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Introduction
Le latin est une langue indo-européenne qui fut parlée dans le Latium dans l’Antiquité.
L’expansion politique de Rome a permis au latin de s’imposer en Italie puis, à des niveaux divers,
dans tous les pays que les Romains ont conquis. Là où il s’est maintenu, le latin a évolué en
donnant naissance aux langues romanes : portugais, espagnol, provençal, français, italien,
romanche, roumain (GM 1). La connaissance du latin est donc indispensable à quiconque veut
étudier scientifiquement les langues romanes dans une perspective diachronique.
En outre, la langue latine a donné naissance à une littérature abondante, souvent à l’origine
de créations littéraires qui nous sont plus proches dans le temps. Pour ne citer qu’un seul
exemple, le théâtre de Molière est un héritage des comédies de Plaute et de Térence. Notons
d’ailleurs que celles-ci s’inspiraient de comédies grecques ; la civilisation romaine est
essentiellement une civilisation gréco-romaine. Nos institutions juridiques et politiques, mais
aussi bien d’autres domaines de notre pensée sont également inspirés de systèmes romains. Une
compréhension approfondie de l’histoire de notre civilisation passe donc par l’étude de la
civilisation et de la langue latines.
Mais il importe de prendre conscience de que le latin a été une langue vivante bien au-delà
des limites de l’Antiquité : durant tout le Moyen Age, c’est en latin que sont rédigés bon nombre
de documents officiels et que correspondent les gens instruits. Jusqu’au XVIIe siècle, le latin est
la langue de l’enseignement dans les universités. Descartes, – dont les Principia philosophiae,
avec le fameux cogito, ergo sum, ont exercé une influence considérable sur la pensée moderne –,
Spinoza, Leibnitz par exemple usaient encore du latin dans leurs œuvres. À l’heure actuelle, la
plupart des mots savants répondant aux besoins de la technologie moderne (ordinateur,
computer...) sont forgés sur des racines latines.
Ce maintien du latin à travers les siècles s’explique par le fait que les langues vernaculaires
ne fournissaient pas assez de mots faits pour le raisonnement, l'explication et la démonstration.
Avant le XVIIIe siècle, le français ne connaissait pas des mots comme absolu, relatif, abstrait,
concret, confus, complexe, adéquat, virtuel, insoluble, intentionnel, intrinsèque, inhérent, occulte,
primitif, sensitif, causalité, régularité, concept, critère, condition, analyse, synthèse,... (Voir J.
DELANNOY, Textes latins des Temps Modernes. Pour servir à l'histoire de la civilisation (du XVIe
au XXe siècle), Paris, 1960, qui cite également Pascal, Lettre à Fermat, 29 juillet 1654: « Par
exemple, et je vous le dirai en latin, car le français n’y vaut rien... »).
Le but de ce cours, dispensé au premier quadrimestre, est d’introduire aux cours de textes et
de langue dispensés dans la suite des cursus. Il vise donc à exposer ou à rappeler, en un temps très
limité, les structures fondamentales de la langue latine en matière de morphologie et de syntaxe.