Die Zauberflöte (Wolfgang Amadeus Mozart)

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LES PISTES PEDAGOGIQUES
Littérature | Débats
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Lister toutes les choses qui vont par trois (passé-présent-futur, eau-air-feu, matinmidi-soir…) et se documenter autour de la Franc-maçonnerie.
Visionner le film La Flûte enchantée de Kenneth Branagh (2006) et énumérer les
différences avec l’opéra du même titre.
Lire la bande-dessinée La Flûte enchantée de Ruben Pellejero et Jorge Zentner (coll.
Theloma).
Comprendre comment la féérie et l’exotisme se nourrissent l’un l’autre.
Art plastique
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Fabriquer une flûte de pan à l’aide de renouée du Japon.
Réaliser des collages pour les costumes de Papageno et la Reine de la Nuit.
Comprendre les machineries théâtrales à l’italienne.
Comparer les affiches de La Flûte enchantée de Montréal, Cagliari, du Metropolitan
de New York et de Liège (2010).
Musique
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Apprendre l’air de Papageno (Der Vogelfänger bin ich ja)
Reconnaitre les instruments présents dans l’ouverture.
Etudier les différentes tessitures à l’opéra et les illustrer par un extrait de musique
issu de La Flûte enchantée.
Réaliser un exposé au sujet du glockenspiel et de la flûte de pan (origine, particularité, répertoire…)
EN BREF
Opéra en allemand
Durée : 3h
entracte compris
L’histoire
Le prince Tamino a promis à la Reine de la Nuit d’aller délivrer sa fille Pamina dont
il est tombé amoureux et qui a été enlevée par Sarastro. Dans le royaume de ce dernier, le prince accompagné de l’oiseleur Papageno sera confronté à une série
d’épreuves au terme desquelles il obtiendra la main de Pamina.
Le compositeur
Mozart, petit enfant prodige, est encore jeune quand son père exhibe ses talents musicaux à travers l’Europe. Ces voyages lui permettent de découvrir de nombreux
musiciens et d’effectuer d’importants progrès. Ainsi, Mozart écrit son premier opéra
à l’âge de 12 ans ! Après avoir travaillé pour l’archevêque Colloredo, il décide de
s’installer à Vienne comme compositeur indépendant. En 1791, il compose deux
chef-d’œuvres : La Flûte enchantée et le Requiem. Mozart meurt à Vienne, à seulement 35 ans, en laissant plus de 600 œuvres à la postérité.
L’œuvre
Dernier chef d’oeuvre lyrique de Mozart, La Flûte enchantée est composée pendant
une période d’angoisse et de douleur. L’ami du compositeur, Schikaneder, directeur
d’un petit théâtre populaire de Vienne, lui propose de collaborer au projet. D’emblée, le spectacle remporte un vif succès. Même affaibli par la maladie, Mozart se
rend tous les soirs au théâtre pour mesurer la réaction du public. Il dira: « ce qui me
rend plus heureux est l’approbation silencieuse »
LES PERSONNAGES
tamino: Anicio Zorzi Giustiniani (ténor)
C’est le modèle du prince par excellence, sans origine, ni identité. Innocent et courageux, il a une ligne de chant pure.
Pamina: Anne-Catherine Gillet (soprano)
Intègre et courageuse. Exprimant sans cesse de la tendresse, sa voix légère et fraîche,
peut aussi exprimer le désarroi.
Papageno: Mario Cassi (baryton)
Valet et bouffon, c’est une créature primaire, naturelle et spontanée. Compagnon de
route de Tamino, il a l’âme d’un enfant et sème la joie de vivre. Sa vitalité s’exprime
dans la voix de baryton.
Papagena: Inge Dreisig (soprano)
Pendant féminin de Papageno, ses traits se dévoilent au fil de la quête. Leur union permettra de peupler le monde à l’infini.
Sarastro: Gianluca Buratto (basse)
Représentant du pouvoir et défenseur du monde de la Lumière, il exerce un rôle de
leader. Autoritaire, sa voix de basse profonde le conforte dans son statut souverain.
