diap_trombi_spirituels_2_1876_1900 [Mode de compatibilité]

publicité
Trombinoscope "Chercheurs d’humanité"
Chercheurs de sens
ou spirituels
de 1876 à 1900
Étienne Godinot
.07.01.2017
Hermann Hesse
(1877-1962), romancier, poète, peintre et essayiste allemand. En
novembre 1914, appelle les intellectuels allemands à ne pas
tomber dans les polémiques nationalistes. Obtient la nationalité
suisse en 1924. En 1932, s'exprime pour les auteurs - juifs ou
non - pourchassés par les nazis. Écrivain des déchirements de
l’existence humaine, aspire à une civilisation où il y ait équilibre
entre spiritualité et animalité. Prix Nobel de littérature en 1946.
« Tout comme la jouissance d’amour, à l’instant le plus délicieux
de son épanouissement suprême, est sûre de décroître l’instant
d’après et de disparaître dans la mort, de même la solitude de
l’âme et l’abandon à la mélancolie sont sûrs de faire place
soudain au désir, à une nouvelle adhésion à la vie et à sa face
lumineuse. »
« Qui dit chercher, dit avoir un but. Mais trouver, c’est être libre,
c’est être ouvert à tout, c’est n’avoir aucun but déterminé »
Muhammad Iqbal
(1877-1939) poète et philosophe musulman, indien puis pakistanais. Séjour de 3 ans en Europe. Élu à l’assemblée législative
du Pendjab, contribue par son influence à la naissance de l’État
du Pakistan.
Reconstruit la pensée religieuse dans une optique dynamique
créatrice et heureuse, défendant la nécessité de l'ijtihad (effort
d'interprétation) et d'adapter l’islam aux contextes présents. Met
en parallèle la pensée de différents penseurs musulmans et
occidentaux, fait découvrir la grandeur de la philosophie
musulmane active. Sa vie, combat contre la pauvreté, le
défaitisme, la fatalité détournée de son vrai sens, l’esclavage
des peuples et le racisme, est jalonnée de discours et de
déclarations dans lesquels transparaît un soufisme actif et
dynamique, orienté vers le progrès et la science.
Le but principal du Coran est « d’éveiller en l’homme une
conscience plus haute de ses multiples relations avec Dieu et
l’univers. »
Martin Buber
(1878-1965) philosophe, conteur et pédagogue autrichien d’origine
juive, puis israélien. Études à Vienne. Avec Franz Rosenzweig
(1885-1929), traduit la bible hébraïque en allemand. De 1924 à
1933, enseigne la philosophie religieuse juive à l'Université J.- W.
Goethe de Frankfurt. Fuit le nazisme en 1938.
Professeur d'anthropologie et de sociologie à l'Université hébraïque
de Jérusalem. Membre du parti Yi'hud (L’Union), travaille à une
meilleure entente entre Israéliens et Arabes, se fait l'apôtre d'un État
bi-national et démocratique en Palestine. Après la 2ème Guerre
mondiale, tournée de conférences en Europe et aux États-Unis,
esquisse un rapprochement avec les intellectuels allemands. Crée à
Jérusalem, en 1949, l'École de formation d'éducateurs d'adultes.
../..
Martin Buber
« Toute vie réelle est rencontre » : le dialogue repose sur la
réciprocité et la responsabilité, laquelle existe uniquement là
où il y a réponse réelle à la voix humaine. Dialoguer avec
l'autre, c'est affronter sa réalité et l'assumer dans la vie vécue.
« Au commencement est la relation ». L'être humain est par
essence un homo dialogus, la personne est incapable de se
réaliser sans communier avec l'humanité, avec la création et
avec le Créateur. Qui se soucie de sa propre image est
absolument incapable d'écouter ses frères humains.
«Ce que la Bible nous enseigne avec tant de simplicité et de
force, et qui ne peut s'apprendre dans aucun autre livre, c'est
qu'il y a la vérité et le mensonge, et que l'existence humaine se
tient inexorablement du côté de la vérité; c'est qu'il y a la
justice et l'injustice, et que le salut de l'humanité réside dans le
choix de la justice et le rejet de l'injustice».
../..
Martin Buber
« Il incombe à chacun de bien savoir vers quelle voie le
pousse son cœur et d’embrasser alors celle-ci en y mettant
toutes ses forces. Avec chaque homme vient au monde
quelque chose de nouveau qui n’a pas encore existé, quelque
chose d’initial et d’unique. C’est avant tout cette qualité
unique et exceptionnelle que chacun est commis à
développer et à mettre en œuvre. »
« Certes nous devons apprendre et respecter, mais jamais
imiter. Ce qui a été fait de saint et de grand est pour nous
exemplaire car il nous montre ce que sont la sainteté et la
grandeur, mais il n’y a pas de modèle à suivre. Si petites que
soient nos performances en comparaison de ce que firent nos
ancêtres, elles n’en sont pas moins importantes car elles
reflètent ce que nous avons fait par nos propres moyens. »
Ramana Maharsi
(1879-1950), Indien du Tamil Nadu, un des grands maîtres de
l’école philosophique du Védanta. À 16 ans, saisi par une
terreur de mourir, connaît une expérience mystique, distingue le
corps mortel et la conscience immortelle. Vit en ermite, devient
maître de milliers de disciples. Exhorte tous ceux qui l’écoutent
à se poser inlassablement la question "Qui suis-je ?"
« Mon corps est-il « moi » ? Il est silencieux et inerte, mais je
sens la pleine force de ma personnalité, et j'entends même la
voix du « moi » au fond de mon être. Je suis donc un esprit qui
transcende le corps. Le corps meurt, mais l'esprit, transcendant
le corps, ne peut être touché par la mort. Ce qui veut dire que
je suis un esprit immortel ».
Albert Einstein
(1879-1955), physicien théoricien. Publie en 1915 une théorie de
la gravitation dite relativité générale, contribue au développement
de la mécanique quantique et de la cosmologie. Émerveillé par la
nature, se définit comme "un non-croyant profondément religieux".
