuvres sociales dont Les Petits sapins, les Stations de Plein-air (centres sociaux et d’animation). En 1936, démarre une activité de tri et de distribution d'objets de seconde main pour fournir du travail et un toit à des hommes démunis. En 1939, fonde à Bruxelles un centre de formation d'éducateurs. Durant la guerre, à partir de juillet 1941, cache des enfants juifs dans ses centres de loisirs. Arrêté par la Gestapo, rescapé du camp de concentration de Dachau. En décembre 1952, fait visiter des taudis au Roi Baudouin : l'écho suscité dans la presse aboutit à la promulgation d'une loi pour la liquidation des taudis. Ces activités se déploient ensuite dans d'autres villes de Belgique au service des personnes sans-abri et des familles en difficultés. En 1955, crée l'association Les Petits Riens et devient ainsi un pionnier de l'économie sociale et solidaire. « C’est la solidarité qui sauve. On arrive à trouver des amis, on parle, on reprend courage en se disant : je ne suis pas seul dans cet enfer, on va tâcher de tenir le coup. » Marcel Légaut (1900-1990), Français, normalien, docteur en mathématiques, professeur d’université, marié, père de 6 enfants, auteur de 18 livres. S’établit en 1939 dans un village de la Drôme comme agriculteur et berger pour vivre vrai et penser juste, héberge des réfugiés, Juifs et réfractaires. Perçoit que les mots du christianisme ont perdu de leurs sens et de leur poids, s’intéresse au vécu et à l’humanité de Jésus de Nazareth, à son opposition de plus en plus intense avec les responsables religieux juifs. « En moi, monte une exigence, une initiative, une perspective qui n’est pas la simple conséquence de l’enseignement que j’ai reçu. Une exigence intérieure qui va donner à ma vie une originalité que les autres n’ont pas. Je me distingue des autres, non pas par désir de me distinguer, mais pour être fidèle à ce qui monte en moi et pour y correspondre. À ce moment-là, je ne suis pas seul : Il y a en moi quelque chose qui ne peut pas être sans moi, mais qui n’est pas que de moi. J’affirme que cette action qui m’est propre est Dieu. » ../.. Marcel Légaut « Une des chances de notre époque est que l’athéisme y est répandu. » «Qui suis-je, homme jeté dans l’existence sans l’avoir su ou voulu ? Être connaissant ou conscient de sa conscience. Être voué à la mort et capable de le savoir. (…) Qui suis-je, homme unique, lié de façon impensable à l’extrême diversité des foules innombrables répandues dans l’espace et le temps, mais tellement unique qu’aucun autre que moi ne pourrait être ce que je suis. » « Si Jésus s’est dit fils de Dieu, c’est parce qu’il avait le sentiment de correspondre d’une façon parfaite et profonde à ce qui montait en lui sous l’action divine. » Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944), aviateur, journaliste, dessinateur, écrivain, poète et Résistant français. Directeur de l’exploitation des lignes de la compagnie Latécoère (future Aéropostale), chef d’escale, puis pilote d’essai. Disparu en mer le 31 juillet 1944. « Être homme, c’est précisément être responsable. C’est connaître la honte en face d’une misère qui ne semblait pas dépendre de soi. C’est être fier d’une victoire que les camarades ont remportée. C’est sentir, en posant sa pierre, que l’on contribue à bâtir le monde ». « La grandeur d’un métier est peut-être, avant tout, d’unir les hommes : il n’est qu’un luxe véritable, c’est celui des relations humaines. En travaillant pour les seuls biens matériels, nous bâtissons nous-mêmes notre prison » Antoine de Saint-Exupéry « On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux. (…) Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. (…) C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. » « Où voyez-vous qu’il y ait lieu de désespérer ? Il n’est jamais que perpétuelle naissance. Et certes il existe, l’irréparable, mais il y a rien là qui soit triste ou gai, c’est l’essence même de ce qui fut. Est irréparable ma naissance puisque me voici. Le passé est irréparable, mais le présent vous est fourni comme matériaux en vrac aux pieds du bâtisseur, et c’est à vous d’en forger l’avenir. » « Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible. » « ll n’y a pas de solution miracle, il y a des forces en marche. Créons ces forces, et les solutions suivront. » Pierre Chaillet (1900-1972), jésuite français, Résistant, théologien et enseignant. Réunit autour de lui d'autres Chrétiens (Henri de Lubac, Pierre Bockel, etc.) et organise un groupe de Résistants dont il devient le rassembleur et l'inspirateur. Responsable principal d'une organisation interconfessionnelle d'assistance, L'Amitié chrétienne, tournée vers l’aide aux Juifs. Publie à Lyon en novembre 1941 le premier des Cahiers du Témoignage chrétien. De 1941 à 1944, paraissent 15 numéros de ces brochures. Maître de la résistance spirituelle face aux nazis. Agent de renseignement, puis chef dans la Résistance française. En 1944, élu président du Comité des œuvres sociales de la Résistance (COSOR). En 1945, crée les éditions du Témoignage chrétien. Ses supérieurs de la Compagnie de Jésus lui demandent d’en quitter la présidence en 1956, jugeant incompatibles les opinions du journal avec la ligne de sa congrégation. Vit ses dernières années dans le silence et le renoncement Willem Visser 't Hooft (1900-1985), pasteur et théologien réformé néerlandais. Études de théologie et de droit. Pionnier du mouvement œcuménique durant sa jeunesse. À Genève lorsque la guerre éclate, aide les réfugiés fuyant l’Allemagne nazie et travaille à maintenir des liens entre les Églises des zones occupées et le monde extérieur. Prend l'initiative de la réunion de Pomeyrol (16 et 17 septembre 1941) où 13 pasteurs ou théologiens et 3 laïcs de la zone sud dénoncent les persécutions anti-juives et inscrivent le protestantisme dans la résistance au nazisme. Premier Secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises de 1948 à 1966. A également créé la revue The Ecumenical Review. « (…) l'Église affirme qu'on ne saurait présenter l'inévitable soumission au vainqueur comme un acte de libre adhésion. Tout en acceptant les conditions matérielles de la défaite, elle considère comme une nécessité spirituelle la résistance à toute influence totalitaire et idolâtre. » 8ème thèse de Pomeyrol Armand Marquiset (1900-1981). Crée en 1932 l'association Pour que l'Esprit vive, pour l'aide aux artistes et aux intellectuels, et en 1936 Les amis de la banlieue, pour les enfants défavorisés de la région parisienne. Mène tout au long de la 2ème guerre mondiale des actions en faveur des populations déplacées et des enfants. Fonde en 1946 l'association Les petits frères des pauvres pour les personnes âgées, qui sont, dans le contexte économique et social de l'époque, les plus démunis. Fonde en 1965 l’association Frères des Hommes, une des premières ONG tiers-mondiste française, et en 1969 Les frères du ciel et de la terre, destinée à lutter contre l'isolement et la solitude. « Avons-nous donné des fleurs avant le pain ? ». ■