1 Dr BOGGIO Les sens 2.2 Cycles de la vie et grandes fonctions IFSI Dijon - Promotion COLLIERE 2014-2015 Cinq sens classiques : toucher, goût, odorat, vue et ouïe Quatre d’entre eux (goût, odorat, vue et ouïe) ont des récepteurs spécifiques très différenciés. On peut y ajouter l’équilibre. Par contre le toucher a des récepteurs disséminés et variés (tact superficiel, pression, douleur) envisagés avec le système nerveux Œil et vision Enorme ! 70% des récepteurs sensoriels de l’organisme Un million de neurofibres. Anatomie de l’œil Bulbe de l’œil = œil proprement dit 8.3 Sphère de 2,5 cm de diamètre. Un sixième seulement est visible. Le reste est entouré de graisse et logé dans l’orbite osseuse 8.2a. Sphère creuse, 3 tuniques ou enveloppes entourent une cavité remplie de liquides. divisée en deux segments par le cristallin, la lentille de l’œil. Tuniques 8.3a Tunique externe : tissu conjonctif dense, blanc, épais Deux parties : sclère et cornée. La sclère = blanc de l’œil Au centre de la sclère, la cornée, transparente, est une fenêtre circulaire qui laisse passer la lumière. Elle est riche en terminaisons sensitives, notamment nociceptives (= sensibles à la douleur). Grande exposition aux lésions. Grande capacité de régénération et de cicatrisation. 6 2 Greffe possible Tunique intermédiaire : 2 parties. A l’arrière : la choroïde, vascularisée, nutritive A l’avant : elle se modifie et forme le corps ciliaire et l'iris. Le corps ciliaire (pourquoi "ciliaire" ?) est relié au cristallin par un ligament suspenseur Le corps ciliaire contient des cellules musculaires dont la contraction modifie la courbure du cristallin Iris : cellules pigmentaires : couleur des yeux Ouverture ronde : la pupille L'iris contient des cellules musculaires dont la contraction permet de diaphragmer : contrôler la quantité de lumière qui entre dans l’œil. → Myosis (rétrécissement de la pupille) et mydriase (élargissement) Tunique interne : la rétine. Elle s’arrête en avant au corps ciliaire Fine (0,5 mm) fragile 8.4 Un épithélium périphérique pigmentaire Du côté interne : couche de neurones très particuliers : les bâtonnets et les cônes = Photorécepteurs : réagissent à la lumière. Ils génèrent des signaux électriques. Ils sont à l'origine d'une chaine de neurones : A la fin de cette chaine, les potentiels d’action cheminent dans des axones qui forment le nerf optique lequel se dirige vers l'encéphale. Les photorécepteurs (bâtonnets et cônes) sont répartis sur toute la surface de la rétine sauf là où les axones convergent pour former le nerf optique. Cette aire est appelée le disque du nerf optique. Lorsque la lumière provenant d’un objet se focalise sur le disque du nerf optique, l’objet disparait de la vue. 8.5 Les bâtonnets sont plus nombreux en périphérie de la rétine. Ils participent surtout à la vision périphérique et permettent de distinguer les nuances de gris dans la pénombre. Les cônes, plus nombreux au centre, permettent de voir les détails et les couleurs en pleine lumière. 3 A la partie exactement postérieure de la rétine, à côté du disque du nerf optique, se trouve une zone appelée la macula. En son centre se trouve la fossette centrale, qui ne contient que des cônes. C’est l’endroit où l’acuité visuelle est la meilleure. C’est là que se forme l’image des objets que l’on fixe avec attention. Maladie de la macula : la dégénéréscence maculaire liée à l'âge DMLA : perte de la vision centrale Il existe plusieurs types de cônes. Chaque type est sensible à certaines longueurs d’onde de la lumière visible. 8.6 Cristallin Lentille biconvexe qui focalise la lumière sur la rétine. 1000 couches de cellules empilées, de structure étonnante, qui lui permet d’être transparent et de se déformer. Maintenu verticalement par la zone ciliaire En avant du cristallin : segment antérieur de l’œil rempli d’humeur aqueuse, voisine du plasma. En arrière du cristallin : segment postérieur rempli du corps vitré, plus gélatineux L’humeur aqueuse provient des capillaires des corps ciliaires : elle circule dans le segment antérieur et diffuse dans le corps vitré, puis est évacuée vers une veine. Equilibre entre formation et drainage : pression intra-oculaire constante. (déséquilibre = glaucome) Examen du fond d’œil. Ophtalmoscope. 