« Définissez-moi d’abord ce que vous entendez par Dieu, et je
vous dirai si j’y crois ! »
« La religion du futur sera une religion cosmique. Elle devra
transcender l’idée d’un Dieu existant en personne et éviter le
dogme et la théologie. Couvrant aussi bien le naturel que le
spirituel, elle devra se baser sur un sens religieux né de
l’expérience de toutes les choses, naturelles et spirituelles,
considérées comme un ensemble sensé.(…) Le bouddhisme
répond à cette description.(…) S’il existe une religion qui pourrait
être en accord avec les impératifs de la science moderne, c’est le
bouddhisme. »
Voir aussi A. Einstein dans "Chercheurs et acteurs de changement sociétal."
Pierre Teilhard de Chardin
(1881-1955), théologien jésuite, philosophe, géologue et
paléontologue français, longtemps mis à l’index par le Vatican.
Dans l’histoire de l’univers, ajoute aux deux axes de l'infiniment
petit et l'infiniment grand celui de la complexité en organisation
croissante, constatant l'émergence de la spiritualité humaine à
son plus haut degré d'organisation, celle du système nerveux
verticalisé. Matière et esprit ne sont que les deux facettes d’une
même réalité. Emprunte à Vernadsky la notion de "noosphère"
pour conceptualiser une harmonisation des consciences, une
« pellicule de pensée enveloppant la Terre, formée des
communications humaines ».
« Un jour, quand nous aurons maîtrisé les vents, les vagues,
les marées et la pesanteur, nous exploiterons l’énergie de
l’amour ! Alors, pour la seconde fois, l’homme aura découvert le
feu. »
../..
Pierre Teilhard de Chardin
« Un goût passionné de grandir, d’être, voilà ce qu'il nous
faut. Arrière donc les pusillanimes et les sceptiques, les
pessimistes et les tristes, les fatigués et les immobilistes. La
vie est perpétuelle découverte. La vie est mouvement .»
« Tout ce qui monte converge. »
« Ma foi la plus chère est que quelque chose d'aimant
constitue la nature la plus profonde de l'univers en
expansion. »
« Plus nous perdrons pied dans l’avenir mouvant et obscur,
plus nous pénètrerons en Dieu. »
Jean XXIII
Angelo Guiseppe Roncalli (1881-1963), Italien, prêtre de
l’Église catholique romaine, délégué apostolique en Bulgarie,
Turquie, nonce en France, patriarche de Venise, élu pape “de
transition“ après 10 tours de scrutin infructueux en octobre
1958. Convoque en janvier 1959 le concile Vatican II qui
ouvre l’Église au monde.
« Je suis un homme capable de peu. J’écris très lentement.
Paresseux de nature, je me laisse facilement distraire dans
mon travail ».
« Quand on ne peut utiliser un cheval, un âne peut être utile".
À un interlocuteur qui le félicite pour sa plume dans une de
ses encycliques, il répond : “Cher Monsieur, ce texte dont
vous me parlez, je l’ai lu !”
Jacques Maritain
(1882-1973), philosophe français, auteur de 50 ouvrages.
Converti au catholicisme. La religion a profondément
imprégné sa philosophie. Après une phase antimoderniste,
où il est proche de l'Action française, s'en détache et finit par
accepter la démocratie et la laïcité (Humanisme intégral,
1936). Sa femme Raïssa Oumançoff, immigrée juive
d'origine ukrainienne, fut toujours associée à sa recherche
passionnée de vérité.
« L’exemple de Gandhi est propre à nous faire honte »
Se demande si « la technique de Gandhi", une fois
réadaptée, "ne pourrait pas, comme lui-même l'a souvent
déclaré, être appliquée en Occident comme en Orient, et y
renouveler les combats temporels pour la personne
humaine et la liberté".
Karl Jaspers
(1883-1969), psychiatre allemand puis, après 40 ans, philosophe représentatif de l'existentialisme chrétien. Après avoir
épousé une Juive, est destitué de sa chaire par les nazis. Ses
travaux ont eu une grande influence sur la théologie, la
psychologie, la psychiatrie et la philosophie.
Après 1945, prononce à l'Université de Heidelberg une série
célèbre de conférences sur la "culpabilité allemande" face aux
crimes du 3ème Reich :
- La culpabilité criminelle désigne des actes objectivement
établis réprouvés par la morale et punis par la loi.
- La culpabilité politique : un crime reste un crime, même s’il a
été ordonné par l’autorité. Chaque citoyen se trouve
responsable des actes de l’État auquel il appartient.
- La culpabilité morale : chaque individu est coupable chaque
fois qu’il n’a pas agi pour protéger ceux qui étaient menacés,
pour diminuer l’injustice.
../..
Karl Jaspers
- la culpabilité métaphysique : chacun est coresponsable de
toute l’injustice et de tout le mal commis dans le monde :
faute d’agir pour l’éviter, on s’en fait le complice.
S’intéresse dans l’histoire de l’humanité au tournant axial des
religions du salut (judaïsme, christianisme, islam), qui apporte
l’universalisme, l’idée de transcendance et le sens d’un destin
au-delà du monde.
« Faire de la philosophie, c’est être en route ; les questions
en philosophie sont plus essentielles que les réponses. »
« Quand elle est vraiment personnelle et jaillie des origines,
la prière se trouve à la limite de la pensée philosophique, elle
devient philosophie dans l'instant où s'abolit toute relation
intéressée avec la divinité. »
Kahlil Gibran
(1883-1931), écrivain et poète libanais, a séjourné en Europe
et aux États-Unis.
Sa mystique est au confluent du christianisme, de l’islam, du
soufisme, des grandes religions de l’Inde, de la théosophie.
“En vérité, la soif du confort assassine la passion de l’âme et
va en ricanant à son enterrement”
“Vous ne donnez que peu lorsque vous donnez vos biens.
C’est lorsque vous donnez de vous que vous donnez
réellement”
“Un sourire, c’est du repos pour l’être fatigué, du courage pour
l’âme abattue, de la consolation pour l’âme endeuillée”
Rudolf Bultmann
(1884-1976), théologien et exégète allemand de tradition
luthérienne, opposé au nazisme. Professeur d'études
néotestamentaires à Marburg.
Démontre que les caractéristiques des sources chrétiennes ne
sont pas des comptes-rendus journalistiques, ni des documents
historiques, mais des témoignages de foi situés dans le contexte
vivant des communautés chrétiennes primitives. Développe la
démythologisation de l’Évangile, réinterprétation pour le rendre
recevable et compréhensible aux contemporains, clarifie la véritable
intention du mythe, et donc, la véritable intention du texte.
