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En français, il n’y a pas d’infixes. Toutefois, certains auteurs utilisent ce terme pour désigner
un élément comme -is- dans fertiliser, parce qu’il n’est jamais en fin de mot (à la différence
de -ot- dans tapoter, par exemple, qu’on trouve aussi dans palôt. Mais, il s’agit d’un suffixe
placé après le radical. Comme ce suffixe forme des verbes à partir des adjectifs, il est néces-
sairement suivi d’une désinence verbale. C’est pourquoi, on peut parler des suffixes -iser,
-oter, etc.
5. L’opposition entre affixes (suffixes) et désinences est moins nette avec certaines terminai-
sons:
- dans les séries comme éléphant, éléphant-e, éléphant-eau, chat, chat-t-e, chat-on, le féminin
marqué par -e est considéré comme désinence, tandis que -eau et -on qui sert à la formation
du nom qui désigne le petit sont considérés comme suffixe.
- la terminaison -é des adjectifs est considérée comme une désinence de participe passé (si
l’adjectif est en relation avec le verbe; ex. doré, fatigué) ou un suffixe (si l’adjectif est en re-
lation avec un nom, comme dans accidenté, zélé). La même chose pour -u dans résolu ou dans
pointu, barbu. Lorsque le verbe est lui-même dérivé d’un nom, comme dans le cas de choco-
later, il paraît indifférent de dériver l’adjectif (chocolaté) du verbe et du nom (le résultat for-
mel et sémantique est le même).
- les adjectifs verbaux en -ant (amusant, brillant) sont considérés comme des conversions de
participes présents. On peut se demander si c’est aussi le cas des noms (dirigeant, fabricant,
habitant) ou s’il faut voir ici un suffixe -ant formateur de noms d’agent.
- la désinence d’infinitif est traitée comme un suffixe par certains auteurs, quand elle permet
de dériver un verbe d’un nom ou d’un adjectif (ex. fouine > fouiner, jaune > jaunir). «Les dé-
sinences verbales jouent le rôle de verbalisateurs» (J. Dubois et F. Dubois-Charlier, La déri-
vation suffixale en français, chapitre 8).
6. Plusieurs suffixes n’ont pas d’autre rôle que de marquer une classe syntaxique.
Ex.
-age (il produit le nom du procès à partir d’un verbe)
-tion (id.)
-(i)té (il produit le nom d’une qualité à partir d’un adjectif qualificatif)
-eur (id.).
Ainsi, assembler et assemblage ont le même contenu sémantique exprimé sous deux classes
syntaxiques.
Ces suffixes qui marquent seulement la classe syntaxique se distinguent de ceux qui apportent
une signification lexicale supplémentaire (comme -oir(e), qui produit des noms de lieu ou