L'accord du participe passé
Accord du participe passé avec un verbe conjugué avec AVOIR
Le participe passé d'un verbe conjugué avec le verbe AVOIR s'accorde en genre et en nombre
lorsque celui-ci est placé avant le verbe.
Accord avec un objet lorsqu'il est placé avant le participe passé.
Accord obligatoire avec ETRE.
Absence d'accord obligatoire avec AVOIR :
j'ai écrit une lettre
Accord obligatoire avec le complément antéposé avec AVOIR :
la lettre que j'ai écrite
Ajouts de cas particuliers avec AVOIR
accord : le complément antérieur répond à la Q quoi ? :
les efforts que le livre lui a coûtés
accord : on a entendu quoi ''les chanteurs'', ceux-ci chantaient :
les chanteurs qu'on a entendus chanter
accord : le COD est antérieur au PP :
les pommes on les a mangées
pas d'accord : le complément antérieur répond à la Q combien ? :
les cents francs que le livre lui a coûté
pas d'accord : le relatif est COD de chanter et pas entendre :
les chansons qu'on a entendu chanter
pas d'accord : le PP est précédé du pronom en qui bloque l'accord :
des pommes, on en a mangé 4
pas d'accord : le complément du V évoque la quantification, avec des V comme mesurer,
coûter, peser, valoir, durer, etc … (V métrologiques) :
les 20 minutes que j'ai couru
MAIS les dangers que j'ai courus (accord)
pas d'accord : il faut que le complément soit un complément direct et non un
complément introduit par une préposition (complément indirect) :
il lui a succédé
pas d'accord : le verbe faire est suivi d'un infinitif :
ces chaussures, je me les ai fait acheter
Les cas des verbes pronominaux avec ETRE
accord : PP accordé avec le réfléchi quand celui-ci a fonction de COD :
ils se sont battus
accord : PP accordé avec le sujet car se n'a pas de fonction :
ils se sont échappés
pas d'accord : se a une fonction COI :
ils se sont contesté la préséance
pas d'accord : sujet pas accordé :
ils se sont complu à faire des plaisanteries
Exception et cas particuliers donnant le vertige
réforme de 1990 : accord des PP sont rationalisés mais dans une seule situation :
''laisser'' qui exigeait l'accord, se comporte désormais comme faire
nouvelles règle : PP est invariable quand laisser est suivi d'un infinitif quelle que soit la
relation entre laisser et l'infinitif :
les enfants, je les ai laissé partir
Arrêté de tolérance de juillet 1900
le non accord pour le PP avec AVOIR (idée défendue en 1900 mais elle n'a jamais été
appliquée)
Proposition de l'arrêté de tolérance du ministre de l'Instruction publique Georges
Leygues du 31 juillet 1900 (pour le participe passé avec AVOIR, on tolérera qu'il reste
invariable dans tous les cas où on prescrit aujourd’hui de le faire accorder avec le complément :
les livres que j'ai lu ou lus
les fleurs qu’elles ont cueilli ou cueillies
la peine que j'ai pris ou prise
Le problème c'est que devant les protestations, le ministre a été obligé de reculer ! Et pourtant
les raisons invoquées dans l'arrêté de 1900 sont toujours aussi convaincantes (la règle
d'accord enseignée actuellement à propos du participe passé construit avec l'auxiliaire AVOIR
a toujours été plus ou moins contestée par les écrivains et les grammairiens. Peu à peu elle
s'est compliquée de plus en plus ; les exceptions sont devenues de plus en plus nombreuses (…)
Il paraît inutile de s'obstiner à maintenir artificiellement une règle qui n'est qu'une cause
d'embarras dans l'enseignement, qui rend très difficile l'étude du français aux étrangers)
Le participe passé fait l'objet de nombreux ouvrages visant à acquérir sa maîtrise, à
partir de règles qualifiées à la fois de logiques et de complexes.  Il constitue également la
matière des chroniques de langues, dans les quotidiens et sur le Web.  Les questionnements
sur le fonctionnement du participe passé et sa norme reviennent incessamment.
On n'entend pas toujours l'accord à l'oral !
Pas de difficulté quand on l'entend :
j'ai pris une cerise > la cerise que j'ai prise
Difficulté quand on ne l'entend pas :
j'ai mangé une cerise > la cerise que j'ai mangée
verbes en er : distinction insensible à l'oreille (on ne peut différencier é, ée, és, ées : toutes
ces finales sont prononcés [e]).
Le français est une langue romane, issue du latin.
Du latin, le français n'a pas conservé les cas. Il y en a cependant quelques traces notamment
dans les pronoms. La grammaire des pronoms personnels clitiques est extrêmement complexe,
notamment parce que le pronom personnel clitique a la même forme pour des fonctions
différentes (complément direct et indirect) aux personnes 1, 2 au singulier et au pluriel :
Il me voit (objet direct) (il voit moi)
Il me dit (objet indirect) (il dit à moi)
Une confusion entre deux formes homophones
En surface, on a donc deux formes identiques :
l'une, la forme du pronom personnel clitique objet direct (cas accusatif) commande
l'accord du participe lorsqu'il précède celui- ci.
l'autre, la forme du pronom personnel clitique objet indirect (cas datif) exclut l'accord
du participe lorsqu'il précède celui-ci.
•  Pronom personnel clitique objet direct :
Je me suis mise à faire la vinaigrette
Tu t'es mise à faire la vinaigrette
Elle s'est mise à faire la vinaigrette ''J'ai mis moi à faire… ''
•  Pronom personnel clitique objet indirect :
Je me suis permis de faire un commentaire
Tu t'es permis de faire un commentaire
Elle s'est permis de faire un commentaire ''J'ai permis à moi de faire''
Ce qui gouverne l'accord, c'est donc bien la fonction du clitique : complément direct ou
complément indirect.
Pourquoi disent-elles ''je me suis permise'' ?
Le pronom clitique ''se'' est donc un pronom personnel clitique objet indirect. On ne dira donc
pas :
Je me suis permise
MAIS Je me suis permis : cela indépendamment du sexe du locuteur.
Le verbe se permettre signifie : ''permettre à soi-même'' et non ''permettre soi-même''.
Or, le verbe se mettre n'a pas la même construction que se permettre. Il se construit avec un
complément direct (verbe transitif direct). Il signifie ''mettre soi-même'' :
se mettre au travail
Lorsque le locuteur est de genre masculin, on écrira :
Hier, je me suis mis au travail à huit heures
Lorsque le locuteur est de genre féminin, on écrira :
Hier, je me suis mise au travail à huit heures (j'ai mis moi au travail)
Ce qui est à la source de l'erreur, c'est donc un défaut de compréhension de la relation
syntaxique entre le verbe et son complément, aggravé par le fait que le verbe permettre est
formé sur le verbe mettre.
Les linguistes ont montré que parce que l'oral relève d'un usage spécifique les fautes d'accord
n'en sont plus :
un professeur : en fonction des analyses qu'on a fait
un enfant de 7 ans : les petites lettres c'est moi qui les ai mis.
la décision qu'il a pris (oral)
je ne suis pas sûr de t'avoir bien compris (courriel universitaire, adressé à une femme)
Ici, il y a accord quand la norme ne l'attend pas :
je me suis permise de vous appeler (oral)
la robe que je me suis faite faire
l'influence de l'église de scientologie s'est faite sentir (oral radiophonique)
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