Construit une nouvelle anthropologie pour un homme mieux à
même de comprendre le sens des Évangiles.
« Un événement historique - la venue et le départ de Jésus, sa
croix - est l'événement eschatologique. Mais pas sa résurrection,
non ! Seule la foi des premiers disciples en sa résurrection peut
être qualifiée d'événement historique. »
Niels Bohr
(1885-1962), physicien danois, professeur à l’université de
Copenhague, père de la mécanique quantique. Prix Nobel de
physique en 1922 "pour ses études de la structure des atomes et
des radiations qui en proviennent". Pendant la 2ème guerre
mondiale, travaille à Los Alamos au projet de bombe atomique.
Milite ensuite pour une utilisation pacifique de l'énergie nucléaire.
« Deux sortes de vérités. De l’une sont les propositions si simples
et si claires que la proposition contraire est évidemment insoutenable. De l’autre, de celle des "vérités profondes", sont les
propositions dont le contraire contient aussi une vérité profonde. »
« Quand un enfant jette sa poupée hors du berceau, Sirius est
ébranlé dans sa trajectoire. »
« Quiconque n'est pas choqué par la théorie quantique ne la
comprend pas. »
Ernst Bloch
(1885-1977), philosophe allemand issu d’une famille juive.
Étudie la physique, la philosophie, la musique. Penseur de la
religion, athée, intègre le marxisme dans sa philosophie. Un des
critiques les plus corrosifs de la civilisation occidentale.
Manifeste très tôt son intérêt pour les œuvres hétérodoxes.
Refuse le militarisme prussien et la guerre 1914-18 avec ses
amis dadaïstes, passe cette période en Suisse où il publie le
journal Die freie Zeitung. Dénonce le nazisme, déchu de sa
nationalité en 1935, émigre à Philadelphie, aux États-Unis. En
1961, refuse le marxisme sclérosé des démocraties populaires,
quitte l’université de Leipzig (Allemagne de l’Est) pour celle de
Tübingen (Allemagne de l’Ouest).
Met l’accent sur le potentiel révolutionnaire de la religion, qui
témoigne du refus du désespoir et anticipe une autre société.
Plaide pour le caractère révolutionnaire du judéo-christianisme.
../..
Ernst Bloch
Pour lui, tout processus de changement sociétal s’accompagne
d’une alliance permanente entre l’imaginaire et le scientifique,
l’utopie et la technique, le rêve et le réel. Si l’engagement pour la
transformation de la société est fondé d’abord sur des objectifs
concrets, il a besoin également du rêve éveillé d’un monde
meilleur, sous peine de se couper des lieux d’apparition du désir
même de changement.
Invite au rêve, "ancrage de la conscience anticipatrice". Le rêve
nous révèle l’insoupçonné en nous, exhume notre face d’ombre;
mais il nous fait peur, car nous n’avons pas la maîtrise des
multiples forces qui travaillent en nous.
« Nous n’avons pas d’assurance, nous n’avons que l’espoir. »
« L’homme est quelque chose qui reste encore à découvrir »
« Joyeux Noël ! Mais pensez-y : l’Avent dure toujours… »
René Guénon
(1886-1951), philosophe et métaphysicien français, faisant
autorité dans les des domaines de l’ésotérisme, du
symbolisme et de l’étude comparée des religions. Naturalisé
Égyptien en 1949, auteur de 27 titres dont 10 posthumes.
Son œuvre se divise en 4 axes : - exposé de principes
métaphysiques; - études sur le symbolisme; - études sur
l’initiation; - critique du monde moderne.
"Modifier la mentalité d'un milieu est le seul moyen d'y
produire, même socialement, un changement profond et
durable, et vouloir commencer par les conséquences est une
méthode éminemment illogique, qui n'est digne que de
l'agitation impatiente et stérile des Occidentaux actuels ».
Karl Barth
(1886-1968), théologien et pasteur protestant suisse, une des
personnalités majeures de la théologie chrétienne du
20ème siècle. Toute son œuvre est une protestation contre les
tentatives humaines (politiques, morales, religieuses et même
théologiques) pour instrumentaliser Dieu en l'identifiant à une
cause ou à une doctrine. Affirme l'altérité radicale de Dieu, qui
est libre à l'égard de tout ce que l'on peut en dire ou en faire
dans les Églises ou les doctrines.
En 1934, principal auteur de la Déclaration théologique de
Barmen, texte fondamental d'opposition chrétienne à l'idéologie
nazie. À la fin de sa vie, participe à la lutte contre la prolifération
des armements atomiques.
« Nous devons savoir à la fois que nous devons parler de Dieu
et que nous ne le pouvons pas. »
« S'il y a bien un athéisme de l'homme, un homme sans Dieu, il
n'y a pas de Dieu sans l'homme. »
Paul Tillich
(1886-1965), écrivain allemand, philosophe et théologien
protestant. Chassé de l'Université en 1933 pour avoir pris la
défense d'étudiants juifs molestés par les nazis, s'exile aux
États-Unis. En 1961, cofondateur de la Society for the Arts,
Religion and Contemporary Culture.
Pour lui, la question centrale de toute quête philosophique
revient toujours à la question de l'être : que signifie être, exister,
être un être humain fini ? Énumère les 3 angoisses
fondamentales de l’homme: la peur de mourir, la culpabilité et
l‘inquiétude au sujet de l’orientation de sa propre vie. Affirme
que l’amour de Dieu pour l’homme est le fondement premier ou
ultime du courage d’être.
« Tout le monde a la préoccupation de l’ultime, et cette
préoccupation existe dans un acte de foi, même si l'acte de foi
inclut le refus de Dieu. Là où il y a la préoccupation de l’ultime,
Dieu ne peut être refusé que dans le nom de Dieu. »
Paul Tillich
« Le penchant naturel vers la sécurité, la perfection et la
certitude (…) est biologiquement nécessaire, mais il devient
un facteur de destruction biologique s’il nous fait éviter tout
risque d’insécurité, d’imperfection et d’incertitude. »
« Les dangers qui accompagnent le changement, le
caractère inconnu des choses qui arrivent, l’obscurité de
l’avenir, tout cela contribue à faire de l’homme moyen un
défenseur fanatique de l’ordre établi. »
« L’acte d’accepter l’absence de sens est en lui-même un
acte plein de sens : il est un acte de foi. Celui qui possède
le courage d’affirmer son être en dépit des angoisses du
destin (…) ne les a pas supprimées : il demeure sous leur
menace et il subit leurs coups. (…) La foi qui crée le
courage de les intégrer n’a pas de contenu spécifique : c’est
la foi, tout simplement, sans direction précise, absolue. »
Simon Kimbangu
(1887-1951), leader religieux congolais. Né dans le futur Congo
belge, catéchiste à la mission baptiste pour l’ethnie Ba-Kongo.
