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LYME (BORRELIOSE DE)
La maladie de Lyme ou borréliose de Lyme est une maladie multiphasique d’origine bactérienne due à un spirochète
du genre Borrelia.
Il existe deux principaux foyers d'endémie : l'Amérique du Nord et les zones tempérées de l'Europe, tout
particulièrement la France où la maladie de Lyme constitue la plus fréquente des affections humaines liées aux tiques.
Sous le terme de groupe burgdorferi ou Borrelia burgdorferi sensu lato sont regroupées trois espèces pathogènes pour
l’homme. Aux Etats-Unis, il s’agit de Borrelia burgdorferi ou encore Borrelia burgdorferi sensu stricto. En Europe
occidentale, on note la prédominance de B. garinii, suivie par B. burgdorferi sensu stricto et B. afzelli.
La transmission à l’homme s’effectue par un arthropode vecteur, qui, en France est une tique, Ixodes ricinus, espèce
ubiquitaire prédominant dans les zones boisées. I. ricinus possède un cycle triphasique dont chaque stade (larve,
nymphe et adulte) est susceptible de transmettre la maladie. Néanmoins, la piqûre de la nymphe ou de la larve peut
passer inaperçue à la différence de celle de l’adulte. La transmission a lieu du printemps à l’automne, avec un pic en
été, en relation avec la période d’activité maximale du vecteur. Le réservoir naturel de B. burgdorferi est très vaste,
constitué de nombreuses espèces de mammifères et d'oiseaux. L’homme, comme les animaux domestiques, n’est pas
un réservoir naturel mais un hôte occasionnel. L'efficacité de la transmission augmente avec le temps d'attachement de
la tique vectrice ; elle requiert un minimum de 24 à 36 heures, soulignant l'intérêt de la suppression rapide du parasite.
En pratique, l’ablation de la tique, rostre compris, est suivie d’une désinfection locale. Le risque de transmission de la
bactérie étant faible en France, une antibiothérapie prophylactique n’est pas recommandée.
La maladie de Lyme est reconnue comme maladie professionnelle depuis 1988 pour les métiers de la forêt,
particulièrement exposés (bûcherons, gardes forestiers…).
L’incidence nationale de la maladie diagnostiquée en médecine générale a été estimée à 9,4 cas pour 100 000 habitants
par an avec une prédominance en Alsace, dans le Limousin et en Lorraine.
Comme pour la syphilis, la maladie évolue en trois phases successives : primaire, secondaire et tertiaire. Après piqûre
par une tique infectée, le spirochète migre et se multiplie dans la peau (érythème migrant) et dans le système
lymphatique (adénopathie régionale) puis passe dans le sang et dissémine dans de nombreux organes (système nerveux
central, cœur, articulations…) qui peuvent être le siège de manifestations cliniques secondaires. Ultérieurement, des
manifestations chroniques constituent la phase tertiaire de la maladie qui apparaît après plusieurs années.
La phase initiale de la maladie, l’érythème chronique migrant (ECM), est une macule ou une papule érythémateuse
centrifuge se développant à partir de l’endroit de l’inoculation, fréquemment aux membres inférieurs, 3 à 30 jours
après la piqûre. Cette lésion est pathognomonique de la borréliose de Lyme mais n’est décelée que chez 50 à 70 % des
malades. En l’absence de traitement, elle persiste 3 à 4 semaines et régresse spontanément.
Le stade secondaire (une à plusieurs semaines après le contage) peut révéler la maladie si l’ECM a manqué ou a été
négligé. Il est caractérisé par des manifestations neuroméningées, cutanées, rhumatismales et cardiaques. Les signes
généraux sont rares à l’exception d’une asthénie souvent marquée.
Les manifestations neurologiques, très diverses, sont plus fréquentes en Europe qu’aux Etats-Unis. Elles se traduisent
par une mononévrite ou une polyradiculonévrite, une paralysie faciale traduisant l’atteinte des nerfs crâniens et plus
rarement par des atteintes centrales, encéphalitiques, cérébelleuses ou médullaires.
Dans quelques cas, on observe des lésions multiples d’ECM à distance du point de piqûre central. Les manifestations
articulaires sont plus fréquentes aux USA. Elles sont à type d’arthralgies, précoces et fréquentes ainsi que d’arthrites
de survenue plus tardive et moins fréquente. L’arthrite aiguë touche généralement les grosses articulations en
particulier le genou, évolue par poussées brèves qui, si elles sont répétées peuvent évoluer vers le tableau d’arthrite
chronique de la phase tertiaire.
Les atteintes cardiaques sont liées à un trouble de la conduction auriculo-ventriculaire pouvant aller jusqu'au bloc
auriculo-ventriculaire complet. Des manifestations cliniques de myocardite ou de péricardite peuvent s’y associer.
La phase tertiaire est constituée de manifestations chroniques cutanées, articulaires, neurologiques, le plus souvent non
spécifiques exception faite de l'acrodermatite atrophiante, lésion cutanée inflammatoire évoluant en plusieurs années
vers une atrophie de la peau. Une arthrite chronique se développe chez 10 % des sujets ayant fait un ECM non traité.
A ce stade, les manifestations neurologiques à type d’encéphalomyélites progressives ressemblent fortement aux
neurosyphilis de stade quaternaire. Bien que peu fréquente, l'existence de ces formes est un encouragement au
traitement efficace des premiers stades, à l'instar de la syphilis, d'autant que certaines manifestations tardives semblent
non réversibles sous antibiotiques. Le traitement consiste en une antibiothérapie par une β-lactamine ou une cycline
per os pendant 10 jours à la phase primaire, l’administration de ceftriaxone par voie parentérale étant réservée aux
phases secondaire et tertiaire.