Travail social : nouveaux métiers

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15/01/09
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Catherine Tourrolier
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Collection Métiers et formations
Travail social : nouveaux métiers, nouvelles missions
Un ouvrage clair et fonctionnel qui propose des fiches synthétiques
présentant les différents métiers du travail social, les formations,
les textes législatifs de référence et les principales adresses des
Centres de formation.
Catherine Tourrolier, éducatrice spécialisée, intervient dans un Centre
de Soins, d'Accompagnement et de Prévention en Addictologie, dans la
formation des éducateurs spécialisés et dans le DU Art et créativité à
l’Université Vauban (Nîmes).
nouveaux
Travail social : nouveaux métiers, nouvelles missions
Les modifications profondes de notre société confrontée au vieillissement, à l’augmentation de populations fragilisées, à la paupérisation et au chômage ainsi que l’accroissement des phénomènes d’exclusion, en modifiant les besoins des individus, influent sur les
comportements de solidarité et le lien social. L’ensemble de ces phénomènes favorise le développement des métiers de l’aide sociale et
montre la nécessité de penser de nouvelles qualifications, de nouvelles compétences, visant à affiner des moyens pour lutter contre
la marginalisation et l’isolement des personnes en difficulté. Les
politiques d’action sociale en créant de nouveaux moyens de lutte
contre l’exclusion, contre la précarité et les situations de ruptures,
impulsent également une réflexion sur les pratiques d’accompagnements ainsi que des formations répondant aux réalités du travail
social.
Travail social :
métiers
missions
nouvelles
Catherine Tourrolier
CHAMP SOCIAL ÉDITIONS
9 782353 710225
ISBN : 978-2-35371-022-5
12 €
le développement des métiers du secteur social et
médico-social :
une réponse à la réalité actuelle des besoins et des
missions de l’action sociale
Les modifications profondes de notre société confrontée au
vieillissement, à l’augmentation de populations fragilisées, à la
paupérisation et au chômage ainsi que l’accroissement des phénomènes d’exclusion, en modifiant les besoins des individus,
influent sur les comportements de solidarité et le lien social. L’ensemble de ces phénomènes favorise le développement des
métiers de l’aide sociale et montre la nécessité de penser de nouvelles qualifications, de nouvelles compétences, visant à affiner
des moyens pour lutter contre la marginalisation et l’isolement
des personnes en difficulté. Les politiques d’action sociale en
créant de nouveaux moyens de lutte contre l’exclusion, contre la
précarité et les situations de ruptures, impulsent également une
réflexion sur les pratiques d’accompagnements ainsi que des formations répondant aux réalités du travail social.
ÉvoluTion de la
l’aCTion soCiale
demande d’aide eT les rÉponses proposÉes par
On assiste depuis quelques années à un accroissement du
nombre de personnes en demande d’aide sociale. Il s’agit de
populations fragilisées, rendues dépendantes du fait de leur âge,
du fait d’un handicap physique, mental et/ou social. L’action
sociale s’adresse à un large public : des personnes âgées aux
enfants qui ne peuvent rester dans leur famille d’origine ou être
scolarisés sans un accompagnement spécifique, des adolescents
qui ne trouvent d’autres moyens d’expression et d’intégration que
la violence, des personnes en situation de handicap ou encore des
personnes exclues de l’emploi par manque d’expérience ou de
diplôme, des victimes « d’accidents de la vie ». L’ensemble des
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actions s’adresse au 31 décembre 2007 à 1,8 million de personnes (personnes âgées, personnes handicapées, enfants relevant de la protection de l’enfance et allocataires du RMI) et disposera, pour l’année 2009 d’un montant de 11,4 milliards d’euros
alloué au Ministère du Travail, des Relations Sociales, de la Famille et de la Solidarité.