Ouvrier dans les huileries de Kinshasa vers 1920, est en contact
avec des militants américains anticolonialistes. Commence son
ministère de guérison et de prédication en 1921 à N’kamba.
Réclame et obtient la destruction des fétiches, la proscription de
l’alcool, de la polygamie, des danses collectives éroto-extatiques,
de la sorcellerie, africanise le culte. Préconise la non-violence.
Sa carrière publique ne dure que 6 mois, car son succès dérange
les colonialistes et les missionnaires. Inculpé de sédition,
condamné à mort par un juge militaire belge, peine commuée par
le roi Albert 1er en détention perpétuelle après 120 coups de fouet.
Le village de N’kamba est rasé par les autorités belges. Meurt
après 30 années de prison après avoir partagé ses maigres
rations de nourriture avec d'autres prisonniers.
Son enseignement donnera par la suite naissance à l’Église
kimbanguiste, admise en 1969 au Conseil œcuménique des
Églises. Après s'être organisée et avoir épuré son dogme et sa liturgie, elle perd sa
force novatrice et contestataire et devient un partenaire du nouveau pouvoir zaïrois.
Padre Pio
Francesco Forgione (1887-1968), capucin et prêtre italien. Prend
le nom de Pie (en italien Pio), en hommage au pape Pie V, quand
il rejoint l'ordre des frères mineurs capucins. Infirmier pendant la
Première Guerre mondiale. Expériences de nuit spirituelle et de
tentations. En août 1918, tandis qu'il confesse les jeunes
scolastiques de son couvent, ses mains, ses pieds, sa poitrine
sont percés et ruissellent de sang. Les médecins concluent que
« le fait constitue en soi un phénomène que n'est pas capable
d'expliquer la seule science humaine ». Intuition, bon sens,
modestie et humour. Des foules viennent à son monastère de
San Giovanni Rotondo pour se confesser : il rappelle parfois luimême aux pénitents des fautes qu'ils ont oubliées. Ouvre en
1944 un hôpital appelé la Casa Sollievo della Sofferenza, puis
des groupes de prière. Canonisé par Jean-Paul II en 2002.
« Quand une prophétie vient de Dieu, elle ne parle que d’amour
et de miséricorde ».
Swami Shivananda Saraswati
(1887-1963), maître spirituel hindou enseignant du yoga et du
vedānta. Médecin et directeur d’hôpital en Malaisie, renonce au
monde et commence une vie monastique en 1923. Fonde en
1936 la Divine Life Society ("La Société de la vie divine"), qui
œuvre à la paix et la formation de citoyens pratiquant un yoga
intégral.
Précurseur de l'ouverture de l'hindouisme aux occidentaux sur
la base d'un principe : "Servir, aimer, purifier, donner, méditer et
réaliser". Auteur de 296 livres, fondateur d’un ashram près de la
ville de Rishikesh ("la demeure des sages") au bord du Gange
et d’une pharmacie ayurvédique.
"Le yoga est une aide à la pratique des vérités spirituelles de
base dans toutes les religions. Le yoga peut être pratiqué par
un chrétien ou un bouddhiste, un musulman, un soufi ou un
athée.
Le yoga est union avec Dieu, union avec tous."
Marc Chagall
(1887-1985) Moïche Zakharovitch Chagalov, peintre né d’une
famille juive en en Biélorussie (alors intégrée à la Russie
tsariste). Études à Saint Pétersbourg, travaille à Paris,
Vitesbsk, Moscou, Berlin puis Paris, naturalisé français en
1937.
Ivre d'images, de sentiments et d'idées, exprime l'irruption de
l'imaginaire et des passions dans le monde quotidien des
objets familiers. Son œuvre chromatiste onirique, (peintures,
gravures, mosaïques, vitraux) inspirée par la tradition juive, la
vie du shtetl (village juif en Europe de l'Est) et le folklore
russe, présente des caractéristiques du surréalisme et du
néo-primitivisme.
« Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons
durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et
d’espoir. »
Gabriel Marcel
(1889-1973), agrégé de philosophie, dramaturge, critique littéraire
et musicien français. Représentatif d’un "socratisme chrétien",
hanté par le mystère du mal, méfiant envers les abstractions. Pour
lui, c'est dans le dialogue entre deux toi que l'homme se découvre
et s'affirme comme personne. Le chemin de soi à soi passe par
autrui.
« Le problème est quelque chose qui barre la route. Il est tout
entier devant moi. Au contraire, le mystère est quelque chose où je
me trouve engagé, dont l'essence est, par conséquent, de n'être
pas tout entier devant moi. »
« Le seul problème essentiel est posé par le conflit de l'amour et de
la mort. S'il y a en moi une certitude inébranlable, c'est qu'un
monde déserté par l'amour ne peut que s'engloutir dans la mort,
mais c'est aussi que là où l'amour persiste, la mort ne peut pas ne
pas être en définitive vaincue. »
Edwin Hubble
(1889-1953) astronome états-unien. Chercheur à l'observatoire
du Mont Wilson, près de Pasadena en Californie où il utilise le
télescope Hooker de 250 cm, le plus puissant à l'époque.
Améliore la compréhension de la nature de l‘univers en
démontrant l'existence d'autres galaxies en dehors de notre
Voie lactée.
En observant un décalage vers le rouge du spectre de plusieurs
galaxies, montre en 1929 que celles-ci s'éloignent les unes des
autres à une vitesse proportionnelle à leur distance (ce qu’avait
affirmé Georges Lemaître en 1927). Classifie les galaxies en les
regroupant sur des critères morphologiques.
Le télescope spatial Hubble (photo du bas) est lancé en avril 1990 avec la
navette Discovery par la NASA avec une participation de l'Agence spatiale
européenne (sur une idée de Hermann Oberth en 1923 développée par Lyman
Spitzer en 1946). Les données collectées par ce télescope ont contribué à des
découvertes de grande portée dans le domaine de l'astrophysique telles que la
mesure du taux d'expansion de l‘univers, la confirmation de la présence de trous
noirs supermassifs au centre des galaxies ou l'existence de la matière noire et de
l’énergie noire.
