La vie humaine Vision musulmane Imam ABDALLAH (Mosquée Villeurbanne) Allah a honoré l’être humain 2 « Certes, Nous avons honoré les fils d'Adam. Nous les avons transportés sur terre et sur mer, leur avons attribué de bonnes choses comme nourriture, et Nous les avons nettement préférés à plusieurs de Nos créatures. » Coran (17/70) « Nous avons certes créé l'homme dans la forme la plus parfaite. » Coran(95/4) « Quand ton Seigneur dit aux Anges : “Je vais créer d'argile un être humain. Quand Je l'aurai bien formé et lui aurai insufflé de Mon Esprit, jetez-vous devant lui, prosternés”. Alors tous les Anges se prosternèrent, à l'exception d'Iblis qui s'enfla d'orgueil et fut du nombre des infidèles. 75. (Allah) lui dit : “ô Iblis, qui t'a empêché de te prosterner devant ce que J'ai créé de Mes mains ? T'enflestu d'orgueil ou te considères-tu parmi les hauts placés ? » Coran (2/71-75) 1 Les cinq intégrités fondamentales 3 1. 2. 3. 4. 5. L’intégrité physique L’intégrité mentale L’intégrité morale L’intégrité patrimoniale L’intégrité confessionnelle L’intégrité physique 4 La religion musulmane prescrit la protection de la vie abstraction faite de l’identité confessionnelle ou religieuse des personnes visées. L’islam prévoit les pires châtiments à celui qui, volontairement, tue une personne innocente : « Quiconque tue intentionnellement un croyant aura pour rétribution l’Enfer, dans lequel il demeurera éternellement, Dieu est en colère contre lui, Il le maudit et lui réserve un immense châtiment » Coran(4/93) Le Prophète a dit « Je serai l’adversaire de celui qui tu une personne avec qui nous avons un pacte ». Il dit aussi : « Celui qui tue une personne, non musulmane, sous protection de l’État, ne sentira pas l’odeur du Paradis. » (Rapporté par Boukhari). Il valorise l’effort de ceux qui œuvrent pour la sauvegarde de la vie: « Celui qui tue une âme innocente, c'est comme s'il avait tué l'humanité entière et celui qui sauve une âme, c'est comme s'il avait sauvé l'humanité entière. » Coran(52/32) 2 L’intégrité mentale 5 « Ils t'interrogent sur le vin et les jeux de hasard. Dis: "Dans les deux il y a une grande injustice et quelques avantages pour les gens; mais dans les deux, l’injustice est plus grande que les avantages"...» Coran (2/219) « Vous les croyants! Le vin, le jeu de hasard, les pierres dressées (auxquelles l’on rend le culte), les flèches de divination (tout ce dont on use pour la voyance) ne sont qu'une abomination, et œuvre du Diable. Ecartez-vous en, afin que vous réussissiez » Coran(5/90) « Le Diable ne veut que jeter parmi vous, à travers le vin et le jeu de hasard, l'inimité et la haine, et vous détourner d'invoquer Allah et de la Salat. Allez-vous donc y mettre fin? » Coran(5/91) L’intégrité morale 6 « Et n'approchez point la fornication. En vérité, c'est une turpitude et quel mauvais chemin! » Coran(17/32) « Vous qui avez cru! Evitez l’excès en conjectures (au dépens d’autrui) car une partie des conjectures est injustice. Ne vous épiez pas les uns les autres; et ne colportez pas des médisances les uns sur les autres. Est que l'un de vous aimerait (se voir en train de) dévorer la chair de la dépouille de son frère mort ? (Certes Non!) parce que vous en aurez horreur. Et craignez Allah. Car Allah est Grand Accueillant au repentir, Très Miséricordieux » Coran(49/12) « Vous les croyants! Soyez stricts (dans vos devoirs) envers Allah et (soyez) des témoins équitables. Et que l’animosité pour des gens ne vous incite pas à être injuste. Faîtes preuve d’équité: cela est plus proche de la piété. Et craignez Allah. Car Allah est certes Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites » Coran(5/8) 3 L’intégrité patrimoniale 7 « Vous les croyants! Ne disposez pas illégalement des biens d’autrui. N’en disposez que par négoce (légal) entre vous et par consentement mutuel. Et ne vous donnez pas la mort, Allah est en vérité Miséricordieux envers vous. » Coran(4/29) « Certes, Allah vous commande de rendre les dépôts à leurs ayants-droit, et quand vous jugez pour départager les gens, faites preuve d’équité. Quelle bonne exhortation qu'Allah vous fait! Allah est, en vérité, Celui qui entend et qui voit tout » Coran(4/58) L’usure est considéré en islam comme une forme d’escroquerie elles strictement interdite. C’est pour cela que l’islam interdit les prêt avec intérêt et la consommation des intérêts bancaire. L’intégrité confessionnelle 8 « Et dis: "La vérité émane de votre Seigneur". Celui qui daigne la reconnaître qu il le fasse, et celui qui veut la renier qu’il le fasse".» (Début du verset 29 chap. 18) ; « …Nous lui avons indiqué la voie de la raison, ou il est alors reconnaissant ou qu’il est ingrat » Coran(76/3) «Nulle contrainte en religion! Car le bon chemin s'est distingué de la voie de la démesure. Quiconque se rebelle alors contre la tyrannie et reconnaît Allah, saisit l'anse la plus solide, qui ne rompt jamais. Et ALLAH entend tout, Il est l’Omniscient. » Coran(2/256) « Si ton Seigneur l'avait voulu, tous ceux qui sont sur la terre auraient cru. Est-ce à toi (Mouhammad) de contraindre les gens à devenir croyants? » Coran(10/99) « Nous savons mieux ce qu'ils disent. Tu n'as pas pour mission d'exercer sur eux une contrainte. Rappelle donc, par le Coran celui qui craint Ma menace. » Coran(50/45) « Appelle à la voie de ton Seigneur par la sagesse et la bonne exhortation. Et discute avec eux de la meilleure façon. Car c'est ton Seigneur qui connaît le mieux celui qui s'égare de son sentier et c'est lui qui connaît le mieux ceux qui sont bien guidés. » Coran(16/125) 4 Les maladies sont des épreuves et ne sont pas des punitions 9 Dieu éprouve les humains par toute sorte de don ou de privation afin de distinguer ceux qui font les meilleurs œuvres. Ainsi la santé comme la maladie, la richesse comme la pauvreté, la vie comme la mort font tous partie de la sagesse divine. « Béni soit celui dans la main de qui est la royauté, et Il est Omnipotent. 2. Celui qui a créé la mort et la vie afin de vous éprouver (et de savoir) qui de vous est le meilleur en œuvre, et c'est Lui le Puissant, le Pardonneur. » Coran(67/1-2) Un monde sans maladie, sans pauvreté, sans tristesse ne peut être un lieu d’épreuve mais un lieu de récompense, c’est le Paradis. Derrière toute épreuve acceptée, il y a une récompense divine et une expiation des fautes « Tout mal qui atteint le croyant, s'agit-il d'une lassitude, d'une maladie ou d'une angoisse, même d'une piqûre d'épine, lui vaut de la part de Dieu une rémission de ses péchés. » (Hadith rapporté par Bokhari & Mouslim) L’obligation de se soigner et le refus de la souffrance 10 Tout en faisant preuve de patience et de résignation, le musulman doit impérativement se soigner. Il ne doit pas ressentir les épreuves comme des fatalités ; il doit au contraire lutter et tout mettre en œuvre pour améliorer sa situation ou son état. Il n’est, en effet, pas permis au musulman de négliger sa santé ni de laisser dépérir sans chercher de remède. « Et ne vous jetez pas par vos propres mains dans la destruction. Et faite le bien. Car Allah aime les bienfaisants. » Coran (2/195) Le Prophète () a dit : « Dieu n’a pas fait descendre sur Terre une maladie sans avoir, en même temps, fait descendre son remède ». (Hadith) 5 La guérison vient de Dieu 11 Le musulman doit se soigner toute en sachant que la guérison vient d’Allah « Le Seigneur de l'univers, qui m'a créé, et c'est Lui qui me guide; et c'est Lui qui me nourrit et me donne à boire; et quand je suis malade, c'est Lui qui me guérit, et qui me fera mourir, puis me redonnera la vie » Coran (26/77-81) Tout croyant doit accepter ce fait que l’être humain ne peut pas tout, quand bien même il a de grandes compétences et malgré les nombreux progrès de la science ! La puissance n’appartient qu’à Dieu ! La contraception 12 La planification des naissances est admise en islam, et les époux peuvent décider d’avoir ou de ne pas avoir d’enfant selon leur situation, leur état matériel, leur état physique et le nombre d’enfants dont ils peuvent assumer l’éducation. L’utilisation de moyens de contraception quels qu’ils soient (pilule, préservatif, …) est permise à condition que cette utilisation ne soit pas le résultat d’une pression « Dis : “Venez, je vais réciter ce que votre Seigneur vous a interdit : ne Lui associez rien; et soyez bienfaisants envers vos père et mère. Ne tuez pas vos enfants pour cause de pauvreté. Nous vous nourrissons tout comme eux. N'approchez pas des turpitudes ouvertement, ou en cachette. Ne tuez qu'en toute justice la vie qu'Allah a fait sacrée » Coran (6/151) Le Coran préconise un allaitement pendant deux ans. Les interventions conduisant à la stérilité définitive sont interdites sauf s’il y a une véritable nécessité pour le maintien de la santé de la femme. 