La question de l’autonomie est sous jacente, il s’agit en effet de
personnes qui pour des raisons parfois très distinctes ne peuvent pas ou plus subvenir à leurs besoins primaires (toilettes,
mobilité, alimentation) ou secondaires (éducation, insertion,
médiation, lien social…) sans l’assistance d’une personne. Certaines situations sont temporaires et se résolvent par une aide
ponctuelle, d’autres au contraire s’inscrivent dans une temporalité qui pose des questions sur les modalités de l’intervention
sociale.
Il est intéressant de souligner que dans un passé encore récent,
le travail social œuvrait là où la famille avait ses limites (handicap
physique ou mental, déviance au sens de délinquance). Aujourd’hui l’action sociale s’est élargie. Elle ne s’adresse plus uniquement à des populations exclues de par un handicap ou une marginalisation sociale mais également à des personnes qui se
retrouvent brutalement isolées ou exclues après un licenciement,
un divorce, une maladie invalidante, un choc affectif grave… événements qui font basculer un équilibre établi. L’origine de cette
évolution se situe sans doute dans la prise en charge par le travail
social de ce qui relevait plus spécifiquement du médical. Quand
les hôpitaux ont commencé à manquer de personnels et de lits
pour répondre à des difficultés émergentes (prise en charge de
malades du sida ou des personnes âgées), de nouvelles prises en
charge se sont développées pour ces personnes, visant au maintien à domicile et à leur autonomie : assistance à domicile par des
auxiliaires de vie ou le cas échéant création de structures d’appartement thérapeutique avec suivi de travailleurs sociaux.
Plus récemment, les conditions climatiques extrêmes ont permis
de mettre l’accent sur l’isolement de personnes âgées et les
risques auxquels elles étaient exposées. Cette prise de conscience a contribué elle aussi au développement des métiers d’aide à
la personne et à l’élargissement des budgets en leur faveur.
Par ailleurs, l’analyse des modalités de prise en charge des personnes handicapées en institutions spécialisées, montre comment dans certaines situations l’accueil peut produire certaines
formes d’exclusion, s’il ne s’ouvre pas sur l’extérieur. L’écueil en
effet, après une longue prise en charge, est de rendre complexe
toute vie sociale en dehors de l’institution ou tout retour dans ce
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que l’on a appelé alors le « milieu ordinaire ». Les SESSAD (services d’éducation spéciale et de soins à domicile) se sont développés dans un premier temps pour palier à ce phénomène et ainsi
permettre aux enfants handicapés, quand cela est possible, de
vivre dans leur famille tout en bénéficiant du soutien d’une équipe spécialisée.
Plus anciennement les institutions caritatives, ancêtres de nos
établissements se fondaient sur le postulat emprunté au système
pénal, selon lequel il était préférable d’éloigner la personne en
difficulté de son milieu « naturel » jugé négatif. On installait
alors les enfants dans des institutions éloignées du domicile des
parents, les adultes handicapés dans des asiles ou les toxicomanes dans des centres d’hébergement en évitant les contacts
avec la famille et le « milieu d’origine ». Il s’agissait d’isoler
pour éduquer, rééduquer, soigner, ou redresser selon les
époques (l’assouplissement des termes employés traduit l’évolution des pratiques).
Des années de recul et d’analyse ont permis de mettre en évidence les difficultés de telles pratiques, au niveau humain et financier. Un phénomène d’exclusion des personnes en difficulté s’est
révélé : isolées dans leurs institutions, leur réadaptation dans la
société devient problématique. Le coût de ces prises en charge au
quotidien et à long terme est considérable. De fait, dans un souci
de réduction des coûts pour les financeurs et à partir d’une
réflexion par les professionnels de terrain autour de la prise en
compte de la personne et non plus uniquement de son handicap,
de sa difficulté ou de sa pathologie, de nouvelles actions se sont
développées, les modes d’intervention se sont adaptés aux situations nouvelles. Les travailleurs sociaux se déplacent, vont vers
les personnes et non plus uniquement l’inverse. Ils prennent ainsi
en considération la personne dans son environnement, avec ses
habitudes de vie mais aussi ses compétences à partir desquelles
vont se fonder les dynamiques d’aide.