Arnold Joseph Toynbee
(1889-1975), historien britannique, professeur de recherche
d'histoire internationale à l'Université de Londres. A produit une
théorie générale de l'histoire et de la civilisation : son analyse
en douze volumes de l'essor et de la chute des civilisations,
Étude de l'histoire, parue entre 1934 et 1961, est une synthèse
de l'histoire mondiale, une "métahistoire" basée sur les
rythmes universels de la croissance, de l'épanouissement et
du déclin. A participé aux pourparlers de paix après les deux
guerres mondiales.
« L’homme s’est créé des problèmes qui menacent de le
détruire et qu’il ne pourra résoudre qu’en acceptant de rompre
totalement avec tout un système d’habitudes profondément
enracinées en lui. Contrairement aux instincts, les habitudes
peuvent être changées.»
« Le seul moyen d’obtenir l’établissement d’autorités
mondiales est de gagner le consentement et la coopération
des pouvoirs existants, les peuples et les gouvernements des
États locaux. »
../..
Arnold Joseph Toynbee
« Si l’on reconnait que la similitude de la quête spirituelle est
plus importante que la diversité des chemins, les adhérents
des différentes religions peuvent, sans aucun préjudice,
coopérer les uns avec les autres pour aider les êtres
humains à accomplir leur passage dans la vie. »
« La diversité des voix avec lesquelles s’expriment les
différentes religions nous avertit qu’aucune d’entre elles ne
doit être suivie dogmatiquement. »
« Le choix individuel remplacera l’héritage presque
automatique de la religion de sa famille et de son pays natal.
Et, au fur et à mesure que se produira ce changement,
toutes les religions et spiritualités seront entremêlées en
tous points de la planète ».
Paul Diel
(1893-1972), né en Autriche de mère allemande et de père
inconnu. Acteur, romancier, philosophe et poète, se tourne
définitivement vers la psychologie. Ami d’Einstein. Réfugié en
France en 1938. Fonde la psychologie de la motivation, travaille
sur l’éducation, sur le symbolisme dans la mythologie grecque et
les textes bibliques. Selon lui, l’exégèse symbolique dévoile le
sens caché du mystère de la mort et de la vie.
Procède à l'analyse symbolique de trois parties essentielles de la
Bible : la Genèse (mythe de la chute), prologue de l'évangile de
Jean (mythe de la rédemption), épîtres de Paul (mythe de la
résurrection), jette un éclairage nouveau sur ces textes.
« La vie humaine est une aventure éthique. (…) Les mythes et les
dogmes dramatisent ou conceptualisent les conflits intimes de
l’homme et transfèrent à des réalités extérieures à lui-même une
existence qui n’appartient qu’aux forces immanentes de son
psychisme. Ils n’ont donc de sens que si on les interprète comme
des symboles. »
Maximilien Kolbe
Rajmund Kolbe (1894-1941), frère franciscain conventuel
polonais. Fonde en 1917, à Rome, la Mission de l’Immaculée,
puis en 1927, près de Varsovie, la Cité de l’Immaculée.
Arrêté en février 1941 par la Gestapo, transféré en mai au camp
de concentration d’Auschwitz. En juillet, suite à la disparition d’un
homme dans le bloc 14, les nazis sélectionnent 10 hommes qui
seront exécutés. S'offre de mourir à la place d'un père de famille,
Franciszek Gajowniczek. Après deux semaines de famine, seul
le père Kolbe, qui a soutenu et vu mourir tous ses compagnons,
est encore en vie. Il est exécuté le 14 août d'une injection de
phénol dans le bras. Son corps est brûlé dans un four crématoire
le lendemain. Canonisé comme martyr en 1982.
« Seul l’amour est une force de création. »
« Celui qui aime Dieu quand tout va bien ne peut pas affirmer
avec certitude qu’il aime Dieu. »
Aldous Huxley
(1894-1963), écrivain britannique. DansThe Perennial
Philosophy, publié en 1945, il rapproche les religions, les
traditions d'Orient et d'Occident, à la recherche d'une pensée
mondiale, à mi-chemin de la science et de la mystique.
« Philosophie éternelle : l'expression a été trouvée par Leibniz.
Mais la chose, cette métaphysique qui reconnaît qu'il y a une
réalité qui est la substance même des choses matérielles, de la
vie et de l'esprit, cette psychologie qui voit dans l'âme quelque
chose de semblable ou même d'identique à la réalité divine,
cette éthique qui place les buts de l'homme dans la
connaissance d'un fondement transcendant et immanent à tous
les êtres, cette chose est universelle et immémoriale. Les
rudiments de la philosophie éternelle peuvent être trouvés dans
les savoirs des peuples primitifs de toutes les régions du
monde, et, sous sa forme la plus développée, elle a une place
dans les plus grandes religions. »
Georges Lemaître
(1894-1966), prêtre catholique belge, astronome et physicien,
professeur à Université catholique de Louvain. Passe une
année au Harvard College Observatory de Cambridge (USA)
puis s'inscrit au Massachusetts Institute of Technology.
Rencontre Albert Einstein et Edwin Hubble.
S'appuyant sur les travaux du savant russe Alexandre
Friedmann, affirme dès 1927 que l’univers est en expansion, ce
qui est confirmé en 1929 par Hubble. Émet ensuite la "théorie
de l'atome primitif", début temporel de l'univers*.
Soupçonne le rayonnement cosmique de porter la trace des
événements initiaux, évoque l’ "écho disparu de la formation des
mondes", confirmé en 1965 sous le nom de "fond diffus
cosmologique" par Arno Penzias et Robert Wilson. Amené à
utiliser des machines à calculer, en apprend la programmation.
Se spécialise dans l'étude de la formation des nébuleuses.
* Cette théorie est appelée ironiquement big bang par Fred Hoyle en 1949, au
cours d'une émission de radio, nom qui restera.
Jiddu Krishnamurti
(1895-1986), philosophe indien. Adopté et éduqué par Annie
Besant, présidente de la Société théosophique. Après avoir été
propulsé par elle "world teacher" (guide spirituel mondial), prend
distance avec les religions et les gurus (maîtres spirituels).
Promoteur aux États-Unis d’une éducation alternative.
