Platon, Les Lois, VI, 782c Ne voyons-nous pas que les

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Platon, Les Lois, VI, 782c
L’ATHÉNIEN
Ne voyons-nous pas que les sacrifices humains sont encore en usage chez beaucoup de
peuples, tandis que nous savons que chez d’autres on n’osait même pas goûter à la chair de
bœuf qu’on n’immolait point d’animaux aux dieux, mais qu’on leur offrait des gâteaux, des
fruits enduits de miel et d’autres dons purs de sang ; qu’on s’abstenait de chair, parce qu’on
regardait comme une impiété d’en manger et de souiller de sang les autels des dieux, et qu’il y
avait alors chez nous des gens qui suivaient le régime dit orphique, qui mangeaient de tout ce
qui est inanimé, mais s’abstenaient de tout ce qui a vie ?
http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/platon/loislivre6.htm
Sophocle, Electre, 635
CLYTEMNESTRE
Serais-je autorisée à faire un sacrifice
Sans ces criailleries que moi je t’ai permises.
ÉLECTRE
Oui, fais ton sacrifice, et cesse de t’en prendre
À ma langue : je vais rester silencieuse.
CLYTEMNESTRE (à sa suivante)
Eh bien, servante, vite, apporte notre offrande,
Ce panier regorgeant de fruits que je destine
Au maître de ce temple afin de m’apaiser.
Daigne entendre, ô Phébos, ma prière secrète,
Car ici, les regards hostiles sont nombreux,
Et il ne convient pas de tout te dévoiler
Quand cette fille est là. Hargneuse et venimeuse
Comme elle est, elle irait répandre des rumeurs
Partout dans la cité. Écoute donc à demi-mot.
Le songe si troublant que j’ai fait cette nuit,
Ô Seigneur de Lycie, s’il est de bon augure,
Fais qu’il se réalise, et, dans le cas contraire,
Qu’il retombe sur ceux qui désirent ma perte.
[…]
http://remacle.org/bloodwolf/tragediens/sophocle/Electre.htm
Plutarque, Vie de Numa, VIII, 15
Ses ordonnances sur les statues des dieux ont une étroite parenté avec les dogmes de
Pythagore. Le philosophe croyait que l’être par excellence n’est ni perceptible, ni susceptible
de sensations, mais invisible, exempt de toute corruption, et purement intelligible. Numa, de
son côté, défendit aux Romains d’attribuer à Dieu aucune forme d’homme ni de bête ; et il n’y
avait jadis parmi eux ni portrait ni statue de divinité. Durant les cent soixante-dix premières
années, ils ne placèrent, dans les temples et dans les chapelles qu’ils bâtissaient, aucune image
figurée. Ils regardaient comme une impiété de représenter ce qu’il y a de plus parfait au
moyen 151 de ce qu’il a de plus vil, et ils croyaient qu’on ne peut atteindre Dieu que par la
pensée. Ses sacrifices répondaient fort aussi aux rites pythagoriciens : il n’y en avait pas de
sanglants ; et on y usait ordinairement de farine, de libations, et d’autres choses très-simples.
[…]
Numa fut le premier qui bâtit un temple à la Foi et au dieu Terme, et qui «apprit aux Romains
que le grand serment, c’est de jurer la Foi : serment dont ils se servent encore aujourd’hui.
Terme signifie une borne. On fait à ce dieu des sacrifices publics et particuliers, sur les limites
des champs. On lui immole à présent des victimes vivantes ; mais le sacrifice, dans les temps
anciens, se faisait sans effusion de sang. Numa, éclairé par la raison, avait compris que le dieu
des bornes, le gardien de la paix et le témoin de la justice, doit être pur de tout meurtre.
http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Plutarque/numapierron.htm#42
Aristophane, Les Grenouilles, 1032
ESCHYLE.
Voilà les sujets où les poètes doivent s’exercer. Remarquez, en effet, dès l’origine,
combien les poètes de génie ont été utiles. Orphée a enseigné les mystères et l’horreur du
meurtre; Musée, les remèdes des maladies et les oracles; Hésiode, l’agriculture, la saison des
fruits, les labours; et le divin Homère, d’où lui est venu tant d’honneur et de gloire, si ce n’est
d’avoir enseigné, mieux que personne, la tactique, les vertus et les armures des guerriers ?
