Economie circulaire : vers moins de transports… ou transporter

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Economie circulaire : vers moins de transports ou
transporter mieux ?
(Retrouvez en bas de page un schéma explicatif de l’économie circulaire – issu de la newsletter de février)
La prise de conscience de l’impact environnemental de l’activité humaine amène à de nouvelles
exigences en termes de développement durable, qui influencent particulièrement la logistique. Elles se
traduisent par des contraintes (véhicules moins polluants mais plus coûteux), mais aussi des
opportunités (économies engendrées par l’éco-conduite).
La raréfaction des ressources, entrainant tendanciellement une hausse des coûts de transport, impacte
d’ores et déjà la filière. Comme le souligne Jacques Colin* du CRET-LOG (AMU) on note aujourd’hui une
réduction de la consommation de transport « quantitatif », touché par les contraintes
environnementales et énergétiques (et ce, malgré un usage croissant de modes moins consommateurs
d’énergie que la route). Cependant, dans le même temps, il y a globalement une augmentation du
transport dit « qualitatif ». Les flux tendus en sont un exemple : ils multiplient les livraisons, plus qu’ils
ne diminuent les flux retours en permettant aux magasins de mieux ajuster leurs stocks au plus près de
la demande.
Dans ce contexte, l’économie circulaire est sans aucun doute une opportunité pour la filière logistique,
tout en étant un défi pour le Supply-Chain management.
Repenser les chaines d’approvisionnement
Nous avons évoqué dans un article précédent les champs d’opportunité qui s’ouvrent à la filière
logistique grâce aux concepts qui sous-tendent l’économie circulaire. Mais cette évolution amène
également à repenser les supply-chains.
Entre autres paramètres, les économies sur les matières premières passent aussi par la récupération
des différents composants d’un objet. Cette dynamique ajoute une nouvelle composante à prendre en
compte dans l’organisation de la supply-chain. Ainsi Jacques Colin évoque l’exemple d’un producteur
de machine à café qui intègre la réutilisation des pompes, dont la durée de vie dépasse largement celle
de la machine globale. Fallait-il renvoyer ces pompes en Asie, où les machines sont manufacturées, pour
faire revenir ensuite le produit final en Europe ? Finalement, l’entreprise a opté pour une relocalisation
de la fabrication en Europe.
Les propos de Jacques Colin conduisent à se demander si les représentations de la logistique, en tant
que science du management, ne doivent pas également évoluer. Ainsi, est-il encore pertinent de parler
de flux retours pour le transport d’éléments, certes réutilisés, mais allant directement nourrir l’amont
d’une chaine de production ?
Une évolution des outils logistiques
L’économie circulaire n’impactera pas seulement les services demandés à la logistique, mais
également les moyens utilisés. La recherche de nouvelles sources d’énergies remplaçant les énergies
fossiles influence ainsi la motorisation des véhicules. Suivant les évolutions dans la réglementation, voire
même en les anticipant, de nombreuses entreprises réfléchissent déjà à l’après-pétrole. Si l’électrique
gagne du terrain dans les centres villes, les véhicules fonctionnant au gaz sont privilégiés pour des
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Economie circulaire : vers moins de transports… ou transporter mieux ?
tournées dépassant 100 km. Si l’électricité est produite à partir d’énergies renouvelables, et que le gaz
provient de méthanisation, la boucle est alors bouclée…
Le cadre juridique : un frein à transformer en levier*
Le cadre juridique est actuellement un frein en France à l’économie circulaire. On le constate par
exemple pour le passage aux carburants alternatifs (voir article sur ce sujet dans la newsletter d’avril).
Si certains pays ont adopté des lois cadres, voire inscrit le principe de l’économie circulaire dans leur
constitution, comme la Chine, la France est encore relativement en retard.
Le « statut du déchet », notamment est très contraignant, bloquant de nombreux projets.
En outre, les contours et les définitions des nombreux concepts intégrés dans l’économie circulaire ne
sont pas définis, et il est important de pouvoir fixer des règles stables permettant aux acteurs (surtout
économique) d’avoir une visibilité. Aujourd’hui, la fiscalité semble l’outil le plus adapté pour favoriser
le développement de l’économie circulaire, introduisant par exemple une TVA réduite pour les produits
recyclés.
D’autres pistes sont celles de la facilitation, avec par exemple l’accélération des procédures pour des
brevets s’inscrivant dans les principes d’écoconception, ou la pénalisation, inscrivant certains
comportements comme des délits. Une réflexion sur le droit à l’expérimentation est également en
cours : l’idée est de permettre de déroger, pour un projet donné, pour une durée déterminée et dans un
certain cadre, aux règlementations et lois établies. Il est à noter que l’Union Européenne pourrait jouer
un rôle moteur sur l’avancée de la législation.
*Informations recueillies lors du colloque Economie circulaire et territoires durables : quels principes
et outils?, organisé par Aix-Marseille Université, le CNRS, et l’IPAG le 17 avril aux Terres de Saint-
Hilaire.
L’économie linéaire qui consiste à prélever, fabriquer,
consommer et jeter ayant atteint ses limites, il faut
trouver de nouveaux modèles de développement.
L’économie circulaire appelle à repenser notre mode de
production et de consommation, en réutilisant les biens,
les matières et les flux d’énergie, avec pour objectif de
minimiser au maximum les pertes et le gaspillage.
Illustrations issues du site du Grand Autunois Morvan http://www.grandautunoismorvan.fr/economie-circulaire
L’économie circulaire s’appuie sur plusieurs concepts, certains novateurs comme l’écologie industrielle (les
déchets d’une industrie servent de matière première à une autre), l’économie de la fonctionnalité (vendre
l’usage d’un bien plutôt que le bien), l’éco-conception (penser à la fin de vie d’un produit dès sa
conception) et d’autres plus connus comme le recyclage, le réemploi et la réparation, que notre modèle
économique semblait pourtant avoir un peu oubliés.
Voir le schéma explicatif de l’Institut de l’Economie Circulaire.
Écologie industrielle, économie de la fonctionnalité, implications logistiques : notre article dans le Flow
n°28 (pp26-27).
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