Les mutations fondamentales de la société, affirme-t-il, ne
peuvent aboutir qu’au prix d’une transformation de la conscience
individuelle, de la connaissance de soi et du déconditionnement
des appartenances sociales, nationales, religieuses.
« La vérité est un pays sans chemins. »
« Ce monde est chacun de nous ; le sentir, être véritablement
imprégné de cette compréhension entraîne un sentiment de
grande responsabilité et une action qui doit être non pas
fragmentaire, mais globale. »
William Griffith Wilson
Robert Holbrook Smith
(1895-1971, dit Bill W.) (1879-1950, dit Dr Bob)
Fondateurs états-uniens des Alcooliques Anomymes (AA) et de la
méthode de libération des dépendances en 12 étapes, efficace
pour le rétablissement des drogués, joueurs, boulimiques, obsédés
sexuels, etc.
Ont l’intuition que les groupes d’entraide, de parole et de soutien
doivent reposer sur l’identification à une problématique et une
souffrance communes.
Les AA sont présents dans 162 pays et plus de 100 000 groupes
rassemblent environ 2 millions de membres.
« 1 - Nous avons admis que nous étions impuissants devant
l’alcool et que nous avions perdu la maîtrise de notre vie.
2 - Nous en sommes venus à croire qu’une Puissance supérieure à
nous-mêmes pouvait nous rendre la raison. »
Jules Monchanin
(1895-1957), moine et ermite catholique français, promoteur du
dialogue interreligieux entre Chrétiens et Hindous.
S’installe en Inde en 1939, se met à vivre et à se vêtir à
l’indienne. Après la fondation d’un ermitage avec Henri Le
Saux, prend le nom sanskrit de Paramarubnayanda ("celui qui
met sa joie dans l’Être sans forme"). Intervient à des
conférences, des congrès, prêche des retraites.
“Il faut être pour donner. Plus on est, plus on est
capable de donner”
(sur son lit de mort à l’hôpital St Antoine à Paris)
Karlfried Graf Dürckheim
(1896-1988), diplomate, psychothérapeute et philosophe
allemand. Découvre le bouddhisme zen en 1935. Met au
point les base spirituelles de sa « thérapie initiatique ».
Conçoit et construit à Rütte, en Forêt Noire, un Centre de
formation et de rencontres de psychologie existentielle.
Appelle chacun à être attentif en permanence au sens de ce
qu’il fait, de ce qu’il vit.
« Il manque à nos contemporains le silence intérieur, une
disposition qui les rende capables, même dans la vacarme
et l’agitation extérieurs, d’éprouver, de garder et de rayonner
le calme. Seule la sérénité, qui révèle la présence de l’Être
au delà des contraires, apporte la force, la profondeur et le
rayonnement. »
../..
Karlfried Graf Dürckheim
« Sur le chemin spirituel , il ne faut rien chercher qui serait
extraordinaire ; l'extraordinaire est dans la profondeur de
l'ordinaire. »
« L’homme est majeur dans la mesure où il retrouve toujours le
courage de traverser les périodes sombres de la vie. (…) Il se
défie de lui-même et se garde des idées arrêtées sur le monde,
sur son prochain et sur Dieu. »
« Si la feuille n’a de sa condition de feuille qu’une représentation
où elle se distingue de l’arbre, elle sera effrayée quand viendra
l’automne. Elle craindra de se dessécher, de tomber et de
devenir poussière. Mais si elle saisit réellement qu’elle est ellemême l’arbre dans sa modalité de feuille, et que la vie et la mort
annuelles de la feuille font partie de la nature de l’arbre, elle
aura une autre vision de la vie ».
Mâ Ananda Moyî
Nirmalâ Sundari Devî (1896-1982) - nommée Mâ Ananda Moyî
("Mère pénétrée de béatitude") par Jyotish Chandra Ray - grande
sainte de l'Inde du 20ème siècle, appelée familièrement Mataji. Pour
toute formation scolaire, va à l'école primaire durant 2 ans. N'a
jamais acquis aucune connaissance des écritures sacrées, aucune
pratique spirituelle ne lui a jamais été enseignée. Malgré cela,
semble connaître toutes les voies.
Sillonne toute l'Inde pendant des dizaines d'années pour apporter
aide et réconfort spirituel. De nombreux ashrams sont construits, à
Dacca, Dehradun, Calcutta, Bénarès, etc. Ne mange presque pas :
son entourage craint pour sa santé, ce qui l'amuse beaucoup. Pose
à son interlocuteurs les questions, claires, précises, allant droit au
cœur des choses, qui lui permettent d’avancer.
../..
Mâ Ananda Moyî
« Je suis hindoue, musulmane, chrétienne... tout ce que vous
voulez(…) Je n'ai aucun sens de l'ego ni de la séparation. En
moi, chacun de vous a dans une égale mesure la hauteur et la
profondeur de l'éternité ».
« Ne voyez-vous pas que ce monde n'est qu'une auberge de
passage ? Nous y rencontrons d'autre pèlerins. Le but de la
réunion finale est le Soi (Atman). Mais cela, vous l'oubliez ;
vous vous identifiez à votre corps et vous forgez ainsi le
premier maillon de la chaîne de toutes les misères de la vie. »
« Soyez véridique, en paroles et en actions. Soyez toujours de
bonne humeur. Parlez avec calme, fermeté, sérénité et avec
une considération égale pour tous. Ne chérissez que ce qui
touche à la Quête suprême (Paramartha). Votre recherche de
la vérité doit se poursuivre à chaque instant. »
« C'est l'être le plus étonnant qu'il m'ait jamais été donné de
rencontrer ! »
Arnaud Desjardins
Maurice Zundel
(1897-1975), prêtre et théologien catholique suisse,
conférencier visionnaire longtemps tenu à l’écart par la
hiérarchie de son Église.
Se situe au croisement des théologies protestante et
catholique, de la philosophie existentielle et du
personnalisme. Auteur d’une oeuvre mystique, éthique et
politique.
Fonde une morale de la libération qui consiste en un
dépassement de soi par le don infini de soi, un acte joyeux de
communion et non un renoncement triste.
«Notre honneur suprême est d’avoir à nous créer nousmême. De ne pas subir notre vie, mais de la faire jaillir dans
un pur élan d’amour.»
