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Poursuivre les OMD grâce aux collectivités territoriales
Construire la résilience écologique : les
collectivités locales en première ligne ?
Les récentes inondations au Pakistan illustrent les effets dévastateurs que les événements
naturels peuvent avoir sur la société, et la difculté que les gouvernements peuvent avoir
à répondre à de telles calamités. Bien sûr, les tempêtes, les inondations, les sécheresses,
les épisodes de chaleur ou de froid extrêmes ne sont pas de nouveaux risques. Cependant,
avec le changement climatique, la fréquence et l’intensité de ces menaces devraient
augmenter. Tous types de gouvernements à travers le monde doivent depuis longtemps
faire face à des contraintes climatiques. Dans de nombreux cas, l’anticipation et les
réponses ont été insufsantes, et la vulnérabilité face au risque reste élevée. Dans d’autres
cas, le gouvernement a contribué à réduire la vulnérabilité grâce à diverses mesures.
Quelles sont les mesures à prendre face au réchauffement climatique ?
Deux types d’actions destinées à réduire les risques liés au changement climatique
bénécient d’une grande attention et d’un nancement important. Les mesures
d’adaptation visent à réduire les risques face à l’évolution du climat et aux événements
climatiques tandis que les mesures d’atténuation sont prises pour ralentir le réchauffement
climatique. L’adaptation implique des mesures visant à réduire la vulnérabilité, comme
la réduction de l’exposition et de la sensibilité ou l’augmentation de la résilience.
L’atténuation concerne surtout la réduction des émissions de gaz à effet de serre par
une meilleure gestion des ressources naturelles, en commençant par les efforts visant à
accroître l’efcacité énergétique jusqu’à ceux visant à réduire la déforestation.
Les collectivités locales, niveau le plus proche des personnes directement concernées par
les risques, disposent de plusieurs instruments pour engager des actions d’adaptation et
d’atténuation. Toutefois, à ce jour, leur rôle a été négligé dans ce domaine.
Qui sont les principaux acteurs des réponses au changement climatique ?
Le changement climatique est un problème politique mondial très vaste et complexe ; les
actions qui en découlent et qui sont prises aux niveaux international, national et régional
sont difciles à démêler. De nombreuses organisations internationales et bilatérales
cherchent à réduire l’impact du changement climatique et à promouvoir la durabilité
environnementale et l’adaptation face à celui-ci. Un certain nombre de pays en voie de
développement ont préparé des plans d’action d’adaptation nationale comme base de
leurs réponses d’adaptation au changement climatique. Les propositions de mesures
multilatérales de nancement face au changement climatique gurant dans ces plans
ont généralement été rédigées par les ministères nationaux dotés d’un mandat sur les
questions environnementales.
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Ces plans et ces propositions prennent rarement en compte les activités d’adaptation et
d’atténuation quotidiennes déjà existantes, dont les communautés locales ont besoin
ou dans lesquelles elles sont déjà engagées. Les ministères ou agences centrales de
l’environnement gardent souvent le contrôle des investissements au lieu de travailler avec
les collectivités locales, tandis que les projets sont mis en œuvre par les fonctionnaires du
ministère, les unités de mise en œuvre du projet, les ONG, les autorités traditionnelles,
et les organismes privés présents sur la scène locale. En laissant de côté les collectivités
locales, ces programmes ne reètent pas les connaissances, les besoins et les aspirations
locales, ratant ainsi l’occasion de tirer parti d’intervention efcaces.
Comment les collectivités locales peuvent-elles contribuer à ladaptation et à
l’atténuation face au changement climatique ?
Les collectivités locales disposent de trois instruments principaux pour engager des
actions d’adaptation et d’atténuation. Ces instruments sont :
la planication locale et la réglementation pour permettre ou limiter certains types
d’activités (comme l’interdiction de construire des logements dans les zones inondables
ou la restriction de l’exploitation forestière) ;
la participation aux dépenses publiques locales pour nancer les biens et services
publics en réponse aux contraintes climatiques (par exemple, participer au contrôle de
l’érosion des sols ou à des projets de gestion forestière) ;
l’augmentation des recettes scales locales provenant des impôts, taxes et charges,
pour soutenir ces dépenses publiques.