L’aide aux personnes s’est développée en donnant un nouveau
sens à l’action sociale. Il s’agit de s’appuyer davantage sur les
compétences de chacun pour trouver ensemble des solutions
adaptées. Parallèlement et dans cette même logique se sont
développées des structures plus petites, plus proches du modèle
familial. « Les villas » pour des enfants accueillis en internat, les
appartements sociaux ou thérapeutiques pour des personnes
adultes relèvent de cette évolution.
Dans le secteur social, s’agissant des personnes en situation d’exclusion du marché du travail, différentes prises en charge se sont
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développées. De l’entreprise d’insertion aux différents organismes qui proposent des suivis d’aide à la mobilisation professionnelle, un ensemble de nouveaux métiers d’accompagnement
dans les circuits de l’insertion ont vu le jour. Conseiller, chargé
d’insertion, animateur de chantier, accompagnateur dans les
contrats d’aide au retour à l’emploi… les compétences demandées
et la dénomination de ces nouveaux métiers sont diverses. La
mise en place des dispositifs du Revenu Minimum d’Insertion et
plus récemment Revenu Minimum d’Activité facilite l’insertion
professionnelle des allocataires du RMI, de l’allocation de solidarité spécifique (ASS), de l’allocation de parent isolé (API) ou de l’allocation aux adultes handicapés (AAH). Elle favorise également le
développement de ces services d’insertion.
La création des emplois aidés dont la désignation évolue régulièrement (Contrat Emploi Solidarité, emplois jeunes, Contrat Initiative Emploi, contrat d’apprentissage, Contrat d’Accompagnement
dans l’Emploi…) a également encouragé l’emploi dans le domaine
de l’animation. Nombre d’animateurs scolaires, animateurs de
rue, médiateurs sont embauchés grâce à ce type de contrat.
De plus, la diversification des difficultés sociales conduit les
Conseils Généraux à développer des partenariats avec des associations aux compétences spécifiques. Celles-ci reçoivent des
habilitations ou agréments pour un travail en lien avec les services d’action sociale : ce sont des associations d’aide aux
devoirs, ateliers d’alphabétisation, associations de quartier proposant des activités pour les jeunes en difficultés, et plus récemment toutes les associations d’aide à la personne (de la garde
d’enfant à la prise en charge d’une personne âgée). Il en résulte
l’embauche de personnel pas toujours diplômé dans le travail
social, mais qui participe à l’effort de soutien et de solidarité
envers des personnes en difficulté.
Pour être reconnues et valorisées, ces nouvelles professions
sont ouvertes aux dispositifs de validation des acquis de l’expérience (VAE). Elles participent ainsi à une réflexion généralisée
sur les diplômes et le contenu des formations. Initiée par la loicadre du 29 juillet 1998 de lutte contre les exclusions, la rénovation des formations aux métiers du social est réactualisée
par la loi du 17 janvier 2002 et se met en œuvre avec la réforme du diplôme d’assistant de service social en vigueur depuis
septembre 2004. À sa suite, ce sont tous les diplômes du travail
social qui ont été modifiés avec le double objectif de répondre à
l’évolution des missions au vu des besoins des populations, de
satisfaire aux exigences de lisibilité et d’évaluation du travail
social prévues par la loi de rénovation de 2002 et également de
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permettre des passerelles entre les diplômes en facilitant la
validation des acquis de l’expérience.
Ces évolutions participent à la protection et une meilleure prise
en compte des usagers mais aussi à celle des salariés. En effet les
diplômes du travail social ouvrent l’accès à des postes reconnus
par les conventions nationales1, qui assurent et garantissent une
équité entre salariés et des conditions de travail (amplitude horaire, travail de nuit, temps de repos, salaires…). Ils contribuent à
fédérer les travailleurs sociaux autour d’une identité professionnelle, créant un sentiment d’appartenance à un corpus éthique.
Ils impulsent une réflexion commune autour des pratiques professionnelles toujours en constante évolution.