Georges Bataille
(1897-1962), écrivain français. Son œuvre multiforme s'aventure
à la fois dans les champs de la littérature, l'anthropologie, la
philosophie, l'économie, la sociologie et l'histoire de l'art. Érotisme
et transgression sont communément attachés à son nom.
Mystique athée. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, influencé
par Heidegger, Hegel, et Nietzsche, écrit La Somme
athéologique (le titre se réfère à la Somme théologique de
Thomas d'Aquin) qui comporte ses travaux L'Expérience
intérieure, Le Coupable et sur Nietzsche.
« J’entends par expérience intérieure ce que d’habitude on
nomme expérience mystique : les états d’extase, de ravissement,
au moins d’émotion méditée. »
« Qui pourrait supprimer la mort ? Je mets le feu au bois, les
flammes du rire y pétillent ».
« Je désignerai par le mot "mystère" ce que d'ordinaire on appelle
Dieu. »
Edmond Michelet
(1899-1970), homme politique français. Représentant de
commerce, militant de l’action catholique. Mène une action en
faveur des Juifs allemands persécutés par le nazisme. Chef du
mouvement de Résistance Combat en Limousin, déporté en
septembre 1943 à Dachau. Pendant 20 mois terribles, a un
comportement exemplaire de générosité et de courage dans le
camp, réunit toutes les hommes de toutes tendances politiques
au sein du camp afin d’organiser la solidarité.
Député, ministre gaulliste des Armées, de la Justice *. Démissionne en 1961 du gouvernement de Michel Debré par
opposition à sa politique algérienne. Se fait enterrer dans son
costume de déporté et fait inscrire sur sa tombe cette citation
Jean-Marie Vianney, le curé d’Ars : « Il nous demandera si nous
avons employé nos forces à rendre service au prochain. »
* Rétablit en 1960 la peine de mort pour raison politique, abolie depuis 1848, et la
réclame pour les généraux Challe et Zeller, auteurs du putsch d’Alger. Ceci est-il
évoqué par les partisans de sa béatification ?
Jean Girette
(1899-1976), Français, Ingénieur de Polytechnique et de l’École
des Ponts et Chaussées, directeur de la région Sud-Ouest de la
SNCF (1955-1958). Après le deuil de son épouse, décide de
démissionner, de travailler comme ouvrier en usine et de
rejoindre une équipe de frères ouvriers du Prado. Découvre le
monde ouvrier et exprime l'angoisse qu'il éprouve devant les
opposions fondamentales au sein des entreprises. Muté dans
une paroisse populaire d’Aubervilliers. Dans les dernières
années de sa vie, épuisé, se réfugie chez les Petites soeurs des
pauvres à Paris, où il exerce l’humble fonction de portier.
« Un monde où le travail manuel sera tenu en honneur; où les
inégalités sociales iront en s’atténuant; où les chances à l’entrée
dans la vie tendront à s’équilibrer en fonction des aptitudes; où
l’on s’acheminera vers la réduction progressive des journées de
travail; où les personnes âgées pourront avoir une retraite
décente; où l’autorité nécessaire saura se dépouiller de tout ce
qui blesse et humilie le subordonné sans nécessité. »
Photo du bas : Antoine Chevrier, fondateur du Prado
Howard Thurman
(1899-1981), pasteur baptiste, philosophe, théologien,
enseignant états-unien, auteur de 21 livres.
Contribue en 1944 à fonder à San Francisco avec
l’International Fellowship of Reconciliation (IFOR-MIR) la
première communauté ecclésiale multiraciale et multiculturelle
des États-Unis, la Church for the Fellowship of All Peoples .
Doyen de l'Université de Boston pendant plus de deux
décennies.
Leader dans la lutte pour les droits civiques, conseiller et ami
des pasteurs Martin Luther King senior et junior.
«Ne vous demandez pas ce dont le monde a besoin.
Demandez-vous ce qui vous éveille à la vie. Puis faites-le. Car
ce dont le monde a besoin, c’est d’êtres qui s’éveillent à la
vie. »
Cette citation de Howard Thurman est souvent attribuée à tort à un certain
Harold Whitman, nom fictif.
Henri Michaux
(1899-1984), écrivain, poète et peintre d'origine belge, naturalisé
français en 1955. Fait de nombreux voyages pour découvrir les
peuples du monde. Contemporain des surréalistes, cherche
comme eux dans la poésie et dans l'art une aventure spirituelle
comparable à certains égards à l'expérience mystique. Exprime
ses sentiments d'angoisse et de révolte, raconte ses rêves,
imagine des histoires fantastiques, rend compte d'expériences
psychologiques. Affirme la force du libre arbitre chez l'individu,
présente l'existence comme une suite de choix individuels et
volontaires. Souvent considéré comme mystique athée cherchant
son chemin selon un parcours taoïste.
« Je ne peux me reposer, ma vie est une insomnie... car, cherchant
et cherchant, c'est dans tout indifféremment que j'ai la chance de
trouver ce que je cherche, puisque ce que je cherche, je ne le
sais ».
« Et c’est ma vie, ma vie par le vide. S’il disparaît, ce vide, je me
cherche, je m’affole, et c’est encore pis. Je me suis bâti sur une
colonne absente. »
Édouard Froidure
(1899-1971) prêtre catholique belge. Fondateur d'œuvres
sociales dont Les Petits sapins, les Stations de Plein-air
(centres sociaux et d’animation). En 1936, démarre une activité
de tri et de distribution d'objets de seconde main pour fournir du
travail et un toit à des hommes démunis. En 1939, fonde à
Bruxelles un centre de formation d'éducateurs. Durant la
guerre, à partir de juillet 1941, cache des enfants juifs dans ses
centres de loisirs. Arrêté par la Gestapo, rescapé du camp de
concentration de Dachau. En décembre 1952, fait visiter des
taudis au Roi Baudouin : l'écho suscité dans la presse aboutit à
la promulgation d'une loi pour la liquidation des taudis. Ces
activités se déploient ensuite dans d'autres villes de Belgique
au service des personnes sans-abri et des familles en
difficultés. En 1955, crée l'association Les Petits Riens et
devient ainsi un pionnier de l'économie sociale et solidaire.