La Reine de la nuit: Burcu Uyar (soprano colorature)
Image de la mère négative que l’on assimile à la marâtre dans les contes de fées, elle est
vengeresse et assoiffée par le contrôle qu’elle peut avoir sur les autres. Elle fait preuve
d’une virtuosité vocale à la fois grave et puissante. Elle représente l’obscurantisme.
Monostatos: Krystian Adam (ténor)
Le gardien du Palais de Sarastro est un traître qui convoite Pamina. Il tente de duper
son maître car la Reine de la Nuit lui a promis la main de sa fille.
Direction musicale: Paolo ARRIVABENI
Mise en scène: Cécile ROUSSAT et Julien LUBECK
Décors: Elodie MONET
Costumes: Sylvie SKINAZI
Lumières: Marc GINGOLD
Chef des chœurs: Pierre IODICE
L’ARGUMENT
Acte 1
Egaré en terre inconnue, attaqué par un serpent, le prince Tamino s’évanouit. Trois
Dames surgissent pour terrasser le monstre puis courent prévenir la Reine de la Nuit
qui décide du sort de l’étranger. Lorsqu’il revient à lui, Tamino se trouve face à Papageno, un brave oiseleur qui se vante d’avoir abattu le monstre. A leur retour, les trois
Dames punissent ce mensonge avant de remettre à Tamino un portrait de la fille de la
Reine, Pamina. Si celle-ci plaît au prince, un brillant avenir l’attend. Tamino tombe
instantanément amoureux de la jeune fille et la Reine de la Nuit apparaît en personne
pour lui promettre la main de la princesse s’il parvient à la tirer des griffes du terrible
Sarastro. Les trois Dames préparent le prince à sa mission : il partira muni d’une flûte
magique, escorté de Papageno et guidé par trois pâges. La princesse Pamina est en effet
détenue dans le royaume de Sarastro, sous la garde du cruel Monostatos. Papageno
parvient à la rencontrer et l’invite à fuir pour rejoindre le prince amoureux. Elle n’hésite pas longtemps et le rassure : lui aussi connaîtra l’amour. Grâce aux trois pages, Tamino parvient devant le Temple de la Sagesse. Il apprend que Sarastro s’en trouve être
le souverain : le prince ne sait plus que penser de ce ravisseur. De leur côté, Papageno et
Pamina sont surpris dans leur fuite par le méchant Monostatos. Lorsque Sarastro apparaît, Pamina avoue s’être sauvée. Le monarque lui pardonne mais refuse de la rendre à
sa mère : un homme saura mieux la guider. Voici justement Tamino. Les deux jeunes
gens se reconnaissent et tombent dans les bras l’un de l’autre. Sarastro punit Monostatos et ordonne la série d’épreuves qui attend Tamino.
Acte 2
Sarastro annonce aux prêtres d’Isis et d’Osiris que Pamina et Tamino sont promis l’un
à l’autre, à condition que le jeune prince se montre digne de la Vérité. Dans sa quête, il
sera accompagné par Papageno et les prêtres le guideront avec bienveillance. Sa première épreuve est celle du silence. De son côté, Pamina endure les avances de Monostatos. Sa mère intervient, non pour la délivrer mais pour la charger d’une mission
cruelle : elle doit tuer Sarastro et lui dérober le Soleil. Pamina en est incapable : Sarastro
ne prône-t-il pas le pardon ? Une autre épreuve l’attend : le silence de Tamino, qui la
désespère. Quant à Papageno, il rêve si fort d’une compagne qu’une vieille femme lui
apparaît. La solitude lui pèse tant qu’il accepte sa main. Elle se transforme alors en une
séduisante Papagena, mais s’évapore aussitôt. Les trois pâges sauvent Pamina du désespoir en l’assurant de l’amour de Tamino. Ils la conduisent auprès du Prince qui s’apprête à affronter l’épreuve des trois Eléments. Tous deux s’élancent dans le Temple au
son de la flûte et sortent victorieux. Papageno retrouve sa Papagena et ils s’imaginent
aussitôt à la tête d’une nombreuse famille. La Reine de la Nuit essaie de récupérer sa
fille, assistée de Monostatos et des trois Dames mais Sarastro déjoue leur tentative et la
Sagesse triomphe définitivement.