6 La fécondation artificielle 13 En islam le recours à l’assistance à la procréation est possible. Un certain nombre de conditions doivent cependant être respectées : Les origines du sperme et de l’ovule doivent être respectivement du père et de la mère, il ne peut donc être question de don d’ovule et/ou de sperme même dans le cas d’une stérilité totale de l’un des membres du couple. L’assistance se fait pendant la vie du couple, il est donc interdit d’y recourir après un divorce ou lorsque l’un des parents est décédé. La réimplantation est réservée à l’utérus de la mère, tout recours à une mère porteuse est donc exclu. L’Interruption de grossesse 14 La règle de base en ce qui concerne l'avortement est l'interdiction. Cette interdiction prend de l'ampleur en fonction de l'état d'avancement et de développement du fœtus. Les savants musulmans considèrent unanimement que, passé la limite de quatre mois (120 jours), l'avortement est strictement interdit, avant ce terme les avis divergent L'Envoyé d'Allah (), le sincère et le véridique, a dit : « La création de tout homme commence par l'agglomération du sang dans l'utérus pendant quarante jours pour former une adhérence qui, après quarante autres jours, se transforme en embryon. Quarante jours après, Allah lui envoie un Ange chargé de lui insuffler l'esprit, avec l'ordre d'écrire quatre choses (quant au fœtus) à savoir: sa part des biens dans l'ici-bas, la durée de sa vie, ses œuvres et sa destinée heureuse ou malheureuse » Hadith consensuel (Rapporté par Boukhari et Mouslim) 7 L’Interruption de grossesse 15 La mère est considérée comme le tronc et l’enfant comme une branche, il n’est pas interdit de sacrifier la branche pour sauvegarder le tronc L'avortement de convenance pratiqué pour des raisons économiques, esthétiques, de confort, est interdit quelque soit l’âge du fœtus. L'avortement sélectif pratiqué en vue de choisir le sexe ou le physique de l'enfant est doublement interdit en Islam car il est considéré comme une agression contre une vie et comme une discrimination. Le suicide 16 Il est rigoureusement interdit de se donner la mort volontairement. Le suicide est compté au nombre des plus grands péchés que puisse commettre un croyant : « Ne vous tuez pas. Dieu est en effet miséricordieux envers vous. Et quiconque commet cela, par excès et par iniquité, Nous le jetterons au Feu, voilà qui est facile pour Allah » (Coran, Sourate 4 verset 29-30). Quelles que soient les pressions psychologiques, quelle que soit la gravité des soucis dans lesquelles le musulman est confronté, il ne peut pas se résoudre à se tuer puisqu’il sait que cet acte le conduira en enfer et au châtiment douloureux. A ce propos, le Prophète () a dit : « quiconque se précipite du haut d’une montagne et se tue sera jeté dans la géhenne où il ne cessera de dégringoler éternellement. Quiconque se tue à l’aide d’un poison gardera ce poison éternellement en enfer. Quiconque se tue à l’aide d’une lame, celle-ci restera dans sa main et plongée dans son ventre en enfer où il restera éternellement » Hadith (Rapporté par Boukhari). 8 Le suicide 17 Le Prophète (pbAsl) n'a pas fait la prière du mort (JANAZAT) sur un suicidaire, c'était pour bien mettre en valeur la gravité du suicide. Ce sont les Compagnons du prophète qui ont accompli cette prière et demandé le pardon d’Allah pour cette personne. Le prophète () s’est justifié en disant: « Je ne prierai pas sur sa dépouille, afin que les musulmans ne se suicident pas » Le suicide est un acte de faiblesse, de dépression et de désespoir, celui qui se suicide commet un très grand péché mais peut recevoir le pardon et la miséricorde d’Allah. L’euthanasie 18 Chez les musulmans, Dieu seul détient la vie et la mort, l’heure et les