8.8 Le trajet de la lumière dans l’œil Quand la lumière passe d’un milieu à un autre de densité différente, il y a réfraction (déviation). Les rayons lumineux traversent la cornée, l’humeur aqueuse, le cristallin, le corps vitré. Seul le cristallin peut se modifier et donc modifier le trajet des rayons. Au repos, l’œil est réglé pour la vision de loin. 4 8.9 a les rayons sont parallèles et en traversant le cristallin, ils changent de direction et convergent vers la rétine. Pour la vision rapprochée : la lumière issue de l’objet atteint l’œil de façon divergente et le cristallin doit se bomber davantage pour concentrer la lumière sur la rétine. 8.9b C’est la contraction des cellules musculaires du corps ciliaire qui modifie la convexité du cristallin. Le processus de mise au point est l’accommodation. L’image formée sur la rétine est une image réelle : inversée haut-bas et gauche-droite et plus petite que l’objet. Hypermétropie et myopie = troubles de l’accommodation. Champ visuel (partie de l'environnement qui est vu) Les axones provenant de la rétine forment le nerf optique. Au niveau du chiasma optique, les neurofibres issues de la partie médiale de chaque œil croisent la ligne médiane et se joignent aux neurofibres issues de la partie latérale de l’autre œil. Après un relais, elles se dirigent vers les aires corticales visuelles. 8.11 L’aire corticale droite reçoit donc l’information qui provient de la partie latérale du champ visuel de l’œil droit et de la partie médiale du champ visuel de l’œil gauche. De plus les deux yeux étant décalés, ce qu’ils voient n’est pas parfaitement identique mais se chevauche largement. C’est le propre de la vision binoculaire chez l’Homme → vision stéréoscopique, du relief. Annexes de l'œil 8.1 Paupières, unies à l'angle médial (canthus interne) et à l’angle latéral (canthus externe). Entre les deux : fente palpébrale. Cils sur le bord libre des paupières. Les paupières contiennent un tissu conjonctif dense, le tarse (ne pas confondre avec ce lui du pied) et les glandes tarsiennes. → sécrétion huileuse qui lubrifie l’œil. + glandes sudoripares dites glandes ciliaires entre les cils. Membrane délicate : conjonctive qui tapisse les paupières 5 Elle se replie sur la face antérieure du bulbe sauf devant la cornée. Elle fusionne avec le pourtour de la cornée. Appareil lacrymal (lacrymal = relatif aux larmes) Glande lacrymale au-dessus de l’œil. Libère continuellement une sécrétion saline, la sécrétion lacrymale, ou larmes, à la surface de la conjonctive. Mouvements des paupières → répartition des larmes recueillies par le sac lacrymal, puis le conduit lacrymonasal vers les fosses nasales. Larmes et battement des paupières nettoient la surface externe de l’œil. Muscles du bulbe de l’œil : 8.2 Attachés à la surface du bulbe de l’œil. Mouvements des yeux. Réflexes oculaires Réflexe de convergence : vision rapprochée → rotation médiale des bulbes Réflexe pupillaire : lumière intense → myosis → protection des photorécepteurs Réflexe d’accommodation : vision rapprochée → myosis Réflexe cornéen : Affleurement de la cornée → clignement des paupières. Chacun de ces réflexes met en jeu des voies nerveuses différentes (SNV ou SNA) L’oreille : ouïe et équilibre Récepteurs dans l’oreille interne Anatomie de l’oreille Oreille externe 8.12 Pavillon de l’oreille (oreille en langage courant) = partie en forme de coquille, cartilagineuse, recouverte de peau. Protège le méat acoustique (méat = orifice) : 6 tube court et étroit : 2,5 cm x 0,5 cm creusé dans l’os temporal. La peau qui le recouvre contient des glandes cérumineuses qui sécrètent une substance cireuse, le cérumen Les ondes sonores qui entrent dans le méat acoustique, percutent une membrane qui obture le fond du méat, la membrane du tympan, ou tympan (= tambourin), et la font vibrer. Oreille moyenne Derrière le tympan, l’oreille moyenne est un ensemble de cavités creusées dans l’os temporal, remplies d’air. La cavité centrale est la caisse du tympan. Sa paroi médiale, osseuse, est percée de deux orifices, la fenêtre du vestibule et la fenêtre de la cochlée. La trompe auditive (dite d'Eustache) est un conduit membraneux qui relie la caisse du tympan à la gorge. Ce conduit