ÉvoluTion
des poliTiques soCiales
Ces changements de société ont également contribué à la
réflexion et à l’émergence de nouvelles lois pour répondre à un
souci d’« intégration » et réduire la marginalisation. La réglementation en matière d’action sociale reflète l’évolution en même
temps qu’elle dicte les grands principes et l’orientation des politiques publiques, la modification des pratiques sur le terrain et la
prise en compte des difficultés des personnes en demande d’aide.
Après l’ordonnance de 1945, affirmant la nécessité de mettre en
place des mesures éducatives pour les mineurs délinquants, les
premières annexes XXIV en 1956, modifiées par les lois de 1988,
s’adressent aux personnes handicapées. Les lois de 1975 réglementent les conditions d’ouverture et de fonctionnement des établissements sociaux et médico-sociaux et visent la coordination
des équipements sur le territoire. Les lois de décentralisation,
lois Defferre en 1982-1983, puis la réforme constitutionnelle en
2003, en confiant l’application des politiques publiques aux
régions et aux départements, se rapprochent des usagers et analysent au plus près les différents besoins en matière d’action
sociale. La loi d’orientation de 1998 promulgue le principe de la
lutte contre l’exclusion comme volonté nationale dans des
domaines étendus : droit à l’éducation, à la formation, droit au
logement. La modification de la loi de 1975 par la loi n° 2002-2
du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale
s’adresse aux populations particulièrement fragiles. Elle confirme
les différents axes de l’action sociale en rapport aux difficultés
des bénéficiaires. Elle élargit le secteur social et médico-social en
1. Convention nationale de l’enfance inadaptée du 15 mars 1966 et convention collective du 31 octobre 1951.
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y ajoutant des services qui jusque-là ne rentraient pas dans l’action sanitaire et sociale : les services d’aide à domicile, les
centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA), les lieux de vie et d’accueil non traditionnels
(maisons relais). Enfin, elle intègre les termes de pluridisciplinarité, de réseau, d’évaluation qui engagent le travail social dans une
nouvelle logique de prestations et de services adaptés aux différentes problématiques des personnes. Elle ouvre à une diversification des prises en charge.
La transformation de terminologie en 2002 du Code de la famille
et de l’aide sociale en Code de l’Action Sociale et des Familles traduit, également une évolution. On prend désormais en considération la multiplicité des formes de famille, et on pense en terme
d’actions, qui s’adressent aux usagers, acteurs de leur propre
changement.
Plus récemment, la loi n° 2005-102 du 11 février 2005 réaffirme
« l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes en situation de handicap » en insistant
notamment sur la scolarisation en milieu ordinaire en faveur des
enfants qui, au vu de leur handicap, n’avaient jusqu’à présent pas
accès à l’école publique. Ces textes ont permis par exemple, la
création de nouveaux emplois au sein de l’éducation nationale,
les auxiliaires de vie scolaire.
FormaTions
eT nouvelles CompÉTenCes
Sortant des institutions le travailleur social noue un autre
contact avec les personnes. Il n’est pas sollicité de la même
manière. En conséquence, ses compétences évoluent. Il va
rechercher de nouvelles formations pour s’adapter à ces changements et redéfinir le profil du travailleur social. Les termes de
« formation continue » ou « formation tout au long de la vie »,
sont apparus, remettant en question les pratiques. Ces dispositifs permettent à chacun de s’ouvrir à de nouveaux outils et de
développer de nouvelles compétences. Le système de validation
des acquis de l’expérience et la réforme des diplômes reconnaissent le travail de terrain comme particulièrement formateur
dans les métiers de la relation. Le milieu professionnel devient
« site qualifiant ». L’accent est mis sur des domaines de compétences exercées par les travailleurs sociaux.
Les formations sur les techniques d’entretien, l’écoute, la
« bonne distance », connaissent un développement important,
au détriment de savoirs techniques proposés sous la forme
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d’atelier dans l’enceinte des institutions. Même si celles-ci perdurent elles s’adressent aujourd’hui à un ensemble plus restreint de travailleurs sociaux et correspondent moins aux
demandes institutionnelles.