« C’est la solidarité qui sauve. On arrive à trouver des amis, on
parle, on reprend courage en se disant : je ne suis pas seul
dans cet enfer, on va tâcher de tenir le coup. »
Marcel Légaut
(1900-1990), Français, normalien, docteur en mathématiques,
professeur d’université, marié, père de 6 enfants, auteur de 18
livres. S’établit en 1939 dans un village de la Drôme comme
agriculteur et berger pour vivre vrai et penser juste, héberge des
réfugiés, Juifs et réfractaires.
Perçoit que les mots du christianisme ont perdu de leurs sens et
de leur poids, s’intéresse au vécu et à l’humanité de Jésus de
Nazareth, à son opposition de plus en plus intense avec les
responsables religieux juifs.
« En moi, monte une exigence, une initiative, une perspective qui
n’est pas la simple conséquence de l’enseignement que j’ai reçu.
Une exigence intérieure qui va donner à ma vie une originalité que
les autres n’ont pas. Je me distingue des autres, non pas par désir
de me distinguer, mais pour être fidèle à ce qui monte en moi et
pour y correspondre. À ce moment-là, je ne suis pas seul : Il y a
en moi quelque chose qui ne peut pas être sans moi, mais qui
n’est pas que de moi. J’affirme que cette action qui m’est propre
est Dieu. »
../..
Marcel Légaut
« Une des chances de notre époque est que l’athéisme y est
répandu. »
«Qui suis-je, homme jeté dans l’existence sans l’avoir su ou
voulu ? Être connaissant ou conscient de sa conscience. Être
voué à la mort et capable de le savoir. (…) Qui suis-je,
homme unique, lié de façon impensable à l’extrême diversité
des foules innombrables répandues dans l’espace et le temps,
mais tellement unique qu’aucun autre que moi ne pourrait être
ce que je suis. »
« Si Jésus s’est dit fils de Dieu, c’est parce qu’il avait le
sentiment de correspondre d’une façon parfaite et profonde à
ce qui montait en lui sous l’action divine. »
Antoine de Saint-Exupéry
(1900-1944), aviateur, journaliste, dessinateur, écrivain, poète
et Résistant français. Directeur de l’exploitation des lignes de la
compagnie Latécoère (future Aéropostale), chef d’escale, puis
pilote d’essai. Disparu en mer le 31 juillet 1944.
« Être homme, c’est précisément être responsable. C’est
connaître la honte en face d’une misère qui ne semblait pas
dépendre de soi. C’est être fier d’une victoire que les
camarades ont remportée. C’est sentir, en posant sa pierre,
que l’on contribue à bâtir le monde ».
« La grandeur d’un métier est peut-être, avant tout, d’unir les
hommes : il n’est qu’un luxe véritable, c’est celui des relations
humaines. En travaillant pour les seuls biens matériels, nous
bâtissons nous-mêmes notre prison »
Antoine de Saint-Exupéry
« On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les
yeux. (…) Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as
apprivoisé. (…) C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait
ta rose si importante. »
« Où voyez-vous qu’il y ait lieu de désespérer ? Il n’est jamais que
perpétuelle naissance. Et certes il existe, l’irréparable, mais il y a
rien là qui soit triste ou gai, c’est l’essence même de ce qui fut. Est
irréparable ma naissance puisque me voici. Le passé est
irréparable, mais le présent vous est fourni comme matériaux en
vrac aux pieds du bâtisseur, et c’est à vous d’en forger l’avenir. »
« Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir, mais de
le rendre possible. »
« ll n’y a pas de solution miracle, il y a des forces en marche.
Créons ces forces, et les solutions suivront. »
Pierre Chaillet
(1900-1972), jésuite français, Résistant, théologien et
enseignant. Réunit autour de lui d'autres Chrétiens (Henri de
Lubac, Pierre Bockel, etc.) et organise un groupe de Résistants
dont il devient le rassembleur et l'inspirateur. Responsable
principal d'une organisation interconfessionnelle d'assistance,
L'Amitié chrétienne, tournée vers l’aide aux Juifs. Publie à Lyon
en novembre 1941 le premier des Cahiers du Témoignage
chrétien. De 1941 à 1944, paraissent 15 numéros de ces
brochures. Maître de la résistance spirituelle face aux nazis.
Agent de renseignement, puis chef dans la Résistance française.
En 1944, élu président du Comité des œuvres sociales de la
Résistance (COSOR).
En 1945, crée les éditions du Témoignage chrétien. Ses
supérieurs de la Compagnie de Jésus lui demandent d’en quitter
la présidence en 1956, jugeant incompatibles les opinions du
journal avec la ligne de sa congrégation. Vit ses dernières
années dans le silence et le renoncement
Willem Visser 't Hooft
(1900-1985), pasteur et théologien réformé néerlandais.
Études de théologie et de droit. Pionnier du mouvement
œcuménique durant sa jeunesse. À Genève lorsque la guerre
éclate, aide les réfugiés fuyant l’Allemagne nazie et travaille à
maintenir des liens entre les Églises des zones occupées et le
monde extérieur. Prend l'initiative de la réunion de Pomeyrol
(16 et 17 septembre 1941) où 13 pasteurs ou théologiens et 3
laïcs de la zone sud dénoncent les persécutions anti-juives et
inscrivent le protestantisme dans la résistance au nazisme.
Premier Secrétaire général du Conseil œcuménique des
Églises de 1948 à 1966. A également créé la revue The
Ecumenical Review.
« (…) l'Église affirme qu'on ne saurait présenter l'inévitable
soumission au vainqueur comme un acte de libre adhésion.
Tout en acceptant les conditions matérielles de la défaite,
elle considère comme une nécessité spirituelle la résistance
à toute influence totalitaire et idolâtre. »
8ème thèse de Pomeyrol
Armand Marquiset
(1900-1981). Crée en 1932 l'association Pour que l'Esprit vive,
pour l'aide aux artistes et aux intellectuels, et en 1936 Les amis
de la banlieue, pour les enfants défavorisés de la région
parisienne. Mène tout au long de la 2ème guerre mondiale des
actions en faveur des populations déplacées et des enfants.
Fonde en 1946 l'association Les petits frères des pauvres pour
les personnes âgées, qui sont, dans le contexte économique et
social de l'époque, les plus démunis.
Fonde en 1965 l’association Frères des Hommes, une des
premières ONG tiers-mondiste française, et en 1969 Les frères
du ciel et de la terre, destinée à lutter contre l'isolement et la
solitude.
« Avons-nous donné des fleurs avant le pain ? ».
■
Téléchargement