LE COMPOSITEUR
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
En à peine 35 ans, Mozart signe pas moins de 600
compositions dans des genres aussi variés que la
symphonie, la musique de chambre, la musique
religieuse... et bien sûr l’opéra. Ce chiffre vertigineux s’explique tout simplement par le talent hors
du commun de ce compositeur. Fils d’un musicien autrichien qui tient à donner une éducation
musicale de qualité à ses enfants, le jeune Mozart
joue déjà du clavecin et du violon à l’âge de quatre
ans. Tiré vers le haut par sa soeur Nannerl, de
quelques années son aînée, Mozart a réellement
un don. Le père organise une tournée dans les
cours et les salons d’Europe. A Vienne, Paris,
Londres, La Haye, on ne parle que du petit Mozart. Le public est subjugué et impressionné par
cet enfant prodige, capable d’interpréter des morceaux les yeux bandés ou le clavier recouvert d’un drap. Son goût pour l’alliance de la
musique avec les mots s’affirme très tôt.
A douze ans, il compose un opéra, Bastien et Bastienne, premier d’une longue série.
Conscient de la nécessité de consolider ses connaissances, Mozart séjourne trois fois en
Italie où il reçoit l’enseignement de professeurs de renom. 1781 marque un tournant
dans sa vie. Alors qu’il partageait son temps entre des fonctions de musicien de cour et
la composition, il s’installe à Vienne pour mener une carrière de musicien indépendant. Contre l’avis de son père, il épouse Constance Weber. Dans cet état d’esprit revendicateur de liberté, il intègre la Franc-maçonnerie. Il y rencontre Da Ponte, le librettiste des Noces de Figaro (1786), Don Juan (1787), et Così fan tutte (1790) et Schikaneder, le librettiste de La Flûte enchantée (1791). Quelques échecs compromettent sa
carrière, mais Prague, nouvelle capitale européenne de la musique, lui redonne espoir.
A ces difficultés viennent se greffer des problèmes financiers et des ennuis de santé qui
font vivre Mozart et les siens dans un grand dénuement. Le 5 décembre 1791, il meurt
dans l’ombre.
La grandeur de l’oeuvre de Mozart n’est pas seulement liée à la taille de sa production
mais aussi à l’art avec lequel il a assimilé deux siècles de courants musicaux. En les synthétisant, il les dépasse. Mozart est inclassable dans l’histoire de la musique. C’est le
génie du XVIIIe siècle.
L’OEUVRE
Livret d’Emanuel Schikaneder
Qui est Emanuel Schikaneder ?
Directeur de théâtre, acteur, chanteur et compositeur autrichien d’origine allemande, il
passe plusieurs années de sa vie dans des troupes ambulantes. En 1780, il fait la connaissance de Mozart, à Salzbourg. Les deux hommes se lient alors d’amitié et deviennent
frères de la même loge maçonnique. En 1789, il obtient un privilège pour le Theater auf
der Wieden à Vienne. C’est là que, deux ans plus tard, est créé La Flûte enchantée dont il
a écrit le livret en s’inspirant d’un conte, Lulu ou la flûte enchantée, dans un recueil de
contes orientaux. Il y interprète également le rôle de Papageno.
Qu’est-ce que la Franc-maçonnerie?
Reposant sur un principe de fraternité, la Franc-maçonnerie est une association plus ou
moins secrète à but philosophique qui prône l’amour de l’humanité par une amélioration
du sort matériel et moral des hommes. Les membres, organisés en Loges, sont cooptés
(choisis par un autre membre) et suivent un rituel initiatique inspiré de ceux que pratiquaient les corporations de métiers au Moyen-Age.
Dans quel contexte nait La Flûte enchantée ?