Les formations sur le développement personnel, l’estime de soi,
même si elles ne s’adressent pas exclusivement à un public de
travailleurs sociaux, sont nombreuses dans les catalogues de formation. Cet engouement s’explique par l’ouverture de l’accompagnement médico-social et éducatif hors de l’institution. Les professionnels sont amenés à rencontrer les personnes dans leur
milieu social et familial, dans un environnement distinct de l’espace institutionnel plus contenant. Dans ce contexte, les travailleurs sociaux « s’exposent » davantage et sont en demande
croissante de médiation.
Ces nouveaux dispositifs de l’action sociale, l’accent mis sur la
formation continue et la validation des acquis professionnels
favorisent l’essor d’organismes de formations qui sont également
créateurs d’emplois. Formateurs dans des domaines de compétences variés, ils s’associent aux professionnels de terrain et travaillent en partenariat avec les enseignants des instituts de formation à l’élaboration de cursus qualifiants ou préparant aux
nouveaux métiers de l’action sociale.
ClassiFiCaTion
des mÉTiers prÉsenTÉs
Dans cet ouvrage et à travers des fiches synthétiques, nous proposons une présentation des métiers de l’action sociale, les
métiers « traditionnels » avec l’évolution de leurs missions ainsi
que les nouveaux métiers. Nous avons choisi un classement par
ordre alphabétique pour une meilleure lisibilité et fonctionnalité
de cet ouvrage.
Nous aurions pu tenter une classification des métiers par champ
d’intervention, (milieu ouvert ou institution, social ou médicosocial ou encore selon l’origine de la prise en charge) cependant
nous nous sommes rapidement confrontés aux croisements entre
tous les acteurs du social qui, à travers leurs fonctions et leurs
missions sont amenés à travailler en lien étroit auprès des personnes, en partenariat les uns avec les autres pour une cohésion
des aides et des prises en charge.
Les professionnels qui interviennent « en milieu ouvert »,
s’adressent à des personnes qui rencontrent des difficultés d’autonomie, d’insertion ou sont en situation de handicap et nécessi-
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tent une aide à leur domicile et dans leur environnement habituel. Ces professionnels sont les travailleuses familiales, les aides
à domicile ou auxiliaires de vie, les techniciens de l’intervention
sociale et familiale qui apportent un soutien pour tous les gestes
de la vie quotidienne. Ce sont également des professionnels chargés de missions éducatives de soutien de prévention ou de protection dans le cadre d’aides à la parentalité, à la gestion du budget, à l’insertion sociale ou à la protection de l’enfance en
danger… Ils sont assistants de services sociaux, éducateurs spécialisés, conseillères économiques et familiales et se déplacent au
domicile des personnes.
Dans cette catégorie, nous aurions pu faire entrer le domaine de
l’animation de centres socio-culturels, maisons de quartiers et
autres associations proposant de multiples activités sportives,
culturelles, éducatives, artistiques s’adressant aux habitants de
proximité dans une démarche volontaire de leur part.
D’un autre coté, nous aurions pu établir la catégorie des professionnels qui exercent leurs missions en institutions, établissements médico-sociaux auprès d’enfants, jeunes ou adolescents,
handicapés ou inadaptés, voire même auprès d’adultes. Ce sont
là aussi des éducateurs spécialisés, éducateurs de jeunes
enfants, moniteurs éducateurs, aides médico-psychologiques,
éducateurs techniques spécialisés. À mi-chemin entre le collectif
et l’individuel, leurs fonctions sont l’organisation du quotidien au
sein d’un groupe, dans les locaux de l’institution en accord avec le
projet thérapeutique institutionnel. De par leurs missions, ils proposent à chacun un suivi individualisé défini sous la forme d’un
contrat d’accompagnement en accord avec la famille. Le travailleur social travaille en partenariat avec les familles et tous les
professionnels impliqués dans la situation de l’enfant (professeur
des écoles, animateurs de centres culturels, assistant de service
social…).