Grâce à ces instruments, les collectivités locales peuvent fournir des infrastructures
et des services, la gestion des catastrophes, et des investissements dans les moyens
de subsistance en réponse aux problèmes soulevés par le changement climatique. Les
collectivités locales peuvent aussi obtenir le statut d’agents de changement social dans
le débat climatique en adoptant des pratiques écologiquement rationnelles, donnant
ainsi l’exemple et la motivation nécessaires en matière de réduction d’émissions de CO2
et d’autres pratiques auprès de leurs concitoyens.
Quels types d’interventions ont démontré leur efcacité ?
Les mesures d’adaptation et d’atténuation offrent la possibilité aux collectivités locales
d’améliorer le bien-être de leurs communautés ; dans de nombreux pays industrialisés
les collectivités locales se sont déjà engagées de manière proactive dans des activités
visant à lutter contre le changement climatique. Alors que ces collectivités ont des
motifs d’investir dans les deux types de mesures, elles ont tendance à s’attacher plutôt
aux mesures d’adaptation, car celles-ci affectent plus directement le bien-être de
leurs concitoyens. Parmi les exemples d’actions réussies d’adaptation au changement
climatique, on notera la protection des rivages, des projets visant à prévenir l’érosion
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des sols et la plantation d’arbres dans les zones urbaines. Les retombées locales des
activités d’adaptation comprennent la réduction de la vulnérabilité, la réduction de la
pauvreté, une meilleure éducation et l’augmentation de la productivité économique.
De nombreuses mesures d’adaptation, comme l’efcacité énergétique ou de meilleures
pratiques de gestion forestière ont également des effets d’atténuation collatéraux.
Bien que les activités d’atténuation puissent offrir des possibilités d’emploi locales ou
améliorer la productivité des ressources naturelles d’une communauté, la plupart des
résultats de ces mesures d’atténuation se produisent très lentement, et sur une échelle
trop diffuse. Sans prestations auxiliaires ou nancements extérieurs importants, les
collectivités locales sont peu susceptibles d’investir dans des mesures d’atténuation.
Il y a des mesures gagnant-gagnant, comme l’efcacité énergétique ou la préservation
des forêts, qu’il serait déjà économiquement avantageux de réaliser. Toutefois, pour la
plupart des mesures d’atténuation, les investissements extérieurs seront nécessaires.
Avec les bonnes dotations en ressources naturelles et avec un esprit entrepreneurial, les
collectivités locales pourraient être en mesure de générer des revenus en s’engageant dans
des programmes de compensation carbone. Le nancement d’actions en faveur du climat
est aussi un moyen de plus en plus populaire d’assurer le nancement en provenance du
gouvernement central (et des partenaires donateurs internationaux) pour nancer les
deux types de mesures au niveau local.
Pourquoi les collectivités locales nont-elles pas réalisé tout leur potentiel pour
lutter contre le changement climatique ?
La question du rôle des collectivités locales face au changement climatique mondial
suscite bien des débats, mais ces dernières n’ont pas réalisé tout leur potentiel. L’une
des raisons est que les collectivités locales n’ont pas assez d’inuence sur les prises
de décision à haut niveau et n’ont pas accès à un nancement important cela est
particulièrement vrai pour les processus nationaux de planication du climat et les fonds
associés. Bien que ces fonds représentent une opportunité importante de déverrouiller
la contribution de niveau local en faveur des thèmes liés au changement climatique, les
responsables de l’administration centrale sont généralement réticents ou peu disposés à
partager ces fonds.
Un autre facteur limite le rôle des collectivités locales dans la gestion durable de
l’environnement et l’action climatique : elles sont rarement investies de la mission de
gestion des ressources naturelles locales comme les forêts ou les terres domaniales. Au
lieu de cela, cette responsabilité est souvent conée à une agence nationale et gérée de
manière centralisée à partir de la capitale. Cette répartition des compétences a souvent
plus à voir avec la volonté politique qu’avec la capacité réelle des collectivités locales à
assumer ces fonctions en vertu des principes d’une décentralisation rationnelle. Même
lorsque la gestion des ressources naturelles a été transférée légalement aux collectivités
locales, les ministères n’ont pas permis de mettre en place ces transferts.