http://remacle.org/bloodwolf/comediens/Aristophane/grenouilles.htm
Traité de Porphyre, Touchant l’abstinence de la chair des animaux. Livre II
V. Il paraît qu’il y a un temps infini, que la nation que Théophraste appelle la plus éclairée, et
qui habite le bords sacrés du Nil, a commencé à sacrifier aux dieux célestes dans les maisons
particulières, non pas à la vérité des prémices de myrte, ou de cannelle, au d’encens mêlé avec
du safran ; car ces choses n’ont été employées que dans la suite des temps lorsque les hommes
s’occupant d’ouvrages pénibles en offraient une partie aux dieux: ce n’est pas là ce qu’on
sacrifiait dans l’origine ; on se contentait de présenter aux dieux de l’herbe que l’on arrachait
de ses mains et que l’on regardait comme les prémices de la nature. La terre produisit des
arbres, avant qu’il y eût des animaux ; et avant les arbres, il y avait des plantes, dont on
coupait tous les ans les feuilles, les racines et les bourgeons pour les jeter au feu et se rendre
par là propices les dieux célestes. C’était par le feu que les Égyptiens rendaient aux dieux ces
honneurs. Ils gardaient dans leurs temples (a) un feu éternel, parce que le feu a beaucoup de
ressemblance avec les dieux. Les anciens avaient une si grande attention à ne point s’éloigner
de ces anciennes coutumes, qu’ils faisaient des imprécations contre ceux qui innoveraient. Il
sera facile de reconnaître l’ancienneté de ces sacrifices, si l’on veut faire attention qu’il y a
encore un grand nombre de gens qui sacrifient de petits morceaux de bois odoriférant. La terre
ayant produit des arbres, les premiers hommes mangèrent des glands : ils en offrirent peu aux
dieux, parce qu’ils les réservaient pour leur nourriture ; mais ils leur sacrifiaient beaucoup de
feuilles. Les mœurs s’étant polies, on changea de nourriture : on offrit aux dieux des noix. Ce
changement donna lieu au proverbe , voilà assez de gland.
VI. Après les légumes, le premier fruit de Cérès que l’on vit, ce fut l’orge. Les hommes
l’offrirent d’abord en grain aux dieux : ayant ensuite trouvé le secret de le réduire en farine et
de s’en nourrir, ils cachèrent les instruments dont ils se servaient pour ce travail ; et persuadés
que c’était un secours que le ciel leur envoyait pour le soulagement de leur vie, ils les
respectèrent comme sacrés. Ils offrirent aux dieux les prémices de cette farine, en la jetant
dans le feu et encore aujourd’hui à la fin des sacrifices, on fait usage de farine pétrie d’huile et
de vin : c’est pour rendre témoignage à l’origine des sacrifices, ce qui est ignoré de presque
tout le monde. Les fruits et les blés étant devenus très communs, on offrit aux dieux des
gâteaux et les prémices de tous les fruits : on choisissait ce qu’il y avait de plus beau et de
meilleure odeur ; on en couronnait une partie et l’on jetait l’autre dans le feu. L’usage du vin,
du miel et de l’huile ayant été ensuite trouvé, les hommes offrirent les prémices de ces fruits
aux dieux, qu’ils regardaient comme les auteurs de ces biens.
VII. On voit encore la preuve de ce que nous disons, dans la procession qui se fait à Athènes
en l’honneur du Soleil et des Heures. On y porte de l’herbe sur des noyaux d’olive, avec des
légumes, du gland, des pommes sauvages, de l’orge, du froment, des pâtes de figues, des
gâteaux de froment, d’orge, de fromage et de fleur de farine, avec une marmite toute droite.
Ces premiers sacrifices furent suivis d’autres remplis d’injustice et de cruauté de sorte que
l’on peut dire que les imprécations que l’on faisait autrefois, ont eu leur accomplissement.
Depuis que les hommes ont souillé les autels du sang des animaux, ils ont éprouvé les
horreurs de la famine et des guerres, et ils se sont familiarisés avec le sang. La divinité, pour
me servir des expressions de Théophraste , leur a par là infligé la punition qu’ils méritaient et
comme il y a des athées et des gens qui pensent mal de la divinité, en croyant que les dieux
sont méchants, ou du moins qu’ils ne sont pas plus parfaits que nous aussi voit-on des
hommes qui ne font aucun sacrifice aux dieux et ne leur offrent point de prémices et d’autres
qui leur sacrifient ce qui ne devrait pas être sacrifié.
VIII. Les Thoès qui habitaient sur les confins de la Thrace, n’offraient aux dieux, ni prémices,
ni sacrifices : aussi furent-ils enlevés de ce monde ; de sorte qu’il ne fut possible de trouver ni
aucun d’eux, ni aucun vestige de leur demeure. Ils usaient de violence envers les hommes : ils
n’honoraient point les dieux et ne voulaient pas leur sacrifier malgré l’usage reçu partout.
C’est pourquoi Jupiter fâché de ce qu’ils n’honoraient point les dieux et ne leur offraient point
de prémices, ainsi que la raison l’exige, les anéantit. Les Bassariens sacrifièrent d’abord des
taureaux, ensuite des hommes. Ils firent après cela leur nourriture de ceux-ci, comme à
présent on mange le reste des animaux dont on a sacrifié une partie. Mais qui est-ce qui n’a
pas ouï dire que devenant furieux ils se jetèrent les uns sur les autres, jusqu’à ce que cette race
qui avait introduit pour la première fois des sacrifices humains fut détruite.