s’ouvre lors du bâillement ou de la déglutition ou de la manœuvre de Valsalva, pour équilibrer la pression entre l’oreille moyenne et l’environnement. Le tympan ne peut vibrer librement que si les pressions sont égales de part et d’autre. La caisse du tympan renferme les osselets de l’ouïe qui transmettent les vibrations du tympan : marteau, enclume et étrier. Ce dernier est appuyé sur la fenêtre du vestibule, dont le mouvement se propage aux liquides de l’oreille interne. Oreille interne Enfilade de cavités osseuses = labyrinthe osseux, dans l’os temporal. Trois subdivisions : cochlée, vestibule (du labyrinthe osseux) et canaux semi-circulaires. N.B. 8.12 montre les cavités sous forme d’un moulage. Le labyrinthe osseux est rempli de périlymphe, analogue du LCR. Dans la périlymphe, flotte le labyrinthe membraneux, 7 ensemble de sacs membraneux qui épousent plus ou moins les contours du labyrinthe osseux. Le labyrinthe membraneux contient l’endolymphe, de composition voisine du liquide intracellulaire. N.B. Périlymphe et endolymphe n’ont rien à voir avec la lymphe des vaisseaux lymphatiques. Mécanismes de l’équilibre Equilibre : un sens qui n’est pas à l’origine de perceptions. Mais des récepteurs sont à l’origine de réflexes qui selon les mouvements de la tête, modifient par exemple, le mouvement des yeux ou celui du tronc. Les structures impliquées dans la réception des modifications de position de la tête constituent l’appareil vestibulaire. Il assure le maintien de l’équilibre statique et le maintien de l’équilibre dynamique. Equilibre statique Le vestibule contient des récepteurs très astucieux qui détectent les variations de position de la tête par rapport à la force de la gravité quand le corps est immobile Ils permettent de savoir si l'ascenseur monte ou descend Ils permettent au plongeur de retrouver la surface. Les influx nerveux empruntent le nerf vestibulaire, branche du VIII. Ils parviennent au tronc cérébral puis au cervelet Si la tête n'est pas dans l'axe vertical, déclenchement d'un réflexe qui la remet droite Equilibre dynamique Récepteurs tout aussi astucieux dans les canaux semi-circulaires Ils réagissent aux mouvements angulaires ou rotatoires Mis à l’épreuve dans la danse ou le roulis. Les canaux semi-circulaires 8.12 sont orientés dans les trois plans de l’espace → il y a toujours des récepteurs concernés par les mouvements. Quand la tête se déplace, les récepteurs provoquent des influx nerveux dans le nerf vestibulaire. Par voie réflexe, la position du corps est contrôlée pour maintenir l'équilibre 8 Action synergique des récepteurs de l’équilibre entre eux, et avec les récepteurs de la vision et avec les propriocepteurs, Les mécanismes de l’audition Dans la cochlée, partie du labyrinthe osseux 8.15 a Elle a une forme de limaçon (cochlea = escargot) Le conduit cochléaire est la partie du labyrinthe membraneux qui remplit la cochlée. Il est entouré de périlymphe. Il renferme l’endolymphe et l’organe spiral. Celui-ci contient les récepteurs de l’audition (cellules sensorielles). Ils sont portées sur une lame flexible et fibreuse : la lame basilaire de la cochlée. Les ondes sonores (20 Hz à 20 000 Hz) font vibrer le tympan, les osselets, la fenêtre du vestibule et les liquides de la cochlée. 8.16 Ces vibrations se répercutent sur la lame basilaire de la cochlée. La vibration la lame basilaire fait vibrer les cellules sensorielles ce qui entraîne la production de potentiels d’action dans les neurofibres efférentes qui cheminent dans le nerf cochléaire, branche du VIII, vers le tronc cérébral, puis font relais vers les aires auditives du lobe temporal. La lame basilaire est plus épaisse à son origine. Celle partie est plus sensible aux hautes fréquences. La lame basilaire est plus mince et plus souple vers le sommet du conduit cochléaire. Elle est alors plus sensible aux basses fréquences. Le son n’atteint pas les deux oreilles en même temps. d’où l’effet de stéréophonie. Les récepteurs auditifs sont adaptables (un récepteur est dit adaptable lorsque la persistance d'un stimulus d'intensité constant ne le fait plus réagir). L’ouïe est le dernier sens à nous abandonner au sommeil (et à la mort) et le premier au réveil. Le goût et l’odorat 9 Les