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D’autre part, il semblerait que les ressources liées aux actions climatiques soient mal
gérées ou utilisées de manière inefcace au niveau local. Par exemple, tandis que les
activités d’adaptation et d’atténuation sont souvent basées sur l’amélioration d’un bien,
d’un service ou d’un procédé existant, la plupart des assemblées locales, des collectivités,
des fonds de développement, et des ressources de projet ont tendance à favoriser
l’installation de nouveaux biens ou services plutôt que les coûts de fonctionnement
récurrents. Il peut être nécessaire de renforcer les processus et procédures locales an
de s’assurer que les ressources sont utilisées de façon à mieux atteindre leur destination.
Des sources de nancement supplémentaires peuvent également être identiées pour
couvrir les budgets de fonctionnement et d’entretien de ces activités.
Quelles sont les clés pour débloquer le potentiel des collectivités locales en
matière de changement climatique ?
Plusieurs pays développés ont démontré de manière convaincante que les collectivités
locales pouvaient jouer un rôle important sur la question du changement climatique grâce
à des activités d’adaptation et d’atténuation. Pour libérer le potentiel des collectivités
locales face au changement climatique, il est important de leur attribuer un rôle décisif
dans le processus de planication nationale pour le climat, et d’accroître leur accès à des
ressources nationales de lutte contre le changement climatique.
Dans le domaine du changement climatique, aucune institution ou organisation ne
peut réussir seule. Pour libérer le potentiel des collectivités locales dans ce domaine,
les organisations et les institutions nationales et internationales doivent donc jouer un
rôle essentiel de soutien. Les gouvernements centraux, leurs ministères de tutelle et les
agences de développement nationales et internationales doivent apporter leur soutien de
diverses façons (ressources, formation, conseil, équipements, infrastructures, systèmes
de sécurité sociale) an d’aider les collectivités locales à lutter contre la vulnérabilité
climatique et à favoriser les stratégies d’adaptation et d’atténuation.
Risques et avantages des réponses au changement climatique
Risques et avantages des investissements des collectivités locales dans des actions
climatiques
RÉPONSES LOCALES Adaptation Atténuation
Avantages locaux Réduction de la vulnérabilité, de la
pauvreté, éducation, augmentation
de la productivité économique.
Amélioration de la productivité
des ressources. Augmentation des
revenus.
Risques locaux
Investissements inefcaces.
Investissements inéquitables
(partialité envers les pauvres,
les femmes et les minorités).
Coûts sans rémunération
(l’atténuation est donc un
investissement peu probable des
collectivités locales en l’absence
d’autres résultats).
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Risques et avantages associés aux nancements locaux d’actions climatiques
FINANCEMENTS EXTERNES Adaptation Atténuation
Avantages locaux Diminution de la vulnérabilité. Amélioration de la productivité des
ressources naturelles.
Risques locaux
Recentralisation de la prise de
décision de gestion des risques.
Investissements inefcaces.
Investissements inéquitables.
Investissements non durables.
Recentralisation de la prise de
décision environnementale.
Fermeture de l’accès aux ressources
naturelles essentielles pour
la sécurité locale (diminution
de la capacité d’adaptation et
augmentation de la vulnérabilité).
Questions à débattre :
1. Quelles sont les limitations du rôle que les collectivités locales peuvent jouer en mat-
ière d’adaptation et d’atténuation face au changement climatique ?
2. Comment les gouvernements centraux, leurs ministères de tutelle, les agences de
développement nationales et internationales et les professionnels ont-ils réussi à
aider les collectivités locales à jouer un rôle décisif dans la lutte contre la vulnérabil-
ité climatique ?
3. De quel type de soutien (ressources, formation, conseils, équipements, infrastruc-
tures, systèmes de sécurité sociale) les collectivités locales ont-elles besoin de la part
d’autres institutions gouvernementales et non gouvernementales pour mieux lutter
contre la vulnérabilité, ou favoriser l’adaptation et accroître le bien-être de base ?
4. Quels types d’analyses et de recherches pourraient-ils permettre aux collectivités
locales de lutter contre la vulnérabilité, directement ou par leur collaboration avec
l’administration de niveau supérieur et les institutions internationales ?
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