L’IMPACT DE L’INSERTION DES ENR2
L’insertion massive d’énergie renouvelable
impacte le réseau à plusieurs niveaux.
Les installations de faible puissance
Les installations de production d’électricité
d’origine renouvelable de faible puissance
sont diffuses dans l’espace et intermittentes.
Ces deux caractéristiques principales
s’opposent aux sources de production
traditionnelles, centralisées et pilotables.
Le mode de gestion traditionnel du réseau
électrique risque donc de ne plus être
adapté.
Les champs d’éoliennes et les centrales
solaires
A ces installations de faible puissance,
s’ajoutent les champs d’éolienne et les
centrales solaires qui sont connectés au
réseau régional ou national (en fonction de
leur puissance). Ce sont des sources de
production de forte puissance non pilotables
dont les prévisions de production à moyen
terme s’avèrent difficiles à modéliser. Quant
aux prévisions à court terme, elles restent de
qualité limitée, bien qu’en nette amélioration
ces dernières années.
Analyse de ces nouvelles installations
A première vue, ces nouveaux moyens de
production semblent pertinents aux vues des
problématiques évoquées puisque :
Ils sont situés au plus près des points
de consommation.
Ils limitent les pertes sur le réseau.
Leurs sources d’énergie primaire sont
gratuites.
Mais ces nouvelles connexions sont
susceptibles de créer des situations critiques
pour le bon fonctionnement du réseau.
Tout d’abord à l’échelle locale, le
dimensionnement des réseaux de distribution
et de leurs systèmes de supervision a été
pensé pour un flux d’énergie unidirectionnel.
Dans certaines zones de forte concentration
de production d’énergie intermittente,
lorsque la production n’est pas en phase
avec la consommation (typiquement à midi,
en été), le flux d’énergie change de sens. Le
réseau de distribution peut donc localement
être soumis à des flux bidirectionnels.
2. EnR : Energies Renouvelables - 3. CRE : Commission de Régulation de l’Energie
Il devient donc indispensable pour les
gestionnaires d’observer le réseau de
distribution pour anticiper de possibles
congestions et prendre les mesures
adéquates garantissant la qualité de services
à ses utilisateurs.
A l’échelle du système électrique global,
l’impact de l’insertion massive des énergies
renouvelables se ressent au niveau de la
planification des sources de production
traditionnelles. En effet, la production
d’énergie renouvelable étant difficilement
prévisible, les moyens de production
traditionnels devront s’adapter aux variations.
Cet ajustement doit être réalisé rapidement
et ne peut donc pas être effectué par
les centrales nucléaires qui ont une forte
inertie. Les barrages hydrauliques ainsi
que les centrales thermiques prendront le
relais. Bien que les centrales thermiques
soient couteuses et polluantes, elles restent
indispensables au réseau grâce à leur
réactivité et leur grande flexibilité.
DU SMART METER AU PILOTAGE LOCAL
DES RÉSEAUX DE DISTRIBUTION
Le déploiement des compteurs intelligents
(smart meter) permettra aux gestionnaires
de réseau de distribution de faire d’une
pierre deux coups.
En premier lieu, il permet de faire de la
télé relève des données de consommation
de façon régulière, et donc d’affiner les
prévisions de consommation.
De plus, ce compteur transmet des données
sur les caractéristiques physiques du réseau
(la tension à un point de consommation
ou encore la puissance instantanée
consommée) mais également les données de
production des installations de faible
puissance, permettant ainsi d’améliorer
les modèles de prévision de production.
Avec ces données, il sera donc possible
d’observer en quasi temps réel le réseau.
La problématique de l’observabilité résolue,
il reste aux gestionnaires du réseau à trouver
un moyen de gérer ces nouveaux flux de
puissance bidirectionnelle et la forte variabilité
de production de ces nouvelles sources de
production.
Une des solutions envisageables réside
dans le renforcement du réseau afin de
permettre une meilleure circulation des flux
et de diminuer les pertes. Néanmoins, cette
solution est onéreuse et longue à mettre en
place. De plus, elle ne résout pas la
problématique de l’utilisation des centrales
thermiques en back-up des énergies
renouvelables.
Une gestion locale du réseau permettrait de
pallier certains problèmes. En effet, les
nouvelles technologies d’onduleurs associées
aux générateurs d’énergie décentralisée
sont maintenant pilotables à distance.
Cependant, pour le moment, le pilotage des
onduleurs est interdit par la CRE3 mais cette
innovation offre de nouvelles perspectives.
Cela change complétement le statut des
EnR, jusque-là considérées comme un
élément perturbateur, pourraient devenir
un élément régulateur. La gestion locale
permettra de gérer le niveau de tension
sur le réseau de distribution en utilisant les
informations des compteurs intelligents et
en agissant sur les puissances injectées par
les installations d’énergie décentralisée. Ce
type de gestion permettra une planification
optimisée des investissements sur le réseau
grâce à une meilleure connaissance de ce
dernier. Le seul point négatif à cette solution
reste la perte d’énergie gratuite lorsque le
réseau ne peut supporter toute la production
issue des EnR.
focus
Pas de transition énergétique sans changement de Paradigme
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