récepteurs du goût et de l’odorat sont des chimiorécepteurs : ils réagissent aux modifications de concentration des substances chimiques. Les récepteurs olfactifs et l’odorat 8.17 Epithélium olfactif : une région (grande comme un timbre-poste) à la partie supérieure de l’épithélium qui tapisse les fosses nasales. Il est atteint par les molécules odorantes présentes dans l’air. Elles atteignent l’épithélium olfactif par l’avant du nez pendant l’inspiration ou par l’arrière du nez, à partir de la bouche, pendant la mastication. Les cellules olfactives sont des neurones bipolaires munis de cils. Les cils olfactifs baignent dans une couche de mucus. Les molécules odorantes se lient à des protéines de membrane. Cette liaison modifie les potentiels de membrane. Si la stimulation est suffisamment forte, naissent des influx nerveux. L’ensemble des axones des cellules olfactives constituent le nerf olfactif (I). Un premier relais (synapse) dans le bulbe olfactif, puis l’information parvient aux aires olfactives (lobe temporal). Les aires olfactives sont reliées au système limbique (cerveau émotionnel et viscéral) dont fait partie l’hypothalamus. Les odeurs soulèvent des émotions-souvenirs et des réactions affectives. Les récepteurs olfactifs ont une grande sensibilité : (N.B. Un récepteur est dit sensible si une faible stimulation déclenche une réaction) : quelques molécules odorantes suffisent à les activer. Les récepteurs olfactifs ont une grande diversité : des milliers de substances chimiques peuvent être détectées. Les récepteurs olfactifs sont adaptables : on ne sent pas son propre parfum. Les récepteurs gustatifs et la a gustation N.B. Il s’agit ici du mot « goût » au sens strict (= détection des saveurs). A distinguer de : 10 goût = ensemble des sensations provenant d’un aliment, saveurs, odeurs, arômes, texture, piquant, pétillant, ou de goût = préférences. Les récepteurs du goût sont dans la cavité orale, surtout sur la face dorsale de la langue. Ils sont disposés sur les côtés de petites éminences : les papilles. Les cellules gustatives possèdent des microvillosités Leurs membranes portent des protéines réceptrices qui se lient avec les molécules sapides. Cette liaison est à l’origine d’influx nerveux. Les neurofibres gustatives empruntent le trajet des nerfs VII (facial), IX (glossopharyngien) et X (pneumogastrique) Plusieurs relais jusqu’à l’aire gustative, au pied de l’aire somesthésique primaire. La liaison des molécules sapides et des récepteurs du goût conduit le cerveau à distinguer 5 saveurs fondamentales : amer, acide, umami, sucré, salé. Développement et vieillissement des organes des sens Vision Développement parallèle à celui du système nerveux. A la naissance, la vue est très imparfaite Le nouveau-né ne voit que des nuances de gris. Il est hypermétrope (il voit mal de près). La coordination des mouvements oculaires est mauvaise. La vision est monoculaire. Puis le nourrisson suit du regard, coordonne les mouvements de la tête et des yeux, acquiert le réflexe de convergence, améliore l’acuité visuelle, développe la vision des couleurs. Vers 40 ans, commence la presbytie, liée à une perte d’élasticité du cristallin La vue est mauvaise de près. L’activité lacrymale diminue au cours des années : la conjonctive et la cornée s’assèchent. leur irritation et leur infection sont favorisées. 11 Avec l’âge, le cristallin s’opacifie, le muscle dilatateur de la pupille se relâche, la pupille se rétrécit, l’acuité visuelle diminue. Audition Le nouveau-né entend. Vers 3 ou 4 mois, il reconnaît une voix familière. Puis il reproduit les sons. L’audition est nécessaire au développement du langage. A partir de 50 ans, l’organe spiral se détériore, l’acuité auditive (sons aigus) diminue : c’est la presbyacousie. Olfaction L’olfaction est fonctionnelle in utero Le nouveau-né est attiré par l’odeur du sein maternel et les arômes qu’il a perçus avant sa naissance. Ensuite l’attirance et le rejet des odeurs semblent faire l’objet d’un apprentissage social et d’un entrainement. L’acuité olfactive diminue chez la personne âgée. Gustation A la naissance, le nouveau-né est attiré par le sucré. Le nourrisson n’aime pas l’amer. Mais l’exposition répétée modifie son appréciation.