En ce qui concerne par exemple la prise en charge d’enfants dans
l’exercice d’une mesure de placement, une évolution confirmée
par la promulgation de la loi du 2 janvier 2002, a entraîné de
nouvelles modalités d’intervention et dans sa suite une évolution
de la fonction et des missions éducatives. La taille des établissements et le mode d’organisation des foyers d’hébergement, pour
enfants ou adultes, personnes en situation de handicap ou en difficultés sociales, ont été totalement transformés. Les structures
d’accueil sont désormais beaucoup plus petites, recentrées à la
fois sur un mode de vie plus familial dans des villas ou des unités
de vie réduites et dans une volonté beaucoup plus affirmée d’un
ancrage dans un environnement social ouvert. Cette évolution
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qui situe l’institution dans un contexte équivalent à celui de la
famille et permet l’utilisation du tissu social environnant (écoles,
associations du quartier…), nécessite pour les travailleurs sociaux
de développer un partenariat important et ainsi de travailler sur
les mêmes bases qu’en « milieu ouvert ». Notons aussi que les
mesures de placement privilégiant l’hébergement dans la famille,
sont de plus en plus nombreuses et requièrent elles aussi les
compétences du travail en « milieu ouvert ». En ce sens la classification des métiers « milieu ouvert » ou en institution s’est révélée non opérante.
L’origine de la demande aurait également pu être efficiente pour
une classification des domaines d’intervention. En effet, des
prises en charge ont un caractère obligatoire, d’autres sont finalisées à la demande des personnes. Pour les premières, elles font
suite à une décision de justice :
- Dans le cadre de la protection de l’enfance, le juge des enfants
confie l’enfant, au titre des articles L221-1 et suivant du code de
l’action sociale et des familles (CASF), aux services sociaux du
conseil général qui organise son placement en famille d’accueil ou
en institution.
- Dans le cadre de l’ordonnance 1945, le mineur délinquant est
pris en charge sur décision du juge des enfants dans le cadre de
« mesures de protection, d’assistance, de surveillance et d’éducation confiées aux services de la protection judiciaire de la jeunesse
ou autre service habilité mandaté à cette fin par le magistrat2 ».
- Dans le cadre d’une sanction pénale, un adulte peut être soumis
à une injonction thérapeutique.
- À l’inverse des familles font appel, de leur propre initiative ou
sur les conseils d’un travailleur social, à des mesures administratives d’assistance éducative ou sollicitent une prise en charge
dans une structure d’accueil. Elles s’engagent par contrat bilatéral
avec l’institution à respecter le cadre et à bénéficier d’une aide
ponctuelle.
Ainsi, et à travers ce rapide panorama des multiples facettes de
l’action sociale, nous voyons à quel point il est ardu d’établir une
classification des différents secteurs du travail social. La diversité
des modalités, des missions et fonctions des différents professionnels illustre la richesse et la complexité du travail social.
Ayant pour vocation de soutenir des personnes en difficulté, l’accompagnement s’articule autour de la singularité de la personne
et de ses capacités et compétences dans un tissu économique et
social toujours en évolution. Le travailleur social s’appuie avant
tout sur une bonne connaissance de sa responsabilité dans le
2. Ordonnance modifiée n° 45-174 du 2 février 1945 relative à l’enfance délinquante.
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cadre des missions qu’il exerce ainsi que de ses limites. À ce titre
la loi de 2002 impose à chaque établissement, une évaluation
régulière de ses actions. Elle réitère dans un même temps le droit
des usagers. L’accompagnement éducatif et social, c’est aussi
l’engagement de chacun des professionnels à s’adapter à l’évolution de la société, à partager son expérience, échanger et mettre
en questions ses pratiques. L’un des principaux atouts du travailleur social est de savoir mettre à l’épreuve sa créativité
devant des situations toujours nouvelles et singulières et en ce
sens œuvrer à chercher des solutions adaptées à chacune des
individualités dans le monde d’aujourd’hui.
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