circonstances de celle-ci. L’homme ne peut donc ni se donner la mort, ni la provoquer chez quelqu’un d’autre. En revanche, si les souffrances d’une personne ne peuvent être soulagées, celle-ci s’ouvre une possibilité en évoquant Dieu : « Seigneur Dieu, laissez-moi en vie tant que la vie est un bien pour moi et faites-moi mourir si la mort est préférable pour moi ». Cependant, la demande d’euthanasie est plutôt considérée comme l’échec de la communication avec le patient, quant à sa souffrance et à son isolement notamment, et le résultat de soins inadaptés, c’est-à-dire inutiles ou entraînant une trop grande souffrance. L’islam ne valorise pas la souffrance. La souffrance et la douleur doit être combattu par tout les moyens licites. Quelque soit le degré de la douleur et de la souffrance pour la personne elle même ou pour son entourage, l’islam interdit de mettre fin à la vie. 9 L’euthanasie 19 Les demandes d’euthanasie sont très rares chez les musulmans et encore plus rares chez les musulmans pratiquants. Ces demandes peuvent être évitées par le dialogue, le rappel de Dieu et la prière. L’acharnement thérapeutique, l’imposition de soins dont l’utilité peut être remise en cause, est rejetée en islam. Une personne peut décider de s’arrêter de se soigner si elle est souffrante et que les soins ne font que retarder le terme. Refuser le maintien artificiel de la vie au prix d’une grande souffrance pour le patient. Le musulman ne doit pas avoir peur de la mort et de la rencontre avec Dieu. Respect du corps humain 20 Le corps du défunt, malgré qu’il soit insensible à la douleur, doit être traité et manipulé avec le plus grand respect. Ainsi, la mutilation d'un cadavre est considérée comme si elle survenait sur une personne vivante. Le Prophète () a dit : « Le péché de casser les os d'un homme qui est mort équivaut au péché de casser les os d'un homme qui est vivant » (Hadith rapporté par Abi Dawud) Le respect de l’humain qu’il soit musulman ou pas. Le prophète () au passage de la dépouille d’un non musulman; Enterrement est un droit pour chaque humain; L’interdiction formelle de mutiler les corps après la mort. 10 L’autopsie 21 Quand il est nécessaire de connaître la raison du décès, ou pour d’autre raisons valides, l’islam n'interdit pas l'autopsie, mais insiste pour que le plus grand respect soit porté à la dépouille mortelle: « pas de changement en la création de Dieu, voilà la religion correcte » (Coran Sourate 30 verset 30). Les organes prélevés devront être réintégrés dans le corps avant de rendre le corps à la famille pour la toilette rituelle et l'enterrement. La crémation 22 En islam l'incinération de la dépouille mortelle est absolument interdite. Elle est considérée comme un acte abject et un non respect de la personne. C’est une position et un principe immuable de la pratique musulmane qui ne peut ni changer ni évoluer avec le temps. L’incinération est autorisée exceptionnellement en cas d’épidémie ou de corps inaccessibles. Par exemple, suite au tsunami et la décomposition de certains corps inaccessibles, une fatwa a été donnée de bruler les maisons où se trouvaient les corps. 11 Le don d’organe 23 Le don d’organe pendant la vie est autorisé en islam. Cependant, le don ne peut provenir ni d’un mineur, ni d’une personne déficiente mentale. Le don ne peut non plus porter sur un organe apparent (œil, main ou pied) ou un organe unique (cœur, totalité du foie). Pour des raisons tenant au refus du mélange des descendances, l’éventualité d’une greffe d’ovaires ou de testicules est également écartée. Le prélèvement sur une personne décédée est autorisé et même favorisée en islam. Ce geste peut sauver une vie humaine et ne causer aucune nuisance au décédé. « Celui qui sauve une âme, c'est comme s'il avait sauvé l'humanité entière. » Coran (Sourate 5 verset 32). Le don et la réception d’un organe peut se faire entre musulman et non musulman mais il y a une priorité à respecter : d’abord un parent, ensuite un voisin…. Il faut que la personne concernée en ait donné l’autorisation expresse de son vivant. En l’absence de cette autorisation, c’est la famille proche, ou à défaut l’état, qui devra donner son approbation. 12