IX. On ne sacrifia donc des animaux, qu’après les fruits. La raison qui obligea d’y avoir
recours était fort fâcheuse : c’était ou la famine, ou quelque autre malheur. Les Athéniens ne
les firent mourir d’abord que par ignorance, ou par colère, ou par crainte. Ils attribuent le
meurtre des cochons à Climène, qui en tua un, sans en avoir le dessein. Son mari
appréhendant qu’elle n’eût commis un crime, consulta l’oracle d’Apollon : le dieu ne l’ayant
pas repris de ce qui était arrivé, on en conclut que l’action était indifférente. On prétend que
l’inspecteur des sacrifices qui était de la famille des prêtres, voulant sacrifier une brebis,
consulta l’oracle, qui lui conseilla d’agir avec beaucoup de circonspection. Voici les propres
termes de la réponse : il ne t’est pas permis d’user de violence contre les brebis, descendant
des prêtres ; mais si elles y consentent je déclare que tu peux justement mêler leur sang avec
de l’eau pure.
X. Ce fut sur l’Icare dans l’Attique, que l’on fit mourir pour la première fois une chèvre, parce
qu’elle avait brouté la vigne. Diome, prêtre de Jupiter conservateur d’Athènes, égorgea le
premier un bœuf, parce qu’à la fête de ce dieu , lorsqu’on préparait les fruits selon l’ancien
usage, un bœuf survint et mangea le sacré gâteau ; Diome aidé de tous ceux qui étaient avec
lui, tua ce bœuf. Voilà en partie les occasions, qui ont engagé les Athéniens à tuer les
animaux. Il y en a eu de différentes chez les autres peuples : elles sont toutes destituées de
bonnes raisons. Le plus grand nombre croit que c’est la faim qui a causé cette injustice. Les
hommes ayant mangé des animaux, les ont ensuite sacrifiés : jusque là ils n’avaient point fait
usage de cet aliment. Puis donc que dans l’origine les animaux ne servaient ni aux sacrifices,
ni à la nourriture des hommes, on pourrait fort bien s’en passer; et ce n’est pas une
conséquence que ce soit une chose pieuse de les manger parce qu’autrefois on en mangeait et
on en sacrifiait, puisqu’il est démontré que l’origine de ces sacrifices n’a rien de pieux.
http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/porphyre/viandes2.htm
Philostrate, Apollonius de Tyane, Livre V, III
« Écoutez donc la pure vérité, que j’allègue pour ma défense. Quelque prix que j’attache au
bonheur des hommes, jamais je n’ai fait pour eux de sacrifices, jamais je n’en ferai, jamais je
ne toucherai à des autels où l’on fera couler du sang, jamais je ne ferai de prières les yeux
fixés sur un couteau ou sur une victime comme celle dont parle mon accusateur. Votre
prisonnier, ô prince ! n’est pas un Scythe, il n’appartient pas à un peuple barbare, il ne s’est
jamais mêlé aux Massagètes ni aux habitants de la Tauride : ces peuplades mêmes, je les
détournerais de leurs féroces sacrifices. Quelle folie ne serait pas la mienne, quand je parle
souvent de la divination, de sa puissance et des limites de cette puissance, quand mieux que
personne je sais que les dieux manifestent leur volonté aux hommes purs et sages, même sans
qu’ils consultent les devins, quelle folie ne serait pas la mienne, d’aller consommer un
sacrifice sanglant, de toucher à des victimes horribles et néfastes, qui me souilleraient et
m’empêcheraient d’entendre mes voix divines. Mais laissons de côté l’horreur d’un tel
sacrifice. Rappelons à mon accusateur ce qu’il vient de dire lui-même : c’est lui-même qui
m’absout. En effet, il dit que j’ai prédit la peste aux Éphésiens sans avoir besoin d’aucun
sacrifice. Pourquoi donc aurais-je eu besoin de sacrifices sanglants pour des choses que je
pouvais savoir même sans sacrifices? Qu’avais-je besoin de divination pour des choses que je
savais, moi et bien d’autres ? »
http://remacle.org/bloodwolf/roman/philiostrate/apollonius8.htm)
Eusèbe de Césarée, La préparation évangélique, Livre IV, chapitre XII
Que de semblables sacrifices ne doivent point être offerts non plus aux puissances divines.
« Aux dieux qui procèdent de lui, à ces dieux que conçoit l'intelligence, il faut aussi offrir un
esprit, un sacrifice de louanges : car il convient de consacrer à chacun d'eux les prémices des
dons que nous tenons de leur munificence, les prémices des bienfaits par lesquels ils
pourvoient au soutien et à la conservation de notre être. Et de même que le laboureur offre
les prémices de ses gerbes et de ses fruits, de même aussi nous devons offrir à ces dieux les
prémices de nos pensées pures, comme une action de grâce du bienfait de l'intelligence que
nous leur devons, et aussi pour leur témoigner notre gratitude de ce qu'ils ne dédaignent pas
d'habiter parmi nous, de se laisser voir pour être, par leur présence, notre nourriture, et
même de se faire comme des flambeaux qui éclairent nos pas pour notre sûreté. »
Voilà ce que dit notre auteur. C'est à peu près la même doctrine que celle de cet homme tant
célèbre partout, Apollonius de Tyane ; car dans un ouvrage qu'il a composé sur les sacrifices,
voici ce qu'il dit au sujet du grand Dieu, du Dieu suprême.
http://remacle.org/bloodwolf/historiens/eusebe/preparation4.htm#XIII
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