Première partie
Introduction historique à la philosophie
morale
Nous synthétisons principalement les travaux de Chaïm Pereleman sur la philosophie morale.
À noter que Chaïm Perelman a été élève de Eugène Dupréel dont l’approche sociologique de la
morale a eu un certain écho, que Michel Meyer (le modèle des distances que j’ai présenté dans
un autre document) a été élève de Chaïm Perelman et que finalement Michel Meyer a été très
influencé par André Comte-Sponville dont j’ai présenté le modèle des ordres.
1 Introduction
La philosophie morale se présente sous deux aspects très différents.
Approche traditionnelle. C’est la philosophie qui ne se contente pas d’accepter
les règles telles quelles mais cherche à les améliorer et à les perfectionner. Depuis
Parménide la philosophie grecque a cherché à opposer ce qui était accepté et admis
par l’opinion à ce qui était la vérité, or la morale admise dans un certain milieu
social est toujours objet d’opinions auxquelles on peut opposer une morale qui serait
fondée philosophiquement, qui serait l’objet d’une science qui ne se contente plus des
opinions courantes. C’est à cette conception de la philosophie morale que se rattache
l’idée traditionnelle de la sagesse grecque.
Approche descriptive et analytique. C’est la philosophie morale qui étudie la
structure et le sens des notions morales et des notions annexes (responsabilité, liberté
etc.). Cette tendance, différente de la philosophie morale traditionnelle, prévaut dans
la philosophie contemporaine, surtout anglo-saxonne 1.
Dans la conception traditionnelle, la philosophie morale a pour objet d’élaborer une morale fon-
dée en raison, par la recherche de la vérité en morale, vérité qui, contrairement aux opinions des
morales sociales, se présente comme une et commune à tous.
1.1 Fondement religieux
Le résultat de cette étude est de proposer une fin aux humains : le souverain Bien. Petit souci,
la pensée grecque a énuméré 288 conceptions différentes. Le scepticisme fait place au rationa-
lisme, situation illustrée de façon adminirable par Montaigne dans ses Essais. Par les Pensées de
Pascal, la religion révélée est la seule voie d’accès à la vérité de la religion 2. La Révélation est le
1. Il y a là un choix méthodologique s’agissant des agents autonomes éthiques. S’intéresse-t-on aux notions
utiles (logiques, concepts épais, etc.) ou aux conditions de possibilités d’une éthique pour les agents ? Cette
question peut avoir son importance dans le cadre d’une communauté d’agents. Dans cette orientation, on peut se
focaliser sur l’origine (et non le fondement auquel pour ma part je ne souscris pas car il est de droit, alors que
l’origine est de fait) même des comportements éthiques. C’est ici qu’il y a, de mon point de vue, un problème
délicat. Toute morale est issue de la conscience de l’autre et surtout, par la médiation du corps, de sa propre
fragilité qui est source du mal ressenti et donc par compassion, par analogie de la fragilité d’autrui. Comment
peut-il en être de même pour un agent virtuel ? Si vous ne savez ce qu’est le mal, la réponse est finalement simple :
« si vous ne savez pas ce qu’est le mal, écoutez votre corps ». « Ce que le corps sait, l’esprit le veut » (Traité du
désespoir et de la béatitude, A.C.-S.).
2. La raison est incapable de trouver la vérité morale
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