Introduction
Le processus de globalisation financière, visant l’interconnexion et l’internationalisation des
marchés financiers et des bailleurs de fonds, a provoqué une profonde mutation des structures
et des acteurs productifs de l’économie mondiale
1
. En effet, depuis les années 80,
l’environnement financier et bancaire international n’a pas cessé d’enregistrer des techniques
et des produits très sophistiqués résultant de la vague des innovations financières, qui a
permis une diversification très compliquée tant au niveau des instruments financiers qu’au
niveau des risques qui en découlent.
Par ailleurs, ce processus de financiarisation de l’économie devait être accompagné de
techniques et règles capables de répondre à la volatilité et à l’incertitude des actifs financiers,
surtout, les actifs sous-jacents composant les portefeuilles des entreprises.
Cependant, les systèmes comptables ont connu, également, un processus de changement voire
une harmonisation internationale donnant naissance aux IAS/IFRS. Et ce dans l’objectif de
comptabiliser les instruments à leur juste valeur et améliorer l’information et la transparence
financière, d’une part, et, d’autre part, pour accompagner les bailleurs de fonds et les grandes
entreprises dans leur internationalisation.
Nous essayons à travers cette communication de montrer que les normes comptables
internationales IAS/IFRS sont initiées et instrumentalisées par les bailleurs de fonds
notamment les grands actionnaires comme les investisseurs institutionnels, afin de faciliter
leur internationalisation, et puis, réduire les asymétries d’information et les conflits d’intérêts
en favorisant la valeur actionnariale
2
. La maximisation artificielle de cette dernière est
considérée, justement, comme un facteur déstabilisant des marchés financiers. Ce qui conduit
par conséquent à un décalage entre la valeur réelle et la valeur financière de l’entreprise.
Après avoir tout d’abord rappelé la domination de la finance au niveau de l’entreprise ainsi
que les nouveaux principes et orientation de gestion d’entreprises imposées par les
actionnaires (investisseurs institutionnels) (I), nous aborderons les enjeux de la comptabilité,
et puis, nous mettrons le point sur les enjeux qui se cachent derrière les normes comptables
internationales à travers l'introduction du principe de juste valeur (III).
1
Dominique Plihon, Le Nouveau capitalisme, La Découverte, 2005.
2
Ainsi, DUMONTIER (1999) indique que « le contenu informationnel redondant est essentiel si les coût de collecte et
d’analyse de l’information pertinente pour évaluer l’entreprise sont tels qu’il est plus avantageux d’apprécier sa valeur à
partir des chiffres comptables qu’elle publie, même si ceux-ci ne sont produits que tardivement. »