I.D n° 493 : La zoologie joyeuse
Voix nouvelle ? Voix émergente, pour le moins : j'ai marqué déjà, certes encore faiblement, la singularité de Patrick
Le Devinah dans l'I.D n° 435, Aphorismes et périls, selon le titre d'un premier manuscrit demeuré inédit que j'avais
alors sous les yeux. A la suite de quoi, deux autres pages de ces formules verveuses furent incluses dans le choix
anthologique des Ruminations développées dans Décharge 159 autour d'une poésie Poil à gratter, où il s'agissait
d'aller jusqu'à Accepter la Bêtise. Et on notera depuis lors la présence de Patrick Le Devinah dans d'assez
nombreuses publications, de L'Intranquille à L'Autobus , en passant par Verso , La Passe ou Passage d'Encre ,
parmi d'autres revues, papier et numériques.
Un nouveau manuscrit me parvient, non plus d'aphorismes, mais de poèmes, d'une érudition burlesque fort
réjouissante, à contre-pied des écritures clairettes de la poésie du quotidien, que hérisse tout terme de plus de deux
syllabes. Newton & Milo, - tel est le titre de cet ensemble, en référence à une citation de Pessoa (ou d'un de ses
hétéronymes ?) affirmant que Le binôme de Newton est aussi beau que la Vénus de Milo, - est à placer dans le
sillage du livre trop méconnu de Pierre Chabert : Les Sales bêtes , comme naguère je plaçais les Zoopsies de
Jean-Michel Robert (éd. Gros Textes).
Le balantidium
profondément s'ennuyait un balantidium
au fond de l'intestin d'un porc
cet infusoire, de la classe des ciliés, s'enorgueillissait d'appartenir à l'ordre des hétérotriches ( qui comme
chacun le sait se distinguent des holotriches par la longueur de leurs cils autour de l'orifice pharyngien )
au fond de l'intestin porcin ne croisait le balantidium
que des bouts de pommes de terre des morceaux de châtaignes de glands de faînes des restes de racines
de toutes sortes
mais à la longue c'est monotone
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