Mozart est dans une situation financière difficile et son dernier opéra, Cosi fan tutte, n’a
eu que peu de succès. Par ailleurs, le librettiste Lorenzo da Ponte, avec lequel il collabore
régulièrement, a quitté Vienne pour Londres. C’est donc une magnifique opportunité
pour Mozart de travailler à un nouvel opéra, cette fois en allemand, avec son ami Emanuel Schikaneder. Il commence la composition de La Flûte enchantée au printemps 1791
mais reçoit coup sur coup, durant l’été, les commandes de Requiem et de La Clemenza de
Tito. Il doit composer cet opéra en moins de trois semaines pour les festivités du couronnement de Léopold II, roi de Bohème. Ce n’est qu’à son retour de Prague, en septembre,
que Mozart termine l’instrumentation de La Flûte enchantée. Comme à son habitude, il
compose l’ouverture à la dernière minute…la veille de la répétition générale. Il s’agit d’un
des opéras les plus courts de Mozart.
La Flûte enchantée : opéra ou Singspiel ?
Bien que le compositeur lui-même désigne La Flûte enchantée comme « Grand Opéra »,
cette œuvre adopte pourtant les caractéristiques du Singspiel, un opéra populaire de
langue allemande, destiné à un théâtre populaire. Il n’y a, par exemple, pas de récitatifs
chantés mais bien des dialogues parlés. De plus, cet opéra se compose de numéros clairement séparés (chœurs, ensembles, duos ou airs) d’une durée plus courte que dans ses
autres opéras. A l’époque, les interprètes sont davantage des acteurs sachant bien chanter
plutôt que de véritables chanteurs professionnels. Mozart s’adapte donc à cette contrainte. Il destine alors les passages les plus virtuoses à la Reine de la Nuit, sachant que le
rôle sera tenu par sa belle-sœur, Josepha Hofer, une excellente chanteuse.
LA MUSIQUE
Les instruments de musique...
La flûte, le glockenspiel et la flûte de pan sont considérés comme trois instruments de
musique magiques.. Impossible de se passer de la flûte dans un opéra qui en porte le
nom. Les informations de la mise en scène de l’époque indiquent qu’elle est un symbole solaire. Le glockenspiel n’a pas de signification symbolique. Cet instrument de
musique provient des métallophones d’Asie et de Polynésie. Il possède des lames
d’acier que l’on percute avec des maillets durs pour imiter le son des clochettes. La
flûte de pan est l’instrument personnel de Papageno. Avec ses cinq notes d’appel et son
timbre exotique, elle exprime sa proximité avec la nature.
Les voix...
Extrêmement célèbre par sa voix aigüe de soprano colorature, les interventions de la
Reine de la nuit sont surhumaines ou presque. Ce rôle demande un timbre spécial,
une grande agilité vocale et une technique exceptionnelle. La montée du diapason depuis la mort de Mozart a rendu ce rôle encore plus difficile. Mozart consacre à ce personnage uniquement deux airs mais ceux-ci sont de caractères très différents et exigent
de la chanteuse d’exprimer des attitudes contraires : la séduction et la fureur.
Le rôle de Sarastro doit lui aussi être incarné par une voix exceptionnelle. Sa tessiture
de basse profonde doit couvrir une octave et demie et le tempo lent de ses airs impose
une maitrise irréprochable de la respiration, mettant à rude épreuve les qualités physiques du chanteur. La ligne mélodique continue exige, quant à elle, un parfait soutien
vocal pour obtenir un beau volume constant. La Flûte enchantée comporte donc pratiquement le rôle le plus grave et le plus aigu du répertoire classique.
LA MISE EN SCENE
Cécile Roussat et Julien Lubek
« C’est par le biais du conte de fée que nous abordons La Flûte enchantée, car cette
lecture révèle selon nous le message le plus universel. De la même façon que les contes
traditionnels populaires s’adressent aux enfants avec une fausse naïveté, cette œuvre a
recours à des images féeriques et des effets magiques pour mieux parler de la découverte de soi. La Flûte enchantée est une œuvre théâtrale, sensible et touchante, qui d’un
côté glorifie l’élévation de l’âme dans ce qu’elle a de plus mystique et de l’autre révèle
avec justesse les défauts les plus attendrissants du caractère humain; qui entremêle
avec évidence la musique populaire la plus simple et les vocalises les plus folles; qui
puise et en Tamino et en Papageno pour trouver l’équilibre entre beauté et humour,
sagesse et sincérité, toujours sous le signe de l’amour … pour un vrai moment d’enchantement. »
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